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mardi 25 septembre 2018

LAISSEN PAS MOURI NOSTRO LENGO... / Fleury d'Aude en Languedoc


"... Es èl lou paraulis sans taco
Que sentis bou lou fé, lou mèl, 
La garrigo, lou vi nouvèl
E l'orgo caudo de la raco..." 

Lou Doublidaïre / Jean CAMP



vendredi 25 novembre 2016

LA GUERRE DU VIN / Languedoc Roussillon

http://m.france3-regions.francetvinfo.fr/…/doc-24-midi-pyre…

MACAREL ! je viens de voir une sale pub pour du whisky... je dis "sale" pour la pub attention... avec l'hypocrite interdiction pour les moins de 18 ans ! 

Si la science reconnaît internationalement les bienfaits du vin rouge, l’État veut toujours le faire passer d'abord pour de l'alcool... Les campagnes contre l'alcoolisme montrent un ballon de rouge, c'est insupportable... J'avoue avoir déchiré une affiche une fois, devant témoins ! 

On n'en a pas ou on en a des... co...nvictions ! Les nôtres s'entretiennent avec le souvenir de la Révolte des Vignerons (1907) ou cette Guerre du Vin (années 70), objet de cette émission de France3, à voir et à revoir pour comprendre un peu mieux. 

GARDAREN NOSTRO TISANO DE GABELS, MACAREL !

FESTO FELIBRENCO a Ouvelha / Aude en Languedoc

FÊTE DU FÉLIBRIGE à Ouveillan.

Au mois d’août 1925, paraissait le numéro 91 de La Cigalo Narbouneso IXe année, uniquement consacré à le fèsto felibrenco d’Ouvelha du dimanche 28 juin (1). 




« ... Coumèncet la vèlho per uno grando retrèto as flambèus... »

Cette fête a commencé la veille par une retraite aux flambeaux sur les airs de la Philarmonique avant que toute l’assemblée ne communie sur la place en chantant La Coupo Santo (2) accompagnée par l’Orfeoun l’Aveni.  

« ...Lou lendema, de toutis lous caires, arribèt un fum de mounde... /... A 10 ouros, la courde l'oustal es claufido de mounde... /... mes ço de pus bèl es uno tièiro d'uno quaranteno de jouvencèlos pourtant la cofo narbouneso... /... S'arribo enfin a la Coumuno.../... la Marselheso restountits...»

A dix heures le lendemain, la Liro et la Filarmonico escortent une file de jouvencelles portant la coiffe narbonnaise. C’est tout un cortège qui les suit par les rues jusqu’à la commune (la mairie) où la Marseillaise retentit. 



«.../... Gentos donos e cars felibres, es ame un grand gaudj que lou conse e la municipalitat saludoun vostro vengudo...»

S’ensuit un bref discours de bienvenue du maire M. Malardeau qui, honorant un passé glorieux, en appelle aux aïeux qui bataillèrent pour sauver leurs coutumes, les libertés et leurs terres. Il salue les Félibres, défenseurs du terroir, des traditions, des droits et du parler. Cette fête les fait communier avec les anciens faidits.

«.../... Uno patrio qu’a d’amaires tant fidèls pod pas mouri... »

Pour lui, une patrie aimée ne peut mourir et ce n’est pas parce qu’elle fut vaincue qu’il ne faut pas garder foi en l’avenir car elle resplendira à nouveau.    

Le docteur Paul Albarel remercie de l’accueil. Son lyrisme embraye aussitôt sur un ton militant et exclusif.

«... Es ame plase que beurem ensemble "lou vin pur de noste plant".../...

Il reprend à plaisir l’image de la vigne profondément enracinée, symbole nouveau (3) en faveur de « la race du Midi (4)» qui ne boit que du « vin pur de notre plant » ... Les luttes pour le vin pur et contre les produits frelatés marquent aussi la résistance du Sud contre la chimie et les tricheurs, les vins arrangés, frelatés pour le plus grand profit d’une finance toujours assimilée au Nord, au pouvoir parisien "jacobicentripète". Maintenant, lorsque l’édile insiste en parlant de sève sans mélange, non abâtardie, nous devons rester convaincus qu’il parle bien du vin et non du peuple qui le produit. Sa réponse conclut avec le souhait de voir conserver l’héritage et la langue de ceux qui labouraient ou avaient à se battre « comme des lions ».  




Ensuite, c’est la messe avec le sermon de l’abbé Salvat, professeur au petit séminaire de « Castel-nau-d’arî » et « vaillant félibre » qui, se référant à Frédéric Mistral insiste avant tout sur la religion, la religion, la religion...
La religion, dernier rempart contre la « racaille » des Barbares submergeant Rome, la religion protégeant le petit contre le gros quand, en 1496, le fonctionnaire des impôts a eu la main trop lourde. Le recteur se dépouillant des biens de l’Eglise, en 1576, pour éviter que le pays ne soit ruîné (6).

Midi. Le compte-rendu fait état «... das badals que lous estoumacs truls fan espeli...» (des baillements que les estomacs creux font éclore (5)).

Approchons-nous de la table !

(1) réf du numéro complet :
https://culture.cr-languedocroussillon.fr/ark:/46855/OAI_FRB340325101_KI3_frb340325101_ki3_1925_0091/v0005.simple.highlight=cigalo%20narbouneso.articleAnnotation=h::9bf868ba-aee4-4f98-bc3e-f6506f983e1f.selectedTab=thumbnail 
(2) Connoté religieusement, ce chant imposé par Mistral et qui reste emblématique de la Provence était considéré comme l’hymne de l’Occitanie au sens large puisque les Catalans y sont associés. Aujourd’hui, « Se Canto » est plus fédérateur.
(3) Qu’aurait exprimé leur lyrisme, un siècle auparavant, quand les céréales représentaient la principale culture du Languedoc ?
(4) Attention au mot « race » avec un sens et un usage différent de ce qu’il est aujourd’hui, depuis qu’il est prouvé qu’il n’existe qu’une seule race humaine.
(5) Dans Le Tresor dòu Felibrige, Mistral précise : « ... "Espeli" peut se rapporter au lat. expellere, expulser...».
(6) Comme par hasard, le bon abbé ne pipe mot de la Croisade contre des Albigeois chargés d’hérétisme, d’extrémisme, alors que le catharisme, simple dissidence qu’il ne faut pas rapprocher du bogomilisme et du manichéisme orientaux, se définissait avant tout comme NON VIOLENT. Rien non plus sur l’Inquisition, les tortures, les bûchers qui suivirent la croisade. Les exemples de l’abbé Salvat, trop ponctuels (1496) ou peu probants concernant les guerres de religion qui voyaient la population souffrir et des exactions d’un camp et des réquisitions des leurs (1576) relèvent d’une propagande grossière.  


photos personnelles : 
1 & 2 Monument aux Morts "pacifiste" de René Iché (1897-1954). Le site de la mairie d'Ouveillan estropie son nom ! Es uno vergougno ! c'est une honte !.. Doit-on faire le parallèle avec la réduction annoncée du nombre des fonctionnaires, notamment territoriaux ?.. 
3 & 4 Si la mairie est peut-être à un autre endroit depuis, la cave coopérative ne date que de 1936. Contrairement à de nombreuses autres, désaffectées et même détruites, comme celles de Vinassan et de Lespignan (récemment), elle reçoit la vendange sur un large secteur (jusqu'à Narbonne) et est médiatiquement connue pour des vendanges du cœur solidaires.  

vendredi 11 novembre 2016

11 NOVEMBRE 1918 / DANTOINE La guerre



Extrait :
"... Mon père a participé à quatre ans de guerre dite la "grande" ! y compris quelques mois d'occupation en forêt-Noire après l'armistice. Ayant vécu dans les tranchées avec les Poilus, ayant subi Verdun, il a rapporté de cette longue épreuve le culte de la camaraderie, la pitié pour les souffrances et le sacrifice des humbles qui sont toujours en première ligne... le sentiment du caractère dérisoire de toute guerre, l'attrait pour le pacifisme qui était déjà dans sa nature, un antimilitarisme affirmé, un certain scepticisme face à la hiérarchie militaire ! 
Tout ceci ne s'exprimait guère en paroles, car il parlait assez peu, mais dans ses dessins dont les plus expressifs ont constitué "L'album de la guerre de 14" où les héros s'expriment en langue d'oc avec le réalisme et la saveur des gens du terroir. Il a beaucoup crayonné dans les tranchées, entre deux bombardements ou deux attaques, avec des moyens très modestes et ces dessins se sont répartis entre ses compagnons d'infortune. 
Comme beaucoup de ses camarades, il partageait l'illusion que cette guerre, dépassant en horreur les précédentes, serait la dernière. Aussi, en 1939, quand Daladier a annoncé à la radio la nouvelle de la mobilisation générale pour une aventure du même genre, je l'ai vu pleurer..."

Postface "Dantoine vu par sa fille" par Lucie Dantoine. 

11 NOVEMBRE 1918 LES GAZ


samedi 15 octobre 2016

UNO BESTIO INTELLIGENTO / Lou chabal dal paure Pepi / La Cigalo Narbouneso.

Louis Sabater témoigne d’une réalité du travail avec les chevaux loin d’un idéal bucolique, ce qui n’a rien d’étonnant avec des animaux de huit quintaux en moyenne, généralement tranquilles mais pouvant s’emballer, à fortiori lorsqu’ils restent entiers. Ainsi la relation avec le cheval pouvait aller du rapport de force à la persuasion amicale. Après le gousset de Victor, la chronique de la Cigalo Narbouneso (1), UNO BESTIO INTELLIGENTO, nous raconte une fine harmonie complice entre Pépi et César son cheval. 


Pour l’essentiel, même si l’original vaut toujours mieux que la copie (pour ceux qui se décourageraient la traduction vient juste après) :

«... Alabets lou vielh Tridòli .../... nous countèt aquelo :
.../... Uno brabo bestio e valento e tirairo...
Uno annado.../... lou Pepi - lou temps èro penible - se louguèt per carreja la sablo. Atalabo Cesar al tambourèl e tres ou quatre cops per jour fasion l naveto dal riu al chantiè : lou Pepi abio calculat que tres cents palados fasion lou tambourelat es a dire un mièch mestre cube. Lou paure ome .../... countabo a tres cents. Alabets, plantabo la palo dins la sablo dal tambourèl, plegabo las chambrièiros, descoutabo, tirabo la barradouiro e après un parelh de mots aimables a soun coumpaghou, ajustabo :
- Cesar, nous cal parti... Anem... 
E lou chabal vous enlevabo lou tambourèl sans canho.
Un jour, sabi pas couci anèt, lou papeto, distrait per un vol de canards ou d’estournèls - èro un cassaire de crano bourro - countèt fins a tres cents cinq e metèt tres cent cinq palados dins lou toumbarèl.
- Cinq de mai ou de mens, se pensèt, es pas uno affaire !
Coumo de coustumo, plantèt la palo, pleguèt las chambrièiros, descoutèt, tirèt la barradouiro.
- Anem, Cesar, nous cal parti !
E Cesar, aquest cop, remenèt pas mai qu’uno glèiso.
- De qu’as que te pico bougre ? Sios pas cançat paimens ? Sios pas malaut ? Al diable vai nous pourtaran pas lou dinna aici sabes ! Anem Cesar, hi !!!
Pas mai que lou prumiè cop, Cesar nou bouleguèt.
Dal cop lou Pepi, demoro un moument pensatiu, agacho lou chabal, agacho la carreto, remiro la mecanico, grapo lou davant de la rodos per rambar lous calhaus, agacho lou coula, la ventrièiro, la sofro, palpo lou ventre de Cesar :
- Anem cesar, i dits, fagues pas lou mainatge... Sion toujour estats amics, es pas bèi que nous cal broulha.
Cesar remenèt las aurelhos !
- I a quicon de mai ou de mens, se pensèt lou Pepi, desumpèi d’ans e d’ans es lou prumiè cop, bèi, que sansalejo per parti... Mès sul cop, uno belugo gisclèt de soun cerbèl :
- Ia quicon de mai ! I a cinq palados de mai dins lou tambourèl !!! E lou Pepi mountèt sul véicule, traguèt cinq palados de sable : un... dos... tres... quatre... cinq...
Quand coumandèt Cesar, lou chabal partiguèt laugé coumo un pinsard !
Lou bougre voulio pla carreja tres cents palados, un mièch mestre cube cado cop, mès pas uno mico de mai !!!
Quand se dis paimens de las bestios !
E. Vieu ». 

Traduction proposée et ouverte tant aux suggestions qu’aux corrections :

Alors le vieux Tridoli nous raconta celle-ci :
.../... Une brave bête et vaillante et de trait...
Une année.../... le Pépi - l'époque était pénible - se loua pour charrier du sable. Il attelait César au tombereau et trois ou quatre fois par jour ils faisaient la navette du ruisseau au chantier : le Pépi avait calculé que trois cent pelles correspondaient à la charge, soit un demi mètre cube. Le pauvre (2) homme.../... comptait jusqu'à trois cents. Alors, il plantait la pelle dans le sable du tombereau, repliait les chambrières, enlevait les cales (3), tirait la barre (4) (fermant certainement le panneau arrière), prenait la bride (5) :
- César, nous devons partir... Allons...
Et le cheval vous enlevait le tombereau sans flemme (« cagno » chez Frédéric Mistral).
Un jour, je ne sais pas comment c’est allé, le papé, distrait par un vol de canards ou d’étourneaux - c’était un chasseur au quart de tour - finassa jusqu’à trois-cent-cinq pelletées dans le tombereau.
- Cinq de plus, cinq de moins, se pensa-t-il, quelle affaire !
Il planta sa pelle, comme d’habitude, replia les chambrières, enleva les cales, tira la barre.
- Allons César, il faut y aller !
Et César, cette fois, ne remua pas plus qu’une église.
- Quelque chose te pique, bougre ? Tu ne serais pas à bout ? Tu n’es pas malade ? Que diable, va, ils ne nous porterons pas le dîner ici, tu sais ! Allez César, hi !!!
César ne bougea pas plus qu’au premier ordre.
Aussi le Pépi en reste perplexe, il fixe le cheval, regarde la charrette, vérifie la mécanique (le frein), gratte devant les roues pour enlever les cailloux, regarde le collier, la ventrière, la dossière, palpe le ventre de César :
- Allons César, il lui dit, ne fais pas l’enfant... On a toujours été amis, ce n’est pas aujourd’hui qu’il nous faut nous fâcher.
César remua les oreilles !
- Y’a quelque chose de plus ou de moins, pensa Pépi, depuis tant d’années, c’est la première fois, aujourd’hui, qu’il hésite (dictionnaire Lo Congres) à partir... Disant cela, une étincelle lui jaillit :
-Y’a quelque chose de plus ! le tombereau compte cinq pelles de plus !!! et le Pépi monta sur le véhicule, enleva cinq pelletées : une... deux... trois... quatre... cinq...
Quand il commanda au cheval, César partit, léger comme un pinson !
Le bougre voulait bien charrier trois cent pelletées, un demi mètre cube chaque fois, mais pas un grain de plus !!!
Quand on dit que ce ne sont que des bêtes ! 


Toute ma reconnaissance renouvelée à Frédéric Mistral pour son magistral Trésor dòu Felibrige. Par le biais de cette histoire, retenons aussi quelques termes liés à l'attelage, au harnachement.

(1) https://culture.cr-languedocroussillon.fr/ark:/46855/OAI_FRB340325101_KI3_frb340325101_ki3_1947_0235/v0013.simple.highlight=cigalo%20narbouneso.articleAnnotation=h::b40b522b-69da-47c4-9e7a-1b6ff9dda435.selectedTab=thumbnail
(2) « pauvre » est souvent employé en occitan pour indiquer que la personne n’est plus de ce monde. 
(3) Chez Mistral, « descouta », dans le vocabulaire de la vigne, signifie aussi couper un courson. 
(4) les verbes « barra », « tanca » indiquent qu’on ferme une porte, un portail au moyen d’une barre... fichée au sol, dans les montants ?
(5) faire corps, s’unir à comme dans « Tarn s’ajusto a Garouno e Garouno a la mar » Dom Guérin ( Trésor dòu Felibrige)... la première affirmation serait-elle fausse... noue en reparlerons un jour...


Pourquoi les tombereaux hippomobiles sont-ils si souvent bleus ? 

Photos autorisées commons wikimedia :
1. Tombereau mécanisme auteur Vassil.
2. Tombereau Nages musée charrettes auteur Fagairolles 34.
3. Tombereau Vieilles charrettes auteur Isasza.