samedi 17 mars 2018

CIEL LOURD DE MENACES / Mayotte



ELIAKIM, forte tempête tropicale et cyclone en puissance a atterri à Madagascar au niveau de la presqu'île de Masoala, un des ultimes points de jungle et de vie sauvage de l'île.

En quelques heures il est tombé de 500 à 700 mm d'eau, l'équivalent du total annuel sur mon village natal dans la Clape, au bord du Golfe du Lion.


Mayotte est encore une fois épargnée, protégée qu'elle est par la Grande Ile. Mais on a droit à des grains orageux, aux éclairs, au tonnerre.  Les rafales retroussent au cimier de l'arbre à pain, les feuilles. 

Ce matin Eliakim, rétrogradé en dépression sur terre (988 HPA, 15,6 Sud - 49,5 Est) claironne ses troupes et de lourds bataillons de nuages convergent vers le creux dépressionnaire. Émergeant parfois d'un précipité informe de nuées, un cumulo-nimbus joue les officiers. Les tambours des régiments en renfort grondent en s'éloignant. En bas, une forte houle rentre en force et ses vagues d'assaut mugissent d'écume. 


Matin gris, matin sombre mais des réserves d'eau qui débordent. Le ciel est plus franc et généreux que les hommes, du moins ceux qui ont la prétention de guider et qui ont la responsabilité de la pénurie et des coupures .

Tandis que l'autorité voudrait faire en sorte qu'on se croie en normalité une fois les routes rouvertes et surtout la législative partielle de dimanche possible. Les lobotomisés de l'ordre à tout prix y voient l'expression de la démocratie vertueuse parce que plus d'équité, de justice, de république, pour eux c'est un détail, roupie de sansonnet !

Il y faudra plus que les incantations oiseuses ! Un ferment de psychose monte à Mayotte. La nuit dernière un SMS alertait sur le raid d'une bande de hors-la-loi non identifiables. Rumeur certainement vu qu'une gendarmerie se trouve sur leur chemin. On dit aussi qu'Anjouan multiplierait les vidéos violentes, les menaces de mort pour des Mahorais coupables d'occuper une terre comorienne ! Que les Mahorais rallient la France mais que l'île soit rendue à son oppresseur historique ! Est-ce bien de cela qu'il s'agit ? Faut-il y voir un message en clair ?

Un éclair vient de claquer, proche.

Les cambriolages violents se multiplient. Sont-ils seulement causés par la tentation due à une goutte de prospérité dans un océan de misère ? Sont-ils l'expression de ce qui est déjà une répression ? Avec L’État qui toujours minimise malgré la Justice en faillite : les délinquants pris et illico reconduits à la "frontière" n'en rappliquent pas moins aussitôt par le premier kwassa. (Faut-il traduire par "barque clandestine" suite à ce qu'en a dit le président, offusquant en cela une bien-pensance droit-de-l'hommiste déconnectée ?).

Le bouche-à-oreille fait passer aussi qu'à M'Zouazia, un "collectif" d'habitants gardant une (des ?) plage a intercepté un (des ?) kwassa. Les arrivants qui n'ont pas fui (pu fuir ?) ont été livrés aux gendarmes... Des groupes d'auto-défense, carrément des milices, se forment.

Le cadavre d'un homme nu et ligoté, "noir de peau", d'une trentaine d'années, grand, très mince, a été retrouvé au matin du vendredi 16 mars... Là il ne s'agit plus de rumeur, de bouche-à oreille...

 http://www.linfokwezi.fr/ouverture-dune-enquete-pour-homicide-volontaire-suite-a-la-decouverte-dun-corps-sans-vie-sur-la-plage-de-sohoa/

Ce samedi 17 mars, contrairement aux fins de semaines passées, les barrages bloquent. Les quelques descentes des mobiles vont-elles être ressenties comme un changement d'attitude de l’État ou au contraire ne vont-elles pas conforter la double radicalisation des illégaux pourchassés et des locaux montant des milices parce que exclus de fait de la protection républicaine ?

Le scepticisme n'a jamais été aussi fort et flagrant à Mayotte ! Pourrait-il en être autrement après des décennies de mensonges méprisants ? Et ce ne sont pas les appels à la raison d'élus qui n'ont pris le train du mécontentement qu'en marche, plus impliqués pour profiter du système que pour défendre la population, plus dans les raccommodages, le "il vaut mieux ça que rien" que dans la fermeté d'exigences légitimes, qui sont à même d'apaiser les Mahorais.

Et pour reprendre la parole de Younoussa Bamana, d'une autre trempe que la caste politique locale, lui, certainement pas du côté des rabibocheurs complices des gesticulations dilatoires de l’État central, nous n'en voulons plus des fausses promesses "à la merde, à la con" ! Karivendze !