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mercredi 2 mars 2022

AMANDIER BLANC, AMANDIER ROSE (2).

Accablés que nous sommes par l'atrocité de la guerre venant rappeler à une Europe bien naïve qu'après le nazisme, il ne faudrait pas oublier aussi les dix ans de guerre de l'ex-Yougoslavie, toujours dans l'attente des actes suite aux paroles, pour la paix, parce que nous devons relever des défis vitaux pour l'humanité, tous ensemble, ci-joint, une ramille d'amandier en fleur comme on envoie un rameau d'olivier...   

Amandier de Bettina, moulins côté Nissan 12 février 2019
Le Portugal, la Sicile, le Maroc fêtent l'amandier au mois de février. Rien pour l'Espagne sinon aux Canaries... dommage. Il est vrai, malheureusement, que même à Estepa, en Andalousie, le pays des polvorones et autres mantecados, ils font venir les amandes de Californie. 
Et chez nous alors ? bien la peine de faire l'Hôpital qui se fout de la Charité même si, dans les P.O., un célèbre confiseur parisien a planté ses rangées d'amandiers ! Cela reste aussi anecdotique que ce verger en plein clapas, sur le territoire de notre commune, venu là certainement par la magie de quelque subvention tombée du ciel, voué à rester stérile s'il n'est pas mort depuis (il y a longtemps que je n'ai pas traversé la garrigue vers la station de potabilisation du Pech de la Bado). 

Amandier d'Anne-Marie, Bize-Minervois, 18 février 2022.  

Alors, sur les marges (les "talus"), il nous reste quelques arbres chenus, quand le propriétaire a choisi de préserver un art de vivre et non de cumuler quelques kilos de raisins en plus. L'occasion de profiter de toutes ces fleurs, blanches ou roses, promesses de jours meilleurs. 

Amandier de Christine, hauts de Salles-d'Aude, 24 février 2022. 

Bienheureux tous ceux qui peuvent courir librement nos coteaux pour admirer nos amandiers en fleur, se poser un moment à portée pour écouter, les yeux vers le bleu du ciel, le froufrou des abeilles dans les pétales ! 
Quant aux autres, même loin, s'ils y tiennent, qu'ils aillent revoir les photos, relire les vers et les textes pour réconforter les cœurs... 

   

Amandier d'Annie, garrigue de Saint-Pierre-la-Mer, 26 février 2022

Dans certaines contrées abritées du Midi, il lui arrive de fleurir parfois pour Noël… C’est arrivé à Fleury… en 1916, 1921, 1975… mon bon oncle Noé confirma alors pas question pour moi, bien que passablement agacé par cette perturbation dans ma ronde des saisons, de mettre en doute sa parole. 

« Val plan pauc, l‘ametlièr quand floris pas al mès de janvièr. » (Il vaut bien peu, l’amandier quand il ne fleurit pas en janvier ». (Corbières,  Josette Villefranque).

Plutôt retenir « Val plàn pauc lo mes de febrièr si fa pas florir l'amatlièr " (Il vaut peu, le mois de février s’il ne fait fleurir l’amandier » (Météoc, site météorologique, par Christophe Calas, natif de Béziers, ingénieur prévisionniste).
 
En zone tempérée, ce serait un problème de température puisque les bourgeons des « prunus », dont notre messager, auraient besoin de 100 à 400 heures à moins de 7 degrés suivies de chaleur pour fleurir. 

2 février 2017. 



dimanche 13 février 2022

AMANDIER ROSE, AMANDIER BLANC (1).

7 février 2022.

L'autre jour, c'est Laeti ma nebeude qui m'a fait le plaisir d'en épingler un, même vite fait, en rentrant du boulot... Aujourd'hui, enfin, grâce à Véro et aux sorties de son groupe, des amandiers de 2022. 
 
21 janvier 2022.

 Heureusement que Loulou, le copain d'enfance, avait, avec quelques pétales éclos dès le 12 janvier, sauvé l'honneur des amandiers ! Sinon, je commençais à désespérer. Pas vous ? 
 
Bon, Midi-Libre a marqué l'événement avec un exemplaire du côté de Minerve, pris le 5 février... Bon, le commentaire ne mérite pas une bonne note mais on ira jusqu'à "passable" vu qu'ils sont gentils de laisser voir l'arbre même si on continue sans accepter (à propos des couquies... cokkies... pardonnez l'orthographe). 
 
Celui d'Aurore, du côté de Gruissan (3 mars 2018).

Un de ceux de Pierrot, en 2016.


24 février 2019 : un de ceux de Fabien. 

Celui de Martine au pied de l'Alaric (2018).

Même Guy, poète de l’éternel (c’est pour la rime) trop pris par le temporel, a noté :
« Les amandiers sont en fleur depuis une semaine et les premières asperges sauvages ont fait leur apparition… Janvier a été très doux pour les Pérignanais. » (fin janvier 2018)
En prime, l’orthographe « en fleur » nous offre la floraison absolue de milliers de fleurs au grand bonheur des abeilles… 
 
Sur un talus aux herbes folles, celui de Monique la Gardoise.

 
 

vendredi 28 janvier 2022

...ASPERGES VERTES, AMANDIERS BLANCS...

Non, il n'y a pas de comparaison possible entre la flopée d'amis entre guillemets des réseau sociaux et les copains de toujours du réseau du cœur, du quartier, du village. Bien sûr que la vie, en plus de ceux qui s'aiment, sépare ceux qui ont fait un bout de chemin d'enfance ensemble. Pourtant, parfois, l'informatique permet de renouer avec certains de ses camarades d'école, de ses copains du quartier. 

Nous avons joué aux billes, refait le monde à la nuit tombante, et parlé des filles, aux abords du parc de Gibert, même en hiver quand plusieurs couches d'habits arrivent mal à empêcher la froidure du Cers de pénétrer...

"... Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli..."
chantait Montand dès le début des années 50.  

On a couru ensemble le coteau de Fontlaurier sans la peur mais sans trop approcher non plus la masure et le feu des gitans, sur l'aire devant. 

"... Chante gitan,
Ton château en Espagne.
C'est le chant des errants qui n'ont pas de frontière,
C'est l'ardente prière
De la nuit des gitans."
chantaient les Compagnons de la Chanson, et Dalida aussi (vers 1958). Je ne préméditais pas de raconter ces souvenirs en chansons mais comme elles accompagnaient et encadraient bien nos premières impressions et sensations ! 

Quelle magie quand on est gosse ! quelle impression de pays béni ce coteau de Fonlaurier ! En vis à vis, la colline du moulin, en limite le tracé ondoyant allant vers les quatre chemins, bordé tout le long, d'amandiers, de bouteilhetiers (azeroliers), de touffes de genêts, de mattes d'asperges. En haut une garriguette parfumée de thym. Tout au bout encore des moulins et le phare dans le souvenir des avions de l'Aéropostale !

Oui, il est entré loin en nous, ce coin qui nous a vu grandir. Nous y avons déterré les poireaux sauvages dans des vignes en larges terrasses, cueilli les asperges sauvages de ses hauts talus, goûté la magie de la fleur d'amandier qui réveille les abeilles pionnières et nos premiers émois d'adolescents... 

"Quand nous jouions à la marelle
Cerisier rose et pommier blanc
J'ai cru mourir d'amour pour elle
En l'embrassant..."
chantait André Claveau, toujours dans ces années 50.

Alors quand un copain de toujours, après les soixante et quelques années qui nous voient survivre aux rouleaux et remous de leurs vagues, publie, du premier bouton au diadème entier de la ramure, son premier amandier fleuri de 2022, sa première botte d'asperges, tous ces souvenirs reviennent fort : ce paysage, ses couleurs, son relief particulier, ce ciel toujours aussi bleu, l'ambiance de la vie d'alors... 

Merci Loulou de mon quartier pour ton partage sur l'Internet... On boira un coup, lou cop qué vèn, la fois prochaine, on revivra Fontlaurier, les gitans, les filles qui nous faisaient jouer à la marelle, la fleur d'amandier messagère des jours meilleurs, tant qu'on peut encore faire la nique à "la nuit froide de l'oubli"...    


Photo Loulou Jourdain (12 janvier 2022) Merci Loulou.

Photo Loulou Jourdain (12 janvier 2022) Merci Loulou.

Asperges sauvages 24 janvier 2022. Photo Loulou Jourdain aimablement prêtée comme celles qui précèdent. 


mardi 23 janvier 2018

« … DES FLEURS BLANCHES COMME DU PAPIER… » / Fleury en Languedoc.





Référence à Gaston Fébus (1331 - 1391) (Fébus avec un "F" : le "ph" n’existe pas en occitan) qui parlait lé béarnais mais écrivait en principe en français (« Livre de chasse »). On lui attribue les paroles en langue d’oc de « Se canto »


« … Dessús ma fenèstra
I a un ameliè
Que fa de flours blancas
Coumo de papièr… »


Au dessus de ma fenêtre il y a un amandier qui fait des fleurs blanches comme du papier… Des paroles qui fondent l’arbre emblématique de l’Occitanie, l’amandier qui fleurit comme a pu prospérer, au XIVème siècle, jouant des rivalités entre France et Espagne, l’apanage de Gaston Fébus, comte de Foix, vicomte de Béarn, viguier d’Andorre, accessoirement et très temporairement lieutenant du roi en Languedoc – gouverneur-. L’Occitanie a donc adopté l’amandier de sa partie alors indépendante. Laissons là la référence tant historique qu’institutionnelle pour ne garder de l’amandier qu’un symbole de renaissance culturelle. Après le long sommeil de l’hiver, une explosion de ces fleurs ne peut que traduire avec force l’impétuosité du flux printanier ébranlant la nature jusque dans la sève des hommes. 


Qu’il est bon de courir alors les chemins qui rayonnent vers des lieux-dits aux noms fleuris, des tènements aussi multiples et changeants que les enfants d’un même foyer, de la garrigue aux coteaux, vers la plaine pour finir par ce piémont tourné vers les étangs et la mer au loin… Courir pour voir les premiers rameaux aux bouquets roses ou blancs suivant que les amandes seront amères ou douces. L’exploration, la découverte commencent sur le seuil des maisons !



« … Regardez les branches,

Comme elles sont blanches.

Il neige des fleurs… » Théophile Gautier (1811 - 1872).



Ensuite des milliers de corymbes aux ramures habillées de pastels [1], c’est un feu d’artifice qui éclate sur les talus, les chemins, la marge des vignes, le sempervirens de la garrigue. Une beauté assistée par le bourdonnement des abeilles. Une symphonie suspendue dans le temps, avec, au fond les Pyrénées blanches de neige, avant qu’un vent fougueux, de terre et ami du soleil, le Cers, n’effeuille les fleurs sous ses rafales brutales, en une giboulée de flocons… 



« … Lorsqu’on voit, s’effeuillant comme des destinées,

Trembler au vent des Pyrénées

Les amandiers du Roussillon,

Je t’adore Soleil !.. » Edmond Rostand (1868 - 1918). 



Ou alors c’est un vent aussi fort, marin lui, sinon le Grec, plus gris encore, poussant ses nuées chargées d’humidité, qui décroche les pétales lourds et mouillés, cristaux fondants d’une neige de fleurs.
 

[1] A voir sur le Net (les photos ne sont pas autorisées), les amandiers de Cailhau (Aude), peints par Achille Laugé (1861 – 1944)… qui au cours de sa vie aura connu les trois guerres contre l’Allemagne !  

Photos autorisées : 
1 & 2. Le premier de l'an passé (02/02/2017). 
3. commons wikimedia / Château de Foix Author Patrick Castay.

dimanche 19 mars 2017

LE MONDE NE DEVRAIT ÊTRE QUE CHANSON ET MUSIQUE... (4) / ratés existentiels




«...Et là, une image lui revient en boomerang, qu’il croyait effacée. Celle d’une petite vendangeuse espagnole, juste un échange du regard, un éclair...»

D’un coup tout est chamboulé, tout sens dessus-dessous ! Et l’informatique avec ses ratés aussi n’y changera rien ! Ses inspirations, ses effusions, ses notes, effacées deux fois qui plus est ! Qu’importe ! Parce que hier, il a recommencé, laissant patiemment remonter les secrets de cette chambre de magma frémissant, brûlantes sensations d’un coup rafraîchies. Son père l’a dit souvent, qu’il ne se sentait pas vieux, bien qu’à la veille de ses 90 printemps ! Retourner, contrebalancer le trop commun "âge de ses artères" ! Formidable d’optimisme, si positif ! À l’opposé de l’excuse toujours en trop pour ne rien faire, se laisser aller... le ventre flasque plutôt que résonnant serait-ce d’un tam-tam planétaire, étranger seulement en apparence aux farandoles et sardanes du Sud ! 
Dans cet avion qui l’emporte et qui aborde le grand désert sous la lune, il est pris par ces cuivres, à fond dans les basses, à fond dans sa tête, qui parient sur une Afrique digne, enfin émancipée. Dreamliner le bien nommé, dans sa trajectoire filée, jet-stream aidant ! Et lui, parce qu’il imagine Callisté « la très belle » avant l’éruption cataclysmique du Santorin, laissée à l’horizon bâbord, ne s’emporte-t-il pas tel un vieux volcan effusif oublieux de sa jeunesse explosive de volcan gris, persuasif encore, capable de submerger, de tendre le piège des cheveux et larmes de Pélé alors qu’une neige faussement innocente l’emporte désormais sur le gris de ses tempes et que, dans un accès lucide, il voudrait se persuader que sa lave se fige lentement sous sa croûte, qu’il est raisonnable de tenir et fou de courir ?.. 

Le cœur volcan, Julien Clerc, 1971. 
https://www.youtube.com/watch?v=6wVMI_aB3TQ

Il devait avoir vingt ans, encore à ses préfixes, le platonico exaspérant d’ Evelyne, l’érotico passif de Josiane trop offerte, trop facile et à présent, quelques secondes à peine pour tout foutre en l’air, corrigenda plus qu’addenda, un amour infini, galactique, voguant vers l’infini, noyant néanmoins corps et âme dans le concret d’une illusion d’avenir... une petite vendangeuse...

https://www.youtube.com/watch?v=bTUeD0KQc_c Et un jour une femme / Florent Pagny.

Il y a cette camarade de classe qui le retrouve et lui fait remonter l’autre fois. Il y a ces lettres, l’étrangeté de cette boîte à biscuits sans couvercle et pourtant sans poussière. Mais il y a plus troublant encore ! Ces lettres, il les reprend dans la chambre même où il les décachetait, où il répondait, quarante-sept ans sinon plus tôt !.. il y a une éternité... (Joe Dassin / L'été Indien). Mais c’est un même soleil qui écaille et décape le bleu séraphin des volets, qui pénètre de sa lumière même si au loin les pins ont submergé le vieux moulin. « Accepte ta petite vie, vis intensément la vibration qui t’est permise, lui susurre une petite voix ! La nature n’arrêtera pas sa marche cosmique et continuera toujours sans toi et sans tes semblables, "humanisants" dégénérés ! » 

Et puis, est-ce la magie des amandiers en fleur qu’il n’a pas vus depuis vingt ans et qui piquent en ce moment, de leur espérance rose et blanche, les branches dénudées de la mauvaise saison ? Ce renouveau l’inscrit à nouveau dans la respiration de son Languedoc, de son Sud natal, dans un cycle qui boucle l’été avec sa Méditerranée léchant le sable de petits coups de langue mousseux, pour reprendre fortississimo avec l’hyperbole zinzoline des raisins d’une corne d’abondance... 
Sans plus digresser même si ce baroque étrangement accolé à l’épure romane méridionale le définissent aussi, il sent son inspiration vers une expansion sans fin d’un coup stoppée. Un de ses articles a été "liké"... et ce « j’aime », ce visage, le modelé de ce nez, ce regard, ce sourire, l’ont soudainement paralysé, bloqué, vivant seulement de l’accélération crescendo de son  pouls...  Mais que n’a-t-elle caché, comme il le fit, ses indécences derrière un chat totémique ! 
Il n’est plus que le déversoir d’un trop-plein de sensations... Il ne parle pas, ne pense rien, seulement ouvert à l’amour infini montant dans son âme, parti si loin, nomade bohémien, dans un ciel éclairé d’étoiles, heureux comme avec une femme... Pardon, cette inspiration n’est pas de lui. C’est Rimbaud qui irradie aux marges du Soudan et de l’Éthiopie de même que le Erta Ale, le volcan qui doit ouvrir à un nouvel océan, la dépression de l’Afar...

Les vendanges, offrande divine, période magique qui voit nos propriétaires espérer en une météo favorable dont dépendra l’année à venir, et tous ces gens modestes qui se louent pour un plus permettant ensuite de dépenser comme jamais dans l’année, et ces Espagnols des pueblos déshérités venus pour une manne plus que bienvenue !
Retour des vignes, les garçons se lavent au seau, à l’eau du puits, dans les rires, les perles irisées de soleil couchant qu’ils se lancent et les moqueries en tangence des filles, déjà prêtes, après une toilette cachée. Taquines, les filles, toujours en orbite mais qui font exprès et crient de joie quand les étoiles d’eau les atteignent. Lui vient rejoindre José qui au milieu des comportes vides et du silence relatif du bord des vignes lui parle si bien des lumières trop vives de l’Andalousie, de l’ombre douce de sa maison creusée dans la montagne aussi, où l’attend l’abuela, sa grand-mère. 

C’est dans ces circonstances qu’elle lui apparut, comète fuyante. Leurs yeux se croisèrent si vite mais si fort qu’il en resta tout chamboulé tandis qu’elle s’effaçait aussitôt derrière le portail entrouvert de la remise. L’attirance était-elle réciproque ? Toilette du soir, avant que la jeunesse ne parte, en groupes, se lancer des regards, des piques comme autant de banderilles jusqu’au noir de la rue devenue route, au sortir du village...  Mars et Vénus dans un tourbillon terrien plus favorable au périgée que les hasards célestes.
Mais leurs planètes ne se croisèrent plus. Il revint, pourtant, tous les jours et s’il la revit, ce fut encore plus fugace. C’était flagrant, elle le fuyait, lui et son regard. Il s’en trouva plus ravagé que flatté. Il ne lui resta que la vision d’une longue enjambée dévoilant sous la jupe, une jambe, un mollet musclé et, tressautant dans l’ondoiement de longs cheveux noirs, la pointe d’un sein, arrogant presque, pic couronné d’une sierra enneigée loin à l’horizon d’une froide et morne meseta.
Puis les rangs s’éclaircirent. Il ne restait plus que quelques vignes à vendanger. Le ballet des tracteurs et des derniers chevaux se fit plus espacé. Les épiciers ne commandèrent plus de caisses d’arencades, ces grosses sardines au sel... Nos Espagnols qui avaient si bien participé au réveil des vendanges emportèrent leur accent rauque, l’exotisme de leur langue, leurs filles vivifiantes et farouches. Dans la nuit encore chaude d’octobre, l’odeur des moûts avait remplacé la brillantine, le patchouli... le bruit lointain des clavettes des pressoirs, les éclats joyeux des batifolages des vendangeurs. 

Josiane revint de ses récoltes à elle, dans un village voisin, escortée par un Parisien qui ne devait pas que la promener dans sa DS. Lui, redevint le confident hypocrite d’Evelyne, déjà plus sa dulcinée du Toboso sans qu’il le réalisât encore. Et la petite espagnole dont il ne savait le prénom, et qui l’avait tant troublé, s’évanouit à jamais de son esprit. Quand mûrit en lui l’idée de prendre un métier, son image lumineuse s'effaça mieux que celle de ces visiteurs d’Ibérie qui devaient venir encore jusqu’au milieu des années 80. Ces autres vendangeuses, par contre, peut-être les saladelles qui fleurissent les sagnes de leurs tons bleus jusqu’à la fin de l’été, se rappellent, chaque année, à son souvenir.