Affichage des articles dont le libellé est Russie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Russie. Afficher tous les articles

vendredi 28 avril 2023

MAYOTTE contre l'hydre perfide...

 Soir Info du 27/04/2023 | CNEWS 

De la minute 14 à la minute 53.  

Au fil des 40 minutes : 

* un pêcheur " ...ils ne sont pas ici pour gagner leur vie, ils sont venus pour foutre la merde.../... pour détruire Mayotte... ". 

* Mayotte capitale européenne des homicides. 

* Moroni vient de toucher 150 millions d'euros pour récupérer ses ressortissants expulsés... sauf qu'Azali ne respecte pas sa signature. Coïncidence, un ambassadeur itinérant russe se pointe là-bas aujourd'hui pour de bons conseils contre la France, soyons-en assurés... 

* L'INSEE toujours sommée par l'État de mentir grâce à des manœuvres dilatoires sur le chiffre de la population à Mayotte, la sous-évaluation permettant de ne pas doter le territoire en fonction du nombre de personnes et de toujours repousser aux calendes grecques le problème de l'immigration clandestine... Sauf qu'à l'occasion de l'épidémie de covid, l'apprenti-préfet de Mayotte (2019-2021) a déclaré distribuer 450.000 masques, soit un par adulte... sa langue a dû fourcher sinon un simple laïus sans doute. 

* penchant pour la défenseur des droits à toujours monter au créneau pour les étrangers et à ne jamais prendre en compte les droits des Français mahorais ! 

* La juge Catherine Vannier qui a suspendu l'opération Wuambushu, a été vice -présidente du Mur des Cons, pardon du syndicat de la magistrature est la dame qui a dit "la délinquance des mineurs n'est pas si importante que ça "... les proches d'une victime mutilée ou mortellement blessée apprécieront. Estelle Youssouffa la députée a eu dit (mais je n'ai pas les références) que cette dame émargeait au sein d'une organisation soutenant Mayotte comorienne... 

* Comment appelle-t-on les mineurs délinquants à Mayotte ? les " mwana juge ", les enfants du juge.  



dimanche 15 mai 2022

Un "RUSSE" à Pérignan (12) / Porfiri veut revoir Odessa, les siens, sa maison...

Odessa, le port qui mène vers l'inconnu, les autres, le Monde ; Odessa, le havre qui ramène dans le familier, les siens, son monde. C'est ce qu'a vécu, c'est ce que vit Porfiri Pantazi. 

Русский Мыс Большой Фонтан, Одесса. Wikimedia Commons Author Alexey M.

Odessa, village d'Ukraine fondée par Catherine II, impératrice de Russie, allemande de naissance. Nommée pour rappeler en grec le nom d'Ulysse "Odysseos", mais au féminin, impératrice oblige. Son gouverneur Du Plessis de Richelieu, Français passé chez les Russes (contre Napoléon) de la famille du cardinal bien que deux siècles les séparent, fait du village une ville superbe (dont le grand escalier de la "Perle de la Mer Noire", avec sa statue en haut des marches). 

Odessa, plus d'un million d'habitants, son port, son tissu industriel, agroalimentaire, textile. 

Wikimedia Commons Authors : Alex Levitsky & Dmitry Shamatazhi

Odessa, méditerranéenne, appréciée, du moins au centre (en dehors c'est de style soviétique) pour son architecture italienne, française, un peu espagnole aussi. 

Odessa, ville libre, maniant volontiers l'ironie, cosmopolite, au surnom aussi de "Marseille d'Ukraine", avec ses cafés, sa vie nocturne, ses plages pour les vacances. Sous terre, ses galeries d'extraction de calcaire, par la suite refuges de vagabonds, de malfrats, de contrebandiers, de partisans, suivant les époques. 

Odessa, déjà bombardée en 1854 par les marines ottomane, britannique et française. 

Odessa, c'est le soulèvement révolutionnaire de 1905 avec l'intervention du cuirassé Potemkine (film en 1925 de Sergueï Eisenstein / chanson de 1965 de Jean Ferrat censurée par l'ORTF d'Etat). Odessa en 1917, ensanglantée par la terreur rouge locale (400 officiers du croiseur Almaz transformés en blocs de glace ou jetés vivants dans les chaudières, 400 familles dites bourgeoises massacrées). 

Odessa, en 1919, c'est Porfiri Pantazi, le "Russe" bessarabien, moldave, roumain et grec, qui embarque de justesse dans la Légion, alors que la flotte française de l'amiral Amet est venue soutenir une armée Blanche et avant que la guerre civile ne fasse rage. 

Odessa, au printemps 1933, c'est Holodomor, la famine voulue par Staline et Moscou. Alors que l'URSS exporte du blé, les autorités soviétiques réquisitionnent tout moyen de subsistance... le cannibalisme a été le seul moyen de survie : des millions de victimes (entre 2,6 et 5 millions de morts)

Odessa en 1941, ce sont les Roumains alliés des nazis qui occupent la ville. Suite à un attentat, dans la nuit qui suivit le 22 octobre, 5000 Juifs ou Communistes sinon les deux, furent tués. Le lendemain, 19.000 Juifs seront exécutés, le 24 plus de 5.000 furent mitraillés, le peloton d'exécution s'avérant trop long pour la besogne. Des 33.885 restant, surtout des femmes et des enfants, beaucoup moururent de typhus et de dysenterie dans les kolkhozes où ils étaient déportés (novembre 1941). Un massacre éradiqua ce qu'il restait de survivants (décembre 1941). Les Tziganes non plus ne furent pas épargnés. 

Odessa, en 1946-47, c'est une nouvelle famine provoquée par le pouvoir, difficilement estimable, avec de nombreux orphelins non enregistrés, ces "enfants-loups" livrés à une survie sauvage suite à la mort ou au retour des pères prisonniers de Hitler, directement envoyés au Goulag par un Staline vieillissant dans la hantise du complot et terrorisant en conséquence et la population et son entourage direct. 

Odessa, malgré les vagues d'émigration (surtout des Juifs), malgré les problèmes de corruption, malgré la dénatalité ambiante (sauf en Afrique), ce sont les progrès espérés, initiés par le développement économique des années 70 (métallurgie et construction navale, raffinage, agroalimentaire, chimie, pêche, le port)... 

Odessa, en 1999, c'est le film Est-Ouest, avec Staline promettant amnistie et bon accueil aux émigrés russes de toujours, sans dire qu'il va confisquer les passeports, contrôler, contraindre, cuisiner, pressurer : ceux qui reviennent ne peuvent être que des espions ! Le film est une critique acide d'un totalitarisme qui tourmente et torture, retenant par la force la Française (Sandrine Bonnaire) voulant fuir la dictature alors que son mari russe s'accommode. Atavisme dû à des siècles de servage d'un peuple patriote jusqu'à l'arrogance ? Amour psychiatriquement indéfectible de l'enfant battu ? Coproduit par la Russie, le film témoigne d'une ouverture certaine, capable d'un regard droit sur le passé, prometteuse pour l'avenir mais qui s'est rétractée sur ses vieux démons... bien aidée par le machiavélisme de l'Occident... Clinton moquant et rabaissant Eltsine dans son ivrognerie en étant peut-être un des signes visibles...   

Suite à la destitution du président Ianoukovytch prorusse, frein à la dynamique vers l'UE (février 2014), une partie du Donbass s'oppose par les armes à Kiev (mars 2014 / 9000 morts entre 2014 et 2015), suite au "retour" de La Crimée à la Russie (mars 2014 / problème de l'intangibilité onusienne des frontières lors des indépendances), Odessa est directement impliquée en mai 2014, lors des affrontements entre des légalistes et des partisans de la Russie, incendiés dans la Maison des Syndicats où ils s'étaient réfugiés (40 morts ?). N'oublions pas la désintégration en vol du MH 17 de la Malaysia Airlines par un missile Buk russe lancé depuis la zone séparatiste (juillet 2014). 

Et aujourd'hui, Odessa qui reçoit ci un obus, là un missile, pour tuer, donner une leçon, maintenir sous pression. La plage des vacances est minée par crainte d'un débarquement ; les monuments, cachés par des sacs de sable ; les avenues barrées par des chevaux de frise... Était-ce pire, Porfiri, lors de ton retour, en 1924 ?  

Un "Russe" à Pérignan (12e volet). 

« Pantazi, vous le regretterez, lui a dit le capitaine. Je vais vous donner un bon conseil : faites cinq ans de plus, et je vous garde à mon service. Réfléchissez bien, et apportez-moi demain votre réponse.

– C’est tout réfléchi, mon capitaine. Je suis très bien à votre service, à vos côtés. Rien ne me manque au point de vue matériel. Mais je voudrais, une fois encore, revoir mon vieux père, ma vieille maison, mon pays, quoi. Je dois retourner en Europe.

– C’est dommage, Pantazi. Je vous regretterai. »

Revenir.

Et Porphyre a repris un autre bateau. Ils sont beaucoup moins nombreux sur celui-ci. Le voyage semble plus long encore qu’à l’aller. Mais on finit par arriver dans cette bonne vieille mer Méditerranée, et on aboutit à Marseille. Porphyre va se faire démobiliser au bureau spécial de la Légion Etrangère. Il reçoit son pécule, c’est toujours bon à prendre, et c’est de l’argent bien gagné. Et alors on lui dit :

« Vous avez droit à un voyage de retour gratuit. Où voulez-vous aller ?

– A Touzora, chez moi, en Russie ; non, pardon, en Roumanie à présent.

– Vous vous êtes engagé où ?

– A Odessa.

– C’est bien en Russie, ça ?

– Oui.

– Eh bien, on va vous ramener à Odessa… si nous le pouvons, car avec la Russie il y a des histoires. Le gouvernement soviétique n’est pas encore, je crois, reconnu officiellement par la France, mais cela ne saurait tarder : il en est question. »

Et c’est un troisième bateau qui ramène Porphyre au pays natal. C’est le plus beau voyage qui commence, avec, au bout, les veillées devant la porte, les balalaïkas retrouvées, tous les souvenirs qu’il a emmagasinés depuis cinq ans pour les resservir, à peine embellis, à ses anciens camarades. Que sera devenu le petit Serge, lui qui avait le chic pour mettre en colère le vieux Speletski, leur instituteur ? Et le grand Nicolas, au visage parsemé de taches de rousseur ?

Il revoit les petites maisons de Touzora au toit de chaume et aux murs crépis, sans étage, au sol de terre battue. Ni eau, qu’il faut tirer au puits de la cour, ni électricité : à propos, peut-être ont-ils à présent la lumière électrique ? Non, il en doute. A Kalarach, encore, oui, c’est possible. Mais Touzora…

Il n’a pas dit bien clairement qu’il allait revenir, s’installer pour toujours au pays, riche de son expérience, de ses voyages, et prêt à tout moderniser. Il a vu comment se cultivait la terre dans des pays aussi divers que Sidi-Bel-Abbès ou le Tonkin. Il pourra sans doute faire quelque chose de valable

Et ses pensées ne sauraient quitter la terre natale. C’est avec une précision inouïe qu’il revoit les moindres détails de la maison, la grande table de la cuisine où il a fait une encoche au couteau, du côté qui donne sur la petite fenêtre, près du tiroir où se rangent fourchettes et cuillers ; le vieux poêle nourri au bois, aux carreaux de faïence un peu craquelés sur les bords ; la barre à saucisse suspendue à deux gros clous rouillés à la maîtresse poutre (on a dû renouveler les deux bouts de ficelle, par exemple !), les oignons qui sèchent, accrochés au mur du fond par paquets de quatre ; et l’ail dont il savait faire les tresses. En a-t-il eu, de l’ail, cette année-ci, le vieux papa Pantazi ? Ou bien a-t-il été attaqué par la « graisse », cette maladie qui le rend immangeable et détruit en quelques semaines toute une plate-bande ? Et des tomates, en a-t-il planté dans le petit jardin, près du prunier fourchu aux fruits si délicieux ?

Dans quelques jours, il pourra voir, toucher tout cela, respirer à pleins poumons l’air de sa plaine. Quelle joie ! Même la baie de Naples, avec son Vésuve fumant sur le ciel, ne parvient pas à l’émouvoir… Voici les îles grecques de la mer Egée, et la Grèce, dans le lointain, à bâbord : le pays des ancêtres du côté de papa.

Enfin, les détroits : on longe Istanboul, sur la gauche à présent : c’est le Bosphore, et la mer Noire. Le bateau s’arrête à Constantza.

Touzora, mon village perdu.

Une journée de plus, et voici Odessa avec son escalier monumental du duc Armand de Richelieu, Odessa où tu t’étais engagé, Porphyre, voilà déjà plus de cinq années !

Nous attendons les formalités de débarquement, Kalarach n’est plus qu’à deux cents verstes, Kichinev à cent soixante environ. Attendons…

Notre ex-légionnaire songe à Touzora. Il va en avoir à raconter aux anciens copains ! Il lui semble les voir, en train de boire ses paroles… Et son vieux père, qu’est-il devenu ? Et la maison, avec le « joli coin », comme on appelle l’endroit où trône l’icône, près de la petite veilleuse toujours allumée dans son verre de couleur rouge ? Maison bien pauvre, certes, à côté de celles qu’il a pu voir de par le vaste monde. Mais n’a-t-il pas vu également des cases bien plus misérables ?

La petite place avec ses quelques tilleuls qui sentent si bon quand le printemps bat son plein, l’église orthodoxe de Kalarach qui va lui paraître si minuscule, les jardins, les vignes cultivées d’une façon bien archaïque, les arbres fruitiers des si nombreux vergers, tout danse devant ses yeux une farandole endiablée.

Et les vaches, si calmes… Tiens, à propos, Sacha le laitier, passe-t-il toujours de bon matin d’une isba à l’autre avec sa grosse cruche étamée au bec de laquelle il suspend sa « mesure » de fer-blanc ? Avant d’arriver, Porphyre, tu devras encore traverser des champs de tabac, de betteraves à sucre, des champs de blé aussi et des prairies où les veaux gambadent auprès de leurs mères.

« Mais j’ai bien lu quelque part, pense-t-il, que les troupes roumaines ont occupé le pays en 1918, et qu’alors la Russie soviétique et la Roumanie avaient rompu leurs relations diplomatiques, comme ils disent. Les Alliés ont bien reconnu les faits, pas l’URSS. »

Ses pensées reviennent à Touzora. Il revoit Anna, jeune encore, la femme de Petru, revenant chaque jour que Dieu fait de la source où elle a rempli ses deux énormes seaux qu’elle suspend ensuite chacun à sa chaîne au bout du gros balancier de hêtre. Et il lui faut charrier tout ce poids jusqu’au logis ! L’eau courante, c’est encore un luxe pour Touzora : tout juste s’ils viennent de l’avoir – et encore sans doute pas partout – à Kalarach.

Et il revient à sa situation présente. « Puisque tu seras à nouveau en Roumanie, Porphyre, que viens-tu faire à Odessa, en Russie ? »

Soudain, un brouhaha, une agitation : il doit certainement y avoir du nouveau.

Une délégation vient de monter à bord. Enfin le dénouement. Et nous apprenons tous qu’il est absolument impossible de débarquer, même à Constantza.

La déception est terrible. Si près du but… Est-ce mon Dieu possible ? Il faut, bon gré mal gré, se rendre à la triste évidence. Quelle misère ! Il faut donc repartir pour la France.

Partir pour toujours…

Le retour s’est bien effectué, mais c’est la mort dans l’âme que Porphyre a revu les côtes françaises et le port de Marseille. Il est bien démobilisé et ne sait plus que faire. On lui a offert une place de forestier là-haut, en Lorraine. Il a accepté : que faire d’autre ? Mais il n’a pu s’y habituer. Alors, on lui propose la Camargue. Cela le change, bien sûr, mais c’est décidément intenable, infesté de moustiques. Il en a assez vu en Extrême-Orient. 

François Dedieu, Un "Russe" à Pérignan / Caboujolette, Pages de vie à Fleury II, 2008. 

"... Je le revois dans mes bras, Nicolas
Je l'ai serré sur le cœur dans une salle de départ
Il m'a dit qu'il nous aimait, Maria Ivanovna
Mais nous reparlerons de lui un autre soir
Il m'a dit qu'il nous aimait
Mais parle-moi plutôt de toi
Je suis heureux de te revoir..." 
Michel Delpech / Ce fou de Nicolas / 1974. 

mercredi 6 avril 2022

Un Russe à Pérignan (8) "Le barbare, c'est d'abord celui qui croit à la barbarie." Claude Lévi-Strauss.

Porphyre Pantazi rechigne, depuis petit, à se plier à son destin tout tracé de petit paysan, une survie dans la pauvreté alors que la Bessarabie, après la domination ottomane, est disputée entre les Roumains et les Russes qui la traitent en colonie de peuplement. Engagé dans la Légion Etrangère, il part d'Odessa en 1919 (1)...  

Je reprends en épisodes ce que mon père a écrit sur lui, suite à plusieurs entretiens, ses recherches hors internet et en se basant sur la chronologie attestée de son engagement dans la Légion Etrangère. 

Char_Renault_et_soldats_français_a_Odessa 1919 wikimedia commons auteur inconnu

"... Et ce sera l’Orient de la fin mars jusqu’au 20 mai 1919, puis l’Algérie du 21 mai au 16 août. Le siège du 1er régiment étranger est à Sidi-Bel-Abbès. Quelle chaleur ici ! Et quelle dure vie ! Pourtant, quand on a connu plus dur encore, on apprécie un léger mieux. Et puis surtout ceci : toi, simple soldat, tu peux parler au Capitaine comme je te parle. Mais oui, tu souris, mais c’est la vérité. Il te respecte, le Capitaine. Bien entendu, tu es au garde-à-vous, et lui peut se promener devant toi, les mains derrière le dos. Mais jamais il ne te frappera, jamais la moindre velléité d’un coup de pied… Ah ! mais, pardon, j’ai vu, moi qui vous parle, moi Porphyre, j’ai vu comment on nous traitait dans l’armée du tsar. J’en ai même vu qui étaient abattus comme des chiens, pour avoir répliqué. Ici, nous sommes considérés comme des hommes, pas comme des bêtes. Et cela, tu vois, c’est plus que tout ce qu’on peut imaginer, plus que la nourriture, plus que l’habit même : tu es un homme, et tu en es fier, même si chaque jour ta vie est en danger.

Le 17 août, nous descendons dans les régions sahariennes. C’est donc cela, le SAHARA dont j’avais appris le nom sur la carte, à la vieille école de Kalarach. « SakhAra » qu’il disait, le vieux maître d’école. Et cela faisait toujours songer à « sakhar », le sucre.

Ah ! oui, un drôle de sucre. Il y est, maintenant, Porphyre, dans ce sucre. Les vents brûlants (le sirocco), les tempêtes de sable… Tu as beau mettre le mouchoir sous le képi et dans le col de ta chemise, ça ne pare pas tout ! Et encore et toujours ces opérations militaires. On va à leur rencontre. Le 24 octobre enfin, nous avons fini et retournons à Sidi-Bel-Abbès.

Il s’est inscrit, Porphyre, pour les cours volontaires de français ; ça rentre assez bien, il n’y a pas que des jurons dans cette langue. Ceux-là, les mauvais mots, ont été vite appris, ils se retiennent si vite. Pour faire des phrases, ça c’est une autre paire de manches. Mais l’essentiel n’est-il pas de comprendre et de se faire entendre ? Et tu comprends fort bien, alors quoi ? Et puis, apprendre le français évite quelques corvées toujours peu formatrices. Cela n’empêche pas d’écrire en russe, de temps à autre, une lettre qui part pour Touzora. Son père lui a déjà écrit, plusieurs fois. Souvent les lettres parcourent un vrai périple avant de lui parvenir, mais elles finissent par arriver. Pourvu que ça dure !

Porphyre écrit le russe comme il sait, c’est-à-dire pas mal. A l’entendre, il fait une faute par mot. Ne le croyez pas. Ce qu’il y a, c’est qu’il a conservé l’antique graphie, celle d’avant la réforme de 1917. Il a lu quelque part qu’on avait supprimé quatre lettres. En réalité, deux surtout ont disparu : le iat’, et le signe dur de la fin des mots. Eh bien ! lui ne les supprimera pas : il en a le droit, non ? Cette boucle après la consonne finale de certains noms, ça fait joli. Si elle n’y est pas, il manque quelque chose. Tu vois, c’est un peu comme si en français tu écrivais « tabl » sans le E final (il est muet !), « la ru », « une fill » : de quoi ça a l’air ? Et puis il apprend le français. Va-t’en encore réapprendre le bon russe. Pour tout mélanger ? Non, merci.

Les journées passent, parfois très vite, parfois aussi interminables. Il peut sortir en ville, une grande ville, tiens, un genre de Kichinev en plus petit : cinquante mille habitants, lui a-t-on dit. Ce qui lui plaît, ce sont les cultures maraîchères des environs. Voilà des cultures : immenses ! C’est de la grande exploitation. Que voulais-tu qu’il fasse, papa Pantazi, avec nos tout petits moyens ? Il y a aussi des industries et du commerce. Et puis, entre nous, mieux vaut être ici que sur le « théâtre d’opérations », comme ils te disent..." 

François Dedieu, Un "Russe" à Pérignan / Caboujolette, Pages de vie à Fleury II, 2008. 

Prolongements : 

Comment ne pas faire le lien avec la tragédie actuelle en Ukraine. Qu'a-t-on fait pour détendre les velléités liées aux zones d'influence ? La guerre actuelle nous pousse à faire le rapprochement avec la période hitlérienne et une horreur concrète qu'on a à peine voulu voir, entre temps, en Yougoslavie, en Bosnie, au Kosovo. Une horreur dans laquelle on serait mêlés, de plus près qu'on ne croit, tant géographiquement que moralement, dans le sang de la Syrie, de la Libye, du Yémen, dans notre complaisance aussi à l'égard du Qatar, de l'Arabie... Atteinte de sénilité, l'Europe des démocraties imparfaites (plus encore en France jacobine) donneuses de leçons, continue d'apparaître arrogante à plus de la moitié de la planète. 

Carte postale d'une vue entre 1890 et 1900, éditée originellement par la Detroit Publishing Company en 1905. L'escalier du Potemkine, long de 142 mètres, à Odessa, a été construit de 1834 à 1841. Il a été rendu célèbre par le film Le Cuirassé Potemkine, de Sergei Eisenstein, en 1925. Il y a une inscription: «8935. p.z. - ODESSA. L'ESCALIER RICHELIEU ОДЕССА. РИШЕЛЬЕВСКАЯ ЛЕСТНИЦА» Wikimedia Commons Auteur inconnu. 

Ne nous cachons pas derrière les symboles, les reliquats du temps historique. Au romantisme du grand escalier d'Odessa, servi par le film lié à la mutinerie du cuirassé Potemkine, s'ajoutent les "horreurs" pérennes de la guerre... Janvier 1918, les Bolchéviques transforment en glace ou jettent vivants dans la chaudière 400 officiers du croiseur Almaz. Et hier, BOUTCHA près de Kyiv, en attendant de constater ce qu'ont laissé les Russes en se retirant du nord de l'Ukraine...  

Pas plus tard qu'hier, incidemment, une chaîne alternative a osé, après ce qui s'est passé, montrer l'impressionnant dispositif d'encadrement lors du transfert à Arles (2013 ?) d'Yvan Colonna, jugé pour l'assassinat du préfet Erignac... mazette, si c'était pour le laisser agoniser en prison sous les mains assassines d'un intégriste musulman...  Sur ce, je ne sais plus sur quelle chaîne puisque je suis le seul responsable des parallèles et collages faits ici, je suis resté sidéré par la citation livrée par le journaliste à propos de Claude Lévi-Strauss. Même si je savais de lui que le sauvage était celui qui traitait les autres de sauvages, du philosophe, anthropologue et grand homme des sciences humaines et sociales, son "Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie."... je ne l'ai pas encore digéré.  

(1) en 1919, les Français étaient à Odessa, pour soutenir un temps les armées blanches, tout comme à Mikolaïv, aujourd'hui attaquée par Poutine, dont le chantier naval reste lié au cuirassé Potemkine, tout juste dynamité, à 'époque de Porphyre (avril 1919 à Sébastopol).  

   

mardi 29 mars 2022

"Tiens, voilà du boudin..." Un "RUSSE" à Pérignan (7)

"... Joie du retour, certes, mais quelle vie ! La guerre est passée par là. C’est maintenant la guerre civile qui commence : une misère noire s’installe dans le pays. Quel malheur ! Plus question de manger à sa faim, de demander du travail quelque part. Il faut s’ingénier à subsister dans un climat de haines, de vengeances personnelles perpétuelles, d’instabilité complète. Tristes jours ! Sombre époque ! Et on se plaignait avant !! Cependant, la guerre, cette tuerie interminable, continue toujours. Septembre 1918 : offensive de Franchet d’Esperey en Macédoine, et armistice, le 29, avec la Bulgarie. Les troupes françaises sont à Odessa, cette belle ville modernisée par un Français, le duc de Richelieu (non, pas le Cardinal, « l’autre »…) 

Odessa_downtown Palais de Justice and Pantelimon Church, Odessa, Russia, (i.e., Ukraine) unknown author

Et Porphyre lui aussi est à Odessa, à la recherche d’un travail qui se dérobe, acceptant quelques petites tâches à droite et à gauche pour ne pas mourir de faim. Car on en est arrivé là. Quant aux habits, mieux vaut n’en point parler. 

France_-_Foreign_Legions 1917 - 1918  Author unknown or not provided

Pourtant, certains sont bien habillés, sanglés dans leurs uniformes rutilants, coiffés d’un képi blanc : des Français, dit-on. C’est la Légion ! Eux au moins sont bien nourris. Si la guerre a provoqué beaucoup de morts, eux profitent à présent de la vie. Porphyre va rôder près de leur caserne. Tiens, une affiche écrite en russe : on demande des engagements de jeunes Russes. Ce serait la vie assurée, le gîte et le couvert, l’argent peut-être, l’habit sûrement. Prestige de l’uniforme… Il en parle à des copains. Et si on se renseignait plus amplement ? Les renseignements arrivent : il faut « en prendre » pour cinq ans. Après sept années d’armée !... Mais cette misère, à côté de ce bien-être… La tentation est trop forte. Il n’est pas le seul, oh ! non, ce jour-là ils seront trois cents. Et Porphyre va signer. Deux ou trois jours plus tard, c’eût été impossible : les mères russes ont organisé une pétition pour arrêter cette hémorragie, et la demande vient d’aboutir ; les enrôlements sont suspendus sine die.

Mais Porphyre, lui, a franchi le pas. Le lundi, il se présente à la caserne. Nous sommes le 30 mars 1919 à Odessa. Il a signé. Le sort en est jeté.

Partir encore. 

Son numéro d’incorporation : 44 795. Le voici donc au premier régiment étranger, dans la Légion Etrangère A ceux qui, comme lui, offrent ainsi leurs services à la France, celle-ci ne demande (il l’apprend tout de suite) aucun état civil officiel. Ils peuvent prendre un autre nom. Vous voyez « Pantazi » devenir « Müller » ou « Dupont » ? Et « Porphyre » se changer en « André » ou « Paul » ? Non, l’idée ne l’a même pas effleuré, lorsque le sous-officier qui recueillait les engagements lui a lu, dans un mauvais russe, cette clause inattendue. Il n’a rien à cacher : il garde son nom, son vrai nom. Pour en changer, il doit falloir une raison bien forte.

Le lendemain dans son nouvel uniforme de légionnaire, rassemblement dans la cour. Hier soir, le repas a été bon. Pensez, un morceau de viande ! Voilà bien longtemps qu’il n’avait eu l’occasion de s’en mettre sous la dent. Ce matin, le « jus ». C’était plutôt du café noir, avec un morceau de pain et même une espèce de confiture. Presque le Pérou par les temps qui courent.

Mais il écoute, au garde-à-vous, ce que leur lit, leur crie presque un sergent. Tiens, lui n’a pas du tout d’accent, il est à l’aise dans son russe. « La France vient de vous donner la possibilité d’une vie nouvelle, à condition de respecter le contrat qui désormais vous lie à votre nouveau drapeau, dont la devise est « Honneur et Fidélité ». Les couleurs de la Légion sont le vert et le rouge, et son insigne est la grenade à sept branches. Vous apprendrez à aimer votre nouvelle vie et votre nouveau régiment, qui deviendra pour vous une seconde famille. Tenez-vous prêts pour ce soir seize heures. A dix-sept heures, nous embarquons pour un petit voyage. Rompez les rangs ! »... "

François Dedieu. Caboujolette / Pages de vie à Fleury II / 

Prolongements : 

Du boudin ? comme à la maison, les charcuteries hors de portée, pendues au plafond ? "Tire lui la queue il pondra des oeufs... combien en veux-tu ?" Entre nous, on la chantait cette comptine que je croyais "contine" parce que non sans rapport avec les contes sauf que là c'était pour compter, se familiariser avec les chiffres. 

"Tiens, voilà du boudin..." c'est la chanson des légionnaires et, adieu le petit cochon, le boudin est la couverture enroulée qui fait partie du barda, portée en bandoulière. 

Quant au non moins fameux képi blanc, il n'a fait son apparition officielle lors de la commémoration de Cameron, que le 30 avril 1931. A Odessa c'est le képi rouge (ou bleu ?) que Porphyre a vu sur la tête des permissionnaires en goguette.   

1988 in Odessa Author Bärbel Miemetz




lundi 28 mars 2022

La BALALAIKA de Porphyre (6) Un "Russe" à Pérignan

En ouverture de chacun des chapitres, nous étions convenus d'inviter quelques rimes de chansons, chansons témoins de l'époque, de la saison, de l'épisode exposés...  

«  … Vent de ma plaine,
Va-t'en dire aux autres plaines,
Que le soleil et les étés reviennent
Pour tous ceux qui savent espérer… »

Plaine, ma plaine. Chant traditionnel russe.


Peinture de Guryev Ivan Petrovitch (1875-1943)

"... Non, c’est autrement qu’on a remarqué le simple soldat PANTAZI Porfiri. Un jour, le capitaine le fait appeler. « Tu feras le peloton, Pantazi. Si tout va bien, comme je le crois, tu seras caporal, sergent peut-être. Tu peux disposer. » Est-ce bien le même homme qui, sous ses yeux, vient de frapper si sauvagement d’un coup de pied au ventre un autre soldat que cette douloureuse image mettra longtemps, longtemps à s’estomper ? « Quelle chance, se dit Porphyre, je suis donc du bon côté ».Il y sera encore quand il pourra, lui qui sait à peine écrire, qui n’a jamais appris la moindre note de musique, faire partie de l’orchestre de balalaïkas. Cette espèce de guitare triangulaire lui avait plu d’emblée, et il chantait lui aussi, avec les autres, les soirs de permission, dans les estaminets à bon marché où des serveuses accortes leur apportaient kvas, casse-croûte et tord-boyau.

C’était à plusieurs voix, les filles se mêlaient au chœur, et ceux qui touchaient de la balalaïka comme celui qui jouait de l’accordéon, tous redoublaient de courage.

Un jour, un copain lui apprend à pincer les trois cordes. « Tu as de l’oreille, Porphyre, tu réussiras ». Et le voilà embauché dans le petit orchestre officiel du régiment, d’abord comme remplaçant, puis peu à peu à part entière. Être « dans la musique », c’est une bonne planque dans tous les régiments de toutes les armées du monde.

Ainsi passent les mois, les années : le service est bien long dans l’armée tsariste. Qu’à cela ne tienne. Maintenant il peut voir venir, il pourra arriver au bout. Encore quelques mois, et ce sera la « quille », le retour sans regret, sans doute, à la vie civile. Encore quelques mois… et c’est la guerre, celle que les manuels d’histoire appelleront « La Grande Guerre ».

Après l’attentat de Sarajevo, l’Allemagne entre en conflit avec la Russie le 1er août, avec la France le surlendemain. C’est le tour de l’Autriche le six août. Il faut vite traverser, à pied, l’immense pays jusqu’au front du nord-ouest. Marches forcées bien pénibles. Adieu la musique, plus d’accordéon, plus de balalaïkas. Les Russes passent à l’offensive en Prusse orientale. Hélas ! ils seront arrêtés à Tannenberg dès le 26 août 1914. Porphyre va arriver avec son régiment… pour le repli, qui se continuera en 1915 sur Riga, avant que cette ville elle-même soit prise le 3 septembre 1917. Trois mois plus tard, le 15 décembre, ce sera l’armistice russo-allemand de Brest-Litovsk. La grande révolution d’octobre a eu lieu, elle a réussi. Alors que la guerre continue en France, en Italie, dans les Balkans, les troupes tsaristes, après avoir vu leurs officiers disparaître pour être remplacés par de nouveaux venus acquis au régime communiste, sont peu à peu démobilisées. Porphyre retourne à Odessa. Il y est libéré et retrouve enfin Touzora. Son vieux père, ses sœurs, ses cousins et cousines accueillent à bras ouverts celui qui était soldat depuis près de sept ans..." 

François Dedieu. Caboujolette 2008. 

"... Un jour Lara, quand tournera le vent, 
Un jour Lara, ce sera comme avant..." 
La Chanson de Lara / Les Compagnons de la chanson. 

Robert Guenine (1884 - 1941) Mann_mit_Balalaika wikimedia commons domaine public source photo artnet


jeudi 24 mars 2022

Ukraine de toutes nos craintes...

 

Nouvelles incertaines des fronts : 

* encerclée, Marioupol subit l'anéantissement de Grosny et d'Alep. 

* n'est-ce pas l'armée russe, justement, adepte de l'encerclement, qui se retrouve dans le chaudron aux abords de Kyiv ?  

* Poutine fait donner les barbus intégristes du barbare Khadirov... on dit, on laisse dire que des miliciens tueurs de Syrie pourraient aussi... la poutinerie mobilise aussi des conscrits... 

* Pour fléchir Poutine, l'Occident voudrait faire donner Alina Kabaeva, sa femme cachée avec leurs trois ou quatre enfants, quelque part dans un chalet suisse bien gardé. 

* Il y a aussi des volontaires tchétchènes qui défendent Kyiv. La télé qui montre ce qu'elle veut, ce qu'elle peut, en a montré un hier en train de tirer un sol-air ou un sol-sol, sans casque, à découvert, bien exposé en haut d'une butte... 

* des Iliouchine, des Tupolev ou autres Sukhoi officiels volent vers l'Est, l'Oural, l'Altaï vers des refuges antiatomiques cachés ou alors pour assurer un poste de commandement en haute altitude, à l'abri des radiations. Faire peur, menacer. Du cynisme et aucune moralité chez Vladimir !

* La Russie a fait revenir 500 avions (Boeing, Airbus) des compagnies civiles loués à l'Ouest. Il y en a pour quelques milliards... Pour le moment ils ne les rendront pas... 

* Zelensky se dit prêt à négocier, mettant dans la balance le sort de la Crimée et des républiques sécessionnistes. 

* suite à l'entrevue Lavrov- Kuleba, Erdogan se propose comme médiateur dans le conflit russo-ukrainien. 

* Macron, le "Macha Béranger" d'"Allo Vladimir", ne s'est entretenu qu'une heure avec Poutine (a fait mieux... peut mieux faire).  

* Et pendant ce temps,  les scientifiques annoncent entre 35 et 132 millions en plus de personnes plongées dans "la pauvreté extrême" en 2030. Au rythme où on va, d'ici à 2050, "le sud de l’Asie, le golfe Persique, à savoir l’Iran, l’Oman et le Koweït, ainsi que l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Soudan, l’Éthiopie, la Somalie ou encore le Yémen ne seront plus des terres vivables."... Qu'est-ce que ça peut faire à côté de la testostérone de Vladimir, des couilles molles de l'UE, de notre Macrounet couillu seulement pour les couillons ?  

mardi 22 mars 2022

ET le "RUSSE" de Pérignan par rapport à tout ça ?

 Laissant chacun à sa conscience à propos d'un crétinisme (1) meurtrier terre-à-terre, d'un autre âge, alors que le sort de la planète est en jeu, je veux seulement conjuguer le verbe aimer à propos de ceux qui sont obligés de fuir les bombes, de quitter la partie détruite de la maison pour l'autre bout encore debout où nous nous devons de bien les accueillir. Aux guerres qui ont aussi brassé les peuples, a succédé la liberté de bouger, d'aller chez l'autre pour mieux comprendre qu'il est comme nous, d'autant plus sous le même toit, celui de notre maison (2), qui va de l'Atlantique à l'Oural comme l'espérait de Gaulle, notre grand homme du XXe siècle. 

World_War_II_memorial_near_Leușeni,_Moldova. Domaine public. 

En m'attardant sur la Bessarabie, la Moldavie, la Transnistrie, les emprises latines et slaves qui se superposent, je rêve d'une "Europe Ensemble" avec la Russie... Plutôt que de rabaisser l'URSS anéantie, l'a-t-on proposé à  Gorbatchev, l'homme de la conciliation à l'origine de la réunification de l'Allemagne ? N'était-ce pas un biais pour traiter des tensions séculaires entre la Russie, l'Ukraine, la Roumanie, la Turquie, les Grecs, Tatars, Cosaques et autres Gagaouzes, apaiser  les bisbilles liées aux territoires revendiqués par les uns ou les autres, le liman du Dniestr, le bras nord du Danube avec toujours le gros ours qui fait peur jusqu'à manger les petits ? Et pas que, puisque, dans un jeu mondialisé, l'Europe persiste dans une alliance atlantique archaïque qui nous met sous tutelle de l'autre grand frère qui ne nous veut pas que du bien (3). 

Et le "Russe" de Fleury par rapport à tout ça ? On ne le sait que trop bien : l'Histoire éprouve les peuples et saboule les êtres qui en réchappent... les plus anciens croient revivre la Deuxième Guerre Mondiale. Nos politiques nous replongent dans une barbarie qu'on croyait révolue... Tout comme ils endossèrent le déshonneur de ne pas freiner Hitler, ils ne peuvent pas se targuer de n'avoir pas entretenu un terrain favorable à Poutine... pour le dire diplomatiquement ! 

 Oui, maman, 97 ans, est replongée d'un coup dans les années 40, dans la partie Bohême-Moravie de la Tchécoslovaquie dépecée par Hitler. Oui, nous repensons à papa qui a fui le bombardement de Dresde en 1945. Nul besoin de s'appeler Gary pour se prévaloir d'un destin exceptionnel (4), celui de Pantazi subissant l'Histoire vaut pour tous les anonymes oubliés. 

"... Touzora.

Touzora, petite bourgade de quelques feux, qui dépend de Kalarach, à cinquante verstes de Kichinev, entre les fleuves Prut et Dniester.

Nous sommes en 1891, le 24 février. Le foyer du Grec Pantazi – il est d’origine grecque, mais a épousé une Roumaine, et c’est en roumain qu’on parle à la maison sur cette terre qui appartient pourtant à l’Empire russe –, son foyer donc vient de voir la naissance d’un garçon. A l’église orthodoxe, il recevra le nom de Porphyre : souvenir du philosophe néoplatonicien, ou noblesse de la roche rouge semée de taches blanches ? Prénom grec en tout cas, qui montre que ce paysan pauvre de Touzora songe à la terre de ses aïeux.

 Et la vie va continuer, dans cet ancien pays des princes de Valachie, disputé aux Moldaves, puis aux Russes par les Turcs. Plusieurs fois envahie par les Russes au dix-huitième siècle, cette terre, alors sous la domination turque, avait été cédée en 1812 à la Russie par le traité de Bucarest, rétrocédée en 1856 aux principautés danubiennes par le traité de Paris, réincorporée à la Russie par le traité de Berlin de 1878. Mais la population restait roumaine à soixante pour cent, si le reste était composé de Russes, d’Allemands et de Bulgares. Elle devait redevenir roumaine le 28 octobre 1920 par un traité passé entre la Roumanie et les Alliés, les Russes refusant toutefois de reconnaître cette cession et reprenant la région en 1940.

 Le père Pantazi cultive cette terre féconde en céréales, qui produit un maïs de qualité et un vin fort apprécié. Pour lui, ce sont surtout quelques arbres fruitiers et la vigne. Il travaille dur, ne connaît comme jour de repos sacré que le dimanche, consacré au Seigneur. Toute la famille doit aller à la messe solennelle à Kalarach, à trois kilomètres de Touzora, et à la maison le coin de l’icône est sacré : une branche de laurier l’orne en permanence, ce laurier que la mère de famille a fait bénir à l’église le jour des Rameaux..." 

François Dedieu. 

Călărași-Gară wikimedia commons Author Szabi237


(1)  Poutine s'adressant aux Occidentaux " Vous êtes intelligents, pourquoi nous prenez-vous pour des abrutis ?"... sans commentaire... 

(2) Je ne savais pas qu'un personnage illustre, Mikhail Gorbatchev, parlait, en 1985, de l'Europe en tant que "maison commune" ! 

Quant à la formule "l'Europe de l'Atlantique à l'Oural", les termes exacts de de Gaulle se rapportant à une « solidarité européenne de l’Atlantique à l’Oural », elle se réfère à Vassili Tatichtchev, le géographe de Pierre Le Grand (XVIIIe s.) indiquant, pour justifier la modernisation de Moscou, que sa capitale est bien dans un espace européen de l'Atlantique à l'Oural. 

(3) Brzeziński ne jouait pas que du biniou... Après avoir prédit la réaction de l'URSS en Afghanistan, il a annoncé non sans cynisme, la déstabilisation entretenue de la Russie afin d'écarter un rapprochement avec l'Europe pour que les Etatsuniens nous gardent sous tutelle. 

(4) "Chaque homme est une humanité, une histoire universelle." Jules Michelet. 


dimanche 13 mars 2022

La guerre d'Ukraine doit-elle alarmer le monde entier ?

Ukraine drapeau wikimedia commons flagpicture1-xFpfHq 

Un article sur Hérodote notant une "rupture historique"...  

"... Pour le reste du monde, y compris même les États-Unis, elle demeure un non-événement, si ce n’est par ses possibles répercussions économiques..." 

Guerre d'Ukraine - Notre avenir en questions - Herodote.net 

Réaction n'engageant que son auteur : 

Une "rupture historique", un "sens de l'Histoire", Le retour de l'Histoire ? Il faut être naïf pour user de poncifs... Parce que, d'une part, entretenir une politique de blocs par définition agressive, et de l'autre laisser noyer la Russie dans la décennie 90, a consisté à entretenir le sens de l'Histoire dans ce qu'il a de plus rétrograde et négatif, à persister dans l'héritage le plus nocif du XXe siècle. 

Sinon plus une guerre est lointaine moins elle concerne, relève d'une lapalissade (temps de réaction des USA dans les deux guerres mondiales). Encore faut-il considérer l'écho qu'en donnent les médias, référence faite, si proche de nous, au conflit Serbie, Kosovo, analysé partiellement car partialement. Encore faut-il considérer que les ogives atomiques font partie du mondialisme... 

Le "Méfiez-vous de vos amis" par rapport aux Etatsuniens aurait dû figurer dans le fil rouge peut-être gaulliste d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural : pourquoi n'avoir pas proposé à la Russie et ses satellites proches, une adhésion à l'UE... à l'OTAN, sinon un statut de membre associé, une solidarité de destin ?! 

Isolement ou non de la Russie, l'essentiel n'était-il pas de rompre avec le cycle suicidaire hérité de la seconde guerre mondiale ? 

Le monde entier devrait seulement considérer que l'extinction de l'humanité suite à une "ère" anthropocène aussi débile, insensée que ridicule dans la durée, est pour tout à l'heure et même pour tout de suite si les champignons atomiques sortent comme les morilles !  

La guerre en Ukraine en restera-t-elle au stade de "non-évènement... ""... pour le reste du monde" avec ou sans majuscule...   

mercredi 22 mai 2019

TANT DE MONDE AUTOUR D'UNE BICYCLETTE !

Ne pas tomber dans l'autosatisfaction pompeuse ! 

Non mais quand autour d'une petite bicyclette on a une participation aussi symbolique qu'autour d'un nouveau modèle prétentieusement superfétatoire et hors de prix, issu de l'industrie hégémonique automobile, exposé ostentatoirement, manière de plomber plus encore une planète Terre qui n'en peut mais, à Detroit, Genève, Shangai, New-York, Frankfurt, Tokyo et Los Angeles rien que pour 2019, je me rassérène, nous nous rassérénons d'autant plus en faisant cercle autour du bicycle qu'une aura symbolique flotte pour nous au moins au-dessus de notre hémisphère ! 

Sur ce blog, un peu moins de 60.000 pages lues nous lient. L'informatique aidant, je traduis non sans un sentiment pour vous tous, inconnus mais si présents, le bilan de ce matin. 

Ainsi pour la biciscléto de Fleury, le hubu-hubu de Mayotte, l'aqueduc des Ligures, la magie d'un Golfe du Lion plus clair que ceux de Trénet et plus méditerranéen que jamais, en faveur d'un inventaire à la Prévert, de l'Alaska au pays des Tchouktches à portée mais en passant par la Californie, le Middle-West américain affecté malheureusement par les tornades, les buildings de la grosse pomme, le Portugal, la France, l'Allemagne, l'Ukraine, la Russie de la grande plaine occidentale ou des étendues mythiques de Sibérie, ces lectures semblent répondre aux mesquineries mondialistes, plus d'un occident moins "monde libre" que jadis et trop désireux d'exclure, quitte à infléchir la puissante exaltation historique du peuple russe vers un isolationnisme négatif. 

Trump, Macron, Merkel nous enfoncent vers des lendemains peu enchanteurs ! 

Voilà, c'est l'idée qu'il me faudrait travailler même si mon expression du jour n'est qu'affection et enthousiasme pour les yeux qui ont bien voulu accorder de leur temps à ces 60.000 pages lues jour après jour. 

 Et que cela se cristallisât autour d'une bicyclette, cet engin à l'équilibre magique " ce ne peut être que magnifique ! 

"... Quand on ira sur les chemins..." chantait Yves Montand... amoureux de Paulette mais que seraient ces amourettes sans la vraie vedette de la chanson, la bicyclette ?   

 https://www.youtube.com/watch?v=eoHjQs6C4UY      

"La petite reine"... un surnom qui lui va si bien, et porteur d'un art de vivre certain...
    



samedi 9 mars 2019

LA SITUATION HISTORIQUE DES PAYSANS EN ESPAGNE.

Seulement des éléments de réflexion, des matériaux glanés surtout grâce au Net. Seulement le désir d'avancer dans cette réflexion surtout parce que son objet reste d'actualité.

1975. Vendanges dans les Corbières / Fonds André Cros/ Archives municipales de Toulouse.
Dans les années 60, par les vendangeurs venus d'Espagne et par les émigrés espagnols installés en Languedoc et plus particulièrement dans mon village dans les vignes, Fleury, une image avait filtré, me rendant concrète alors l'exploitation des pauvres par les riches. En corollaire, il y a aussi ce camarade de classe à Pézenas, André de son prénom mais je ne suis pas sûr, il habitait Castelnau-de-Guers. Tous les professeurs dont mon père qui me le citait presque pieusement en exemple, avaient beaucoup d'estime pour cet excellent élève dont les parents ne parlaient qu'espagnol. L'image qui me faisait plus d'effet que l'historique réalité de l'esclavage, était celle d'un propriétaire terrien passant en revue les journaliers réunis à l'aube sur la place du village. L'important personnage choisissait du geste qui aurait ou non droit au travail pour nourrir la famille... Marcher des heures parfois pour rejoindre le lieu d'une hypothétique embauche et, dans le meilleur des cas, repartir à la nuit vers son pauvre logis... 

Nous avons comme exemple l'abolition du servage en Russie en 1861 par le tsar Alexandre II préférant anticiper des ferments de révolte. Un geste fort mais bien trop insuffisant dans une société d'opprimés menés par une caste privilégiée. Un déséquilibre entretenu ne pouvant mener qu'à une rupture violente marquée par des révolutions dont celle, en Russie, durement réprimée, de 1905 et celle, réussie, de 1917. 

Parfois nous focalisons sur une situation sociale lointaine sans voir à nos portes des inégalités aussi criantes et inhumaines. Historiquement, la situation des paysans en Espagne fut aussi abominable qu'en Russie mais peut-être, de la part d'un bord qui se dit démocratique et libre, il est plus spontané de dénoncer la dictature rouge bolchévique qui en résulta, qu'une conséquence brune et fascisante sinon des inégalités qui perdurent quand la noblesse continue de posséder la terre, ce qui est encore le cas dans la plaine andalouse, puisqu'il s'agit du cadre de notre propos. 

L'esclavage est aussi normal que général chez les Grecs, les Romains. A leur suite, et en pointant du doigt la Méditerranée Occidentale, qu'en était-il chez les Wisigoths, ce peuple qui après avoir pillé Rome (410) resta maître de l'Espagne (1) jusqu'à la conquête berbère (711) ?

Voyage en Espagne (Théophile Gautier) Illustration de Gustave Doré.

Une minorité de riches accumulant toujours plus de richesses a besoin d'esclaves toujours en plus grand nombre (Code de Recceswinth / vers 650). Les propriétaires qui sont tenus de participer aux guerres doivent engager avec eux au moins un dixième de leurs esclaves (loi du Fuero Juzgo / 1241 / resté en vigueur encore fin XIXème). En échange les rois donnaient des terres que le vassal n'avait pas le droit de vendre. Par ailleurs, ces vassaux cédaient aussi des terres en échange d'une rente... le bien pouvait être repris en cas de cessation de paiement et sans que l'on tienne compte des sommes déjà versées... une procédure toujours d'actualité me semble-t-il... En regard de tous les codes et lois qui se succèdent (Fueros), la défense du droit de propriété reste essentielle. 


(1) les Romains leur concédèrent l'Aquitaine. Toulouse fut leur capitale. Après leur défaite contre Clovis (Vouillé 507) ils ne gardèrent que la Septimanie (Languedoc) au Nord de leur royaume (capitale Tolède).

vendredi 15 avril 2016

CAVANNA ET LES PEUPLES / mémoire de l'Europe


Le nom de François Cavanna (1923 - 2014) reste lié à Charlie Hebdo et aussi à Hara-Kiri, le journal « bête et méchant » des années 60 - 70. L’auteur gagne néanmoins à être connu pour le témoignage, à travers sa vie, sur le siècle passé.
Ainsi, ce qui pourrait n’être, de sa part, qu’une posture politique contestataire, prend une tournure autrement humaniste et philosophique. Ses écrits autobiographiques, en effet, apportent un éclairage instructif sur un sens commun, une intelligence humaine idéalisés et pourtant loin de transcender les instincts d’êtres régis surtout par l’extraction animale qui est la leur.
C’est pour le moins ce qui marque, lorsque, à l’occasion du grand brassage causé par la Seconde Guerre Mondiale, Cavanna, alors déporté du travail en Allemagne, nous livre, dans les RUSSKOFFS (Belfond 1979), sur fond de jeunesse, d’amour et de soif de vie, un instantané des visions et constats primaires de nationaux vis à vis d’autres peuples.
Verra-t-on, avec le temps, l’acquis influer toujours plus sur l’inné ? Doit-on en rester à un réalisme essentiellement pessimiste exprimant que la nature de l’homme ne peut être que ce qu’elle est ? Peut-on estimer raisonnablement que les mentalités peuvent évoluer du tout au tout ?
En plus de l’intérêt personnel que je porte à cette période particulièrement destructrice mais qui fit que mes parents se rencontrèrent à Dresde et que la suite fut plus heureuse pour eux que pour Cavanna et Maria, comme tous ceux qui veulent y croire, ces questions de fond, bien sûr, je me les pose...

pages 120 à 123 édition Livre de Poche 1981, extraits :
« Pour la plupart des Français, ici (à Berlin dans l’Allemagne de Hitler note JFD), les Russes, c’est de la merde. En toute innocence. Ça va de soi, quoi. Comme un colon considérant un bougnoule. Même pas par anticommunisme. Au contraire, cet aspect de la chose les leur rendrait plutôt sympathiques.../... Alors que les Belges, leur défiance du Russe tient essentiellement au diable bolchévique qu’il cache sous la peau.
Les Français on ne peut pas dire qu’ils n’aiment pas les Russes, ils ne les aiment ni ne les désaiment, ils n’aiment personne. Quel peuple économe de ses emballements ! .../... Au premier contact, traitent les Russes de haut, condescendants, amusés-méprisants, comme ils traitent le Sidi qui vend des tapis à la terrasse des cafés. Ces yeux braqués d’enfants curieux de tout, ces sourires grand offerts qui quêtent ton sourire et volent au devant de lui, cette amitié toujours prête à croire à l’amitié, cette terrible misère qui cherche quelle babiole t’offrir pour matérialiser l’amitié, cette violence dans le rire et les larmes, cette gentillesse, cette patience, cette ferveur, tout ça, les Français passent à côté... ».
D’après Cavanna, les Français feraient un peu comme les Allemands « ... sauf que les Allemands, eux, ils le font exprès, ils savent pourquoi. » Ils dénigrent les traits physiques, la façon de s’habiller, les traitent de « race à la traîne, pas des gens comme nous, quoi ! », les pensent encore au Moyen-Âge. S’ils en veulent aux Allemands « Les Boches, bon, c’est des sales cons...» ce n’est pas sans accointances « entre gens civilisés ».
«... Vis à vis des Russkoffs, les Français se voient dans le même camp que les Chleuhs : le camp des seigneurs.
J’ai l’habitude. Le Français méprise d’un bloc tout ce qui est rital. Le Rital du nord méprise le Rital du Sud et se sent, du coup, quelqu’un d’un peu, si j’ose dire, français...
Le Polonais aussi est méprisé mais déjà nettement moins que le Russe. Le Polonais hait le Russe d’une haine dévorante. Il en est, en retour haï d’une haine condescendante. Il hait aussi l’Allemand, le Polonais, d’une haine ardente mais pleine de déférence. L’Allemand hait le Polonais d’une haine somptueusement teutonique. Eux.../... détestent tout le monde et par-dessus tout les juifs... /... Ah si tiens, ils aiment la France... Les malheureux ! Dis "Napoléon" à un Polonais, il se met au garde-à-vous... /...
Les Tchèques aussi aiment la France. Mais d’une façon plus distinguée, plus culturelle. Nous on a mauvaise conscience. Munich, n’est-ce pas... On finit toujours par évoquer Munich. Alors le Tchèque te regarde et ses yeux te disent : « Tu m’as fait ça, ami. Tu m’as trahi. Mais ça ne fait rien, ami, je t’aime ». La France quoi qu’elle fasse, elle reste la France. C’est ça l’avantage d’être la France...  »

C’est direct, brut de décoffrage. C’est du Cavanna. Faut lui passer les gros mots. Sous des dehors excessifs, lui et ceux de son genre cachent une grande sensibilité. Dans « LES RUSSKOFFS », en dépit de la guerre, il y a aussi, sur ses « calepins crasseux », un amour indéfectible pour les langues avec une faveur pour le russe que parle la femme qu’il aime.
Bien plus tard, celui qui n’aura de cesse de fustiger les réformateurs de l’orthographe s’arrogeant le droit de saper une langue millénaire pour «... des gens qui ne lisent pas, qui liront de moins en moins, qui n’écriront pas davantage. On la fait pour ceux qui ne s’en serviront pas...», écrira «MIGNONNE, ALLONS VOIR SI LA ROSE », un éloge de notre langue sur plus de deux-cents pages... 


Je relis LES RUSSKOFFS, tous les soirs à 17h 30, au téléphone, pour mes vieux parents aux yeux fatigués, à 9000 kilomètres de moi et ils prolongent souvent avec ces souvenirs qui les ont secoués et une émotion qui nous remue toujours.
Merci Cavanna ! Merci François !   

Photos autorisées 1. commons wikimedia auteur supposé Virginiev. 
2. google images / youtube.