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lundi 13 novembre 2023

L’ÉTANG JADIS "Le feu... les arbouses... papé... la chasse"

Le mélodiste musine, le poète alexandrine, le peintre colorine, le chanteur serine, le sculpteur burine, l'écrivaillon imagine en partant de l'incipit ci-dessous :

“ Tu vois que je ne suis pas morte.../... le Feu avait laissé des abeilles rouges qui le mangeaient. Je me suis approchée parce que c'était joli... ”  

Au fond, la Cresse cramée... 


Dis-moi... et toi tu avais trouvé ça joli ? c'est vrai, à onze ans, tu étais innocent, complètement. Comment dire ? inconscient d'abord de la réalité des incendies autour de la Méditerranée, et puis, excuse-moi, un peu cabourd, fada de trouver belles ces incandescences qui finissaient de manger le pin. Je sais, tu ne renies rien, fidèle tu restes à tes jeunes années, crédule, idéaliste, simpliste, tombé du ciel. Va, ne t’en sais pas mal, c’est le lot de tous, c’est d’un banal ce précipité de folie, d'ignorance, d'idées fausses, mal perçues sur fond de connaissances peu sûres, ce qu'un pré-adolescent croit savoir de la vie, rien d’original, crois-moi, même si chacun se pense unique. Finalement, avec les années, pour toi et les autres, l'essentiel était de démarrer en pensant par soi-même, sans avoir la tête creuse ou exprimant, se fondant seulement sur des avis, des influences fortes de l'entourage, extérieures.

Je sais ce que tu viens faire ici, au risque de salir ton pantalon. Tu y tiens à ce coin, cette Cresse, cette échine calcaire dominant les vignes. Ce n’est pas par hasard. Gamins vous n’alliez jamais aussi loin ; la seule fois où la bizarrerie t'avait poussé, solitaire, vers ces confins inconnus, le vallon d'arbousiers improbables t’avait ébloui les yeux et tes lèvres gourmandes avaient trouvé ces boules rouges et jaunes délicieuses. Tu en avais gardé le secret même lors d'une partie de chasse avec ton papé, la seule fois où il te permit de l'accompagner. Vous aviez parcouru cette garrigue sans rien voir d'autre que le fouet pourtant vaillant de la chienne, sans lever ne serait-ce qu'un perdreau lâché par sa compagnie. Sans que l'atmosphère d'un matin d'automne n'incitât au dialogue, au partage entre générations. 

Carcassonne_-_Arbutus_unedo 2021 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Tylwyth Eldar

Était-ce pour ce grand-père  peu aimant ? Pour les arbouses ? Pour ce pays aimé, ce paysage, page de l’album d’une vie alors que ton geste répond à une quête de sens, à un besoin vital ? Le monde de l’enfance se construit afin de se projeter, se défendre aussi contre la raideur des adultes... En attendant, cet été là, un incendie fulminant avait couru la garrigue sans qu'on y pût rien ; portées par un vent du diable, harpies acharnées, les flammes avaient ratiboisé la Cresse avant, dans la foulée, de terrasser les pins de Gibert, de réduire en cendre un site où j’ai tant vu de gens heureux de pique-niquer un lundi de Pâques. En vue de la mer, sur la colline, les gens avaient eu à peine le temps d’évacuer les baraques. Je t’ai vu, tout petit en bas, depuis le campement de bois, de tôles et de toiles, encore libre sur la plage, en groupe, à suivre, inquiet mais curieux, l'haleine chargée du Feu, ses volutes noires de suie galopant vers le large avant que n’explosent, sur la crête, les bouteilles de gaz abandonnées.

Quelques jours après, laissé plus à sa survie qu’à son agonie, les moyens des pompiers n’étant pas ceux d’aujourd’hui, le feu des abeilles rouges couvait toujours, encore à rouzéguer, à ronger les loques de l’échine à nu.

En bas de ta montagnette, ta colline, ne te vexe pas, tout est relatif en parlant de ta Clape, même si le dénivelé, tu te rends compte ! soixante-dix mètres ! donne de suite une impression d’altitude... tu dois toujours avoir une petite pensée pour la petite chèvre qui a fugué dans la montagne, je le sais... En bas, plus opulents que la maisonnette et le clos de Monsieur Seguin, protégés par leurs déploiements de vignes, deux “ campagnes ” comme on disait des domaines viticoles avant d’employer le mot “ château ”, plus vendeur. Enfin, un cadre douillet pour tes souvenirs. (à suivre)

jeudi 23 février 2023

LE PEÏRAL DE JACQUES.

 Après s’être bouché le nez, pour passer les cabinets, à moins que ce soit pressant... Et puis les locaux préfèrent fumer naturellement les vignes... Passez donc le chemin des Cayrols, en principe, des « hauteurs rocheuses », mais je n’en connais qu’une dans ce coin, celle du peïral, de la carrière de Jacques... Alors, ce pluriel ? Avec le cabinet, à une certaine heure, c’est aussi la limite entre la zone éclairée et l’obscurité de la nuit.

 
Vue aérienne de ce coin de Fleury en1950. Merci Geoportail ! 

Cette fois, nous sommes cinq, Jo, José, Joseph dit « Mazo », Gérard et même moi, à traîner sous la dernière ampoule de l’éclairage public.

C’est un soir de janvier avec la nuit qui tombe tôt. Nous ne sommes plus des gosses mais il nous reste de l’enfance cette crédulité craintive sur le monde de la nuit. L’histoire de la bande qui a osé, dans le noir, entrer dans le cimetière nous impressionne et plus même, concernant celui dont la manche a été retenue et qui a crié à la mort entraînant dans la seconde la troupe des courageux dans une fuite éperdue. Ce n’est qu’une fois dehors, la panique passée, que l’un d’eux a dit avoir entendu un pot qui se cassait, et que ce ne pouvait être qu’à cause d’une tige sèche ou du bâton-tuteur... Les morts-vivants, les vampires, sans se l’avouer, il y a beaucoup en nous de cette pétoche et ceux qui ont lu, qui ont vu des films ou à qui on a dit, se font un plaisir de faire encore plus peur aux autres.     

Aussi, un soir d'hiver, parce que la nuit tombe tôt, nous sommes encore à traîner sous la dernière ampoule de l'éclairage public, aux marges d'un monde obscur et inquiétant, à la frontière des cabinets publics de la route de Baureno. Les cabinets ! dernier symbole humaniste, civilisationnel ! aux marges des mondes barbares ! 

En fin d'après-midi, l'un de nous a eu l'idée de faire laisser deux mouchoirs sous un pin, en bas du peïral de Jacques. Le défi consiste donc à partir dans le noir récupérer son bien. Bien entendu, le malin qui a eu l'idée a pris soin de ne pas laisser le sien de moucadou et comme par hasard, je me suis fait embobiner, étant le second compétiteur.

Le premier, Jo ou Mazo, je ne me souviens plus, le second plutôt, Jo, champion de course à pied s’en retrouve disqualifié, ainsi, une confrontation à force égale étant plus intéressante. C’est Mazo, Joseph, qui est parti quand les autres ont jugé qu'il faisait bien sombre. Longtemps nous l'avons entendu courir sur le chemin empierré. Ensuite le silence, l'attente, soucieuse, un peu lourde. Des hiboux se répondent au loin, ce qui n'est pas pour nous rassurer, surtout que je dois prendre le relais. S'il n'y avait mon mouchoir abandonné sous l'arbre… Le doigt en l'air, on tend l'oreille... Enfin le bruit des semelles tapant plus fort le sol lors des dernières foulées. Une forme sort de la nuit : c'est lui pour un sprint final laborieux. Mazo, premier messager, récupère, tête baissée, se soutenant des bras sur les genoux, hors d'haleine, comme pour annoncer, entre deux expirations, la victoire de Marathon !

Top chrono ! à moi de partir dans la nuit : d'abord le chemin de Bauréno, entre les vignes, loin mais pas tellement, du cimetière ; ensuite, à gauche, celui des Cayrols encaissé, bordé d’amandiers, d’azeroliers (un coin à asperges), qui tranche à présent le plateau de vignes ; on y voit moins clair ; enfin le sentier, creux, plus étroit, montant vers la carrière, frayant le passage dans les ronciers. Mon trois-quarts accroche, tant pis, je passe en force. 
Des étoiles mais la lune à peine, pas le noir complet mais presque. Heureusement, avant de déboucher, le chemin s'ouvre. Là seulement, en progressant pas à pas sur un secteur encombré de blocs, et pour récupérer, j'avoue que je me suis mis à parler fort puis à chanter. Surtout qu'en bas de la falaise sombre du peïral, la masse plus obscure de l'arbre aux mouchoirs, un pin pignon encore jeune, ramassé. L'endroit est plus dégagé alors le pin se transforme d'un coup en bison prêt à charger ! 
Du sabot, il va gratter le sol et foncer, naseau écumant. Vite, le mouchoir, clair dans l'ombre sur les aiguilles sombres. Une fauche peu digne de Kit Carson, le tueur de Navajos (qu’on prenait alors pour un héros) et je dévale déjà vers le village, volant par-dessus les pierres pour échapper au Minotaure qui me poursuit. L'écho du peïral, l'appel lointain et régulier des tchots, des petits-ducs en mal d'amour réconforte. La lune est toute fine ; les étoiles aident bien ; dans cette lueur incertaine, en descente, la foulée s'allonge, au petit bonheur la chance ! Pas de galop derrière ! La petite vigne au cabanon, de Marius je crois, est vite passée, plus claire que la garouille autour, si bienveillante avec ses lilas, ses petites roses blanches par centaines, sur le mur, en arceau au-dessus de la porte, mais en mai seulement. 

Au bout, la première ampoule du village, faiblarde mais si rassurante et qui vite devient le projecteur pour le vainqueur, les cabinets le podium pour la réception, la médaille, les fleurs. En bas, au premier rang de la foule enthousiaste, les copains. Tous vont réclamer, il faudra que je raconte, le cimetière, les ronces, le bison, l'écho du peïral, le Minotaure, les rapaces nocturnes, Kit Carson, le repaire de brigands...

Et c'est un sprint de dératé comme si après la frousse aux trousses, la gloire n’était que pour moi… Oh ! plus personne sous l'ampoule des cabinets. Pas de chronométreur... pas la peine de lever les bras, les copains m’ont laissé tomber... Ils ont tout combiné... Avec Mazo dans la combine ? Pas sûr, c'est toujours d'instinct qu'ils ne pensent pas à mal. Un bizutage toujours dans les mœurs comme quand la meute me poursuit. «  Acculez le singe ! » leur cri de guerre. Mais je fais toujours face, moulinant des bras, habitué à leurs bourrades de rustres, seulement inquiet de l'habit déchiré, des boutons qui vont sauter... je suis habitué à leurs farces de rustres. N’est-ce pas José qui m’a cassé une pointe de couteau dans l’antivol intégré du vélo ? Mais le beau porte-clé bleu, de résine transparente, d’une marque de frigo, c’était lui aussi... Alors les petites contrariétés, on en rit, j’en souris à présent, je n'ai pas retenu l'esprit malin qui a eu l'idée des mouchoirs, le même peut-être qui a dit « On fout le camp ! », il m'a fait un souvenir, secret, moins difficile à dire par écrit, formateur, assurément... Eux et tous les autres sont la vie et je tiens tant à eux... c'est qu’ils sont dans la mienne, de vie... Ils sont ma vie, ce n'est pas plus compliqué que ça... 

Diapositive François Dedieu septembre 1963. 


lundi 20 février 2023

APRÈS LES CABINETS, LE PEÏRAL DE JACQUES / Fleury-d'Aude en Languedoc

 Nous en parlions avec l’exploration de l’aven. S’il fait beau, c’est un lieu de balade agréable, à dix minutes, un quart-d’heure, tout au plus, après les cabinets municipaux qui marquent la fin du village. 

De quand datent ces commodités et lieux d’aisances ? D’après le livre sur le canton de Coursan (Vilatges al pais / 2005) l’éclairage électrique est de 1902 (80 lampes de seize bougies qui succèdent aux 32 réverbères à pétrole de 1880) ; en 1908, le conseil municipal a délibéré pour une bicyclette à l’usage des gardes municipaux et de l’appariteur (il est précisé qu’elle servira à la poursuite d’un éventuel malfaiteur...). Que lire encore : un moulin à huile (1885), l’adduction d’eau potable en 1912, l’effort toujours croissant pour instruire garçons et filles (1880 les écoles, 1909, la maternelle dans l’ancienne école des sœurs, 1939 on ajoute un étage aux écoles [« De Pérignan à Fleury », le livre des Chroniques Pérignanaises est riche de détails à ce sujet). 

Carte des cabinets municipaux à Fleury-d'Aude figurés sur la carte de la France 1950 de Géoportail. 
 
Qui pouvait penser, encore en 1979, qu'il y aurait des places de parking (piscine) à la place des cabinets, un grand carrefour à portée, le tilleul de la Liberté, toutes ces maisons qui ont remplacé les vignes. même pour ces dernières, la forme des ceps en gobelet, sans fils et piquets de fer est devenue rare... L'amandier n'a pas encore fleuri mais nous ne sommes que début janvier...  Diapositive François Dedieu.  

Mais rien sur ces commodités si importantes pour ne pas jeter où on peut le pissadou avec son complément solide, les maisons du vieux village, sans cours ni jardins ne disposant pas de cabinets particuliers. Je crois me souvenir que les cabinets municipaux sont au nombre de quatre (à l’Est sur le chemin vers la garrigue, au Sud-Est vers la garrigue aussi et pour rejoindre la route de St-Pierre après le tènement de Baureno, au Nord-Ouest, en bas de la rue du lavoir, au Nord au Puits-Sûr... Sur les photos aériennes des années 50-65 disponibles sur le site aussi national que public et admirable de Geoportail, à condition se savoir ce qu’on cherche, aux sorties du village, on trouve les édicules Est, vers la garrigue, on devine celui de la rue du lavoir... celui du Puits-Sûr, par contre, est difficile à distinguer. Bâties sur une cuve septique dépassant du sol disons jusqu’à 1 m 50, chacune de ces constructions regroupe deux cabinets séparés par la cabine de vidage des seaux, dotée d’un robinet d’eau. Sur le toit maçonné en pente, un conduit assez haut doit évacuer les odeurs dérangeantes.         

Après s’être bouché le nez, car pour le reste, à moins que ce soit pressant... Et puis les locaux préfèrent fumer naturellement les vignes... Passez donc le chemin des Cayrols, en principe, des « hauteurs rocheuses », mais je n’en connais qu’une dans ce coin, celle du peïral, de la carrière de Jacques... Alors ce pluriel m'échappe. Avec le cabinet, à une certaine heure, c’est aussi la limite entre la zone éclairée et l’obscurité de la nuit, à suivre dans le prochain épisode " Aventure au peïral de Jacques ". 


mercredi 22 décembre 2021

CHEMIN D'ÉCOLE (4) "... Et là-haut, toujours plus haut... alors que la bêtise humaine..."

Là haut, toujours plus haut va le pauvre papillon magnétisé vers cette luminosité à la puissance cosmique. Appelle-t-elle impérativement la flammèche intérieure rallumée sur les traces de son passé ? Allons, un mirage seulement ! 

La Clape ? un milieu longtemps ratiboisé par la déforestation, les fours des potiers, des verriers et autres producteurs de chaux nécessitant beaucoup de bois à brûler. Résultat, le couvert dégradé de kermès pour remplacer les chênes verts. Cette garrigue est ensuite restée un milieu ouvert grâce ou à cause du pastoralisme, les nombreux troupeaux paissant la baouco et ne laissant aucun avenir aux jeunes arbres. Le cadre de ce chemin d'école encore présent mais vieux de quelques cent-vingt années était tout autre (encore, à ma connaissance, trois troupeaux au village à la fin des années 50). C'est seulement au bout de plusieurs siècles que, sans qu'on y prêtât attention, le paysage a radicalement changé quand les pins ont joué aux envahisseurs et encore à cause de notre espèce dont le zèle, toujours plus dangereusement libéré des lois de la nature, a imposé ses règles spécieuses basées sur le toujours plus, la concurrence, le profit. Acteurs du cercle vicieux et mortel à terme qu'ils ont promu, les hommes, en effet, violentent et essorent le milieu : ici, ils concassent le clapas (la pierraille) et vont chercher, dans un opportunisme sans scrupule, loin ou profond, une eau dont le manque, lié au changement climatique, fera sauter un jour l'enchaînement du cycle mer-ciel-terre et videra des aquifères fossiles... Que penser, par exemple, non loin de nous, et dans l'espace, de ces déserts qui firent de l'Arabie de Saoud un pays exportateur de blé ?!?! Incroyable non ? 

Revenons aux vignes de Fleury, dans la garrigue, les coteaux, la plaine, où celui qui ne met pas sa vigne sous perfusion n'est plus dans la course... Tant pis si, comme pour le pétrole ou l'atome, la question de l'eau reste encore pour ceux qui viendront après... "Après moi le déluge", et ailleurs la désertification du "je m'en lave les mains". Et que ceux qui n'ont que le fric et la dette en bouche soient bannis sur une île où ils pourraient s'entredévorer ! 

La campagne de Camplazens entourée de son vignoble.

Mais là, en voyant Camplazens campé dans son vignoble, bien sûr que nous sommes à des lieues de ces catastrophes annoncées et il s'agit de longer le plus discrètement possible, sans penser à ce goutte-à-goutte qui n'apporterait que de l'eau... Aïe, une voiture et ils sont trois à ausculter, à se consulter, dans une rangée... Plutôt aller à la rencontre que de prendre la poudre d'escampette tel un suspect potentiel. 

"Bonjour messieurs, vous préparez les vendanges ? 

~ Oh ce ne sera pas terrible cette année... " 

Ils sont aimables, souriants, pas sur la défensive, à l'image du domaine sans clôture, sans panneau d'exclusion. Je demande comment rejoindre la barre. Ils ne sauraient me dire sinon, vaguement, qu'il faut aller plus haut, toujours plus haut, vers le soleil du matin, sans préciser avec hauteur que je pénètre leur bien, une propriété privée... Justement, entre la garrigue et les souches, un large no man's land défriché mais qu'il serait peu productif de planter, monte vers une éminence. 

... toujours plus haut vers le soleil du matin...
 
Le radôme du Plan de Roques au loin.

Curiosité et espoir de la bonne surprise interfèrent : on voit la ligne de la barre, côté pente douce, sous un ciel plus aveuglant encore et, à droite, pour se situer, le radôme de l'armée au Plan de Roques. Plus bas, un chemin à gauche devrait permettre de contourner sans traverser les vignes, sans abuser de l'amabilité ambiante. Bonne idée avec un soleil qui, avec les heures, ne fait pas semblant : le long de ce chemin en transversale, des pins et une garrigue touffue en tempèrent l'ardeur. Au bout, hélas, caché dans les broussailles, les épines, un ravin à sec, de ces ruisseaux excessifs, rageurs seulement lors d'un orage ou épisode méditerranéen. Passer en force n'est pas envisageable : je n'ai plus ni l'âge, ni la motivation ni la tenue pour... même les sangliers se ménagent des pistes. L'obstacle oblige à presque un retour en boucle, par le bord des vignes qui plus est... Même hors de vue de la campagne, il n'est pas bon d'abuser du bon vouloir des possédants. 

Fleurs...

... et fréjal.

 En amont, peut-être à un kilomètre, pourtant, un accès marqué par un passage de roues. Un raidillon ponctué régulièrement par les abris de pierres ou de palettes des chasseurs de palombe lors des passes d'automne. On comprend mieux pour les roues, celles des "quaquatre" comme le dit Nadau, le troubadour des Pyrénées, en présentant "Saussat", sa chanson en occitan (voir "Chemin d'école", épisode 3). Dans les clapasses, les pierriers, quelques fleurs compensent, de leurs touches de couleur, la grise sévérité du fréjal.   

Et là haut, toujours plus haut, cette lumière puissante, tant sur le paysage que sur mon passé...

 


jeudi 15 avril 2021

"VIENS AVEC MOI, PETIT" Pierre Bilbe / Fleury-d'Aude en Languedoc.

Au fond, "... la superbe prairie... aux pieds de Lespignan..."

Viens avec moi, petit... Viens, donne-moi la main
Nous allons parcourir le caillouteux chemin
Qui mène en serpentant aux Pins de la Mairie. 
Là, tu découvriras la superbe prairie
Qui met son tapis vert aux pieds de Lespignan. 
La vigne, un ceinturon aux reins de Pérignan. 
Les sinueux cours d'eau qui sillonnent les plaines
Jusqu'aux flancs où se noient l'ombre de nos Cévennes ; 
Le beau panorama, des monts pyrénéens
A l'écume des flots méditerranéens, 
Là toute la splendeur de ton beau patrimoine
Aux champs couverts de blé, de luzerne, d'avoine, 
De vignes cultivées, d'arbres abandonnés, 
De jachères aux sols d'épines couronnés, 
Témoignages meurtris du temps où la culture
Le disputait aux lois de la mère Nature. 
Là-même, sous nos pieds, de multiples buissons
Qui semblent par le vent secoués de frissons. 
Plus bas, le vieux clocher qui domine l'église, 
La maison où je vis, place de la Remise, 
Et là-haut, dans un ciel des approches de mars, 
Des lambeaux déchirés de nuages épars... 

Regarde bien, petit... remplis-en ta mémoire : 
Un jour tu conteras une curieuse histoire, 
L'histoire d'un enfant qui parcourut son bien
Et qui, depuis ce jour, ne reconnaît plus rien... 
Car tout ce beau décor de garrigue et de vigne
Lentement disparaît, comme une chose indigne
Qui plie, tombe à genoux, par un plus fort vaincu, 
Comme tout se déforme après avoir vécu... 

Allons nous promener à travers la garrigue, 
Jusqu'à ce que, fourbus d'une saine fatigue, 
Nous allions nous asseoir sous un pin parasol, 
Sur l'épais matelas qui recouvre le sol. 
Là, tu contempleras le troupeau de Labade,
La chaîne des rochers qui domine la Prade, 
Le reste des vieux murs lépreux de Tuffarel
Face au beau monument du Roc du Cascadel. 
Là, tu seras conquis par le Mère Nature, 
Par son festin d'amour pour chaque créature, 
Par son élan du cœur, par le don qu'elle fait
Pour que tout soit plus beau, grandiose, parfait. 
Là tu découvriras sa volonté sauvage
Telle qu'on la connaît depuis son premier âge, 
Depuis le lointain où la première fleur
Créa le premier fruit et première couleur. 

Là tu découvriras tout un monde nouveau, 
Un monde varié de sensations, si beau !

Du Plateau des Seigneurs au Pech de la Pistole, 
Du chemin de Besplats qui mène à Maribole, 
Des restes délabrés des murs de Châteauroux
Jusqu'au miroir profond du gouffre de l'Œil Doux, 
Jusqu'au bout du regard où porte la raison, 
Jusqu'au bout de la mer, son lointain horizon, 
Et jusqu'à l'infini du cosmos, du néant
Où s'égare l'esprit à grands pas de géant
Qui créent les sensations des vertiges de l'âme
Et dans ton cœur si pur la beauté d'une flamme. 

Quand tu retourneras dans les rues du village
Où tu rencontreras des enfants de ton âge, 
Dis-leur en souriant que la nature est belle, 
Pour chaque être vivant qu'elle a une mamelle, 
Pour les fleurs un parfum, un papillon, un temps 
Que des êtres savants ont appelé Printemps
Qu'elle a pour les oiseaux des trésors de tendresse, 
Et pour tout ce qui vit... au moins une caresse. 

Pierre Bilbe. 
 
Poème envoyé par mon père avec la note ci-dessous : 
 
"Fleury-d'Aude, récupéré d'un texte polycopié (à la pâte, ancienne façon) devenu presque illisible, le mardi 11 novembre 2008." (note de François Dedieu).   

"... Jusqu'aux flancs où se noient l'ombre de nos Cévennes..."

Entre ciel et garrigue la Méditerranée




samedi 27 juillet 2019

LE TEMPS NOUS A-T-IL POSÉ UN LAPIN ? (suite) / passé, chasse et nature.

Dans la rubrique "Vous avez la parole" du bulletin municipal "Le Cagnard" n° 9 de juillet 1998, un article de Francis Patrac, non en tant qu'ancien adjoint au maire de la municipalité "de gauche" mais en tant que Président du Syndicat de Chasse :

"LE LAPIN DE GARENNE

 Notre Garrigue à Fleury, il y a quelques années à peine, était une véritable lapinière, tellement elle était dense en lapins de garenne, ce rusé petit gibier qui faisait la joie de nombreux chasseurs pérignanais. Les combes de la Pagèze, de Canibel, du Léger, de Tuffarel, le Fourayou, Bouïsset, la Broute, la Cresse, Courtillou, les Pins de la Mairie : autant de lieux, autant de tènements qui, dès le lever du jour, résonnaient de la voix des chiens, de la musique des petites meutes de courants. Découragement ! Désespoir ! il n'y a plus aucune empreinte,aucune crotte, aucun "îcagadouî" comme disaient nos anciens, signalant la présence de ces véloces boules grises.

Quelles sont les véritables raisons de la disparition de ce gibier de base qui permettait de chasser toute la saison, sans jamais compromettre son capital reproducteur ?

Bien sûr, il y a eu cette épidémie dévastatrice qu'a été la myxomatose. Mais alors que le lapin paraît de mieux en mieux résister à cette maladie, il doit maintenant faire face à un autre terrible virus, celui du V.H.D., maladie hémorragique virale. cette maladie a été répertoriée par la France en 1988, sans doute importée d'autres continents. Elle est foudroyante et l'incubation dure d'un à trois jours seulement. Les lapins n'ont pas le temps de maigrir et meurent en poussant quelques cris. On ne retrouve que très peu de carcasses car les prédateurs, aussitôt, les font disparaître. Mais tel territoire où l'on avait cru voir quelques traces d'une colonie de lapins, est retrouvé, du jour au lendemain, vide de leur présence.

 Une autre cause, plus naturelle, est l'abandon de la Garrigue à la friche et aux broussailles : "la Garrigue se ferme", nous disent les techniciens. Plus d'espaces cultivés, plus de champs, plus de ces petits lopins de vignes entretenus à la main par de modestes viticulteurs : ils étaient journaliers et le soir ils défrichaient, bichonnaient des parcelles de quelques dizaines de ceps de vigne, disposées en terrasses. Il fallait couper les racines des chênes kermès, entretenir les murailles de pierres sèches, aplanir les trous des sentiers, aménager les abris et les caches pour les outils et les produits de la vigne, curer la citerne, excellente réserve d'eau toute l'année.

Ces petits espaces où l'on voyait aussi quelques arbres fruitiers, quelques plants d'artichauts étaient fréquentés par le lapin de garenne que les murailles protégeaient des prédateurs. On voit encore dans la Clape ces vestiges d'une époque qui n'est pas très lointaine. Il serait intéressant, pour les randonneurs, pour les chasseurs, pour tous les amoureux de notre garrigue, d'en dégager quelques coins, d'en restaurer quelques vestiges, de retrouver ces anciens sentiers que l'on empruntait à pied, fusil et gibecière au dos par les matins frisquets d'automne. On prévoyait petit-déjeuner et déjeuner, et on ne rentrait qu'à la tombée du jour. Le sac pesait le matin et s'alourdissait quand la chasse avait été bonne.

Bien sûr cultiver la garrigue comme au début du siècle est définitivement révolu, nous le comprenons, et nous ne pratiquerons plus la chasse comme autrefois. Mais qui sait ? Rêvons, agissons, racontons-nous ces souvenirs, essayons par une action raisonnable et intelligente, de favoriser le retour de ce petit gibier irremplaçable qu'est le lapin de garenne.

Le sanglier et sa présence dans la Clape est-il responsable de la raréfaction du lapin ?

Un prochain article pourrait en parler." 








dimanche 14 avril 2019

LE DERNIER AFFLUENT / Fleury d'Aude en Languedoc

Question pour des champions : Quel cours d’eau passe dans le village de Fleury-d’Aude ? Élémentaire mon cher JF diront les autochtones, du moins ceux d’un certain âge... Attention ! sans faire état de ces torrents boueux qui dévalent de la garrigue lors d’un orage ou d’un aigat (1) ! Quoique puisqu’il faut bien que ça s’évacue quelque part !
Ce dernier affluent plus ou moins pérenne, nous devrions le retrouver sur le site du Sandre

http://www.sandre.eaufrance.fr/geo/CoursEau/Y1—0200

Rien curieusement pour la basse plaine de l'Aude...

La fiche Y1---0200 ne dénombre pas moins de 121 affluents de l'Aude !
* 68 entre 1 et 5 kilomètres de longueur,
* 25 entre 5 et 10,
* 15 entre 10 et 20,
* 13 de plus de 20 kilomètres.
Sauf que notre cours d’eau n’apparait pas sur la fiche... Dommage avec une longueur de plus de dix kilomètres, même pour un ruisseau prolongé grâce à la main de l'homme !

Dans le dictionnaire topographique de l’Aude de Sabarthès, à l’entrée „Fleury“, croyant à une erreur de l’abbé :
„Cascabel, ruisseau en limite de Fleury et Narbonne, a servi à dessécher l’étang de Fleury“, je pensais devoir corriger :  

„ contrairement aux indications de Sabarthès, le Ruisseau du Cascabel avec celui de la Combe Figuière forment le Ruisseau des Bugadelles avant d’atteindre l’Étang de Pissevaches en tant que Ruisseau de Combe-Levrière (cours temporaires lors d’orages ou de périodes d’aigats) ; il ne saurait aller vers l’Étang de notre ancien terrain de rugby alimenté par les cours tout aussi intermittents venus surtout de la Cresse (96 m) et donnant sur le Ruisseau de la cave Maîtresse. Entre les deux « bassins » (45 mètres pour celui des Bugadelles authentiques, 36 pour le bas du Courtal Crémat) se dresse le col de la Crouzette à 60-67 mètres d’altitude.“

Or, il existe deux ruisseaux nommés pareillement, un „du Cascabel“, formant avec celui de la Combe Figuière le Ruisseau des Bugadelles devenant celui de Combe Levrière qui part bien vers l’Étang de Pissevaches et celui „de Cascabel“ décrit par l’abbé Sabarthès, la carte IGN de Geoportail en atteste.
Nous sommes bien aux limites des communes de Fleury et Narbonne. 

Je cherche à suivre les chemins d’école empruntés par deux garçons, le cousin Étienne et mon grand-père Jean, depuis la Pierre, une métairie des Karantes, jusqu’à Fleury, dans les années 1903 - 1910. Nul besoin de partir explorer au bout du monde pour chercher ses racines, pour chercher qui on est. S’arrêtaient-ils pour boire à la source de Fontenille ? Par où passaient-ils la falaise de cette longue barre rocheuse infranchissable, les dominant d’une quarantaine de mètres ? 

Ici depuis la plage des Cabanes-de-Fleury, en forme d'arc, cette barre rocheuse sans nom d'où la vue embrasse tout le Golfe du Lion.
De là-haut, un demi-siècle plus loin, le garde-chasse des Bugadelles ne se lassait pas d‘embrasser du regard la divine courbure d‘un Golfe du Lion de soleil embrasé.  

Conium_maculatum, grande cigüe - Wikimedia Commons Author Franz Eugen Köhler, Köhler–s Medizinal-Pflanzen
Et moi, au remords de ne pas lui avoir rendu visite plus souvent,  j'aimerai toujours ce garde-chasse qui honorait et magnifiait dame nature. Il s’appelait Pierre, Pierre Bilbe. J’avais déjà la quarantaine mais il savait me faire retrouver une âme d’enfant en découvrant des coutibes (pleurote du panicaut) cachées dans des friches ensauvagées, où en évoquant Socrate, parce que là-haut, sur le plateau qui regarde vers un levant que la Grèce habite, malgré la sécade et le Cers (2) qui plaquent au sol une garrigue de baouco (3) et de kermès, pousse la grande cigüe.

„... Tout à coup son regard s’emplissait de merveilles :
Depuis le Mont Saint-Clair jusqu’aux Côtes Vermeilles,
Tel un vaste arc-en-ciel sur le sol allongé,
Le sable, de la mer semble prendre congé ;
Le Golfe du Lion secouant ses crinières
Brillait de mille feux et d’autant de lumières
Et, brassant dans l’air pur le bienfait de ses flots,
Enseignait aux humains la richesse des mots...
Plus loin, elle voyait un bras des Pyrénées
Caresser en rêvant la Méditerranée,
Tel un amant distrait : l’œil pourpre du Levant
Tomber, à l’horizon, une larme de sang...“
Pierre Bilbe. La Légende du Cascadel.

Pierre aimait les mots, la poésie. Avec Germaine, son épouse, ils savaient apprécier la magie des vers comme on partage le plaisir d‘un pot-au-feu longuement mijoté. Avec quelle gourmandise elle lui disait „Lis-nous, Pierre“ ! Il jouait à se faire prier comme si j’étais professeur plutôt qu’humain, enfant du pays et héritier dans l'humilité de ceux qui jamais ne confondent intelligence et instruction...

Pierre, à la dernière rime, acteur du théâtre antique, maître de son art, le bras retombant enfin, contenait l‘élan lyrique jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un souffle, laissant son public exalté tonner en applaudissements... Comme elle l’aimait et l’admirait son homme, Germaine ! C’était aussi fort qu’à la dernière note d’une première de Verdi, pour un vrai public, Germaine et moi et Pierre, si heureux dans cette petite pièce du vieux village, à la fois salon et salle-à-manger ! L’émotion retombant, nous prenions l’apéritif „Germaine sers-lui quelque chose...“ et dans une parenthèse de silence, les teuf-teuf-teuf du toupi (4), dans la cuisinette à côté, ajoutaient des vapeurs de céleri et de bouquet garni...

„Sur le feu jaune et bleu
Chante la grosse marmite,
La marmite au pot-au-feu... „
Maurice Fombeure (1906 – 1981).  

(1) crue, inondation / chez Mistral "dau tèms dis aigo" (pendant l'inondation). 
Les présentateurs météo ont longtemps dit "épisode cévenol" avant de qualifier le blocage d'une crosse de pluies diluviennes sur l'amphithéâtre du Golfe du Lion "d'épisode méditerranéen".  
(2) sécade : francisation de secado, sécheresse. 
Cers : vent authentique qui mérite mieux que d'être assimilé à une tramontane générique par un parisianisme et un centralisme jacobin complètement anachroniques, réactionnaires et anti-démocratiques... 
(3) baouco = graminée à feuilles et tiges rudes que les animaux ne mangent guère (Trésor dau Felibrige / F. Mistral)
bauca = brachypode rameux formant des pelouses steppiques, appelée aussi "engraisso motons" (Guide du Naturaliste dans le Midi de la France / Harant & Jarry). 
(4) toupi ou toupin = pot de terre exposé de longues heures sur la plaque de la cheminée... j'ai extrapolé, par licence poétique, le pot-au-feu chauffant sur la cuisinière...  

dimanche 10 mars 2019

LES ÉCHOS, LES MOTS DE FLEURY, TOUJOURS… / Fleury d'Aude en Languedoc

Un troubadour qui dit et chante pour nous le Sud, Nougaro, Claude. Sa vie, ses vers, son âme qui accompagnent… Cécile, sa fille, j’étais mainatge (loupiot, enfant, qui se dit aussi dròlle) à Pézenas. Le Verdouble, sa rivière « aux flots fous, aux flots flous » des Corbières. Son hymne qui serre la tripe et noue la gorge parce que chaque Languedocien peut le faire sien :

« …Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L'eau verte de l’Aude, ma rivière
Et la blanche pierre de la garrigue…  
Ô mon païs, ô las vignos,  ôô Fleuris... »

Et plus loin son papa que je fais mien :

« … J'entends toujours la voix de papa
Du pays, du village en survie, c’était  mon seul écho… »

Un troubadour, un menestrel, un échanson, un poète, un père pour partager et transmettre… C’est brouillon, c’est confus mais si débordant intérieurement… C’est ainsi que je veux rendre, pour le revivre si fort, ce temps charnière entre sommeil et renaissance, entre hiver et printemps, dans le ciel de nos vents. 

Fleury d'Aude / Repas des seniors 2013.
Ses mots sont là, entre février et mars… Une petite voix, la tienne, papa,  m’a soufflé d’aller les chercher « Vai lous quère ! »

Objet :  Chandeleur  Reçu le :  dimanche 02 février 2003 à 13h54  Objet : Un dimanche à la maison.
Le bonjour de Fleury, où un beau soleil réchauffe l’atmosphère. De zéro degré le matin nous passons à six, et actuellement (midi juste) notre mercure de la cour indique pratiquement dix degrés, tandis que l’alcool teinté en rouge du thermomètre extérieur du premier donne 9°. Le radoucissement était prévu, et en allant chercher le pain, j’ai vu Juju Alvaredo se chauffant au soleil et à l’abri, tout seul, devant l’ex-épicerie Antoine Molveau devenue l’ex-charcuterie Puech, qui m’a dit, sur un signe de ma part : « Ici, il fait bon ». Il était tout de même chaudement vêtu.

Date : lundi 2 février 2004 18:20 Lou four de caus (lo forn de cauç)

Fleury-d’Aude, lundi 02 février 2004. 14 heures, ciel gris, brouillard qui empêche même de voir le moulin de ma chambre du second, mais temps très doux, 11 degrés ; les amandiers sont en fleur. 



TASSIN-LA-DEMI-LUNE. Nous sommes dans le grand LYON, à l’ouest de la grande ville, sur la « Nationale 7 » chantée par Charles Trenet. C’est tout près des « Trois-Renards », le terminus de la ligne de trolley en provenance de la place Bellecour. Un poste de gendarmerie semblable à beaucoup d’autres, possédant toutefois un magnifique chien policier qui mérite tous les égards et a déjà rendu d’éminents services. Il n’obéit vraiment qu’à son maître (voix, signes de la main, lumière dans la nuit). Chaque semaine, c’est l’entraînement dans un terrain spécialement conçu à cet effet : saut d’obstacles, murs de planches à franchir allègrement sans rechigner, attaque de mannequins capitonnés dûment protégés des morsures au bras qui tient une arme, voire à la gorge, selon le cas. Vraiment dangereux pour le novice. Mieux vaut ne pas avoir affaire à un tel animal, pourvu par ailleurs d’un vrai passeport où s’alignent, après les photos et l’empreinte de truffe d’Azor – c’est son nom – l’identité des délinquants, cambrioleurs et même assassins qu’il a permis d’arrêter.

            Le maréchal des logis chef de gendarmerie, au 108, Avenue de la République à La Demi-Lune, le margis-chef, en abrégé, c’est Etienne PEYRE, cousin germain de papé Jean et fils de mon parrain François, maître de chais à La Grange-des-Près proche de Pézenas, après avoir longtemps été garde-chasse aux Karantes, ce domaine de la commune de Narbonne rattaché pratiquement à Fleury. 

(à suivre).