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lundi 27 juin 2016

OCCITÀNIA !

L'arbitraire regroupe certaines régions et pas d'autres... passez votre chemin, l’État c'est lui ! 
Ce serait pour économiser or, l'oligarchie s'est aussitôt empressée de multiplier les vices-postes de présidents, de vice-vice-présidents et les moins malhonnêtes osent dire qu'on s'y retrouvera, dans dix ans peut-être. Pour vite faire oublier un envers du décor aussi peu reluisant que l'endroit, la clique du monarque-républicain joue à la France éclairant le Monde : demandons donc au "bon peuple" de choisir parmi les noms proposés ! Démocratie quand tu nous tiens ! 
Si la malignité et la prédation politique sont leur fort, les nomenklaturistes sont devenus rares à s'encombrer de culture et d'Histoire. Les nôtres viennent de se distinguer en proposant "OCCITANIE" à Montpellier et à Toulouse ! Peut-être n'y ont-ils vu qu'une référence à ce faux folklore servi l'été aux touristes par une population versatile, se sustentant comme ailleurs en France de pain et de cirque sinon d'un euro de football payé par les impôts ! 
Un pragmatisme hypocrite fait l'impasse sur l'Histoire, la langue, l'accent, la culture, le respect de ce qui n'est qu'une populace, au nom d'une unité monolithique imposée par Paris. Mais quand une minorité de cocus naïfs se pique au jeu et vote majoritairement, et à l'insu de son plein gré, pour une appellation qui défie le pouvoir jacobin, cela rajoute à une crise institutionnelle déjà invalidante.      


OCCITANIE ils ont choisi ! OCCITANIE qu’ils ont dit pour la supra-région voulue par les vassaux des Parigots du mégalo... Hollande et sa clique ne s’attendaient certainement pas à ça ! Une bombe pour sa turgescence... pardon, son état d’urgence et sa jacobino-gouvernance ! Sauf que, comme d’habitude, les autorités peuvent s’arroger le droit de faire dire le contraire aux votes... ils nous firent le coup déjà pour le referendum sur l’Europe de 2005, enterré sans vergogne par un traité de Lisbonne entériné deux ans plus tard. Démocratie quand tu nous tiens ! 
En tant que Languedocien girondin pour plus d'autonomie fédérale vis à vis de Paris, le hasard alphabétique « Languedoc-Midi-Pyrénées-Roussillon » me satisfaisant largement, je ne reste pas moins soufflé par le choix d'une appellation identitaire carrément émancipatrice du pouvoir centralisé !
Vous comprenez, vous foutriez-vous complètement de ce que je pense, que par égard pour notre branche catalane de Perpignan, déjà réduite à « Roussillon » et celle du Rouergue devant se ranger sous l’ambivalence de la signification « Midi », et en n’en pensant pas moins pour Toulouse qui laissa tomber jadis son rang de capitale du Languedoc, je ne vais pas plus voter pour les tricheurs d'en haut que pour une OCCITANIE brute de provocation.
Savent-ils ce qu’ils font ? Faut-il pardonner tant à ceux qui cherchent le bâton pour se faire battre qu'aux gogos qui les confortent en jouant avec leurs dés pipés  ? Doit-on au contraire remercier des idiots utiles sinon les féliciter d’avoir mis les pieds dans le plat, avec tant d'innocence ? 

Patience, pas encore : si la socio-hollandie n'en est pas à une cagade près, le Nord ne se privera pas de toujours imposer son menu si le Sud ne se met pas à crier OCCITÀNIA,  OCCITÀNIA à François II, si piteux, avec son écharpe, quand l'Eire nous le met, son penalty !
Au "panem et circenses" a succédé l'effondrement d'un Empire de Barbares au pouvoir, dira peut-être une Histoire connue pour ne pas repasser les plats !  

illustrations 2. Croix occitane. 1. pays en mal d'autonomie ou d'indépendance, auteur EwenRD...

jeudi 2 juin 2016

L'ETAT REPREND LA MAIN / Mayotte en Danger

De nombreux villages illégaux (favelas de tôle et de bambou...) ont proliféré depuis des années autour des localités de Mayotte. 
Sur un champ de bataille où les émeutiers eurent le dernier mot voilà quelques jours, avec un camion et un tracto-pelle brûlés, une centaine de policiers et gendarmes expulsent des occupants illégaux en vertu d'une décision de justice datant... de plusieurs années. 
Coresponsable de la situation dans l'archipel alors que 20.000 autorisations de séjour ont été trop facilement accordées aux étrangers de Mayotte par les autorités françaises, pour ne parler que de 2015, l’État comorien est mis face à son inertie plus que coupable... Si la proportion de BMW dénote de l'enrichissement louche de certains, les aides, entre autres, de l'Europe, de la France, de la Chine semblent n'avoir pas profité à une population abandonnée. Pire, celle-ci est encouragée à émigrer vers Mayotte, au motif d'une prétendue occupation illégale par la France balayant trop facilement le droit des Mahorais à disposer d'eux-mêmes.     

SOURCE :

06h58 : Le nouveau Préfet semble t-il veut rétablir l’ordre sur l’ensemble du territoire et bannir toutes les zones de non droit.
A ce titre, une opération coup de poing a été lancée ce matin sur la colline entre Tsoundzou et Passamainty. On nous indique que plus d’une centaine de militaires sont sur place sur les deux versants afin de procéder aux expulsions et de faire respecter la décision de justice. Le préfet avec sa directrice de cabinet ainsi que Bacar Ali Boto premier adjoint au maire de Mamoudzou sont sur place pour superviser les opérations.
Les habitations sont donc vidées de leur habitants sans violence, un homme aurait été arrêté pour recel, les forces de l’ordre on retrouvé du matériel high tech dans son banga.
On nous informe qu’un bulldozer vient de quitter Mamoudzou, direction Tsoundzou sous escorte policière.
Restez bien évidemment à l’écoute de Kwezi FM.

samedi 28 mai 2016

LA DINDE A OUVEILLAN ! QUELLE CHANCE ! / Fleury d'Aude en Languedoc

ou CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN (2).
 
Tout ça pour vous dire que j’avais des notes sur Ouveillan, l’historique de la paroisse tel qu’il se reconstitue au fil du demi-millier des pages du dictionnaire topographique de l’abbé Sabarthès. J’avais... jusqu’à ce que l’ordinateur me lâche. J’avais... jusqu’à cette envie aussi improvisée qu’incontrôlée de mêler nos vies à ce village sur sa colline...  
       
 L’autre soir, parce qu’un «Racine et des ailes», avec les châteaux pinardiers du vignoble languedocien, est venu titiller insidieusement sur une résolution vaporeuse en sommeil depuis plus d’un an, je repars en quête des belles pages d’histoire d’Ouveillan, en reprenant le dictionnaire topographique de l’Aude (1912) de l’abbé Sabarthès, à la première page ! 


Ouveillanais, vous aussi, êtes à l’origine issus d’un métissage liguro-ibérique lié aux Grecs de Phocée et peut-être même aux Phéniciens, avant que n'arrivent les Celtes pour faire place nette, ici les Atacins, des Gaulois qui s’établirent dans la vallée de l’Aude. C’est chez eux que passa Hannibal  avant que les Romains ne s’en mêlent. Ensuite, les Wisigoths qui tinrent tête aux Francs mais subirent les Sarrasins... Passons sur nos dynasties de fainéants puis de vaillants rois qui vinrent mettre notre Languedoc en coupe réglée.

L’entrée «OUVEILLAN» figure dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral sans qu'il soit précisé si le village doit son nom aux moutons ou à sa situation d'île quand la mer était bordée d'étangs salés :
Óuvelhan, Aubelha : les habitants sont nommés Aubelhanot, v. manjopiot (mangeur de dindons) (1), sobriquet des habitants d’Ouveillan (de Fabrezan aussi). 
Prov. Lang. Qu vol sa filho saumeto,
    A Ouvelhan que la meto, à cause de l’eau que les femmes sont obligées d’aller chercher fort loin.

Mentions pour Ouveillan, fief du domaine royal, page 286, dans le dictionnaire topographique de l’Aude de l’abbé Sabarthès datant de 1912 :

Le «Château-Bas ou Vieux» au bord de l’étang desséché, et le «Château-Haut, dans le fort».
Ovilianum 924, Ovelianum 993, Ovellianum 1143, Ovelanum 1192, Oveglianum 1250, Olivianum = Ovilianum 1294, Ovelhanum 1319, le chastel de Ovillan 1334, Ovelhan XIVe s., Hovelhan 1402, Oveilhan 1479, Ovilhanum 1497, Hovelha, Hovellac 1536, Obelhan 1587, Houvelhan 1592, Oveilhan 1639, Ouveilhe 1666, OUVEILLAN 1781, Aubeilhà (vulg)... Sabarthès distingue aussi les mauvaises graphies.
Note sur l’Étang d’Ouveillan, au midi de la localité. 


Les étangs et ruisseaux :
Aiguefer, anc. étang, lieu-dit L’estanhol d’en Agaffer 1497
Les Canimals anc étang 924
Conseyrac anc étang au terroir de Saint-frichoux l’estang de Conseyrac 1147
la Courtine anc étang L’estang de la Courtine 1286
A l’Estanhol, jots les vinhas de Cussac.
Libarda, ruisseau, anc fief mouvant du roi lo Libardar 1411
La Mayral ruisseau, al Maïral 1536.
La Nazoure, 1781, ruisseau, canalisé dans sa plus grande partie pour déssécher l’étang de Toutous, tributaire de l’étang de Capestang Aqua vocata la Neroza 1322.
Recaudier ou l’Aiguille, ruis. (15 kil) affluent de l’Aude (aujourd’hui Ruisseau Audié).
Etang de Toutous, désseché par le ruisseau de la Nazoure L’estang de Totos, 1497.

Les divers fiefs (domaines de vassaux en échange de services et redevances dus aux suzerains) :
Agaret anc fief du roi (col d’Agaret cad.)
La Courbayrole anc fief La Corbayrola 1497.
Erminis anc fief appartint en dernier aux Frégose.
Le Fesc anc fief royal puis de Frégose Al Fesc 1497.
Les Launes anc fief de l’Ordre de malte, dans l’ancien décimaire de Saint-André, aussi sur la commune de Montels Condamina qui dicitur de launis 1275.
Loupian ou Villespassants, anc fief. 
Murviel, anc château dépendant de la seigneurie de Rieux et d’Alzonne, tenu au XIVe par les d’Harcourt, au XVe et XVIe par les Montredon.
Le Peyral, anc. fief royal. Al Peyral 1404.
La Poulverouse, lieu-dit, anc. fief royal. La Polverosa 1497.
Les Pujals, lieu-dit, anc. fief royal Als Pogols 1404.
Trente-Sols, anc. fief du roi. Als Trente Sols 1497.

Les fermes et écarts :
Bailly f. Bailli 1807
Bedos f Alha boria de Bedos 1536
La Bergerie f La Grangette 1774
Le Bousquet f Ad Buscaletum 1255
Cachefigues f.
Chambard f 1497
Colombet f.
Le Colombier château et f. ad Colombierum 1255
La Commanderie f
L’Étang f.
Filère f
Foncalvi, f anc propriété del’ordre de Malte, puis de l’abbaye de Fontfroide. Grangia de Fonte Calvio 1275.
Frayssinet, f., Le Gers (vulg).
Labastide, f.
Mailhère, écart. Le jardin de Maillère 1807.
Montplaisir, f.
Le Pain de Sucre, f., démembrement du domaine de Preisse
Petit-Rabes f.
Pézétis, f., Pézéty, une vieille masure appelée la Chapelle, confrontant d’aquilon la rivière Cesse ; de midi, le Canal Royal 1692.
Pigasse, f., Méterie appellée Pigasse 1776.
Preisse, chât. et f. ; anc. commanderie de l’ordre de Malte ; la chapelle était dédiée à saint Paul. Prexanus 782.
Le Terral, f., ancien prieuré sous le vocable de saint Martin ; anc. propriété de l’abbaye de Fontfroide. Castrum de Tarrallo 1176.
Terre Noire, f.
Le Viguier, f., métairie à Tailhesang..., métairie ditte le Vié, 1776.

Les lieux-dits :
 Belvèze lieu-dit 1776
Cassenac, lieu-dit
Les Faisses lieu-dit A las Fassias 1536
Le Finistère lieu-dit
La Gardiole, lieu-dit Alha Gardyolla 1536
Gazet lieu-dit, in Gizet 1256.
Lombric, lieu-dit, ad Lumbricum 1255.
Montpaho, lieu-dit Monpaho 1497.
Peyrefite, lieu-dit. Peyra ficha 1497.
La Porte-du-Salin, lieu-dit.
Le Pourcel, lieu-dit. Ad Porcairillum 1255.
La Rouquignole, lieu-dit. Via de Mirapisceto, vocata la Roquinola 1595.
Saint-Cristol, lieu-dit, Sant Crystolh, 1536.
Sainte-Marie, lieu-dit. Chemin de Sainte Marie 1692.
Saint-Brès, lieu-dit. Podium sancti Berrichi, 1192.
Taillesang, lieu-dit. Tailha Sanc, 1497.
Les Vases, lieu-dit. Ad Vasa 1255.
Ville méjeane, lieu-dit ; Villemejane, 1339.

Edifices religieux et liés à la charité :
la Maladrerie anc léproserie Als mesels 1497.
Saint-Charles, chapellenie, 1776.
Saint-Paul, ancien hôpital, Saint Paul, l’hôpital 1776.
Saint-Pierre-d’Artiague, chapellenie, 1756.
Sainte-Sixte, chapelle et ermitage ruinés. Podium Sancti Cirici, 1204.

Divers :
Le Bourguet-Neuf, faubourg, Al Bourguet Nou 1697
La Croisade auberge et distillerie
La Fardille A la Fardylha 1536
Le Fort, quartier, de là la distinction entre Ouveillan-le-Haut et Ouveillan-le-Bas.
les Malviès, Als Malviès 1497.
Le Moulin à vent
Saint-André, anc. décimaire au territoire de Montels (Hérault) et, par extension, commune d’Ouveillan. Condamina de Sancto Andrea, ... decimarium Sancti Andree, 1275
Saint-Frichoux, localité disparue, anc. prieuré uni à l’abbaye de Montolieu.
Toutous, loc. disparue ; anc. prieuré sous le vocable de Notre-dame. Villa Totonis 782.
Villa Sancti fructuosi, 932 ? 

(1) le surnom est relativement récent vu que le dindon n’a pu traverser l’Atlantique avant Christophe Collomb... 

photos autorisées :
1. Commons wikimedia / Le Terral, château, aut Flolma. 
2. Commons Wikimedia / Ouveilhan année 1498 aut Eutexie.

vendredi 27 mai 2016

CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN / Fleury d'Aude en Languedoc.

Trausse, Lapalme, Sallèles, Vinassan, Salles, Gruissan, Cuxac, Coursan, autant de villages sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes. A la suite, sur cette liste, de celles qu’on établit pour de joyeuses retrouvailles, j’avais des notes sur Ouveillan, bien fournies, s’ajoutant aux chers souvenirs des condisciples de lycée et surtout liées à une amitié plus forte que les kilomètres à vélo nous séparant... même si lui avait une mobylette... bleue, à en croire la fragilité des souvenirs. 


Nous braconnions alors sans complexe et surtout par provocation, à jouer les croquants dans les pinèdes de ces châteaux et grandes fermes bourgeoises, en plein jour, à une heure et dans des circonstances n’incitant heureusement pas au zèle des gardes. Pire encore quand, la carabine en avant, nous arpentions l’étang en contrebas du village, de la route, des chemins, à la vue de tous ! Loin des escapades furtives et nocturnes d’un Raboliot, nous étions seulement dans l’extravagance des excès existentiels. Surtout pas liée à Sartre qui nous barbait autant que la prof de philo coco ! Non, une extravagance toute rabelaisienne (1) plutôt, de gros rires, comme quand Georges puis Antoine, trop pris par l’excitation d’un gibier tentant mais lointain, tombèrent tour à tour dans une cave* remplie d’une eau froide comme peut l’être novembre en Languedoc, dans les bourrasques d’un Cers* pénétrant venu des montagnes ! Sauf qu’ils m’auraient bien jeté aussi derrière les sénils*, mes copains rigolos, par égalitarisme !
Tel le piégeur flânant l’air de rien sur le théâtre de ses forfaits passés, j’aime repasser par Ouveillan dans un sens ou dans l’autre. L’été dernier, par la Minervoise, puis le carrefour de la Croisade, un jour que la  ramure élancée des platanes balançait sous les coups du Cers justement... Je veux parler des feuillages à terme condamnés par le chancre doré (2) tueur des pauvres arbres. Les gros nids d’agasse* d’autrefois ont aussi disparu... Te souviens-tu Antoine, de ta peur, cette fois-là, à trop jouer au pendule, si haut, pour quelques œufs à piller ? 


En bas du village, la cave coopérative et son architecture superbe (3), tout à l’honneur du raisin et de 1936, année du Front Populaire (prenez vite une photo car elles sont effacées un jour, comme à Vinassan, à Lespignan...). En redescendant vers Cuxac et la plaine de l’Aude, en surplomb de l’étang, feu la distillerie-coopérative d’un temps où la vigne et le vin quotidien rythmaient la vie. Entre la cave et l’alambic, parce que la vanité n’est pas leur fort, on cherche longtemps le monument aux morts. 


Village du midi, assoupi en cette mi-août, désert à l’heure de la sieste, qui veut nous laisser croire que tout à l’heure les gens partiront arroser les jardins, pour profiter au retour, de l’air moins chaud sur le devant de porte, manière de bader* le mouvement des éclats de voix et des boules sur les bancs de la place... Le Sud qui s’offrait en traversant la localité vers l’impasse Camarade (4), en récupérant des efforts liés à la dernière côte (en venant de Cuxac, celle de la distillerie).   
  
Enfin le monument aux morts, pour la paix, de ceux stigmatisés alors par les "braves gens" (4) remontés par les va-t-en-guerre. On le doit à René Iché (5), un enfant du pays, né à Sallèles-d’Aude, à quelques kilomètres à peine et d’Ouveillan par sa mère (il y est inhumé). Il est mal indiqué, la verdure le cache, c’est difficile de le cadrer... Dommage pour un village par ailleurs connu pour ses vendanges du cœur (au profit des Restos du même nom lancés par Coluche). 





Sur la route de Cuxac, à gauche, l’embranchement vers Fontcalvy, une grange fortifiée. Les vieilles pierres en imposent, au milieu des vignes il est vrai. Dans les ruines réhabilitées, l’été, un festival, des spectacles et un repas, pour ceux qui veulent, en bas, dans l’ancienne bergerie... N’espérez pas faire ripaille comme les moines d’antan... ceux-là donnaient plutôt dans l’ascétisme, la rigueur et le travail, règle de Cîteaux oblige. Sans remonter au XIIIe siècle et parce que nous n’étions que des chenapans aux cheveux longs, vers l’an de grâce 1968, nos jeux ne dérangeaient que les vols de corneilles qui logeaient là et la terre et les détritus comblaient presque le bercail des moutons. Maintenant, ils peuvent monter le son et multiplier les projecteurs : fini les troupeaux et plus de corneilles (comme dans la garrigue d’ailleurs). 


A Joël des PO, Georges de Narbonne et Antoine d’Ouveillan, à nos folles années 68-70 ! 
(à suivre)

(1) Ah ! Monsieur Rabéjac qui nous enseignait le XVIème siècle en littérature !
(2) champignon mortel qui serait arrivé d’Amérique avec les caisse de munitions en 1944. Il existerait comme un vaccin porteur d'espoir et testé à Sallèles...
(3) Architecte Gaston Ladousse qui fit aussi celles de Vinassan (1937) et de Trausse (1937), pour parler de cette période.
(4) Nino Ferrer ne chantait pas encore le Sud (1975) mais Jean Ferrat en remontrait déjà au camarade (1969) et Brassens était bien le seul à défendre l’anticonformisme pacifiste. 
(5) René Iché (1897-1954), Croix de Guerre 1914-1918, Médaille de la Résistance. Devenu sculpteur contre l’avis de ses proches, Iché vit son œuvre Forfaiture enlevée pour "indécence" (1923).
«Laissez-moi vous dire...» écrivait-il au préfet de police «... que votre décision, si inattendue pour moi, m’a beaucoup ému. certes, je ne prétends pas avoir fait un chef-d’œuvre et si mon intention fut mal interprétée, c’est peut-être que mon talent ne fut pas à la hauteur de mon ambition. Quoiqu’il en soit, j’ose affirmer que j’ai poursuivi, en sculptant Forfaiture, un but hautement moral. J’ai voulu traduire dans la matière plastique, la douleur et l’angoisse d’une trahison, la trahison de l’instinct génésique, le reniement de la vie elle-même vis à vis de la continuité de la vie : le drame affreux que la loi poursuit car il constitue un véritable crime de lèse-humanité.
«L’illustre maître Bourdelle, qui a bien voulu m’éclairer de ses conseils, m’a répondu que ce sujet, s’il avait été inspiré par le sixième commandement à un imagier de cathédrale, aurait très bien pu trouver sa place dans la pénombre d’une haute ogive. je m’en tiens là et j’accepte de retirer ma statue. Il me suffit de pouvoir affirmer en toute conscience que je l’ai méditée et exécutée sincèrement et que, pas un instant, je n’ai pensé ni visé au scandale mais à un vérisme significatif conforme à l’éthique la plus naturelle.»
Son projet de monument aux morts pour le village de Canet-d’Aude, fut aussi refusé pour «pacifisme» sinon pour excès d’humanité ! 

glossaire :
* l’agassa (o) = la pie.
* bader = fixer, reluquer, afficher sa curiosité sans retenue.
*cave = fossé.
*Cers = plus vieux nom de vent en France, honoré par les Romains parce qu’il chassait les miasmes, malheureusement assimilé par parisianisme à une tramontane par trop générique ! Pour être plus généralistes, nous disons aussi (et certainement à tort) "vent du nord" !
*sénils = roseaux dont on fait le chaume. 

photos autorisées : 
1. Commons wikimedia / Ouveillan aut Map data (C) OpenStreetMap contributors CC-BY-SA
2. Commons wikimedia / Canal_du_Midi near Colombiers 2011 aut Michiel1972 
3. La cave coopérative, personnelle août 2015. 
4, 5, 6. Le Monument aux morts, personnelles août 2015.  
7. Commons wikimedia / grange cistercienne Fontcalvy aut ArnoLagrange. 
8. Commons wikimedia / Ouveillan, Grange cistercienne Fontcalvy aut Rauenstein.

vendredi 20 mai 2016

LOU PASTRE (le pâtre) / Languedoc

LOU PASTRE.

Per causse, en plen ivèrn, quand la magistralada (1)
Balota dins lo cel la neu e lo conglaç,
Dins sa capa amagat, se ris de la gelada
E lou vèspre, am l’aver (2), content s’embarra au jas.

Quand reven lou printens et que la soulelhada
Fa reverdir la terra et florir lo bartas,
Mena sos anhelos dins la prima abaucada (3)
E lo pastre es urós quand sont assadolats.

Desmamat dau païs e luènh de sa familha
Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio,
Mestrejo son tropèl que s’augmenta dau creis...

Plantat sus son baston lo vei que s’apastura
E pompant l’air tebés de la bèla natura,
Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei.

Antoni Roux. Pescalunetas (3)

(1) magistrau, vent maître, mistral... et surtout pas une "tramontane" trop générique !
(2) chez Mistral, "embarra l’avé ou tout court embarra, enfermer les brebis dans le bercail"
(3) bauco, brachypode rameux, pelouse steppique, baouque chez Harant et Jarry (Guide du Naturaliste dans le Midi de la France). Plante herbacée méditerranéenne (Wikipedia).
(4) le nom du recueil vient peut-être de Pesco-luno, sobriquet des habitants de Lunel, qui eurent l’idée d’aller pêcher, dans un panier percé, le reflet de la lune. L’auteur ne verrait-il que des femmes en train de pêcher ?

LE PÂTRE.   

Par le causse, en plein hiver, quand la magistralado
Balotte dans le ciel la neige et la glace,
Dans sa cape caché, il se rit de la gelée
Et le soir, avec les brebis, content il s’enferme au gîte (bercail, bergerie).

Quand revient le printemps et que le soleil
Fait reverdir la terre et fleurir le buisson,
Il mène ses agnelets dans la prairie nouvelle
Et le pâtre est heureux quand ils sont rassasiés.

Privé de son pays et loin de sa famille
Sur le causse altier qui est comme sa patrie
Il mène son troupeau qui s’augmente des naissances.

Planté sur son bâton, il le voit qui pâture
Et pompant l’air tiède de la belle nature,
Tout seulet, loin du monde, en haut il se croit roi.       
   
Photos autorisées 1, 2, 3, 4, 5 Commons wikimedia

1. La vieille jasse / auteur Jean-Claude Charrié. 
2. Lavogne du Larzac / auteur Toutaitanous. 
3. Larzac près de la Couvertoirade / auteur présumé Sylvagnac. 
4. Brebis en pâture / auteur Jean-Claude Charrié. 
5. Berger sur le Larzac / auteur Mathieu Caunes. 



jeudi 19 mai 2016

LES CAUSSES EN OVALIE... OCCITANE (1) (2e partie) / Fleury d'Aude en Languedoc


A chaque excursion ses impressions, un ressenti particulier qu’on croit évanoui mais qui hiberne seulement. Un seul élément perturbateur suffit, en effet, à le faire refleurir. Mon attrait pour des différences en harmonie, mon attirance pour le Causse si proche mais que tout sépare de la plaine voisine, s’est réveillé d’un coup, lors d’un cours, tard le soir, quand Monsieur Couderc nous présenta « Lou pastre », un poème en occitan d’Antoni Roux. La langue de mes grands-parents, le Languedoc palpitant, la rusticité d’alors, le bonheur d’une géographie du cœur... tout participait à l’enchantement !
    Le temps ensuite a défait son œuvre, détricotant avec une même application ce qu’il avait patiemment tissé. Puis la vie, comme elle le fait avec tous nos morceaux, est revenue me tricoter un pull neuf de cette laine pourtant feutrée et entortillée. J’arrivais bien à recoller les vers mais l’auteur m’échappait jusqu’à ce que l’Internet vienne raviver le charme : c’est bien Antoine Roux de Lunel-Vieil !
    Les écrits restent dit-on quand on oublie, du moins quand la mémoire dort, telle l’ours, l’hiver, dans sa tanière, jusqu’au réveil. Depuis, je ne voyage plus sans mon berger du Larzac !
    Ce dimanche, la relève, les cadets du canton sont allés porter haut nos couleurs pour le championnat de France et si mon propos n’était pas d’écrire ce que le rugby a de chaud et de rassembleur, mes encouragements, certes sportifs,  trimbalaient aussi un merveilleux professeur malgré lui, un petit poème sans prétention, la modeste fleur d’un buisson du causse, le Sud, nos racines, la langue des aïeux, emportés à la sortie du lycée alors que les rouges du couchant viraient au violet au-dessus d’un stade Cassayet encore vibrant des bravos pour Walter Spanghero ! 


(1) L'OVALIE, le pays du rugby dans sa déclinaison occitane à partir du moment où le nord aussi lui fait honneur (la ville bretonne de Vannes vient d'accéder à la proD2).  

  
photo autorisée commons wikimedia : 
1 Larzac près de la Couvertoirade auteur présumé Sylvagnac.
photos personnelles :
2 Les copains du rugby... moins nombreux aujourd’hui.
3 L'A75 au bord du causse (651 m), en bas, Millau au bord du Tarn et le viaduc au fond...

dimanche 15 mai 2016

A PENTECÔTE, GÔUTE LA GUINE ! / Fleury d'Aude en Languedoc

Per Pantecousto la guino gousto ! (comme le relève Frédéric Mistral (1)).
C’est bien gentil d’associer les guiniès, en languedocien, avec les dimanche et lundi de Pentecôte (2) mais dame Nature suit un calendrier moins lunatique et la saison des guines peut s’accorder seulement avec la fête religieuse lorsque Pâques arrive tard, presque au 25 avril. Alors seulement, cinquante jours après, les petites cerises sauvages, un peu acides, un peu amères, peuvent piqueter le feuillage de leurs livrées rosées ou garance, pour les plus mûres.


Commons Wikimedia / Prunus_cerasus_-author Franz Eugen Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-113

Chez nous, les rives et les abords de la rivière en sont parés, en pleine lumière et même à l’ombre des grands peupliers blancs (3) ; ceux-là portent encore des fruits fin août, début septembre. Le long de l’Aude, de la limite de Salles au débouché de la Montagne de la Clape, les tènements, les fermes et lieux-dits où prospèrent les petits cerisiers, se cueillent aussi avec gourmandise : Maribole, l’Horte d’Andréa, la Barque, l’Horte de l’Ami, la Barque-Vieille, Joie, Négo-Saumo, la Pointe.
La guine, la première confiture de l’année, avant l’abricot, les figues, et l’azerole des vendanges (4), déjà le souci des provisions pour l'hiver pour des campagnards plus fourmis que cigales.
Avec les reflets mordorés, pourprés ou dorés des autres bocaux, mon souvenir revoit toujours l’éclat cuivré des guines, libéré de sa prison de verre dès que la porte du placard s’entrouvrait... Et ce rayon réconfortant ne serait pas sans le dévouement opiniâtre et aimant de nos mamés, à la cuisine ou au bord des vignes (5) : mamé Joséphine, l’aïeule, mamé Ernestine et tante Céline, parce que ce souci des leurs, de ce qu'elles allaient mettre pour manger comptait autant malgré les ans. Maman aussi en sait quelque chose, elle qui, malgré ses 91 printemps, n'hésiterait pas longtemps pour sortir le chaudron même si l'époque n'est plus à assurer la soudure d'une année sur l'autre.
 
(1) Trésor du Félibrige (1878).
(2) du grec signifiant cinquantième : se fête cinquante jours après Pâques.
(3) populus alba, aubo ou aubero chez Mistral, terme désignant aussi le tremble pourtant différent. A Fleury on parle des « arbres blancs ». 
(4) les mûres de l’été, les gratte-culs de l’automne n’étaient pas prisés à l’époque.
(5) Qui avait peur des pesticides alors ?


    Mamé Joséphine

    Mamé Ernestine et papé Jean, tante Céline et l'oncle Noé.

samedi 14 mai 2016

CAVALCADES ET CORSOS "FLEURYS" / Fleury d'Aude en Languedoc.

Au mois de mai, c’est la fin pour les cavalcades et autres corsos fleuris. Et dire qu’ils viennent encore de brûler Carnaval chez les voisins... Au temps des fleurs, c’est vraiment du sadisme... Sauf qu’une salloise m’a rétorqué que c’était mieux que de ne rien faire ! Et vlan ! Je n’ai pu que balbutier qu’ils allaient fêter la fête dans les rues, quand même, à Fleury !
Élevons le débat tout en reconnaissant que les patchaques et autres querelles de clochers ont toujours pimenté et corsé les rapports de voisinage ! Il n’empêche, en février, les mimosas qui défilent traduisent si bien l’espérance des beaux jours à venir.
Reprenons le compte-rendu si détaillé de cette cavalcade d’après guerre que François, lou filh de Jeanil, a bien voulu nous réserver (1). Le char du chapeau venait juste de passer : 


«... "Les Vendanges" venaient ensuite. Le camion était garni de treilles et de souches avec de beaux raisins. Au milieu était une grosse barrique avec Charlot Escaré qui représentait Bacchus tenant une coupe et un bâton avec une feuille de vigne et un raisin. Il y avait aussi des vendangeurs et des vendangeuses, parmi lesquelles Elisabeth et Marcelle Subra. Ils ont eu le 5e prix (2000 F et 2 bouteilles de champagne).
"La Couveuse", des petits garçons et petites filles, habillés de coton jaune, chacun dans une sorte de panier.../...
... Ensuite, "Blanche-Neige et les sept nains" (la rue Neuve). Auret menait le char,Mimi Dauga était Blanche-Neige et G. Martin le Prince, F. Bousquet, J. Bernard, les petits Auret... ils ont eu un prix d’honneur et un prix d’attelage.../... 
... Puis le "Panier Fleuri" des petits enfants très bien habillés, dans un grand panier fleuri de fleurs avec des fleurs d’amandier, du mimosa...
... "La sérénade à Colombine".../... des garçons en pierrots jouant de la mandoline, et des petites colombines...
Ensuite 2 chars 1900 : un de Fleury, yves Carrière était le cocher, en costume d’époque... /... derrière un comte et une comtesse... Abrial portait une perruque, un chapeau à voilette, il avait fait un grain de beauté ; tu peux croire qu’il le faisait bien.
L’autre était de Coursan, il était plus chic que celui de Fleury.../... dedans deux couples qui chantaient « Frou-Frou », et enfin deux laquais : deux jeunes filles...
... /... Puis une énorme carpe de Coursan avec 4 oo 5 pêcheurs, un tank de Béziers et des soldats jouant de l’accordéon.
Et enfin de nombreux travestis de Narbonne. Tout le monde dit que c’était la cavalcade la plus jolie de la région, elle dépassaitde beaucoup celles de Narbonne, Coursan et Béziers.  
J’ai oublié le principal, le char de la Reine... /...
Il y avait aussi un autre char où étaient Colette, Yvette et Monique "La France et ses Provinces", et un autre "Les Papillons".
Mr Robert distribuait les prix... /... Après la cavalcade, il y a eu bal sur la place, ainsi qu’après souper, avec concours de travestis. C’est la femme de G. Chavardès et mme Dubeau (la patronne de l’autobus) qui ont eu le premier prix. Mme Chavardès était en Provençale ; Madeleine Artozoul, de paris, a eu le 3e, elle était en Cosaque, Marthe Barthe en Espagnole...etc...

(1) François Dedieu / Caboujolette / 2008. 

diapositives François Dedieu 1 &2 1969 3 & 4 1986.

jeudi 12 mai 2016

MAYOTTE FRANÇAISE, CE N’EST QUAND MÊME PAS L’AFRIQUE DES GRANDS LACS ! / France en danger

Des voyous ont des coupe-coupe, machettes et autres sabres d’abattis (1)... en 1994, seuls les cultivateurs couraient la brousse ainsi équipés, mais pour le rude travail aux champs, seulement. C’était le Rwanda sans le sang... Aujourd’hui, depuis janvier, nous en sommes à quatre morts imputables à des meurtres crapuleux et si la décence n’autorise pas encore à comparer avec le Rwanda (2), notons cependant que si la France s’exposa particulièrement à l’époque dans son opération mitterandienne Turquoise, bien malvenue dans une ancienne colonie belge, ici, en complète négation de ses missions régaliennes, elle brille surtout par son apathie sinon son absence !  Comment pourrait-il en être autrement avec un préfet plus soucieux de rabaisser les mouvements sociaux que de juguler la délinquance ?!?! 

panga d'époque et shombo pidja forgé localement.

(1) le représentant du MEDEF demande un contrôle des ventes. Pourquoi pas, à y être, celle des tournevis et des marteaux ? Sinon, il ne faut pas confondre ces lames longues dont le «panga» avec le «shombo», une palette ronde, certes coupante mais plutôt outil à tout faire, servant à travailler la terre et qui peut être femelle (pidja) ou mâle avec son appendice crochu (gori).
(2) suite à l'expulsion par les locaux des occupants illégaux de terrains, des messages circulent. Ils appellent à refouler les étrangers pour mettre le préfet face aux responsabilités régaliennes non assumées et ce d’autant plus que les procédures de reconduites à la frontière vont être enrayées par des possibilités d’appel, à partir du 1er novembre 2016.
Dans l’autre camp, un plan d’auto-défense sinon de représailles, a été  clairement notifié sur les réseaux sociaux.
Au prétexte que la France serait un pays évolué, le refus de prendre en compte les errances et lâchetés, en premier lieu de l’Etat, relèvent de l’indignité nationale quand, avec ces pauvres gens dormant dehors, ce sont bien des pogroms que nous avons sous les yeux ! 

mercredi 27 avril 2016

MAYOTTE (suite 3) / ... parlent même pas français ! / Du riz pour 400 ou 500.000 habitants ?










8. ILS PARLENT MÊME PAS FRANÇAIS !
« 60 % des habitants ne parlent pas un mot de français, et ne s’expriment qu’en swahili ou en malgache »... Voilà le genre de propos lapidaire et trop abrupt pour être vrai... D’abord la langue vernaculaire la plus pratiquée est le shimaoré, de la famille des langues swahilies il est vrai comme les langues romanes pour le français. Ensuite, depuis vingt ans même si mon expérience n’a pas valeur statistique, quoique, quand on voit le contorsionnisme dont l’Insee doit faire preuve pour ne pas que les chiffres accablent la main qui le nourrit (c’est particulièrement vrai concernant la population totale de l’archipel ainsi que la proportion d’étrangers, pour sa part clandestine), depuis vingt ans et je peux être incité à penser pour souvent croiser des enfants des écoles et du collège, que la jeunesse s’approprie toujours davantage la langue française (ce qui ne l’empêche pas d’être bi sinon trilingue, eu égard aux langues maternelles). 


9. DU RIZ POUR 400 ou 500.000 habitants ?
« ...  puisque sur ses 200 000 habitants, on compterait plus de 60 000 immigrés clandestins... ». Pour avoir une idée plus correcte que l’approximation de l’INSEE, les journalistes ont eu l’idée d’approcher le chiffre de la population au prorata à la quantité de riz importée. Cette céréale étant consommée quotidiennement, le résultat permettait de dire que "l’homo mayottensis" est détenteur du record mondial en mangeant deux fois plus de riz que le champion malgache (130-150 kilos/hab/an).
Sur cette base là et sachant qu’aux Comores, c’est un quintal de riz par personne et par an, Mayotte pourrait compter entre 400 et 500 000 habitants, une évaluation loin des chiffres de l’INSEE !

Sur la proportion d’étrangers, après avoir objecté, comme elle le fit pour le "sentiment d’insécurité", qu’il ne s’agissait que d’un ressenti, l’autorité étatique laisse dire désormais... « qui ne dit mot... » 


photo autorisée 1. commons wikimedia / salon du Livre Paris 2015 / auteur ActuaLitté 

dimanche 24 avril 2016

MAYOTTE, LA GRÈVE GÉNÉRALE POUR L’ÉGALITÉ CITOYENNE / Mayotte, France en Danger

Le 23 avril, Galil Agar a écrit un article sur Mayotte :

http://www.cercledesvolontaires.fr/2016/04/23/mayotte-lutte-egalite-respect/http://www.cercledesvolontaires.fr/2016/04/23/mayotte-lutte-egalite-respect/

Merci pour cet article très travaillé démontrant la légèreté coupable avec laquelle la France traite son Outre-mer (loin des yeux, loin du coeur) même lorsque celui-ci conteste légitimement pour l’égalité citoyenne, ce qui est le cas de Mayotte. Comme lors des 47 jours de grève générale contre la vie chère, le mauvais rôle ne revient certainement pas à une population revendiquant seulement la dignité qui lui est due.   

Quelques remarques et bémols aussi, sans que cela ne remette en question ce qui nous unit...

1. LES NUITS DEBOUT «  (le non-événement de la visite de l’inénarrable Alain Finkielkraut…) »
A titre accessoire, c’est un peu déplacé de rappeler un épiphénomène en ces termes puisqu’une assemblée réfléchissant à un changement de paradigmes étatiques, à vocation constituante, est en contradiction avec elle-même lorsqu’elle refuse d’entendre un philosophe et pire, le chasse. 

2. LE COUVERCLE SUR LA COCOTTE.
Le mépris et une certaine suffisance persistent d’autant plus quand les infos ne remontent pas au niveau national. Tant que l’étouffement, le manque de résonance n’exposera pas les manquements de la puissance publique, celle-ci, toute en dissimulation et, nous l’espérons, avec mauvaise conscience, persiste à revendiquer la paternité de ce qui n’a progressé souvent que par la force des choses. Il s’agit de quelques évolutions inhérentes liées à l’essence même de la vie ainsi qu’au temps laissé au temps, ce dernier ne pouvant par ailleurs, et presque à 100 %, qu’envenimer les problèmes. 

photo autorisée : commons wikimedia / tract Nuit Debout / auteur nieddu vladimir

jeudi 21 avril 2016

MAYOTTE, LES BRÈVES / twits, twits

Du 19 au 21 avril 2016.

#Mayotte Après mardi jour île morte, la réunionite du préfet, comme lÉtat multipliant les missions toujours au stade du diagnostic ressassé

#Mayotte Mardi les élus claquent la porte : le préfet, le procureur leur parlent comme au bon temps des colonies !

#Mayotte Mamoudzou, l'adjoint donne comme raison que les comoro-français en France pèsent trop aux élections pour que Mayotte soit entendue.

#Mayotte Kamardine ex-député à propos du préfet faisant comme si face à l'insécurité grandissante : «il ferait mieux de fermer sa gueule!».

#Mayotte expliquant ses dérapages au micro, l’ex-député insinue que le préfet lèverait le coude... et nous qui pensions à du lyrisme décalé!

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, il suffit de demander !

lundi 11 avril 2016

LA GUERRE CIVILE OU LA GUERRE DE LIBÉRATION ? / Mayotte & la France en Danger.

Ce matin, nombre de barrages sauvages sur l’île ! Les « jeunes », sinon les voyous... mais quand le pays en fait encore moins ici qu’en métropole contre le chômage, force est d’accepter que la situation délétère ne peut que générer de l’incivilité, des troubles, des violences, du sang. Ainsi une délinquance criminelle vient aussitôt parasiter un mouvement de protestation syndicale exprimant clairement que depuis les semaines de contestation contre la vie chère en octobre-novembre 2011, rien n’a changé.
La situation est d’autant plus grave que le département (en titre et pas dans les faits...), tenu d’honorer immédiatement ses devoirs (impôts exagérés par exemple vu que l'assiette ne touche que les contribuables enregistrés) devrait accepter que les droits ne se trouveraient pas à s’appliquer entièrement avant 2025 (plan PS !) voire 2037 (promesses UMP !) !!! (Dehors le PSUMP !). 

Après l’alarme lancée par l’ancien député n’hésitant pas à parler de « GUERRE CIVILE », mais notre pays et ses « institutionnels » sont plus prompts à jeter la pierre sur les lanceurs d’alerte en niant le détraquement dénoncé parce qu’ils en sont, tout simplement, largement coupables, un élu de Mamoudzou embraye en parlant de « GUERRE DE LIBERATION » ! (il est à l’antenne de Kwezi, ce matin...) 

Et quand l’État, par la bouche d’un de ses servants (déplacé d’office à l’Outre-Mer pour avoir critiqué en 2014 !), même s’il ne fait que semblant de dire tout ce qu’il ne faudrait pas dire ( «Tout ce qu’il ne faut pas dire ! » 2016, le titre de son livre) sort par force de son silence "institutionnalisé", nous ne pouvons que mieux considérer les menaces potentielles, seraient-elles plus qu’inquiétantes !  

http://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/emissions/jt-du-soir-en-francais de
 
Dans l'esprit, pas à la lettre ; pour cela écouter les minutes 9‘50 à 11‘50.
Le général Bertrand Soubelet du commandement de gendarmerie outre-mer : « Les moyens que nous avons à Mayotte sont à peine suffisants pour faire face aux problèmes de la délinquance à Mayotte, aux pbs de sécurité.../... Mayotte est soumise à une immigration extrêmement importante dont les contre-coups se font sentir jusqu’à la Réunion.../... une mission.../... rapport accablant : Mayotte situation extrêmement difficile, les moyens sont à peine suffisants kwassas quotidiens et quand le travail administratif se fait, le travail sur le terrain ne se fait pas.../... tout ce qu’il ne faut pas dire...»

dimanche 10 avril 2016

AVRIL dans les temps et les têtes / Fleury d'Aude en Languedoc.

« Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps..." 

 
Les souvenirs d’école s’accrochent aux vers et aux rimes qui nous ont bercés, enfants. Le maître (les hommes semblaient alors plus nombreux), souvent, triait, coupait des strophes, ne gardant que par rapport à son exigence et aussi en fonction de ce que nous pouvions assimiler. Si le début du poème « Premier sourire du printemps » de Théophile Gautier évoque mars, la fin dont on ne soupçonnait même pas l’existence, s’ouvre, elle, sur le mois d’avril : 

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »

Plus prosaïquement, et avec l’inquiétude qui est la nôtre, aujourd’hui, quant au rythme si perturbé des saisons, plutôt l’avis autorisé des météorologues que les rumeurs. Ainsi, à propos du printemps dans le Sud, Météo France nous dit :

« Sur les cinquante dernières années, l’évolution des températures printanières en Languedoc-Roussillon montre un réchauffement. Sur la période 1959-2009, la tendance observée des températures moyennes printanières est d'environ +0,3°C par décennie.

Les cinq printemps les plus chauds depuis 1959 ont été observés après 1996, alors que quatre des cinq printemps les plus froids l’ont été avant 1985. Le caractère remarquable des printemps 2011 et 1997 est bien visible pour les températures maximales (moyennes printanières dépassant de plus de 3°C les normales saisonnières 1961-1990) ».

S’ils parlent aussi d’une sécheresse désormais plus sensible, ce sont les excès qui nous marquent, tant pour la température que les précipitations.
Quelques rappels, grâce aux ressources de l’Internet http://la.climatologie.free.fr/intemperies/tableau12.htm (tableaux 5 à 12, en remontant jusqu’en 1884) :

Du 12 au 16/04/2015 : températures bien au-dessus de la normale en Europe et 31,6°au cap Ferret (33), nouveau record de chaleur mensuel depuis le début des mesures en 1887.

Du 11 au 18/04/2013 : temps doux sur toute la France et 32°C à Ciboure (64) le 17 avril.  

 
Du 15 au 20/04/2012 : chute des températures en France. Le 16/04/2012 dans la nuit, 70cm de neige sont tombés en Andorre (plus que le maximum en 24h de l’hiver 2011/2012.
Le 27/04/2012 : Des records de chaleur sont tombés dans le Sud-Est (29.3°C à Marseille).

Du 24/03 au 26/04/2011, les températures ont été chaudes pour la saison et du 01/04/2011 jusqu'au 09/04/2011 les températures sont montées comme en juillet, de 8 à 10°C au dessus de la normale pour la saison ! Des records de chaleurs sont tombés dans le Sud-Ouest. A Nîmes le thermomètre a grimpé jusqu’à 30,5°C donc très proche du record du 28/04/1947 avec 30,6°C. 32,3° à Pergignan :  un des mois d’avril les plus chauds depuis 1900.

Du 21 au 29/04/2010 : fin avril a été bien chaud à l'Ouest de l'Europe avec en France des températures d'été : 26.9°C à Béziers, 26.7°C à Sète, 26.7°C à Perpignan.

Le 29 avril 2004, 182.2 mm de pluie au Mt Aigoual (Météo France).

14/04/2003 : tempête dans le Midi-Pyrénées avec un vent de 120 à 130 km/h à Toulouse.
Le mois d'avril a été le plus chaud des mois d'avril depuis 1950 voir 1900 en Europe. En France la moyenne des températures est supérieure de 4,3°C aux normales.

Avril 1996, coup de froid. Le 04/04/1996, - 5°C à Brive (19) et Mont-de-Marsan (40), le 05/04/1996, - 4°C à Auch (32), -2,5°C à Carpentras (84).

25/04/1995 : il a fait maximum seulement 8°C à Toulouse !

29/04/1994 : 28°C à Bergerac (24).

24/04/1992 : 28°C à Gourdon (Lot), 27/04/1992 : 29°C à Carpentras.

A suivre.

Note : pour un bilan du mois de mars 2016 : http://www.meteofrance.fr/actualites/35175144-mars-2016-frais-et-arrose 

photos autorisées : iha. 

lundi 28 mars 2016

NON, NON, NON, NON, IL N'EST PAS MORT CAR IL SOUFFLE ENCORE ! (bis) / Fleury d'Aude en Languedoc


Suite aux articles « QUI TROUVE LE CERS PERD LA TRAMONTANE... I & II d’octobre 2013, la défense de l’identité audoise impose d’exposer, au fur et à mesure qu’ils la confortent, les arguments contre une globalisation détestable parce que le consumérisme intéressé qu’elle impose va de pair avec le dénigrement du particularisme culturel.
Plutôt que d’alimenter en commentaires les articles concernés (accessibles d’un clic sur les liens ci-joints), un extrait de la REVUE FOLKLORE 1972.
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/692089987470599:0
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/696016180411313:0
Sous la plume de P. Andrieu-Barthe, à propos des vents de l’Aude en aval de Carcassonne, nous pouvons lire :
 

* «...un vaste couloir où les vents acquièrent la vitesse de courants d’air...» définissant, vers le Lauragais, la plaine minervoise qui se resserre entre la Montagne Noire et les Corbières.
 

** «.../... Le rival du Marin est le Cers.../... que les Romains, par crainte, déifièrent.../... Dans la plaine Minervoise toute habitation comporte une orientation, une muraille ou une haie de cyprès pour se défendre du côté du Cers et non du Marin... ».
 

*** «.../... Après la Toussaint s’installe habituellement une période de marin froid. Le Cers glacé règne ensuite en hiver et surtout au printemps où il effeuille impitoyablement les pétales des précoces amandiers, mais durant l’été, il tempère agréablement la chaleur, caressant et léger...».
 

**** «.../... La Tramontane reste localisée en Roussillon. Il faut arriver à Montpellier pour entendre parler du Mistral... »
 

***** «.../... Détestés des étrangers venant de pays plus calmes et qu’ils tourmentent, ils sont familiers aux autochtones qui, en fulminant sans cesse contre eux, ne peuvent s’en passer. S’ils viennent à se calmer, on entend dire : "On ne respire pas, il n’y a pas d’air" ou, dans le cas contraire : "Il fait bon, il fait de l'air".

diapo François Dedieu vignes et pins à l'automne. 

mercredi 23 mars 2016

« Y’ A PAÏ MAÏ DE SÉSOUN ! » / Fleury d'Aude en Languedoc


« Y’a paï maï de sésoun ! »
Oui, je sais, j’ai eu la cagne de poursuivre Carnaval alors que les écoles de Fleury, de sortie dernièrement, en donnaient l’occasion...
Pardon si mon être revient toujours dans les vignes, devant le tapis blanc de diplotaxis fausse rouquette piqueté du jaune et de l’orangé des petits soucis qui résistent si bien aux gelées... Mais là j’en suis encore resté aux vrais hivers, c’est ce qui arrive à partir d’un âge certain et nos petits soucis n’ont plus guère à batailler semble-t-il,contre la méchante saison. 


Le manque exacerbant l’envie, n’avions-nous pas déjà le goût des premiers signes si désirés du printemps ?
Cette anticipation dont on se régalait à l’avance parce que les rites ou coutumes, calqués sur nos horloges biologiques, en cochaient le calendrier ! Une satisfaction du besoin venant toujours à point pour ceux qui doivent attendre... L’impatience positivée des prémices, à condition, sine qua non, que le plaisir soit au bout, à moins ou plus long terme, comme en amour ou lorsqu’on se conforte, pour rester en forme, parce qu’un bon repas est programmé, quelle qu’en soit l’occasion !
A l’instar des goûts ou des couleurs, le plaisir est aussi polymorphe qu’inquantifiable, le qualifierait-on de petit ou de grand. Après l’amandier en fleur, j’en suis encore aux asperges sauvages. Un rapport avec Angleterre-France de tout à l’heure ? Peut-être mais sans la sérénité d’alors car l’inquiétude s’insinue : les premières omelettes datent de début janvier, à Rivesaltes voire dans le Cabardès... Merci le journal local ; L’Indépendant en parle, gardant le lien, même si les gens changent aussi, réclamant l’anonymat et le secret sur de prétendus coins pour ce don jadis si généreux de la nature. De quoi en couper le fioulet (1) à Pan sans parler de Kronos, moins maître du temps que jamais, lui, qui ne nous les offrait pas avant mars.
Et si la bêtise humaine persiste et s'amplifie, en particulier à cause de "l'économie ouverte", comme j’ai eu l’occasion de l’entendre dans la bouche d’un triste journaliste perverti,  le « Y’a plus de saison ! » actuel, plus vrai que jamais, n’augure rien de bon, n’en déplaise aux indécrottables optimistes qui ne veulent pas croire que la Terre tournera un jour mais sans eux... 

(1) le sifflet sinon la flûte...

PS : j’ai eu l’occasion de partager la page de Gilbert sur ces belles randonnées à l’infini par chez nous ; ci-joint, son blog tout de patience, de convictions, d’espérance et d’amour pour l’homme dans la diversité de son séjour terrestre http://gilbertjullien.kazeo.com/le-circuit-des-templiers-832-m-depuis-bugarach-465-m-a120392574    





photos autorisées commons wikimedia 
1. diplotaxis fausse rouquette.
2. calendula arvensis Atlas_de_poche_des_plantes_des_champs,_des_prairies_et_des_bois
_(PLATE_70)_(6022010145)
3. Vigne Flore_coloriée_de_poche_du_littoral_méditerranéen_de_Gênes_à_Barcelone_y_compris_la_Corse_(6243931751) aut Penzig. O.


mardi 16 février 2016

LE CARNAVAL EST À LA CULTURE CE QUE LA CULTURE EST À L’ÂME DES PEUPLES... / Europe

    

Tandis que nos villages dortoirs sont en danger de délitement, des "pays" moins dilués dans la modernité restent droits parce qu’ils tiennent à leurs traditions.
    Je pense à la Sardaigne, aux pays du Rhin dont l’Alsace, aux caractères méditerranéen et alémanique apparemment éloignés, aux ressources économiques à l’opposé mais si proches pour la protection d’une identité particulière, nourrie de tout ce que l’imagination a pu construire concernant le rythme en commun des saisons et, plus particulièrement, le passage de l’hiver au printemps si bien annoncé et traduit par la fête de carnaval. Mêlant les rites agraires, pastoraux et de fertilité, le culte des forces de la nature, les célébrations étaient aussi l’occasion de bouleverser l’ordre établi. Alors, les pauvres prenaient la place des riches et les administrés celle des autorités qui leur remettaient symboliquement les clés de la cité, avant que tout ne rentre dans l’ordre avec ses dominants, ses dominés et au-dessus de tous la puissance divine imposant les rigueurs d’un carême de quarante jours, la vraie période où on enlève la viande, du latin "carnelevare". 
    Ce legs, véritable liant identitaire, nous le retrouvons, plus près de nous, en Provence et en Languedoc, dans des villes d’une certaine taille, autour de 10000 habitants (est-ce dû à un effet de seuil ?), comme Limoux et Pézenas.
    Après ce petit tour d’horizon et non sans nous rassurer de ce qui reste dans le verre, espérons-le, à moitié plein, de notre village, nous reviendrons feuilleter l’album des carnavals passés, à Fleury.
   
    Sous des attraits spectaculaires, la signification de ces festivités va bien au-delà du pittoresque destiné aux touristes. Nous ne sommes pas en présence d’attractions commerciales et le folklore n’a rien d’un artifice destiné à appâter le chaland ! Au sens premier du mot "FOLKLORE", il faut lier l’anthropologie, la science de la culture, des usages et des arts d’un peuple. Allez donc feuilleter la vieille revue audoise FOLKLORE (de 1938 à 1988 ! / accessible sur le Net) : ce n’est pas pour déprécier nos racines que des intellectuels de premier plan se sont engagés ! Ce n’est pas parce que les syndicats d’initiatives et les comités de tourisme veulent gagner des visiteurs que les locaux doivent perdre leur âme !

    Sans âme, un peuple ne résiste pas à ce qu’on appelle, un peu trop vite, le progrès, dans ce qu’il a du rouleau-compresseur, sous l’emprise de l’argent-roi. Ainsi, le tourisme de masse n’est-il pas en train de faire mourir Venise, pendant et en dehors du temps de carnaval ? Ailleurs, du moins là où subsiste avant tout le souffle de la transmission, nombreux sont les émigrés qui prennent leurs congés pour se replonger dans leurs racines, en réintégrant la société du cru, à la place qui est la leur.
    En Sardaigne, ceux du continent reviennent pour carnaval, dans la Barbagia montagneuse. Vêtus de peaux de chèvres noires ou de moutons blancs, lestés d’une trentaine de kilos de cloches sur le dos, affublés d’effrayants masques noirs, les Mathumones défilent dans les rues et passent manger et boire dans les maisons. 


    Plus au nord, entre le pays de Bâle, celui de Bade, la Forêt-Noire et l’Alsace, ce sont  des sorcières, des fous, des hommes sauvages, des gnomes de la forêt, des « pleureurs », des balayeurs de l'hiver, des diables aux escargots armés de vessies de porcs qui investissent les rues. En Suisse, dès janvier, on fête les démons pour mieux les chasser. Néanmoins, ce qui pourrait s’apparenter à un grand désordre est au contraire très encadré : les rôles sont définis, les masques et déguisements rituels réservés aux habitants, un peu comme à des initiés. L’ivrognerie est interdite. Quant aux visiteurs, si la participation est autorisée, ils ne peuvent que suivre sans se mêler aux personnages institutionnels. Nous retrouvons là la prévalence de tout ce qui, dans une communauté, fait l’héritage, la transmission d’un patrimoine, d’une histoire partagée jusqu'à une certaine limite et ne se monnayant pas ! Parmi ces festivités authentiques, citons, entre le 3 et le 17 février, Gegenbach, Emmendingen, Freiburg-im-Breisgau (Allemagne), Hoerdt, Sélestat et Mulhouse (Alsace), et pour finir Bâle en Suisse.
http://bons-baisers-du-rhin-superieur.com/carnaval-vallee-du-rhin-bale-mulhouse-selestat-alsace-emmendingen-freiburg/ 


    Plus près de nous, en Provence, entre les farandoles et autres danses, la jeunesse multiplie les farces. Par le passé, avec les cocus, le boulanger aussi était visé : le jeu (1) consistait à lui faire ouvrir la fenêtre pour le badigeonner avec le patarassoun, le chiffon au bout d’une perche servant habituellement à nettoyer le four ! Le mercredi des Cendres, ils quêtaient de maison en maison avant de promener Caramentran (Carême entrant), le mannequin aux traits de quelqu’un connu au village. La danse grivoise des boufèts enfarinés, portant bonnets, chemises de femmes et se soufflant au cul pour calmer les ardeurs, rythmait (et rythme encore heureusement, en quelques lieux !), la procession ! Le procès de Caramentran toujours condamné au bûcher clôt la journée tandis que l’assistance chante « Adiou pauré Carnaval » (musique attribuée à Giovanni Battista Pergolesi (1710 - 1736), reprise plus tard dans « Bonne nuit les petits »).

Adiou pauré Carnaval

Adiou pauré, adieu pauré,
Adieu pauré Carnaval
Teu t'en vas e ieu demouri
Adiou pauré Carnaval

Teu t'en vas e ieu demouri
Per manjar la soupo a l'alh
Per manjar la soupo a l'òli
Per manjar la soupo a l'alh


Adiou pauré, adiou pauré,
Adieu pauré Carnaval

La joinessa fa la fèsto
Per saleudar Carnaval
La Maria fa de còcos
Amb la farino de l'oustal

Lou biòu dença, l'ase canta
Lou moutoon dis sa leiçoun
La galina canto lou Credo
E lo gat dis lou Pater

Adieu, pauvre, adieu pauvre, / Adieu pauvre Carnaval / Tu t'en vas et moi je reste / Adieu pauvre Carnaval / Tu t'en vas et moi je reste / Pour manger la soupe à l'ail / Pour manger la soupe à l'huile.
La jeunesse fait la fête / Pour saluer Carnaval / la Marie fait des coques / Avec la farine de la maison.
Le bœuf danse, l’âne chante / Le mouton dit sa leçon / La poule chante le credo / Et le chat dit le pater.

    La suite au prochain numéro !
    Iéu m’en vau et teu demoures per manjar ta soupo à la grimaço !
    Comment ? on rouspète qu’il manque Limoux, et Pézenas, et les rogatons de Fleury ! 
    Sans rigoler, pensez donc à ceux qui abandonnent la lecture en cours de route ! Et puis, comme le disait aux bigotes, en parlant des hosties, notre bedeau dont le panel sortait de la braguette ouverte « N’y aura per toutis ! »
    Et surtout n’oublions pas que ces carnavals sont d’autant plus proches qu’ils nous renvoient aux nôtres de festivités !     


PS : merci aux Mathumones de la Barbagia, merci pour ces bons baisers du Rhin supérieur. Recevez en retour, les meilleurs poutouns (baisers en occitan) de Fleury d'Aude en Languedoc !  

(1) de nombreuses variantes dont une, décalée, avec du sang et un coup de fusil, à Fleury, en haut de la rue Neuve... 



photos autorisées commons wikimédia : 
1. carnaval Waggis à Bâle 2013 auteur Gzzz. 
2. carnaval Mamuthone de Mamoiada Sardaigne. 
3. carnaval Mulhouse auteur Florival fr.
4. carnaval (Fastnacht) Schuttig d'Elzach 2014 (Forêt Noire) auteur Andreas Praefcke. 
5. carnaval Kartunger Fastnacht 2010 auteur Immanuel Giel.
6. carnaval Waggis à Bâle 2013 auteur Gzzz.