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samedi 8 janvier 2022

DANS NOS TÊTES ET NOS ÂMES, LES OISEAUX (3)

Sans donner dans le verbiage, est-ce que quelques idées et pensées arriveront à plaider pour ces oiseaux petits ou grands, qui chantent leur quotidien puis disparaissent sans faire de bruit... Mais qui donc a écrit un roman au titre évoquant la légende de ces volatiles qui s'empalent sur des épines afin de mieux chanter en mourant, manière d'illustrer le choix cornélien, pour un ecclésiastique, entre l'amour de Dieu et celui, terrestre, d'une femme. Bien que ne comprenant pas le parallèle entre l'oiseau et le prélat, ou la femme, ou les deux partenaires, qui sait ? la traduction en français :   "Les oiseaux se cachent pour mourir" m'a beaucoup touché...  

Ce n'est pas qu'elle rappelle ce qui est arrivé à l'abbé qui a encadré notre "retraite" avant la communion solennelle, lui qui a préféré la femme, quitte à fuir loin des dénigrements. Chose qui, dans le temps, ne m'a jamais choqué, au contraire. Non, c'est ce remords pour les oiseaux, qui dure, anachronique certes, mais parce que nous balancions entre sensibilité et barbarie. 

A l'école, mieux que ne l'auraient fait des films, parce que le poème imprime les images de la lutte pour la vie de ces compagnons de tous les jours, comment ne pas s'émouvoir de la mort alors qu'une peur irraisonnée, éludée par les adultes, assaille en permanence les enfants que nous sommes. 

"... Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

François Coppée. 

" La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.../

... Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas."

Nuit de neige. Guy de Maupassant. 

A la maison, parce que même sous la lampe, en hiver, avec celui des fleurs, bien en couleurs, le loto des oiseaux contribue à attendre sereinement le printemps, à rêver du vert sur les arbres encore dénudés...   

Sauf que, en grandissant, devenu galopin, le garçon en vient à ricaner de la sensiblerie de Coppée ou de Maupassant. Il se coltine à ceux de son âge et ne veut que suivre l'exemple des grands qui ne s'en vantent pas mais ont du sang sur les mains. Alors il chasse à la "flèou", au lance-pierre (1), facile à cacher sous la veste ou dans une poche large car les gardes veillent, la chasse étant un droit réglementé. Quelques années plus tard, s'étant loué pour les vendanges, il part à Narbonne, acheter une carabine à plombs (2) allemande, chez l'armurier. 

Et une des chasses les plus lâches est celle dite "à la luminaïre". Le faisceau d'une lampe de poche dévoile un oiseau dans le lierre, les cyprès ou platanes, jusque ceux devant la mairie. Le temps de se réveiller, de se demander ce qui arrive, les pattes du petit animal qui dit son étonnement, décrochent ; et il tombe, mort.

Pour preuve de mon remords ineffaçable, toujours aussi difficile à exprimer, dans ce blog même : 

moineau friquet au Japon wikimedia commons Author Laitche
 

en juin 2017 : 
"... Il est sorti, le garçon à la carabine, de sa cachette. il a ramassé les petits cadavres encore chauds, plutôt content. Mais pas cette satisfaction instinctive du paléolithique. Pour preuve : il a jeté sa chasse à quelque chat en maraude.
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2017/06/lou-muraillet-cest-le-moineau-lete-en.html
 
mésange bleue wikimedia commons Author Estormiz

 
en avril 2019 : 
"... Le ruisseau, lui, entretient le souffle vital sur ses bords : des arbustes, des frênes de belle taille, des bergeronnettes hoche queue. Le rouge du sang dans ma main, une mésange bleue, me rappelant à jamais que le respect de la vie n’est pas à prendre à la légère..." 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2019/04/prisonnier-comme-jamais-le-dernier.html 
 
Carduelis_carduelis Chardonneret élégant wikimedia commons Author Marie-Lan Nguyen

(1) pour les moins dégourdis, une armature en fil de fer fort et torsadé pour donner un manche rigide. Pour les gamins de la campagne, la fourche d'une branchette dont la base a la grosseur du pouce. Gris et carré, fixé avec un bout de cuivre ou de nombreux tours de fil de laine (rouge dans mon souvenir), l'élastique s'achète au mètre chez la buraliste. José, qui habitait la rue Neuve, était un as de la "flèou" (une seule syllabe). Je ne sais toujours pas ce qui lui a pris lorsque, lors d'un plein-air scolaire vers la bergerie, il m'a indiqué un nid de catarinettes (chardonnerets) dans un vieil amandier. J'étais si heureux de cette confiance inattendue, que pour rien au monde, je n'aurais divulgué le secret à quiconque ! 
La flèou a fait aussi beaucoup de victimes chez les colombrines, les lézards des murailles, si rares aujourd'hui, tout comme le lauzèrt, le lézard vert.  

(2) de marque Diana. José, de la rue du Pré, avait une 25 (le nombre indique le poids je pense), moi une 27. La plus puissante au village, une 35, était celle de Gérard, développant deux fois plus de joules que la 25. En gardant le canon armé, on arrive à la camoufler, sous une veste ample et dans une manche, le temps de sortir du village... José, j'espère que tu tiens le coup... Gérard nous a quittés en 2014 (67 ans) tout comme Néné (61 ans) qui nous ouvrait l'accès aux vastes dépendances du plus gros propriétaire local. En 2002, c'est le cœur de Patrick qui lâchait (50 ans). il était un peu sabraque, un peu brise-fer. je lui avais prêté la carabine... il me l'a rendue avec la hausse cassée... Il y a longtemps que je ne lui en veux plus. La hausse, je ne l'ai jamais réparée, j'aime penser à lui chaque fois que je touche l'arme...
 
... Parler de ceux que nous avons aimés, plus ou moins proches, d'une manière ou d'une autre, c'est honorer la vie en prenant d'autant mieux conscience que même souvent si cruelle, elle reste pourtant extraordinaire... Au sein de la nature, les oiseaux aussi, bien sûr, chantent la vie, formidablement... Que chacun, à son niveau, fasse en sorte d'être positif à leur égard. 

PS : et moi je voulais parler des observations faites par les "ornithos", entre le Grau de Vendres et Gruissan... Nous remettrons l'ouvrage sur le métier, ils le valent bien les oiseaux qui, pour ne pas nous culpabiliser, se cachent pour mourir...

jeudi 6 janvier 2022

LES OISEAUX (2) A Mayotte aussi...

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/12/toi-et-les-petits-oiseaux-1.html

"Toi et les petits oiseaux" j'écrivais pour évoquer ce joli monde volant et chantant devenu rare, malheureusement. Mais pourquoi ce "1" annonçant une suite, or, rien, pas de brouillon en cours, juste quelques notes prises à la volée. Pour ne pas me dédire, l'inspiration du moment va-t-elle me servir ? 

"Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es."

Et si avec quelques mots sur ce que j'entends et peut voir depuis ma terrasse, ou lire grâce à la petite bibliothèque qui me fait l'honneur de résister encore au climat et aux bébêtes des tropiques ? 
Loin dans la lecture des poèmes de Baudelaire, dont, vers 1995, il restait un exotisme pas encore complètement gâché, des vers sur une nature a priori généreuse, de fil en aiguille, me ramènent aux oiseaux, cette fois, de Mayotte. 
 
"Au pays parfumé que le soleil caresse" (A une dame créole 1841 Les Fleurs du Mal)

"Une île paresseuse où la nature donne 
Des arbres singuliers et des fruits savoureux
des hommes dont le corps est mince et vigoureux
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne..." (Parfum exotique. Les Fleurs du Mal)

Là encore, concernant la nature, les hommes et les femmes comme tout a changé en moins de trente ans, il ne reste du monde encore dépeint par Baudelaire, que les cartes postales, sable badamier cocotier pour touriste voulant rendre jaloux autour de lui. Je vais avoir du mal à fermer cette parenthèse quand me parviennent les feulements cruels d'une tronçonneuse qui arrivera à mettre à bas les derniers manguiers centenaires. Malheur ! Un engin qui devrait être interdit à la vente ordinaire... Qu'il y ait un port de tronçonneuse comme il existe le port d'arme... L'Occidental en a-t-il pour autant la légitimité d'un donneur de leçon quand, avec la productivité en priorité absolue, nous avons éliminé nos haies, démembré pour remembrer une cohésion fragile que seule une chimie toujours plus agressive peut maintenir et qui à terme ne tient plus... 
 
Foudia_madagascariensis_-_Wüstenhaus_5 licence et auteur  spacebirdy  CC-BY-SA-3.0

Nectarinia_regia-Souimanga wikimedia commons Author Aviceda at English Wikipedia
 
Il y a quelques jours, les petits martinets migrateurs chassaient en zigzaguant, des couples de bulbuls se disputaient le territoire, un foudi, appelé cardinal bien qu'en habits de noce vermillon, babillait sur la pointe coupée d'une palme de bananier... Des présences agréables certes. Pas rancuniers ils chantent pour notre plaisir mais nous devons prendre conscience que ce petit peuple disparaît : moins de foudis, de bulbuls, de martinets, de corbeaux-pies, de martins tristes, de souimangas, ces adorables colibris locaux. Même le courol vouroudriou qui n'a pas tout pour plaire puisque sa vue perçante en fait un redoutable chasseur des caméléons qu'il assomme sur une branche avant de les avaler, semble moins commun. Et si peu de hou hou hou du petit hibou repoussé toujours plus loin pour cause de campagne qui se bétonne. Inquiétude même pour la chouette effraie qu'on n'entend plus si souvent lorsqu'elle se poste en début de nuit, elle qui régule la populace des petits rats des champs moins sympathiques et plus puants quand ils viennent s'installer dans les maisons. Ajoutons les pigeons des Comores toujours braconnés... 

Leptosomusdiscolorcrop courol vouroudriou wikimedia commons Licence Creative Commons Attribution 2.0 Generic Author frank wouters from antwerpen, belgium , België , Belgique

Finalement, avec mes oiseaux de Mayotte en deuxième volet, il faudra repasser pour un numéro 3 : les passionnés de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et leurs observations cette fois sur les bords du Golfe du Lion, le valent bien. 

mercredi 29 décembre 2021

"TOI ET LES PETITS OISEAUX !" (1)

Il y a longtemps, je t'ai eu dit  "Tu crois qu'il n'y a que toi et les petits oiseaux ?!". 
Il fut un temps où, pour signaler que les autres, et moi tant qu'à faire, comptaient aussi et qu'il fallait se montrer plus altruiste, on disait "ne crois pas qu'il n'y a que toi et les petits oiseaux !". Te concernant, tu es toujours là, rien n'a changé (tu as évolué ? en bien, j'espère...). Tant mieux... tant d'autres nous ont quittés en chemin... Les oiseaux aussi disparaissent, petits ou grands, mis en difficulté en premier lieu par les pratiques humaines. Plus des trois quarts auraient disparu avec autant d'insectes... un bond en arrière, une famine à la Mao-tsé-Toung... 

C'est à peine si on le réalise et pourtant, ne se sent-on pas transporté lorsque des cris nous poussent à regarder au ciel, pour une fois vers autre chose que du monnayable ? Comment notre cœur pourrait ne pas accompagner cet élan à la vie à la mort, d'un peuple migrateur (1) que les premiers hommes devaient regarder aussi pour appréhender les saisons, escompter leur subsistance, réaliser le temps qui passe ?  

Guêpier d'Europe Merops_apiaster_displaying_to_female_in_Germany wikimedia commons Author IRahulSharma
 
Hirondelle rustique wikimedia commons Author Malene Thyssen

En dépit d'un virus qui finalement alimente une propagande dirigiste n'augurant rien de bon, avec l'automne, les regards se tournent vers le céleste... Oh déjà en août quand les chasseurs d'Afrique se rejoignent avant de partir, ou encore en septembre lorsque les hirondelles se regroupent sur les fils (2) et que je veux leur dire "Pas encore...". Et les martinets, nous quittent-ils plus tôt encore ? 

Sinon l'impulsion au départ devient plus forte et partagée, avant et après l'équinoxe, avec les jours qui diminuent. 
 
Source Pinson_des_arbres_3_(50103847797) wikimedia commons Author Sébastien FAILLON

Le 5 novembre, à Gruissan, les ornithologues ont compté 850 pinsons, le 13, à Saint-Pierre passaient 110 grues cendrées... Les hommes ne prédisent-ils pas que le froid ne va pas tarder si les migrateurs passent en nombre ? 

J'avais griffonné quelques données de ce genre qui me reviennent aussi soudainement que le coup sec, dans le vallon, comme d'un fusil qui d'instinct me rappelle les chasseurs, l'ouverture, ce temps où le gibier semblait offert pour agrémenter les menus plus basiques de ces années 50-60. L'occasion de constater ce que les observateurs ont noté : 

Étourneau wikimedia commons Author Brigitte ALLIOT

 Mercredi 22 décembre 2021, à Fleury, 378 étourneaux... on ne peut pas penser qu'ils ne causent pas des nuisances surtout pour les voitures sous les platanes-dortoirs. A l'époque on les chassait, comme je le vis faire au berger, déjà depuis les dernières maisons, alors que les oiseaux se gavaient de raisins, là où, pour ceux qui connaissent, se situent les tennis et les lotissements. Sinon, à une période, les gens pouvaient en acheter chez Odette, la buraliste, les plumes encore trempes parce qu'ils venaient de l'étang de Vendres où on les plombait de nuit, dans les tamaris pour les repêcher à l'épuisette. On a dû s'en procurer une fois mais non sans remords car, au pays de mes grands-parents maternels, l'étourneau qui chante si bien est apprécié pour sa chasse aux insectes et chenilles au moment des nids... On ne s'en est pas vanté... 

Moineau friquet juvénile Passer montanus wikimedia commons Author Gunnar Creutz

 Ce même jour, Romain, l'observateur, note 9 moineaux et 2 moineaux friquets. C'est dit en une petite phrase mais qui, à titre personnel, pèsent lourd en émotions. "Romain" c'est le nom du copain Mazo, depuis la communale, qui a tant photographié les oiseaux et qui nous a quittés voilà déjà un an. Les moineaux... dont ceux que j'ai tués... c'était dans les mœurs alors puisqu'on saignait les lapins et le cochon, que mamé étouffait les pigeons et que même mon père parlait des "moineaux pillards" venant voler le grain des poules... Et puis Mao, encore lui, cet obsédé sexuel, a fait pire ! Bref, sans donner dans une repentance aussi ridicule qu'anachronique, je regrette cette facette d'enfant cruel qui n'avait pas à en rajouter au naturalisme brut et prégnant d'une vie encore rustique. A présent, en voir un, l'entendre, relève d'un plaisir presque miraculeux. Même d'écrire "friquet" m'a touché... mais là encore il faut être du village pendant les Trente Glorieuses pour comprendre... enfin "glorieuses" du point de vue ménager, économique, parce que Friquet avec la majuscule, appelé ou rappelé en Algérie risquait, lui, de revenir les pieds devant... A l'évocation du film "Avoir vingt ans dans les Aurès"je pense à Vilmain (3) dit Friquet et à son pote Maurice le Bourguignon, toujours là, c'est heureux ... A parler de gloire, je dirais que la leur fut de rester vivants pour devenir beaux-frères... Avoir vingt ans et y rester comme Francis Andrieu, tué en 1962 et inhumé par un jour de plein été indécent... 

 A vouloir parler des oiseaux, on en arrive à raconter la vie tout court, enfin en large et en travers, comme lors d'une discussion au coin du feu. Demain, promis, je vous reparle des oiseaux...           

(1) je reprends à dessein le titre du magnifique film documentaire si bien raconté par Jacques Perrin, "Le Peuple migrateur", tourné en trois ans, diffusé en 2001... Qu'est-ce qui a changé depuis ? Surtout pas la connerie des hommes... pardonnez mon haut-le-cœur malheureusement fondé...  

(2) les fils on les enterre, pour l'esthétique... ils avaient au moins cette utilité et nous ne voyons plus les hirondelles qu'à kitchopourrit sur les quelques râteaux télé qui restent... 

(3) Maçon de profession, Vilmain a été notre professeur apprécié de judo, un sport qu'il a eu l'honneur de lancer au village. Décédé en 2016, à 75 ans, tu aurais pu rester encore un peu...

 

mercredi 31 mars 2021

L'ETANG de CAPESTANG vu par Bettina / delta de l'Aude.

Auteur(e) textes & photos : Bettina Marchal-Gier

(Deutscher Text nach dem französischen)
Suite de la balade d’hier : l’étang de Capestang (34) qui, contrairement à celui de Montady (les deux communes sont limitrophes), n’est pas asséché, même si l’homme n’a eu de cesse au fil des siècles de gagner des terres, aidé en cela par les alluvions déposées lors des crues de l’Aude. Relié autrefois à la mer, les eaux de l’étang étaient alors salées et on y exploitait au Moyen Âge des salins. Aujourd’hui, c’est devenu un étang d’eau douce, principalement alimenté par les ruisseaux des environs. Classé site Natura 2000, l’étang de Capestang, d’une superficie d’environ 13 km², compte parmi les plus grandes roselières d’Europe et sert de lieu de nidification, d’alimentation et de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux. 
J’ai regretté hier ne pas avoir de jumelles avec moi ni savoir me servir d’un appareil photo avec téléobjectif, car on pouvait voir de loin plusieurs colonies d’oiseaux. Les photos ont été prises depuis différents endroits : Montels, toute petite commune rurale au sud de Capestang, ainsi que du côté de Bel Air et Le Viala à la pointe sud de l’étang. 
 
Fortsetzung des gestrigen Ausflugs: der Etang de Capestang (Département Hérault), der in Gegensatz zu dem Etang de Montady (beide Ortschaften grenzen aneinander) nicht trockengelegt wurde, wenn auch der Mensch im Verlauf der Jahrhunderte ständig bemüht war, Ackerland zu gewinnen. Dabei waren ihm die Anschwemmungen der Aude bei Hochwasser eine große Hilfe. Früher gab es eine Verbindung zwischen der damaligen Lagune und dem Meer und es wurde im Mittelalter Salz gewonnen. Heutzutage ist der Etang de Capestang ein geschlossener Süßwasserteich, der hauptsächlich von den Bächen der Umgebung versorgt wird. Als Natura-2000-Gebiet zählt der 13 km² große Etang de Capestang zu den größten Schilfgebieten Europas und dient zahlreichen Vogelsorten als Brut- und Futterstelle sowie Schutzraum. 
Ich habe gestern bedauert weder ein Fernglas dabei zu haben noch ein Fotoapparat mit Teleobjektiv bedienen zu können, denn man konnte von weitem große Vogelkolonien sehen. Die Bilder wurden von verschiedenen Standorten aus aufgenommen: in Montels, einer kleinen Landgemeinde südlich von Capestang, sowie in der Nähe von Bel Air und Le Viala an der Südsptize des Etang de Capestang. 











Capestang étang auteur Bettina Marchal-Gier












vendredi 17 juillet 2020

Histoires au CABANOT... / Les cabanons de la plaine.


Paulette n'y était pas, les copains non plus, ceux du temps des bicyclettes et des pêches miraculeuses à Aude, quand les bancs de mulets remontaient la rivière. Étrange aussi cette absence de vie dans l'herbe. Pas un insecte ! Où est-il "le bouquet changeant de sauterelles, de papillons" chanté par Montand ?
Aujourd'hui à la radio, le thème était à une écologie gênée aux entournures dans les redites d'un premier ministre inédit. Eu égard au 1,5 % d'impact climatique nous restant imputable, si je n'en retiens que le pathétique gesticulatoire des ayatollahs d'une écologie épiphénoménale tant que la planète monde ne voudra pas s'y mettre, au moins que les produits dangereux soient interdits ! Que la vie nous revienne sur, sous la terre et dans les airs ! Que notre pays, pour un début, devienne une oasis ! Or le jour de la balade, rien, mis à part, dans un bosquet, le chant d'un oiseau solitaire marquant son territoire. Sinon, le silence. 



Comme un malaise, une gêne entre nous... Vous n'auriez pas une histoire sur les cabanons de la plaine manière de détendre l'atmosphère ? Je ne voudrais pas toujours raconter les mêmes... 

A l'heure du dîner, ils ont fait une flambée au cabanot.Toumassou décroche la poêle et la pose directement sur le trépied.
Son compère :
"Et tu ne la nettoies pas ?
- Per qué faïre ? (faut-il traduire ?)
- Avec tous les rats quand même...
- I jamaï qué dé rats !" (ce ne sont jamais que des rats !)

Encore Toumassou qui, serviable se propose pour cuire les œufs de son camarade. Il casse la coquille. L’œuf en glissade traverse, remonte l'autre bord, retombe et s'étale dans la cendre.
" Aïe, attends, avec celui-là ça va mieux aller ! Sauf que le deuxième, reprenant le même tremplin, atterrit à nouveau dans la cendre ! Et Toumassou qui prend déjà le troisième en main !
- Eh ! arrête, intervient le copain, que je ne vais plus rien avoir de la saqueto !" (1)
C'était juste que la poêle qui n'était pas de niveau.

(1) la saquette, une besace en bandoulière, parfois la gibecière, son contenu prenant le pas sur le contenant, "prendre la saquette" signifie emporter son repas pour le prendre à l'extérieur, en s'épargnant ainsi un trajet aller-retour. 







mardi 23 avril 2019

PRISONNIER COMME JAMAIS... / LE DERNIER AFFLUENT (6ème partie).

Liminaire : les vues manquent cruellement. Vivement qu'un reportage photo suive ces épisodes sur le dernier affluent secret de l'Aude. Pas si hors-sujet, des légumes manière de redonner le goût de l'été et surtout d'une vie plus saine et respectueuse que l'existence hors-sol qu'on nous incite encore à mener ! 

BÉTON ET GOUDRON SUR LA VIE SIMPLE D’AVANT. 

Fleur du câprier.
Notre ruisseau qui passe sous la rue, à côté des cabinets, retrouve enfin l’air pur, la campagne. La proximité de l’endroit, l’eau disponible par des puits peu profonds, ont incité les habitants à cultiver un potager dans un coin de leur vigne : Jean et Joseph n’arrêtent pas, presque une seconde journée après la vigne, aux beaux jours : fèves, blèdes, fraises, petits pois, artichauts, haricots verts ou paille, cornichons, câpres, tomates, aubergines, poivrons, pommes de terre... Avec le cabanon sous le figuier et un arbre fruitier, cerisier, abricotier ou pêcher. Autant de conserves et de confitures pour le ménage. Autant d’économies et la possibilité d'acheter une nouvelle vigne, d'avancer, de prospérer. 


Des figues grosses comme ça !
 Le ruisseau, lui, entretient le souffle vital sur ses bords : des arbustes, des frênes de belle taille, des bergeronnettes hoche queue. Le rouge du sang dans ma main, une mésange bleue, me rappelant à jamais que le respect de la vie n’est pas à prendre à la légère.
Le ruisseau court vers la plaine, il occupe un fossé, longe la remise où Soldeville, le boucher, abat ses bêtes.
D’un côté, les murs très hauts des maisons, tels des rempart, ouverts seulement d‘un fenestrou pour se garder de l'ennemi, du Cers fort et froid de l’hiver. De l’autre, toujours des jardins avec les coupe-vent de roseaux. Camille et Émilienne, nos voisins en travaillent un, je crois, par là.
Le fossé se creuse et s’élargit encore. Un pontil imposant permet d’accéder à une maison, rive droite, la seule depuis l’abattoir, abritée derrière un épais rideau de carabènes (roseau, roseau à quenouille, canne de Provence dont on fait les canisses)... 

Arundo_donax rideau de roseaux Wikimedia Commons Author Peter Forster.
„... La maison de brique isolée à l’époque était celle de Roger Colomé, qui habite à présent (il a perdu sa femme voilà deux ou trois ans) 7, rue du Bouquet, juste après la maison où était jadis la famille Moulin. C’est son père qui m’avait demandé de lui lire cette fameuse étiquette sur le fût vide de retour, ce qui m’avait énormément surpris de voir quelqu’un qui ne savait pas lire même son nom...“ Caboujolette 2008 / François Dedieu.

On le dénigrait le ruisseau quand des effluents de la coopé et de la distillerie se déposaient dans le concave du cours ou dans les cœurs qu’on vexe pour rien... quelques relents plus que sains puisqu’on y trouvait des vers de terre de trente centimètres pour les anguilles ! Plus un écho aujourd’hui, plus de rossignol la nuit au fond du jardin public pas plus que les anguilles des premières pêches d‘avril ? Et au-delà, plus de vignes, de jardins écolos, plus d’arbres et de roseaux : le bucolique, le romantique ont cédé la place à une logique aussi démographique qu’économique de lotissements, de ronds-points et de ralentisseurs... Un nouvel aqueduc souterrain étouffe le petit ruisseau prisonnier comme jamais sous un sarcophage de béton et de goudron... un univers en extension au-delà de la route de Lespignan, qui va encore ensevelir les abords, enrober plus loin encore les ronciers, les arbres, les blèdes et les épinards que plus personne ne cueille tant le substrat en apparence aseptisé est gangréné par une chimie du fric qui empoisonne ! Des herbes là où il ne faut pas ? De l’eau, du sel et du vinaigre, macarel ! et Sonmanto ira se rhabiller ailleurs ! Arrêtons d'acheter complices, nous avons de quoi faire plier les porteurs de mort ! 

Le village s'étend dans l'espace. Si cela fait près de deux siècles que les gens sont sortis des remparts pour créer des faubourgs, la rue des Barris notamment (barri = faubourg), la tendance s'est généralisée depuis cinquante ans.

"... La maison près des HLM
A fait place à l'usine et au supermarché

Les arbres ont disparu..." chantait Nino Ferrer

https://www.youtube.com/watch?v=RgW_AX8cuqo

Mais ça ne sent pas "l'hydrogène sulfuré, l'essence", peut-être "la guerre, la société", concernant surtout ses marges, ses exclus dont les villes veulent se décharger par l'entremise (encore un mot du chanteur) de la loi obligeant les communes de plus de 3500 habitants à se doter de 20 % (bientôt 25) de logements sociaux, pour plus de mixité sociale.

"... C'n'est pas si mal
Et c'est normal
C'est le progrès..." 


Impossible aujourd'hui  d'accepter ce que Nino Ferrer appelait encore "le progrès" en 1971 lorsque, au nom d'une économie mondialisée, une clique capitaliste toujours plus avide peut nous mener à terme à l'extinction de l'espèce, à moins que comme le ruisseau, l'humain puisse renaître d'un monde meilleur. 

Confiture de figues grises... encore la chanson de Nino Ferrer...