samedi 10 décembre 2016

JEAN GIROU (Montpellier 1889 - Marseille 1972) / L’Itinéraire en Terre d’Aude.


Docteur en médecine, Jean Girou s'établit à Carcassonne en 1921. Président de l'Ordre des médecins et... du Syndicat d'Initiative de Carcassonne pendant 25 ans, il est fasciné par les paysages, les monuments et l'histoire de son département d'adoption. 



Son 1er ouvrage s'intitule "Carcassonne, sa Cité, sa Couronne" (1928),  suivi par presque 50 volumes dont le plus célèbre est "L'Itinéraire en Terre d'Aude" (1936), un guide tous publics, réédité en 1987.
La géographie et l’Histoire y concourent, sans que le fond soit professoral pour autant. Et si l’évocation lapidaire du catharisme alterne les extrêmes (l’auteur parle en même temps « d’anarchistes dangereux » et d’une civilisation splendide), rappelons seulement que ce courant religieux était non violent par essence (1), à l'opposé donc, de tous les intégrismes dont l'intégrisme exclusif catholique de l'époque... Ce qui bien sûr n’apparaît pas dans l’Histoire, des mensonges toujours écrits et imposés par les vainqueurs, à savoir, en la circonstance, les envahissants « barons du Nord », cupides et spoliateurs.    




« L’Aude, disait Girou, concrétise sur son sol tous les aspects de la France ; c’est le Pays de la cigale provençale et de l’alouette Lauragaise, le pays de l’olivier et du cyprès, du pin et du mélèze, des roseaux et du laurier ; pays de vignes, pays de vent aux souffles alternés du cers (2) vif et froid, du « marin » humide et chaud ». L’Itinéraire en terre d’Aude. (3)

Et, sur Rennes-le-Château qui a nourri tant de chasses au trésor fantasmées :  


«... sur l’arête du plateau se découpe un décor singulier : des maisons en ruine, un château féodal délabré surplombent et se confondent avec la falaise calcaire, puis des villas, des tours à vérandas, neuves et modernes contrastent étrangement avec ces ruines : c’est la maison d’un curé qui aurait bâti cette demeure somptueuse avec l’argent d’un trésor trouvé, disent les paysans ! » L’Itinéraire en terre d’Aude. 





(1) ce sont les chevaliers, principalement les vassaux de Raimond-Roger Trencavel, vicomte d'Albi, Carcassonne et Béziers, menacés de bannissement et d'expropriation pour avoir toléré ou protégé des religieux cathares, qui ont tenté de se battre contre les Croisés d'Arnaud Amaury (cet amori !) et Simon de Montfort. L'expression "chevaliers cathares", si bien chantée, par ailleurs, par Francis Cabrel, prête donc à confusion 
(2) Le cers, vent de N-NE est bien désigné alors que les guillemets font du marin un vent générique, Girou regroupant sous ce terme, tous les souffles venant de la mer ( de NE à Sud). 
(3) Prédécesseur, François-Paul Alibert (1873 - 1953), carcassonnais (encore un) à la personnalité aussi "raide" qu’attachante, auteur de recueils poétiques malheureusement oubliés, bien que remarqués par Valéry, a écrit un « Terre d’Aude » (1906). Un essai, aux airs de journal de voyage, sur l’emprise des paysages, tant naturels qu’humains, sur tous les représentants de notre espèce. Les intellectuels, les artistes y seraient-ils, par essence, plus sensibles ? Et, à l’instar des médiums, réagiraient-ils plus concrètement à ces "radiations" ?  
http://www.ladepeche.fr/article/2009/02/22/562745-francois-paul-alibert-ce-poete-meconnu.html   

http://www.garae.fr/spip.php?article61

photographies autorisées 
1 auteur Harry / Carcassonne et les vignes en hiver. 
2 auteur Jean-Pol Grandmont / Carcassonne, enceinte extérieure ouest de la Cité (vue vers le château comtal et le nord. 
3 "Les chevaliers cathares" aire de repos de Pech Loubat (Narbonne), chantés par Cabrel, non sans une pointe de scepticisme... (dessin faute de photo autorisée)
4 François Ier Mitterand en campagne (mars 1981), face au diable de bénitier de Rennes-le-Château, voulu par l'étrange abbé Saunière... Auteur André Galaup, écrivain de Limoux dont nous reparlerons sous peu...