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jeudi 3 août 2023

LETTRES d'HOLOUBKOV 1


Sous le coup d'une expulsion (en représailles suite au renvoi par Paris d'une fournée de " diplomates " tchèques), François, lui-même secrétaire traducteur d'ambassade, n'a eu qu'une paire de jours pour plier bagage. Il a emmené sa jeune épouse Jirina (le mariage date seulement de deux mois) pour son village du sud de la France, au bord de la Méditerranée. Ces circonstances feront que la famille séparée par le Rideau de Fer ne pourra plus échanger que par lettres, encore une chance. 

Ces lettres, précieusement conservées, traduites, dorment dans des classeurs, attendant qu'un descendant curieux, le fils par exemple, veuille bien les réveiller. 

Lettre du dimanche 2 avril 1950 : první děda, d'abord papé. 
Une semaine avant, tonton Jenda (1923-1994) se mariait à Tabor, là où il habite et travaille (chez Bat'a). Ils ont une maisonnette de trois pièces, avec jardin. Trois voitures pour le cortège, à la mairie d'abord puis à l'église où la mariée a dû se geler. 

V patek rano, po vašem odjezdu, jsme jeli do Tabora k Jendovi... Maji hezky domek 3 mistnosti nejsou velke ale stačí. To zahradku maji take hezkou, bude mít Jenda co dělat... a odpoledne přesně ve tři hodiny jsme jeli třemi auty na M.N.V. ; odaval je sam předseda pak jsme šli jsme do kostela, tam  všem bila zima a nevěsta jistě vymrzla.  

Svickova_with_dumplings the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Author Rkolarsky

Ensuite, à boire et à manger jusqu'à 4 h du matin. Le temps de ranger et les invités se sont couchés à 5 heures. 
Au menu : bouillon de boeuf (aloyau) et knedliky, porc au chou, quenelles au pain blanc. 
Le soir venu : soupe de tripes (demandée par le marié), salade de pommes de terre, escalope de veau, gâteaux dont deux au cacao apportés d'Holoubkov. 

Hamburská_vepřová_kýta_houskové_knedlíky the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Pohled 111

... jidla a piti hojnost, sedeli jsme asi do 4 hod rano pak jsme to trochu dali do pořádku asi v 5h jsme šli spat... 
Babička : ja jsem na svadbě zdobila dorty, chlebíčky,  krajela rohliky a zeli. Měli jsme hovezi polevku s knedlickem, sviskovou a veprove zeli a houskove knedliky, vecer salad bramborovy a teleci rizek dršťkovou kterou si Jenda porucil. Dortu měli dost. Doma jsem udělal dva čokoládové dorty to byli jediny tmavy... 



Les cadeaux : des parents, une radio 7.290 Couronnes, d'Holoubkov encore, de tante et l'oncle Stanek, un plat en cristal taillé. La demoiselle d'honneur a offert un tableau à l'huile, l'atelier Bat'a, un vase en cristal. 

 Děda : jsme take se Staňou  byli pro radio stalo 7.290 Kčs ; od tety Staň.  dostaly broušenou  misu, od družičky hezky obraz (olej), z dilny co pracuje Jenda krasnou broušenou vazu. 

 

    

jeudi 8 septembre 2022

ARTE et le parti pris allemand en Europe...

Suite à une annonce de la chaîne allemando-française pour un concert donné par l'Harmonie tchèque, je me devais d'intervenir !

" Une chaîne culturelle se devrait de corriger des travers aux relents nationalistes. Or Arte présente le concert de la présidence européenne de la Tchéquie en continuant de donner le nom allemand à un poème symphonique tchèque "Vltava" d'une œuvre tchèque "Ma Vlast" composée par un tchèque "Bedrich Smetana"... Cela tient presque à du mépris ! Mauvais point ARTE !"

La Vltava et le pont Charles à Prague ; sur la hauteur, le château des rois de Bohême. 


Non il ne faut plus dire "MOLDAU" ! "Moldau" n'est que le nom allemand d'un fleuve tchèque. En quelque sorte, ce nom s'est imposé avec la domination des Habsbourg, avec la Contre-réforme contre la Réforme, la religion liée au pouvoir, la religion dans les rivalités entre Etats pourtant consanguins au fil de l'Histoire. On se mariait tout comme on se faisait la guerre entre cousins et cousines ! Bref, en 1620, les Impériaux écrasent les Tchèques protestant en tant que hussites à la bataille de la Montagne Blanche.

Dès lors, en Bohême, suite à l'autodafé des livres écrits en tchèque, considérés comme hérétiques, et à l'intégration de la noblesse locale dans la noblesse autrichienne, l'administration, l'enseignement, la littérature passent à l'allemand ; le tchèque qui n'est plus que la langue rabaissée de la campagne et des paysans va néanmoins survivre dans une clandestinité encouragée par la marge cultivée des couches modestes : enseignants, écrivains publics, traducteurs, prêtres, notaires (1).

Au XVIIIe et surtout au XIXe, cette survivance va se traduire en un Renouveau culturel tchèque et aboutir à l'indépendance de 1918.

C'est dans ce contexte que Smetana va exprimer son patriotisme avec les poèmes symphoniques de "Ma Vlast", ma patrie. L'œuvre célèbre le caractère slave de la Bohême et de Prague sur les bords de la Vltava justement, le fleuve traversant le pays du sud au nord, le torrent des prairies et forêts devenu grand jusqu'à RECEVOIR un affluent, l'Elbe !

Soutok_Labe_s_Vltavou wikimedia commons Auteur Ondřej Žváček. Le confluent proprement dit car souvent les photos montrent le débouché du canal de navigation de la Vltava, à peu de distance en aval. 


Encore une discrimination du même type puisque à Melnik, au confluent, la Vltava est plus longue et a davantage de débit que l'Elbe ! L'erreur en devient presque banale quand, par exemple, la Seine et la Saône devraient s'appeler Marne et Doubs...

Pour conclure, les postures de la chaîne Arte, tout comme celle d'un site de l'Education Nationale LA MOLDAU, de Smetana - Cycle 3 - ÉDUCATION NATIONALE (ecoles-colleges.com) en deviennent blâmables à force de bêtise irresponsable... 

(1) source wikipedia.

vendredi 29 mai 2020

PARTIR / NÉ QUELQUE PART, ÉMIGRANT, ERRANT...

"... Je suis né quelque part
Je suis né quelque part, laissez-moi ce repère
Ou je perds la mémoire..." Maxime Le Forestier

"Rien ne trace son chemin" (J.J. Goldman). Il est donc condamné à choisir par lui-même, condamné à être libre de choisir !  Rester ? Partir ? Vivre !

Des traces ?
"... Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer..."
(Antonio Machado).

Cela explique-t-il que certains s'accrochent bec et ongles aux racines ? Au point de se couper de leurs prolongements de branches, de fleurs et de fruits ?
"... La race des chauvins, des porteurs de cocardes,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part..."
(Georges Brassens). 

D'autres partent comme des graines au loin, de gré ou par force. Se coupent-ils pour autant de leurs racines ? Arrivent-ils à germer ? Ou attendent-ils le temps de revenir, le temps qu'il faut pour vaincre le "mal du retour", au sens premier de la nostalgie ?..  


1953. Fin mai. Jouant de malchance, tirant le diable par la queue, François emporte "sa femme" (c'était sans guillemets alors), son gosse, quelques valises, une grosse malle de livres et d'espérance. 

François part au Brésil.

La malchance, trois, quatre peut-être sept jours avant d'obtenir sa "carte orange de diplomate", il est expulsé de Tchécoslovaquie (mars 1950). Aucune indemnité en tant que victime d'une mesure de rétorsion, aucun droit à un nouveau poste ! 

Praha_1,_Karlův_most Wikipedia Author Tilman2007
La guigne encore pour un poste de traducteur d'allemand à Toulouse (ONIA). Deuxième sur vingt-quatre... Ils n'en prenaient qu'un et peut-être que le piston...
Ingratitude encore de la République qui ne l'a pas pris comme remplaçant aux Cabanes-de-Fleury, le titulaire étant en longue maladie. L'Inspection Académique a préféré une école sans maître !
Et Michelin qui l'embauchait pour s'occuper d'une succursale à l'étranger sauf que c'était à Prague. Impossible pour la "persona non grata" qu'il restait !
Et cette école libre de Rodez mais pour 13.000 francs mensuels seulement "...le directeur s'excusait lui-même pour ce salaire de misère..." ! 325 euros de 2019 !
Et encore le ministère "Vous êtes victime d'une homonymie" ! 
Survivre. Gagner Narbonne à vélo pour donner une leçon...  

Une petite chance, bien que modeste et tardive, ce poste de précepteur chez la Comtesse Anne de Romilly, au château de Saint-André-de-Sangonis.
Et enfin un coin de ciel qui s'ouvre, un poste au Brésil. Mais le jeune comte s'est attaché à celui qui enseigne et le mène, il reste manger surtout s'il y a du chou farci. Au point que sa mère voudrait même qu'il parte aussi au Brésil (13 mai 1953). 
Déchirure encore quand il faut quitter les siens pour des années (26 mai)...
   
 "... Y a des oiseaux de basse cour et des oiseaux de passage..." (M. Le Forestier). Il y a les migrateurs non, toujours à rejoindre un port, un havre ? Et ceux qui passent pour ne jamais repasser ? 


André est le frère de son grand copain, encore un François. Ils habitent dans ce même quartier haut, l'un la maison de Jean, l'autre celle d'Elise, dans ce faubourg au-delà des remparts de jadis, entre le cœur du village et les premiers coteaux de garrigue. Or André lui, va partir au Canada. A Montréal. Une transplantation  réussie, une greffe vigoureuse car voulue, jusqu'à assimiler la façon de vivre et même l'accent, ce que quelques imbéciles aussi heureux que méchants, comme dépossédés, en arriveront à lui reprocher... Une trajectoire plus qu'attachante qu'il faudra partager un jour... 

jeudi 17 janvier 2019

DE CEUX QUI SE SACRIFIENT POUR RENDRE LA DIGNITÉ PERDUE... / Tchéquie, Tchécoslovaquie, Europe, France...

Jan_Palach_foto_z_průkazu Wikimedia Commons Author Urady

16 janvier 1969. Jan Palach, né le 11 août 1948 à Prague, s'immole par le feu sur la place Venceslas  en protestation contre l'occupation soviétique, la normalisation en Tchécoslovaquie, le communisme à visage inhumain.

Zajíc_Jan_pamětní Wikimedia Commons Author Ludek Kovar

Le 25 février 1969, jour du 21ème anniversaire de la prise du pouvoir par les communistes, au niveau du 39 place Venceslas, Jan Zajic, 18 ans, met le feu à ses vêtements imbibés de produit inflammable. 

Evžen Plocek (pardon pour l'emprunt non autorisé à Radio CZ).

Le 4 avril 1969, Evžen Plocek, un ouvrier de 39 ans engagé au parti communiste sera le troisième héros à s'immoler par le feu sur la place de Jihlava (aujourd'hui Masarykovo Namesti) pour protester contre l'agression soviétique. Il laissa tomber un papier expliquant son geste : 

« La vérité est révolutionnaire - a écrit Antonio Gramsci » et « je suis pour un visage humain - je ne peux pas supporter ceux qui n'ont pas de sentiments Evzen ».  

Jihlava place Masaryk Wikimedia Commons Author SchiDD

Comme le fait remarquer fort justement la radio tchèque, plus que tchécoslovaques, ces héros restent européens, d'une Europe de la citoyenneté avec des droits pour tous, ce qui est loin d'être le cas avec l'UE du fric et des tricheurs d'un côté réprimant les idéaux et les valeurs dans l'abjection la plus assumée, la concussion la plus vile de politiques vendus (FN, LR, PS en France... Macron est bien le fils spirituel de Sarko-Hollande !). 

Comparaison n'est pas raison mais la protestation actuelle des GILETS JAUNES s'inscrit pour une Europe humaine à la dignité retrouvée. Au "pays des Droits de l'Homme", les Gilets Jaunes le paient au prix fort : 1 octogénaire tué, 94 blessés graves dont 69 par les forces de l'Ordre : 14 yeux perdus, 4 mains arrachées... les hématomes causés par les balles en caoutchouc ne sont pas comptés... Que la police ne se range pas avec ces néos-fascistes qui nous dirigent ! 

Août 1968, en Tchécoslovaquie, tels des oiseaux de l'année sur la branche, nous étions l'enthousiasme de la vie devant nous. Les chars du pacte de Varsovie nous jetèrent à la face la triste réalité... Finies les chansons des soirées à la bière... Antonin, Vacek, Vera, Jiri et vous dont le prénom m'échappe, qu'êtes-vous devenus ? 50 ans après, pour ceux qui sont encore là, j'espère seulement qu'il reste entre nous une grande émotion, une émotion partagée qui continuera à marquer des valeurs indestructibles d'humanité.      

 "Ta slepička kropenatá drobného peří,
vzkázala mě moje milá, že mně nevěří..."
 
Source : wikipedia, l'encyclopédie libre... 

https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/-jan-palach-nest-pas-seulement-un-heros-tcheque-cest-un-heros-europeen-?fbclid=IwAR2WtHIq6YHpnBkw-61IV-R1QZKxTYXWqHbH-pOY462V5Idvphm5r8ZqLko

vendredi 14 septembre 2018

VOYAGE EN TCHÉCO (11) / la frontière germano-tchèque




Waidhaus Wikimedia Commons Author Alois Köppl, Gleiritsch (=Zusatz)


Une petite route coquette, au ruban impeccable, bien signalée, bordée de verdure, comme épargnée par les grandes chaleurs de 2018…  peut-être les 500-600 m. d'altitude encadrés par ces croupes à près de 900 mètres de l'Oberpfälzer Wald, Český les[1] pour les Tchèques. La route de Waidhaus, dernier village de Bavière (2.200 hab.), dernière station aussi avant la frontière : l’indication reste même quand ça vaut davantage le coup de l’autre côté. Charme et confort intérieur pour compenser le manque de soleil… jadis les gros édredons-couettes de plumes en étaient représentatifs. Un symbole à  reconsidérer à présent concernant les modes de vie plus standardisés et l’impact des bouleversements climatiques… 

Ce qui reste du poste de douane côté allemand 2018Auteur Florian Dedieu.

Le poste-frontière encore en 2009. Auteure Djaz.

La frontière ! Le douanier allemand facilitait la sortie. Et cette vague inquiétude au panneau « Vous quittez la République Fédérale Allemande », comme au checkpoint Charlie le secteur américain. Concentrés au passage du petit ruisseau,  silencieux presque parce que  nous changions de bloc,
on se sentait seulement tolérés. 


Rovadov celnice douane tchécoslovaque Carte postale ancienne. Foto E. Einhorn


La douane tchèque, très militaire, faisait obstruction, du moins les supérieurs hiérarchiques tenus  d’afficher l’idéologie politique. Ne pas démontrer un signe quelconque d’hospitalité, par principe, que du dégoût. Exprimer le rejet d’un monde dit libre mais assujetti à l’argent. Calmes, silencieux, respectueux de recommandations parentales plus qu'évidentes, nous restions patients, stoïques presque, indifférents à la longue attente, dans les bureaux, pour les passeports, le voucher, le change obligatoire, tant par personne et par jour.
A la voiture les hommes du rang devant fouiller, parfois si l'un d'eux se retrouvait seul, tout en faisant mine de fouiner, adressait un regard, un sourire, quelques mots plaisants à voix basse : une empathie prévalant sur l’idéologie politique. Plus que des signes cordiaux. Pour eux, plutôt que des produits, des vecteurs de l’impérialisme, nous étions seulement des êtres désireux de retrouver les leurs sinon des visiteurs. De par leur situation, par ce qu’ils savaient de parcellaire (les organisations étatiques glauques cloisonnent leur fonctionnement afin que chaque service en sache le moins possible sur celui d’à côté), ils se positionnaient par principe dans le camp de la dignité, de l’humain. Au bout souvent de deux heures (on positivait sur la relative ouverture du régime si le passage ne prenait qu’une heure), enfin libérés, nous les saluions d’un geste discret.
En entrant dans le pays, cette pression s’estompait et s'évacuait au bout de quelques kilomètres. Nous en oubliions les chicanes, sur l’autre voie, les énormes pyramides de béton, le militaire de faction qui braque le faisceau de la lampe à l’intérieur du véhicule, fait ouvrir le coffre et confirme aussitôt le nombre d’occupants au poste frontière.
Rozvadov, premier village : les maisons décrépies, abandonnées laissent seulement accroire que, malgré les encouragements du gouvernement, les Tchèques ont historiquement rechigné à coloniser cette zone tampon d’où les Allemands furent « expulsés[2][3] » dès la fin de la guerre.

 https://www.cairn.info/revue-revue-d-etudes-comparatives-est-ouest1-2009-1-page-99.htm

Compartimentation des infos, liberté de parole inhibée, omerta, chacun sait qu'il peut être dénoncé, même la bière et les petits verres d'alcool ne doivent pas délier les langues…
Un peu comme quand un jour nous apprend que nous sommes passés sans le savoir, à quelques kilomètres d’un camp de concentration, l’Internet permet de préciser un tant soit peu.

https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/il-y-a-60-ans-le-rideau-de-fer-devenait-realite-en-tchecoslovaquie

https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/il-y-a-60-ans-le-rideau-de-fer-devenait-realite-en-tchecoslovaquie
          La frange frontalière a formé une zone interdite large de six à douze kilomètres. Villages rasés, champs abandonnés : la campagne déshumanisée est redevenue sauvage. Sont restées les petites villes avec l’obligation d’un passeport spécial pour les habitants. A la limite du pays, des barbelés multiples, des fils électrifiés (à partir de 1953), des patrouilles à pied accompagnées de bergers allemands pour attaquer devant et de chiens croisés avec des loups[4] pour agresser par derrière tout individu non autorisé et non encore abattu dans la zone interdite ! Les rondes en véhicule ont facilité le travail des gardes-frontières (au nombre de cent pour cinq ou six kilomètres). Ce qui était présenté comme une ligne de défense contre l’occident impérialiste, une vision bien partagée par un peuple émancipé de l’Autriche seulement en 1918 et envahi par l’Allemagne d’Hitler en 1938, avait seulement pour but d’empêcher les fuites à l’ouest.
De ce point de vue, le rideau de fer tchécoslovaque a été d’une efficacité redoutable. Combien ont réussi à passer ? On parle seulement de 145 victimes entre 1951 et 1989 et ce même peuple jadis convaincu, bien que trompé, accuse et exprime un désamour pour ces ex-18.000 gardes dont des représentants complètement idiots ont eu, maintenant que la frontière extérieure est celle de l'UE, l'idée d'un monument à leur gloire ! Des gardes désormais embêtés de devoir dire que c'était leur devoir d'obéir, des gardes penauds de ne plus savoir comment se dédouaner de cette barbarie.
Il fait jour tard encore ce 30 juillet. Le crépuscule qui s’annonce apporte la rémission espérée par ces temps de fortes chaleurs. La nuit vient soulager du soleil qui accable. Peu de voitures ; du calme ; des localités aux rues vides alors qu’on voudrait qu’une terrasse d’auberge estampillée « Česká kuchyně » (cuisine tchèque) nous fasse signe ! Des restos fermés. Personne dehors. Ah si, une femme promène son teckel sur la piste cyclable. Si au moins entre le clair sur les cultures et l’obscur qui monte dans les forêts, apparaissait le mauve d’un champ de pavots ! Mais seule, au loin, une fumée ocre poursuit une moissonneuse phares allumés.
A Tlučná, si le web dit vrai, le restaurant est ouvert jusqu’à 23 heures ! Suivons la piste plutôt que de douter et qui plus est, de frustrer nos jeunes ! On laisse la belle route, d’une qualité d’autant plus remarquée qu’elle semble là pour nous seuls ! La belle route en chansons quand les hectomètres se faisaient de plus en plus légers vers la destination finale... Finie la belle route, un détour avec des cataplasmes de goudron et des trous, à 40-50 à l’heure, peut-être moins. 

Quelle importance ! Dans le voyage, c’est la route qui compte…       



[1] Wald = les (lire lès) = forêt.
[2] Terrible la terminologie officielle parle de « déportation » ; en octobre 1945, le décret d’Edvard Beneš mentionne expressément, à propos des Sudètes : « konečné řešení německé otázky » littéralement « solution finale à la question allemande » (Wikipedia). Un même vocabulaire, héritage de l’assujetissement aux nazis ? Un peuple gentil, modéré, certes parce que petit, cela ne saurait être, cela n’existe pas !   
[3] Angela Merkel, à l’occasion de la Journée Mondiale des réfugiés, a qualifié l’expulsion des Allemands de « conséquence immédiate de la guerre et des crimes horribles commis par la dictature national-socialiste ». « Cela ne change rien au fait qu’il n’y avait aucune justification, pas plus politique que morale, à cette expulsion »... A l'international, l'Allemagne qui ne remet pas en question cette page d'histoire, n'a cependant pas indemnisé les victimes tchèques du nazisme  ; c'est encore plus tendancieux en politique intérieure : les groupes de pressions sudètes restent revendicatifs sur le droit au retour, la restitution des biens, l'abrogation des décrets Beneš... invasion nazie contre expulsion des Sudètes...     
[4] Race aujourd’hui reconnue.




mercredi 12 septembre 2018

Edvard Beneš – 1884 - 1948

3. září – zemřel náš druhý prezident Edvard Beneš – 1948

photo Edvard_Beneš (vers 1942) Wikimedia Commons Auteur inconnu

mercredi 15 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCO (3)... / De la plaine de l'Hérault au Causse du Larzac...

Oignon doux des Cévennes. Wikimedia Commons. Author Office de Tourisme Mont-Aigoual.
Lézignan-la-Cèbe. « A la cèbe, à la cèbe ! » criait l’homme avec une montagne de ces gros oignons doux sur le plateau de sa camionnette dans nos rues et sur le « sable mouillé » de la plage du temps du camping libre sur la plage. Doux au point d’accompagner parfois et chez les puristes le déjeuner matinal. 

Paulhan ? j’associais un homme de lettres à ce village, si fort, mais ce n’était qu’une homonymie et pour la localité il faut articuler un « Pauillan » bien occitan.
L’A75 passe aussi à l’écart de Clermont-l’Hérault, capitale oubliée du raisin de table… Ceyras, les olives sur les rives de la Lergue. 

Lac du Salagou Auteur Gérard Witzke.
Collégiale_Saint-Paul_de_Clermont-l'Hérault Wikimedia Commons Author Tournasol7

La terre rose, lilas ou violette aux abords du lac de Salagou. A droite les terroirs de St-Saturnin-Montpeyroux déjà mis en valeur dans les années 80.

Un supermarché pour les kilomètres dans la nuit, la montagne où il devrait faire plus frais. Pour les cousins, Blanquette de Limoux dans les 5 euros, sangria pour la moitié du prix. Pour le chauffeur du Lavazza à 10 € le kilo, de l’énergétique à 4,5€ /L . Pour la troupe, des madeleines (3,9€/kg), une mousse de canard pas chère, une mousse aux marrons, des yaourts, du lait, des bananes (1,49 €/kg), des tomates (1,69 €/kg), courgettes (1,49 /kg), des aubergines, des poivrons (2,39),  des oignons (on cuisine en route !), des doux mais rouges pour la salade (1,99 la botte)… du douce sous douche (2 x 3,73) et un corps réparateur (2 x 3,04) pour elle (je n’y suis pour rien), un sac pour lui en quatrième (19,90)… je garde le ticket de caisse juste pour voir, au chapitre « Tu veux te voir avec moins d’argent ? », déjà dans un an, de combien ça va augmenter…   

Collégiale_Saint-Paul_de_Clermont-l'Hérault Wikimedia Commons Author Tournasol7
Lodève, ville des évêques dont Bernard Gui, tenace inquisiteur en Languedoc qui joue un rôle clé dans Le Nom de la Rose où Guillaume de Baskerville est censé représenter Bernard Délicieux sauf que dans le film, ce n’est pas Sean Connery qui meurt en prison mais l’inquisiteur quand son coche aux roues massives est précipité dans le ravin par les paysans… 

Avec l’autoroute qui aujourd’hui ondule grâce aux ponts et tunnels pour moduler les rampes qui font passer de 200 à 728 m sur13 km, qui pourrait penser encore à la nationale de jadis épousant le pays, elle, plus collée aux courbes de niveau, plus liée au paysage. 

La 403 Retour de Tchéco en 1970. 
1965, une 403 noire monte vers le Causse du Larzac. C’est un matin d’août… Nous ne partions qu’une fois prêts et à n’importe quelle heure. En bas les dernières vignes. Accrochées aux pentes, des laisses et restanques retenues par des pierres montées par des mains d’hommes et qui nous faisaient chanter « Pourtant que la montagne est belle ». 

A droite une départementale et, sur le panneau indicateur « Cirque du Bout du Monde », une destination qui me fait rêver encore. A présent la promo touristique locale appelle de l’autre côté, vers le cirque et la grotte de Labeil.  

Pas_de_l'Escalette Wikimedia Commons Author Vpe
En profitant du travail millénaire de la Lergue dont les eaux ont entaillé ce rebord rétif du Massif Central, les Gavaches[1] (chacun est le gavach d’un autre et j’en suis un pour les catalans) ne passaient pourtant que difficilement sur le Larzac par le Pas de l’Escalette où il fallait escalader sinon passer par une échelle (des marches taillées dans le roc ?).

Du Caylar à La Cavalerie, le Causse, loin d’être plat, déroule ses éminences et dolines. A peu près à 800 mètres d’altitude, la route longe le trop fameux camp du Larzac, arrêté, dans les années 70, dans sa propension à refouler moutons et paysans. De çi de là, les murs épais d’une jasse tapie pour parer aux vents neigeux de l’hiver, une lavogne pour faire boire le troupeau. Le poème « Lou pastre » d’Antoni Roux vient comme un tableau. Il déborde, tant pour le paysage, les rudes conditions du plateau que la vie intérieure, d’une plénitude intemporelle qui, dans sa langue originelle, submerge l’esprit : 

« … Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio…
… Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei… » 

Larzac+Brebis_en_p%C3%A2ture+aut+Jean-Claude+Charri%C3%A9
 



[1] De « gavot » : paysan montagnard. Les Gavaches descendaient traditionnellement dans la plaine pour les vendanges jusqu’à ce que le relais soit pris par les travailleurs espagnols.