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dimanche 12 mai 2019

UN ÉVEIL DES CONSCIENCES / la méthode Freinet à Salles-d'Aude.

Oui, un éveil des consciences parce que l'enfant est apte à appréhender la réalité des hommes. Même si sa conception du monde reste évolutive, fragile, influençable, sa psychologie est plus fondée que sa biologie, merci pour l'évidence prêtée à monsieur de La Palice. Les êtres finis et supérieurs surtout de leurs certitudes crasses, auraient dû en tenir compte plutôt que de s'autoriser à pérorer en prétextant seulement la croissance, la puberté. 

Ainsi j'ose croire que le maître d'école de Salles-d'Aude, l'instituteur "Compagnon de l'Agasse" était de ceux qui éveillaient les consciences (voir https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2019/05/salles-daude-du-temps-des-instituteurs.html). Mais avec un seul exemplaire du journal scolaire, c'est se hasarder et surtout conforter ses penchants, se faire plaisir. 

Quoi qu'il en soit, les 14 pages de ce numéro 1 de l'année 1951 - 1952, offrent un instantané de la vie d'alors et ce sont les élèves rédacteurs qui sont mis à l'honneur même si derrière l'effort méritoire plane la main du maître. 
De quoi vont-ils témoigner ces garçons de neuf à treize ans qui pensent seulement nous divertir d'une anecdote ? 
Si le travail à la vigne ne figure pas dans ce mensuel (les thèmes sont divers et non saisonniers), la ruralité est néanmoins très présente avec la fauche de la luzerne pour les vaches (l'essentiel du lait consommé dans les villages), la cueillette des olives, les moutons que l'écolier en congé mène paître. 
La chasse accompagne cette ruralité et reste présente, serait-ce par touches, à travers les récits. Les agriculteurs font suivre le fusil, le petit piégeur trouve inopinément un fil de cuivre pour un collet manière d'évoquer un perdreau, un lièvre et des lapins. 
Dans la rubrique "divers", nous mettrions pêle-mêle l'orage du 14 juillet, la croquande d'amandes et la place de la mairie comme cœur du village. 
Les trois articles qui restent ont pour thème la santé : un vélo renversé causant un bras cassé, un furoncle sur une paupière et un dernier texte n'évoquant la maladie qu'à travers l'amour et le regain d'affection qu'elle peut susciter après une séparation de trois mois. 

Ci-dessous, le texte " RETOUR AU PAYS", au titre aussi générique que pudique, écrit par BRIEU Aimé, qui avait treize ans en 1951 ou 1952.       

Et avec l'autobus de Dubeau en illustration!

samedi 11 mai 2019

SALLES - d'AUDE du TEMPS des INSTITUTEURS / transports pédagogiques

Salles-d'Aude Wikimedia Commons Author Patrick Nouhailler's.
 Liminaire : en tant qu'auteur, par mes remarques et commentaires, je fais référence à une activité professionnelle d'enseignant révolue même si je subodore que non seulement rien n'a changé mais qu'au contraire la situation est pire...  

Je vous ai parlé déjà une paire de fois de ces quatorze petites pages qui, avec le recul, par le biais de la pédagogie Freinet, pionnière des principes aujourd'hui admis de l'éducation moderne, honorent le temps des instituteurs. 

Le maître alors (qui était-il ?) faisait publier tous les mois une dizaine de rédactions si bien déguisées en histoires qu'on sent le plaisir des garçons (l'école n'était pas mixte). Ils sont visiblement alléchés au point que leur propos bien cadré entre l'introduction et la conclusion, relève plus de l'art du conteur que de la corvée liée à l'exercice de la composition française. 

Je parle de l'enseignant, du guide qui pour l'époque amenait les enfants à s'exprimer dans un apprentissage tenant plus de l'échange, de la participation que de la domination autoritaire hélas trop souvent revendiquée en vertu d'un postulat faisant des enfants des êtres inachevés ne devant pas recevoir le respect dû aux personnes à part entière. A côté des principes figés, de la lâcheté des certitudes arrêtées, des blocages réactionnaires d'une société corsetée, la mission des maîtres Freinet apparaît d'autant plus courageuse et révolutionnaire. 

J'aime, j'aime beaucoup cette congrégation plus agrégée d'individualismes que de corporatisme, cette confrérie qui n'en est pas une. Quand une secte se démarque par le nombrilisme, le narcissisme, l'introversion confortée par le groupe sinon le gourou, les instituteurs forment un corps diffus, une compagnie de mousquetaires mais ferraillant chacun de leur côté. Si Péguy, après 1905, les a surnommés "hussards noirs de la République", ils ne forment de régiment que le temps de la formation à l’École Normale (1). Ensuite, électrons libres des idéaux d'émancipation, du moins concernant ceux qui ressemblent à l'instit de Salles, ils ne partagent plus qu'un exosquelette d'instruction, d'éducation et surtout d'amour à l'égard des petits qu'ils contribuent à faire grandir. 

Dans "VOIX DE LA CLAPE", déjà tout un programme puisque la garrigue de Salles, passons sur ce singulier, n'est pas de même nature qu'à Fleury, sur la quatrième de couverture figure une pie, l'oiseau jadis étiqueté nuisible, dont la destruction était encouragée: les gardes payaient 20 centimes pour un œuf et 50 cts pour une paire de pattes coupées ! A méditer à présent qu'il n'est pas donné d'entendre souvent une pie qui jacasse puisque le tiers des oiseaux a disparu en quinze ans... Planète fric pour un printemps silencieux ! Mais est-ce ainsi que les hommes peuvent vivre ! 

1951 - 1952 / 8ème année / numéro 1.
 La pie... c'est Margot aussi, pas la belle femme allaitante chantée par Brassens, non la pie de Louis Pergaud, encore de la confrérie des instits toute à l'opposé d'une secte. 
Maurice Genevoix a écrit "Les Compagnons de l'Aubépin" (1938), Henri Troyat "Les Compagnons du Coquelicot" (1959) et cet instituteur de Salles-d'Aude était sûrement des "Compagnons de l'Agasse", pour faire l'inverse, justement, de l'oiseau blanc et noir qui houspille et interpelle bruyamment. 

Ne pas provoquer, ne pas brusquer, argumenter patiemment sans hausser le ton, en modulant seulement s'il faut... Faire adhérer, donner à réfléchir, amener au sens critique... en se mettant en porte-à-faux avec la hiérarchie, un corps d'inspecteurs voué au jacobinisme pur et dur d'une France Une et Indivisible qui ne veut surtout pas promouvoir le sens critique... On le constate en feuilletant les manuels scolaires avec, par exemple, les idéaux républicains d’Égalité, de Fraternité seulement claironnés en théorie... La pédagogie se décline en exigences à géométrie variable. A quel moment, ceux qui l'exercent sont-ils capables d'une telle maturité ? 

Chaque âge du pédagogue qui comme l'adulte évoluera toute sa vie toujours en formation, peut apporter si la motivation première est le souci de l'autre, à plus forte raison d'un enfant, l'empathie et l'amour... 

  « Le monde, s’il peut être sauvé, le sera par des insoumis. » A. Gide

(1) peut-être un esprit de corps le temps de la formation, pour nous, deux ans alors, de 1971 à 1973. Ensuite plus rien, seulement le flou d'un passé enterré étouffé...  

Addendum : si dans les années 50 les deux villages se livraient une guerre des boutons aux Oliviers, le lieu de bataille entre les deux protagonistes, aujourd'hui, avec les particularismes nivelés par le mode de vie moderne, l'heure est au rapprochement. Je pense à la culture avec des associations qui accueillent indifféremment les gens des deux localités qui ont bien changé, voyant notamment leurs populations qui ont plus que doublé.  


  



mercredi 26 décembre 2018

UNE BELLE CUEILLETTE... / L'école publique...

Wikimedia Commons plume sergent-major the copyright holder of this work, irrevocably grant anyone the right to use this work under the following license

"... Plume sergent-major mon amie..." chante Serge Lama... L'école, la classe, le maître plus rarement la maîtresse côté garçons, le porte-plume mâchouillé d'un bout, prune de l'autre de cette encre violette laquée à la pointe de la plume, l'encrier de porcelaine blanche...

"... La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées
Sentait l'encre, le bois, la craie..." 

Odeur des pluies de mon enfance, René-Guy Cadou, 1965 (1)

Bien sûr qu'il comptent tellement, le maître et l'école, communale, républicaine, gratuite, laïque, obligatoire ! L'école procréatrice de destins offre aussi de belles cueillettes, pour marquer l'enfance, arrêter l'heure, le temps de dix petits textes, d'une publication témoignant aussi de l'époque... André (trois du même prénom), Jean-Pierre, Jacques, Renzo, Aimé, Claude, Christian, Roger... ils sont dix contributeurs. Ils ont entre 9ans 1/2 et 13 ans et derrière leurs petites rédactions travaillées mais si personnelles, il y a l'instituteur de l'école de garçons. Il ne dit pas son nom mais met seulement ses capacités, son sérieux, sa modeste mais précieuse exemplarité, sa modernité éducative. Le petit journal mensuel, la petite imprimerie scolaire, c'est la pédagogie Freinet. Nous sommes en 1951-1952. Nos jeunes garçons, pour ceux qui sont toujours là, seront bientôt octogénaires mais gageons que la fraîcheur des jeunes années leur déride et aiguillonne toujours l'existence. 



Souvent je feuillette ce numéro 1, 8ème année, rédigé et imprimé à l'école de garçons de Salles-d'Aude, l'unique entre mes mains, toujours à relire encore parce quelques éclats toujours renouvelés ne demandent qu'à enluminer les têtes.
Cette fois c'est le texte de PUECH Jacques, 10 ans, qui m'a accroché. Si mon esprit buissonnier est  parti entre Noël et Pâques, sous l'olivier chargé ou l'amandier fleuri, c'est le porte-plume aux lèvres, dans une classe sentant l'encre, le bois, la craie que je l'entends lire :

  

PS : entre nous, je préférais la plume "Gauloise", question de caractère...



(1) René-Guy Cadou (1920-1951) au destin poignant... "Je ne ferai que quelques pas sur cette terre", "Le temps qui m'est donné, que l'amour le prolonge." 

photos non autorisées :
2 & 3 serait-ce pour témoigner...
4. Et si c'est interdit, on dessine !

mardi 6 juin 2017

DU TEMPS DES INSTITUTEURS / La pédagogie Freinet à Salles d'Aude


Célestin Freinet (1896 - 1966) a initié une pédagogie moderne plus respectueuse du rythme naturel des enfants que de la vanité aveugle de l'autorité... L’œuvre antérieure des hussards noirs de la République se basait sur des principes éducatifs encore rudes.
Collectivement, la pédagogie Freinet a mis l'accent sur la correspondance scolaire, les exposés, l'esprit de coopération pour vivre la classe, et, en lien avec l'extérieur, les familles, pour ce qui nous touche aujourd'hui, le journal scolaire !



Les enfants écrivent, mettent en page, impriment et vendent au bénéfice de la coopérative. 
Et lorsqu'un de ces journaux, sorti de l'imprimerie de l'école avec la bienveillance presque invisible du maître, parle du village dans son époque, le témoignage ne peut qu'être émouvant.  
Quand on garde tout, dans les vieilleries qui sinon, trop souvent, se retrouvent aux escoubilles, des trésors sont cachés dedans... Les rangs des petits élèves  de l'année scolaire 1951 - 1952 se sont dispersés par force mais les dix histoires de ce numéro 1 palpiteront toujours des pulsions d'un pays fort et vivant, du temps des instituteurs... 




P.S. : il s'agit du numéro 1 de la 8 me année. la parution aurait donc commencé pendant la guerre !
Si quelqu'un peut nous en apprendre davantage ! Si quelqu'un a gardé de ces précieux numéros !