dimanche 3 avril 2016

AMITIÉ, AMOUR, TOUJOURS ET A JAMAIS ! / Fleury d'Aude en Languedoc.

« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Le Château de ma Mère. Marcel Pagnol. 


Une joie, fulminante, celle des retrouvailles inattendues avec André Pédrola, 87 ans alors, un ancien de la rue Trémolières. Grâce à Coursan (Lulu Auret dit Pilule), entre le Canada, Fleury et la Réunion, sur moins de deux ans, une cataracte de mots à rendre jalouses les Chutes du Niagara, les tempêtes du Grec et les cyclones de l'Indien réunis : des échanges qui ont rempli des pages et des pages de bienveillance, de souci de l’autre, d’amour, pour le dire en un mot !
L’inévitable et inoubliable chagrin qui s'ensuivit ne saurait être sans l’attachement qui en fut la cause.
 
Les cerisiers fleurissent au village, pour Pâques déjà.
Entre quelques pieds de muscat, entre la maison d’André et la nôtre, celui de mon grand-père éblouissait le voisinage. Aujourd’hui, demeure le symbole, fragile certes mais aussi fulgurant qu’infini, de ce qu’une amitié vraie peut porter et ça, il faut absolument le dire aux enfants ! 


Au début des années 50, avec son Renault 3 tonnes, "cabine avancée" André est parti travailler à la centrale du Villaret. Il raconte :
«... Le printemps venu, un ouvrier du coin qui travaillait avec nous m'a dit , je connais un gars du Villaret qui a une petite maison à louer.
Je suis allé la voir le soir même, un peu déçu de trouver une toute petite masure en très mauvais état. Encore plus déçu lorsqu'il m'a dit que son ami demandait 10 000 f par mois :
« Voyons as-tu vu les réparations ? »
Réponse si tu veux faire des réparations libre à toi, mais à tes frais. Il a ajouté demain je dois le faire voir à un autre potentiel locataire.
Je voulais tellement avoir les miens avec moi, que j'ai accepté de me faire arnaquer. Et je savais par qui, n'ayant jamais rencontré le soi-disant propriétaire. Tous les copains m'ont aidé à faire ces travaux à peu de frais, récupérant les matériaux sur le chantier.
À Pâques je suis descendu dans le Midi pour récupérer les êtres les plus chéris au monde. En arrivant dans notre nouveau univers, j'avais peur que ma douce moitié trouve le logis minable. Elle m'a dit : c'est le plus beau parce que c'est le nôtre.
Il ne payait pas de mine avec sa porte et ses volets verts, collée contre le petit bistrot de Basile. Sis sur la rue la plus haute de ce petit village, peuplé d'une centaine de mineurs. Au dernier tournant pour accéder à la rue, il y avait une petite ferme. Le fermier me permettait de stationner mon auto dans sa cour. Lorsque je lui avais demandé combien ça me coûterait, il m'avait répondu : entre voisins il faut bien s'entraider. C'était vraiment un bon gars accommodant, tous les enfants du village venaient jouer dans sa cour.
Ma petit Dany avait trouvé un petit copain, le plus jeune fils du fermier, qui avait 7 où 8 ans. Notre fille l'accompagnait pour garder les vaches , dans le pré juste au-dessus de la maison. Simone allait leur porter le goûter vers les 15h . Le petit Jean-François avait trouvé , dans cette cour, le terrain de jeu idéal. Avec ses nouveaux compagnons de jeu, ils fouillaient dans tous les coins. Un jour Simone a vu un schtroumf sortir de la cour , il s'était renversé un pot de peinture bleue sur la tête.
Pauvre maman , malgré des heures de shampooinage et de lavage à la brosse, le fouineur a gardé son ventre bleu plusieurs jours...»
André Pédrola (1923 - 2012).  

C'étaient ses bons vœux de Pâques 2010. 


 Photos 1. André, François (papa) et Marcel du pays de Sault sur le rocher à Saint-Pierre (1940).
2. le «petit train» de la Mure (wagons d’anthracite pure à 95 % !) / commons wikimedia / auteur Trams aux fils 2010.
3. André et Simone (déc 2010)