dimanche 12 mars 2017

LA LUNE ÉTAIT SEREINE... / Mayotte

Époque où le clair de lune prolongeait tard dans la nuit, les jeux des gosses, les palabres des grands, les histoires des vieux et les contes des temps passés...

 

samedi 11 mars 2017

MON DJINN À MOI... / Mayotte mon amour...

Mon djinn à moi me parle d’une magie qu’il ne faut surtout pas perdre. Oh Lato, mon copain perdu, toi qui m’a donné les clés d’une île mystérieusement magnifique, où es-tu ?
Tu écris quelque part, pour ne pas être seul. J’écris dans ce que je voudrais être mon tobé littéraire. Je t’écris aujourd’hui car tout est parti de là :
   
« Un homme qui écrit n’est jamais seul. » JOURNAL / Paul Valéry

Rien de plus vrai !
"Mariàmoi", tu la connais ! me dit
« Tu es avec ton djinn !.. comme quoi, écriture ou pas , c’est bon d’être accompagné aussi...
- Oh que c’est beau ! que je réponds... surtout que mon djinn est bon, tu sais !
- Mais c’est qu’il y des djinns gentils ! enchérit-elle aussitôt.
- C’est un complice formidable... il entre même dans mes pensées mais n’exige rien de moi. il ne me demande pas de "m’hallucinoger" pour le faire exister. Tu me rappelles ma "jeunesse" ici quand je courais les rumbus !.. Wouah ! la musique de Ragnao Djoby... attends je n’y tiens plus, il faut que je relise... dans la bibliothèque, cette boîte qui cache un tapuscrit, faudra bien le sortir un jour. Sans parler de ton manuscrit, tout de calligraphie, comme si ton écriture ronde concluait une réflexion en amont, toute en pointes, en tempêtes sous un crâne.
Je pense à toi en ouvrant ma boîte, précautionneusement : il peut s’en échapper tant de souvenirs, de sensations, de sentiments. De toute façon, je n’en sortirai pas indemne. Tout y est, la couverture, la quatrième, une carte maison, la table... LE RUMBU c’est page 317. 


 Tant pis, je risque un voyage intérieur qui va me secouer le cœur, me transporter exactement en août 1997. L’ambiance ?.. si mes amis silencieux, de l’autre côté du miroir, me submergent, promis, je la partagerai, m’en coûterait-il. Une cérémonie, la réception des esprits, pour les calmer, pour qu’ils protègent la communauté villageoise. Sous le ciel clair de la saison sèche, la clarté feutrée de la lune et des étoiles ajoute au mystère. Oh ! page 319, je n’ai oublié que "Saïndou", son prénom... 

«... Boucle d’oreille et casquette de loup de mer, Saïndou, avec ses airs de Corto Maltese, pianote avec conviction sur un petit clavier électronique, un jouet d’enfant, dérisoire concession à la modernité. Nos yeux se croisent (et je vous prie de croire que c’est d’une intensité amicale qui vous reste à vie !). je sais qu’il rêve d’un accordéon qu’il trouvera, peut-être, un jour, à côté, à mille quatre cents kilomètres de la nuit d’Handréma... » 

Mon cher Lato, mon cher Saïndou, vous n’êtes pas sans savoir qu’avec mon djinn c’est plutôt le trop-plein ! Ça picole, ça rit derrière moi, ça s’étreint, ça parle de la vie, de l’amour... sous la clarté feutrée et bienveillante de la lune, de fandzava sur sa fille... Mayotte... »
La boîte est refermée. 
Avec une muse qui l'inspire, un homme n'est jamais seul... Merci "Mariàmoi".  

« Un homme qui écrit n’est jamais seul. » JOURNAL / Paul Valéry. 
 

Photo : Le mont Choungui depuis M'tsanga Mtsanyouni (Tahiti Plage) Christine Dedieu... poutou frangine .

vendredi 10 mars 2017

LE CERS QUI PASSE SUR LA GARRIGUE ME RENDRA FOU ! / le nom de vent le plus vieux de France !

Et bé oui, cette atmosphère qui nous laisse tant aimer notre pays, souffrez que je la fredonne, en restant à ma place. C’est que Brassens vient aussitôt chanter Gastibelza sur la « Guitare » de  Victor Hugo. 


On ne trouve que ce qu’on veut bien chercher aurait dit Monsieur de La Palice. Mais parfois on trouve alors qu’on folâtrait ailleurs.
Ainsi, en feuilletant (c’est aussi une manière d’aborder un ouvrage) l’Anthologio Escoulario de Lengadoc (Roudès 1931 / Ediciu de la Mantenencio de Lengadoc), donc avec une bonne part de hasard, j’eus l’heur et le bonheur de trouver et ce que je cherchais et ce que je n’aurais pas cherché tant un contresens et un non-sens pourtant flagrant m’agréait... Mais, comme en amour où il est si difficile d’accorder la préséance au sentiment ou au désir, ma recherche qui se voulait structurée n’avait pas anticipé que « le vent qui vient à travers la montagne » me rendrait fou !  

Allons, cherchons... « Je cherche après Titine », mais non même si Charlot dans les temps Modernes, en donne une version exceptionnelle ! Non, ce doit être un plaidoyer, méthodique, construit, pour rétablir dans son honneur, le Cers des Romains. Le Cers, porterait-il le plus vieux nom de vent de France ! pourtant si ignoré, méprisé par l’ignorance ethnocentrée des people de la météo, de ces médias propagandistes qui se doivent de rester souriants, optimistes voire doucereux suivant les circonstances... Au moins que le bon peuple des "veautants" dorme sur ses deux oreilles, tondu et cocu ! 


Mais revenons à notre propos et là, dans cette anthologio, à la partie « Béziès-Sant-Pouns », parce que Pierre Alias, le regretté camarade de lycée de papa, avait parlé de Clardeluno (1), nous avons au moins deux raisons de chercher la poétesse de Cazedarnes ou d’un hameau proche. Et là, quelle n’est pas ma surprise de retrouver notre Cers, toujours avec la majuscule, plus haut que prévu, balayant même les collines du Minervois et peut-être, de ses rafales fulgurantes, au-delà des rives de l’Orb, toute la mer de vignes du Biterrois.

Dans Lisou (roman), « Mars dins lou Bas Lengadoc / ... las vignos que dejà laguejaboun.../... lour cabelladuro d’argent desplegado e rebufelado sens fin per lou vent de Cers.../... pei las alenados del Cers escoubilhaboun tourregans e rantèlos... »
Au mois de mars en effet, il n’est pas rare que la vigne « laguejo », rendant visibles les alignements de ceps, les rangées (de souches) dit-on notamment lors des vendanges, grâce aux bourgeons ouverts laissant sortir la pointe des premières feuilles vert tendre toujours dépliées et ébouriffées sans fin par le Cers. 


Puis, les exhalaisons, les bouffées du Cers balayaient (à rapprocher des équevilles de Lyon, du latin scopa [balai] puis scova puis escova et escovilla...) les gros nuages (le tourregan particulier au couloir audois, poussé par le Cers, défile rapidement depuis l’horizon ouest). Les rantèlos sont de légers nuages blancs souvent en formation... le bon maître Mistral cite J. Laurès : 

« A fusat len d'aici coumo fuso l'estelo
 En daissant darrès el uno fousco rantelo. » 

(1) pseudonyme de Jeanne Barthès (Cazedarnes 1898 - Cessenon 1972). Avec d’autres femmes auteurs membres du Félibrige, dont Philadelphe de Gerde (Claude Duclos-Requier), Calelhon (Julienne Fraysse-Séguret) et Farfantello (Henriette Dibon). Membres du Félibrige, elle a écrit en occitan alors que notre langue était de plus en plus étouffée par la morgue hégémonique du jacobinisme parisien... ce qui, serait-ce de façon insidieuse, perdure...  

Crédit photo : 
n° 2 extrait de carte IGN 65 Top 100 Montpellier-Béziers (2000). 
n° 3. après le débourrement auteur Véronique PAGNIER (je ne sais pas si on ne dit pas chez nous, et probablement par erreur, "débourrage" ?).

jeudi 9 mars 2017

LE MONDE NE DEVRAIT ÊTRE QUE CHANSON ET MUSIQUE... (3) / ratés existentiels

VOYAGE DES 1 & 2 mars 2017

Combien sont-ils dans cet avion, à trimballer des états d’âme ?
Laisser ainsi son pauvre papa avec qui il partage tant culturellement. « Cherche François Coppée » il a demandé dernièrement... des poèmes pris au hasard et d’une fraîcheur ! s’agissant d’un poète officiel plutôt catalogué académique. Et cette complicité, ces contrepèteries parfois salaces mais qui font rire surtout sorties en se défaussant, non sans malice, sur le fils qui l’en a instruit... « Une salade avec une belle escalope »... Ces musiques et chansons partagées, de l’opéra-opérette (1) au Pavarotti de la chanson napolitaine (2), occitanes ou bien françaises, sur Prague (4) et la campagne tchèque, du Brésil aussi, souvenir toujours vivant de  ce beau séjour de trois années, d’une époque où on prenait le paquebot, les lignes de l’Atlantique Sud ! 


Mais là, avec les intonations plus rauques de la "camisa negra", les accents moins dégrossis et enrobés que ceux du portugais "nordestin" (5), il s’en veut d’avoir en tête plus que le souci de son pauvre père. 


Cette Espagne qui le subjugue depuis toujours, depuis qu’il voit les Pyrénées de chez lui et autant son majestueux Mont Canigou enneigé que ses marges vaporeuses s’évanouissant dans la Méditerranée vers les caps Béar et même Creùs, cette Espagne cambrée d’une seguidilla (6) qui vous frôle et transporte rien qu’avec les yeux avant de provoquer et brouiller l’esprit de l’arrondi de son bras gracieux, arrêté, "bien parado", vers la grande fleur rouge du chignon flamenco, revient le perturber, presque le détraquer cette fois. 


Des flashs vieux de plusieurs dizaines d’années se sont rués en lui... Avec l’impression que les digues cent fois relevées, cent fois renforcées, les digues du Rhin et de ces Pays-Bas qu’il vient de quitter, ont cédé.
C’est qu’il a été perturbant ce séjour, oh non par rapport au père que cette paralysie a tant rapproché mais parce qu’il a redonné vie à un flot d’émotions jusque là refoulées dans le tiroir des souvenirs. Sédimentation apparemment morte et pourtant soudainement érigée telle la chaîne des Pyrénées qu’un documentaire expliquerait en accéléré !
Agréable d’abord avec cette ancienne camarade de classe qui le retrouve près d’un demi-siècle plus tard. Elle vit en Haute-Loire. Son mari est docteur. Avec les réseaux sociaux censés rapprocher les gens, les êtres, tels ces bulles dans un même verre de Blanquette de Limoux montent tous crever en surface, solitaires. La solitude en résultante du culte de l’individualisme exacerbé. Aussi, si quelqu’un quelque part, parce qu’il ne vous a pas oublié, prend la peine de taper votre nom, cela mérite d’être noté. Et puis, dans un placard de la remise il a mis la main sur une boîte en fer ouverte aussitôt reconnue, celle de son courrier avec des prénoms revenus faire défiler des amis et d’abord ceux des filles croisées alors. Souvent il fit semblant de ne pas la voir, cette boîte à biscuits et cette fois il l’a prise naturellement, sans l’appréhension de réveiller pour rien tout un passé. Malgré un temps de réflexion, tout revenait malgré le demi-siècle passé, frais, apaisé, sans nostalgie aucune. Chose étrange, sur cette boîte ouverte, pas une once de poussière ! Or rien de dérangé entre les signets regroupant un ou une même correspondante. des curieux dans ses familiers ? Ils n’ont jamais le temps de rien ! En commençant par le début, c’est la première lettre sortie d’une enveloppe ouverte, comme toutes les autres, au coupe-papier. Bien sûr, une foule de pensées liées aux souvenirs revient aussitôt à l’esprit.
Evelyne. Cette amie unique... Comment peut-on lier amitié avec une fille... c’est d’une chasteté aussi anormale qu’insupportable... Aussi il a longtemps cru l’aimer, seulement. Avec l’âge, il a compris. Avec son père propriétaire d’un domaine dans la plaine, Evelyne est en vacances du côté de Cullera, après Valencia. Ils ont fait un périple dans la montagne pour visiter leurs vendangeurs. Un chemin de terre, un pauvre village, une montagne déshéritée ; un accueil chaleureux mais des gens démunis. Un tel contraste avec l’opulente huerta dans la plaine en bas.
Et là, une image lui revient en boomerang, qu’il croyait effacée. Celle d’une petite vendangeuse espagnole, juste un échange du regard, un éclair...  

 

(1) Anna Netrebko « Meine Lippen sie küssen so heiß » de Franz Lehar https://www.youtube.com/watch?v=7tUq8Q_b8Lg
(2) Luciano Pavarotti « Turna a Sorriento »
https://www.youtube.com/watch?v=wbdM7yuNGYI
(3) Reda Caire « Si tu reviens »
https://www.youtube.com/watch?v=EfzFGQZtL08
(4) O. Kovář: Praha je krásná 
https://www.youtube.com/watch?v=CtiyNDo7AZA
(5) Ivon Curi - (Menino de Braçanã) Luis Vieira - Arnaldo Passos https://www.youtube.com/watch?v=OpPs8M6nYF0
(6) Comme l'Espagne et ses mythes s'offrent depuis toujours à l'Europe. Il suffit de regarder danser Anna Netrebko chanterait-elle en allemand !  

crédit photos : 1. Paquebot Alcantara juin 1953 Auteur François Dedieu
2. Pyrénées depuis Saint-Pierre-la-Mer perso
3. Danseuse de flamenco auteur Jpbazard 
4. Bacchus dans les vignes / tableau / Allan Österlind

lundi 6 mars 2017

LE MONDE NE DEVRAIT ÊTRE QUE CHANSON ET MUSIQUE... (2) / ratés existentiels

 VOYAGE DES 1 & 2 mars 2017


Impressionnante l’arrivée sur Amsterdam : des bateaux de haute mer à la queue-leu-leu pour remonter un de ces canaux aménagés qui, avec les bras innombrables de son delta font et défont, avant ses noces avec la Mer, la grandeur du Rhin. En face, de lourdes péniches. L’une d’elles vire vers le bord : le sillage le prouve. Faut dire qu’en face il fait son poids et ne semble pas disposé à ralentir. Où sont les troquets sur les berges, où les marins d’Amsterdam buvaient «... aux dames qui leur donnent leur joli corps...» (Brel) (1) ? On se laisserait aller avec le fleuve si le tunnel qui fait passer l’autoroute sous les gros bateaux ne rappelait l’énergie d’un peuple contre le harcèlement des eaux venues du sud butant contre la marée et les vagues de la Mer du Nord. 


Il a réussi un appel vidéo avec les siens. Après les banalités d’usage, il réalise qu’un certain voyage se matérialise par un changement de lieu : c’est ainsi que son père (2) s’est retrouvé sur las rajolos. Et dire qu’il a eu réclamé, et pas qu’une fois « Je veux aller par terre ! ». Et à voir sa mine réjouie, il est vraiment content d’avoir joué ce tour à ses proches et soignants ! « Y sios anat al décrochez-moi-ça !» (3) qu’il lui a dit, manière de rappeler un bon mot bien de son village. Tant pis si les pompiers ont foutu le rambal (du tapage) dans la rue avec la sirène (4) ! 
 Le voyage avant tout, c’est dans la tête.

Autre signe de bon augure, alors que l’avion, en plus des longues heures d’attente, des contrariétés habituelles dues aux retards et au cynisme commercial des compagnies, aux bagages perdus, cette fois c’est le 787 Dreamliner de Kenya et pas la grosse bétaillère de KLM... Vrai qu’elles ont toutes un air de fermières du temps de l'exode rural... les rombières bataves. Sa place est tout au fond. Personne à côté quand les portes se ferment. Sur le troisième siège un vieux monsieur maigre, fripé, petit, la personne à côté de laquelle on se se fait l’effet d’un Apollon. Sur son écran, il a mis les indications en français. Salutations. 

De nationalité belge revendiquée, pour se démarquer des Français. Il va à Nosy-Bé où il est marié. Il vient de passer quelques mois en Europe pour se faire soigner « Ça va mais il fallait bien... on verra pour la suite...» ajoute-t-il. Il poursuit « Je suis bien, pas loin de la plage et la belle-mère a les pieds dans l’eau... La vie est un peu plus chère dans l'île, rapport au nombre d'Européens mais nous sommes pas à plaindre... Je ne pourrais plus vivre avec une Blanche... Mais nous n’avons pas d’enfant... si tu en veux un que je lui ai dit, fais-le avec un Malgache parce qu’un métis ici est embêté tant tout le monde croit qu’il est riche... ». Mais quand il a dit son âge, 70 ans, ça l’a interpellé... a quatre ans près, il ne se voit pas aussi vieux. C’est qu’on lui donne facilement 85 ans ! 

Et pendant ce temps il tripote sa télécommande, l’écran tactile. Depuis quelque temps, il fait sans, les films, finalement... mais cette fois il a un besoin vital de musique, bien rythmée, n’engendrant pas la mélancolie, que les larmes lui viennent facilement aux yeux « C’est pas moi qui pleure, c’est mes yeux !» dit Galinette - Daniel Auteuil dans L’Eau des Collines de Pagnol. A l’aéroport il a trouvé « Tengo una camisa negra » (5), ce qu’il lui fallait, à passer et repasser en boucle manière de réviser un peu le castillan. Et en entrant dans l'avion, pas mal déjà, la musique d'ambiance... 

(1) https://www.youtube.com/watch?v=REKfgS1_A5I
(2) hémiplégique suite à un avc le 6 novembre dernier / « rajolo » au sens de brique dans l’Aude (Mistral, trésor du Félibrige), les tommettes de terre vernissée peut-être...
(3) attaque d’une mégère soupçonnant le mari d’être allé aux filles de joie et  venue l’interpeller au café devant tous les hommes présents. 
(4)  https://www.youtube.com/watch?v=SiIeI_iXu7o
(5) https://www.youtube.com/watch?v=kvEvATBiQ5U

samedi 4 mars 2017

LE MONDE NE DEVRAIT ÊTRE QUE CHANSON ET MUSIQUE... / ratés existentiels

VOYAGE DES 1 & 2 mars 2017

Entre ce qu’il peut ou ne pas dire, un moment fort avec en fond le sens de la vie, ce qui a été et qui ne peut plus être, une certaine permanence pour ses parents, ses enfants, la fragilité dans le temps pour la ou les femmes qu’il aime, celles qu’il a aimées, celles à côté desquelles il est passé, celles qui croisent encore sa route parce que son cœur reste jeune, serait-il tarabusté par la verdeur qui se fane... Merci, amis inconnus, de "l"’accompagner dans le voyage... c’est un essai... c’est plus facile d’écrire sur les autres et "il" hésite trop au point de ne vouloir l’écrire que pour lui... 


Tous ces amandiers fleuris qui marquent les talus ! Magnifique ! Entre le train en gare de Béziers à 11h 20, le billet de tram à prendre 1,60€, il arrive Place de l’Europe en même temps que la navette pour l’aéroport. A l’aller il avait apprécié l’amabilité du chauffeur. Cela se confirme alors qu’il se demande pourquoi à son volant il lui fait signe et stoppe la navette vingt bons mètres avant l’arrêt. « Je vous ai vu chargé, passez les valises par la double-porte au milieu ! » et avec le sourire en prime ! Hasard ou politique maison ? C’est appréciable en tous cas. Il  est passé devant tout le monde... c’est si idiot de faire ça sciemment... 
A l’aéroport, peu de monde à l’enregistrement, la petite vingtaine du bus. Pas besoin de sortir la carte d’embarquement téléchargée, le passeport joue les sésames. La conversation s’engage même avec l’hôtesse curieuse de savoir où il va :
« Que signifie le «DZA» de votre destination ? »
- Dzaoudzi à Mayotte...
- Je suis impardonnable, j’y ai été ! »
Ils vont même parler des problèmes de l’île : il n’y a personne derrière. Grâce à l’internet on peut choisir sa ou ses places. Pour le vol à travers l’Afrique il a pris la 36 D complètement au fond. Besoin de se mettre en retrait, tenter de faire le point, blackboulé entre un passé fermé, un futur étriqué, des amours mortes qui pourraient renaître, ou ressuscitées qui pourraient remourir, ou vivantes ou qui n’en ont que l’air, autant de constructions mentales peu, mal partagées, ou trop bien, ce qui n’est pas mieux. Plus abrupts mais plus mesurables, les sentiments filiaux ou paternels pour des parents qu’il faut quitter, un fils qu’il veut retrouver. L’analyse est dure et quand sa difficulté dissuade, sa « camisa negra (1) » chante ses amours dans sa tête, sentiments et attraits physiques mêlés, avant que les devoirs, naturels sinon sociétaux, ne reprennent le dessus.   
Dans le KLM, un Airbus il ne sait plus quel chiffre, la présence des passagers est contrôlée par tablette. Un jeune a perdu sa carte et le personnel de cabine tient à mettre chacun à sa place. Un que je connais trop bien dit sans détour que le fond de l’appareil est vide. La rombière en uniforme bleu barbeau (les bleuets de la Clape sont plus bleus !) répond qu’on verra après. Je suppose que c’est pour ne pas salir et ne pas impacter le service. 
Décollage vers les Cévennes. Vent peu établi, peut-être d'Espagne : au sud de l’Étang de l'Or, les flamants se tiennent contre les sénils. 


Petite crêpe salée fourrée, variante d’un sandwich venu d’ailleurs. Très bonne à son avis. Une Heineken, d’origine. 


A part le Ventoux et une ligne imprécise de la chaîne alpine enneigée, plus rien de visible avant la descente au-dessus de la Mer du Nord. Plages des Flandres avec des maisons juste derrière une ligne de dunes si fragiles vues d’en haut. « Ay Marieke, Marieke je t’aimais tant... (2)» chantait Brel avec qui j’imagine les blés, bleuets et coquelicots de son plat pays :
«... Zonder liefde warme liefde – / Weent de zee de grijze zee –
Sans amour la chaleur de l’amour / Se lasse la mer la grise mer...»

(1) https://www.youtube.com/watch?v=kvEvATBiQ5U
(2) https://www.youtube.com/watch?v=jalwU5D8Kag

crédit photos : 3. Flamants roses avec La Grande-Motte au fond. Auteur probable Fred.th
4. De Panne, la plage par un beau jour d'hiver, auteur MJJR.

vendredi 24 février 2017

NOTRE MAÎTRE VENT, LE CERS / L’itinéraire en Terre d’Aude / Jean GIROU 1936.


Je ne sais plus qui a évoqué le Cers en tant que plus vieux nom de vent en France. Je sais que nos commentateurs météo et leurs consœurs très charmeuses nous gargarisent trop de ces tramontanes venues de tous les horizons... Nous ne voulons pas les exclure mais seulement rendre une juste place à celui qui reste lié à l’Aude comme le Rhône l’est au Mistral... 

A propos de notre maître vent le Cers, tiré de L’Itinéraire en Terre d’Aude, extraits : 


(page 240) « ...Pour aller à Quéribus, il faut, de Cucugnan, monter vers le Grau de maury ; avant d’arriver au col, un sentier muletier part à gauche dans la pierraille de la garrigue, une demi-heure de marche et l’on arrive aux premières défenses du château. la montée en serait facile, si, d’ordinaire, un vent terrible ne vous fouettait, un cers violent, qui, après avoir parcouru à grandes foulées les terres hautes des Corbières, va se lancer dans la plaine d’Estagel, d’un bond de plus de 500 mètres.
Arrivés aux blocs de pierre de la première enceinte, il faut gravir un couloir d’accès; le vent, en rafale, vous plaque contre la muraille, vous abat vers la terre, avec une telle force et un tel acharnement que marcher devient une lutte; enfin une murette, on respire, un peu de repos et il faut repartir. le Cers vous reprend comme une proie, vous déshabille et vous soulève... /... Mais cette bataille avec le vent est récompensée par les beautés architectoniques de ce château et par son panorama exceptionnel... » 

Page 286, en parlant de la montagne d’Alaric : «... Les habitants de Montlaur, de Camplong et de Ribaute, bannières en main, montaient en chantant à San Miquel. L’ascension en plein Cers, sous le soleil de septembre, devait être déjà un sacrifice;.. » 


Page 301, dans la partie Narbonne : «... D’autres temples s’élevaient en ville, consacrés à Minerve... à Hercule, à Apollon, à Bacchus, à Cybèle, à la Concorde, à Saturne et à Circius le vent impétueux du Cers dont Caton disait : « Il se déchaîne avec violence; quand on parle, il vous remplit la bouche; il renverse un homme armé et une voiture chargée » ; de nos jours, le Cers a gardé la même fureur, certains jours de tempête, il enlève les toits, renverse en gare de La Nouvelle les wagons et, combien de fois n’a-t-il pas lancé contre un platane les automobilistes pris dans son tourbillon... » 


Page 323, pour l’étang de Bages et de Sigean : « ... Nous voici en bateau, l’on part par bon Cers du ponton de la Nautique;.. »

Dans son livre sur l’Aude, Jean Girou, nous le constatons, n’a pas manqué de mentionner le Cers... Plus de 300 mots pour du vent ! Et toujours, sauf une fois, avec la majuscule... Je ne me doutais pas que ma fantaisie n’avait rien d’original... En parlant de majuscule, remarquons les deux de "La Nouvelle" et la seule de "la Nautique". 

Crédit photos : 1. Château de Quéribus ; derrière le Grau de Maury ; au-delà le fossé du Fenouillèdes. Auteur Nidira.
2. Montagne d'Alaric, dernier pli des Corbières vers le nord. auteur Eric Andréoli.
3. Cathédrale St-Just-St-Pasteur Narbonne. Author Dennis Jarvis.
4. Port La Nouvelle. Auteur Joyce 11.