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mardi 16 août 2022

DU CONFLENT au MASSIF DE L'ARIZE


Le Train Jaune, la route qui monte vers Mont-Louis, toujours Vauban ; le Capcir des premières descentes à ski aux Angles, piste verte ; les débuts de l’Aude, là-haut dans la montagne, qui, suite au Capcir, nous parle de petits pays attachants : le Donezan, Querigut, Le Pla et une main de villages rapprochés nous laissant croire que le plateau n’est pas morose, un pays audois en pratique puisque coupé de son entité administrative ariégeoise par le Port de Pailhères à plus de deux-mille mètres d’altitude.


La Cerdagne de Gastibelza l’homme à la carabine» (Brassens), Bourg-Madame, Puigcerda en Espagne voisine, le destin historique de l’enclave étrangère de Llivia alors que les villages voisins sont devenus français.

Plus haut, par des cols escarpés dans la rocaille, l’Andorre, l’exotisme, le particularisme encore, l’attraction de ce qui nous est étranger.

Ax-les-Thermes, l’embouteillage historique, pas d’une eau minérale mais celui de la descente automobile d’Andorre d’avant la voie d’évitement, ses eaux chaudes, le téléphérique vers Bonascre et le ski. Les vallées de l’Ariège, de l’Oriège, des chercheurs d’or. La vallée d’Orlu, un nom de montagne qu’on n’oublie pas : la Couillade des Bourriques. Sorgeat, un petit village sur la route du col du Chioula, à la mémoire gardée vivante par ceux qui ont à cœur de ne pas l’enterrer (ils ont même gardé un sermon de curé pas piqué des vers !).

Côté soulane la mine de talc de Tremouns, de l’autre, la beauté sauvage du Plateau de Beille ; entre les deux, au fond la vallée glaciaire où la circulation est dense, surtout le week-end, vers et au retour d’Andorre.

Les Cabannes, Tarascon-sur-Ariège, sa race de moutons peut-être liée aux foires de mai et septembre. A proximité, la grotte de Lombrives où cinq-cents hérétiques furent emmurés vivants par l’inquisiteur et futur pape benoît XII (1328), celle de Niaux renfermant des peintures de bisons, de chevaux et d’autres bêtes encore, sur les parois, celle de la Vache, elle, habitée (harpons, os et bois d’animaux sculptés)...

Plus bas dans la vallée, Foix et son château qui n’apporte pas grand chose sinon un certain cachet à la plus petite préfecture de France. On pourrait l’associer à Gaston Fébus, comte de Foix... on lui devrait « Se Canto », la chanson avec les Pyrénées empêchant de voir l’aimée, devenue hymne occitan.

L’Ariège des vallées montagneuses, au-dessus de l’Arize, Montagagne justement, le village perdu d’où descendent mes ancêtres, une histoire de malnutrition sinon de ventres creux, de «Demoiselles» en guerre contre l’autorité oppressive interdisant les forêts aux défavorisés. Mon patronyme y est commun, de la plaine aux Pyrénées ariégeoises, Couserans du Salat et de ses affluents, ses cascades, cirques et sommets, fromages, myrtilles, traces d’ours et de néo-ruraux.   

Montagnes occitanes avec plus à l’ouest la langue mise à l’honneur par Nadau, si fédérateur d’une identité occitane... La Haute-Garonne se résumera peut-être à une boîte de camembert Mariotte puisque, la faim qui vient en mangeant peut se prolonger en fringale de géographie. 

le cousin Baptiste 1968

Retrouvons la rivière, la plaine fertile le long de l’Ariège, le cousin Baptiste dans la plaine de Pamiers... C’est surtout le rugby, avec ses phases finales du championnat de France, qui m’a rendu boulimique de ces contrées lointaines : mes premières pommes dauphine au restaurant (Varilhes), mes premières vaches puisque à l’instar du camembert Mariotte, nos yaourts en pots de verre venaient de Rieucros.   

Et tous ces petits pays entre l’Ariège et l’Aude, la vallée de l’Hers en gros, le Pays d’Olmes, Montségur des Cathares,

Lavelanet du jais, de l’osier, de la corne, des laines, des noisettes et du gardien chauve de l’équipe nationale championne du monde, le Quercorbès, la Piège, le Razès (les amandiers en fleur d’Achille Laugé à Cailhau), la Malepère, toute une mosaïque de petits pays aux noms et à l’existence méconnus. 

dimanche 13 février 2022

AMANDIER ROSE, AMANDIER BLANC (1).

7 février 2022.

L'autre jour, c'est Laeti ma nebeude qui m'a fait le plaisir d'en épingler un, même vite fait, en rentrant du boulot... Aujourd'hui, enfin, grâce à Véro et aux sorties de son groupe, des amandiers de 2022. 
 
21 janvier 2022.

 Heureusement que Loulou, le copain d'enfance, avait, avec quelques pétales éclos dès le 12 janvier, sauvé l'honneur des amandiers ! Sinon, je commençais à désespérer. Pas vous ? 
 
Bon, Midi-Libre a marqué l'événement avec un exemplaire du côté de Minerve, pris le 5 février... Bon, le commentaire ne mérite pas une bonne note mais on ira jusqu'à "passable" vu qu'ils sont gentils de laisser voir l'arbre même si on continue sans accepter (à propos des couquies... cokkies... pardonnez l'orthographe). 
 
Celui d'Aurore, du côté de Gruissan (3 mars 2018).

Un de ceux de Pierrot, en 2016.


24 février 2019 : un de ceux de Fabien. 

Celui de Martine au pied de l'Alaric (2018).

Même Guy, poète de l’éternel (c’est pour la rime) trop pris par le temporel, a noté :
« Les amandiers sont en fleur depuis une semaine et les premières asperges sauvages ont fait leur apparition… Janvier a été très doux pour les Pérignanais. » (fin janvier 2018)
En prime, l’orthographe « en fleur » nous offre la floraison absolue de milliers de fleurs au grand bonheur des abeilles… 
 
Sur un talus aux herbes folles, celui de Monique la Gardoise.

 
 

samedi 13 mars 2021

LE VIN BOURRU de J.-C. Carrière / lecture à quatre z'yeux


Quarante kilomètres à vol d'étourneau entre Colombières, le village de Jean-Claude Carrière et Fleury-d'Aude, entre le pied du Massif Central et le rivage méditerranéen. Peu de distance mais une géographie très contrastée et pourtant une vie commune où chacun peut se reconnaître, retrouver le souffle vital légué par les aïeux, supputer la pression latente d'un jacobinisme nordiste sur un Sud qui veut vivre... 

Au fil des pages, quelques thèmes partagés, estampillés "Languedoc".

LE VENT. 12 mars 2021. 4 heures du matin : 10° avec le marin, de la douceur mais il ne fera pas plus de 13 degrés cet après-midi puisque le vent va tourner au nord-ouest.  Ah, en parles-tu du vent ? Oui : "le pays est [...] froid l'hiver à cause du vent du Nord qui descend en sifflant du massif..."
 C'est vrai que nous aussi avions l'habitude de dire "vent du Nord" pour un air pourtant venu d'ailleurs. Mais tout comme nous, tu ne mentionnes pas la tramontane. 
Suivi : finalement le vent hésite entre sud-ouest et nord-ouest, dans le premier cas ce serait  "labech" et est-ce que le proverbe trouvera à justifier demain "labech tardièr, cers matinièr" ? (labèch du soir, cers du matin).

LA MER. A t'entendre il te tardait de dépasser ton monde fermé, encaissé entre "... Le Caroux, haut bastion escarpé qu'on qualifie d'imposant et de pittoresque..." et au sud la chaîne basse et arrondie de Sauvagnère. Pourtant, par le versant raide du Caroux, une fois en haut sur le plateau, on voit la mer. 
A Fleury, vers 1930, à l'époque de ta naissance, il s'en trouvait toujours une paire, à l'école, qui n'avaient jamais vu la mer. Alors le maître les emmenait un jeudi sur les hauteurs de la Clape et deux mille mètres plus loin, près le Pech de la Bado, vers 160 mètres d'altitude, on la voit la mer, plein Est, à six kilomètres à peine. 
Note : depuis les coteaux au sud-ouest (Fontlaurier, le Phare) ou ouest (le château d'eau), on la voit la mer. Au-delà de l'étang de Vendres, on reconnait l'immeuble de Valras.   
 
ane-sang-et-or nanou.over-blog.org

LES GAVACHES. Déjà, pour situer Colombières tu ajoutes :
 
"Juste un mot sur les gavaches (prononcer gabatchs). Ils vivent au nord, dans les régions froides et peu civilisées des montagnes centrales. Ils parlent patois et ne sont bons qu'à faire brouter les vaches. A certaines saisons ils descendent dans les terrains méridionaux comme travailleurs périodiques. C'est l'occasion pour nous de voir comme ils sont frustes et ignorants. Le gavache est la référence barbare..."

Et nous Audois qui sommes les Gabaches en chef des Catalans (1) eux-mêmes Gabaches de qui déjà ? Des Catalans d'Espagne ? Des Espagnols non catalans ? Le mot aurait un rapport avec le goitre dû à une carence en iode chez les montagnards de France partis faire les moissons de l'autre côté des Pyrénées dans une Espagne bien plus verte qu'aujourd'hui (les migrations ne se font pas en sens unique !), et ce depuis 1530 ! L'espèce humaine étant d'une nature douce et non agressive, goitre et crétin devinrent synonymes.   
Si les Mexicains ont eu dit (ou disent encore ?) "gabacho" en parlant d'Européens ou de Yankees, un affairisme historique met au second plan le côté péjoratif du terme lorsque, à la frontière du Roussillon, terre aragonaise durant quatre siècles, une interprétation plus apaisée vient traduire le traditionnel "Catala bourou, Gabach  porc !"(2), à savoir que sur la frontière où avaient lieu les échanges, les uns proposaient des ânes réputés, les autres des cochons ! 
Et nous, du Bas-Pays, nous disions plutôt "mountagnols" que gabaches...  

Cochon_recueilli_par_le_Refuge_GroinGroin wikimedia commons Photo_de_L214_-_Éthique_&_animaux

Encore les interconnexions entre l'Occitanie, l'Espagne, le Mexique ! 

(1) nomment-ils ainsi les Occitans du nord du département des Pyrénées Orientales (Fenouillèdes notamment) ?
(2) Catalan tu es un âne, Gabach tu es un porc. 


dimanche 7 juin 2020

MARCEL SCIPION, Le Clos du Roi.


Un Clos dit "du Roi", un vallon où emmener les moutons l'été à transhumer. Faire son pain mais pas pour rigoler (50 kilos de farine, 15 jours de miches pour la dizaine de personnes d'une famille élargie), faire ses patates, ses choux, son miel, sa médecine même avec les limites qu'on sait, son vin, distiller son marc en fraude, braconner les sangliers, le lièvre les nuits glacées de pleine lune malgré les gendarmes... Et tout ça conté presque au coin du feu... Oh c'est rustique, presque un cliché pour citadin mal à l'aise, rêvant d'un retour impossible à la nature... 

Pourtant cette prise de conscience ne date pas d'hier. Il y a bien 50 ans qu'elle s'est formée. Une extravagance de nantis au début mais qui petit à petit devient une obligation sans quoi nous allons à la catastrophe de plus en plus annoncée. De timide, le changement de cap devrait se préciser avec moins de bagnole, moins de produits, finie l'obsolescence programmée, des circuits courts et le bonheur de manger ce que donne un jardin sain... On ne parle de sa vie que parce qu'il y a eu rupture ; Marcel Scipion et bien des auteurs bêtement traités de régionalistes ont pris conscience de la mise en danger du planétaire, de l'universel, déjà avant 1980.  

Mais l'homme ne vit pas que de nourriture terrestre. Aussi au risque de passer pour un ethnocentré (je m'en fous c'est moins grave que le nombrilisme jacobin), je me laisse aller à apprécier notre penchant méditerranéen. Le littoral oui mais l'arrière-pays surtout, qui aborde vite l'altitude, chez nous, Corbières, Pyrénées, Montagne Noire, Espinouse, Cévennes, Monts de Vaucluse, Préalpes de Digne ou de Castellane avec une végétation qui rompt avec les garrigues et maquis. 

Gabachs ou gavots, partout des montagnards de quand la montagne était belle. Et ces mots, cette langue qui se doit de résister tant qu'une domination d'un autre âge n'a de cesse que de l'effacer pour ne pas qu'il soit dit qu'elle a été soumise... 
"Dijous ma finestro i a un ametlièr que fa de flours blancos coumo de papièr"... 
Et ce n'est pas parce qu'entre la science, le réchauffement climatique et l'épuisement des nappes phréatiques, l'amandier pousse plus au nord qu'il en a perdu pour autant sa portée symbolique.  


mercredi 3 juin 2020

CHEMIN FAISANT / Jacques Lacarrière

"Chemin faisant", encore un de ces livres qui font en vous leur petit bonhomme de chemin et vous marquent pour longtemps.

" Rien ne me paraît plus nécessaire aujourd'hui que de découvrir ou redécouvrir nos paysages et nos villages en prenant le temps de le faire. Savoir retrouver les saisons, les aubes et les crépuscules, l'amitié des animaux et même des insectes, le regard d'un inconnu qui vous reconnaît sur le seuil de son rêve. La marche seule permet cela. Cheminer, musarder, s'arrêter où l'on veut, écouter, attendre, observer. Alors, chaque jour est différent du précédent, comme l'est chaque visage, chaque chemin.

" Ce livre n'est pas un guide pédestre de la France, mais une invitation au vrai voyage, le journal d'un errant heureux, des Vosges jusqu'aux Corbières, au cœur d'un temps retrouvé. Car marcher, c'est aussi rencontrer d'autres personnes et réapprendre une autre façon de vivre. C'est découvrir notre histoire sur le grand portulan des chemins. Je ne souhaite rien d'autre, par ce livre, que de redonner le goût des herbes et des sentiers, le besoin de musarder dans l'imprévu, pour retrouver nos racines perdues dans le grand message des horizons. "
Jacques Lacarrière. 

Il y a des livres qui vous font signe : ceux qui, vendus au poids, affranchis de la condamnation au pilon, celui de Vincenot sur le rail évoqué hier, d'autres, qui échouent dans des magasins d'occasion, abandonnés pour diverses raisons. Ceux-là pour moi sont comme ces petits chiens des refuges qui viennent spontanément à vous. Celui-ci s'appelle "Chemin Faisant", le genre de nom à me faire craquer. Je l'ai adopté. Un vrai petit bonheur qui, depuis les Vosges, m'a entraîné vers le Midi et son protecteur. L'auteur, sensible au feu chaleureux des Sud, relève parmi ses sensations celle qui fait passer des terres du Nord à l'Occitanie. Du petit lait pour moi, même sur une île au lait de coco... Quel dépaysement ! Et ce grand saut dans la plaine à partir du Causse du Larzac ! Les villages sous les eaux du Salagou... les hippies, les chasseurs, le Minervois, les viticulteurs contre le vin d'Algérie... Et oui, les années 70... 

Mais celui qui finit en sa compagnie avec les bleus de la mer, du ciel, les falaises de Leucate à la blancheur grecque (Lacarrière était particulièrement attaché à cet éclat hellène sur toute la Méditerranée), ne peut que ressentir un vent d'éternité aussi intemporel qu'universel... être porté par un sentiment de destinée commune à travers l'Histoire. Ceux qui marchent vers la nature et les autres, pas seulement pour Compostelle, comme nos aïeux le faisaient par force il y a encore un siècle, le ressentent mieux encore sous la plante des pieds.  

     

jeudi 19 décembre 2019

NADAL, NADALET, NADAU... NOËL OCCITAN (suite & fin) / Pyrénées, Piémont, Espagne, France, Val d'Aran...


Val Varaita, une des vallées occitanes du Piémont, Wikimedia Commons Author Luca Bergamasco /  La comunità montana a toujours eu un intérêt particulier pour la sauvegarde de la langue et des traditions occitanes.

La chanson, "La Piémontaise", est de 1705, Louis XIV mène une énième guerre, celle de la succession d'Espagne... Nadau aurait pu chanter "les Piémontaises", d'autant plus que les vallées cisalpines sont italiennes avec une particularité cependant puisqu’on y parle toujours l'occitan ! Oublions les approximations, tout le monde n'a pas l’esprit fouineur, l'impression globale est trop belle, trop forte, le souffle du Sud trop rare ! 

Signature Fébus 2 janvier 1360 Wikimedia Commons Auteur Gaston III de Foix-Béarn.


De 1705, on remonte aux années 1300 avec "Se Canto". Comment ne pas rapprocher, en effet, Joan de Nadau, troubadour de maintenant, d'un autre émissaire du Sud, Gaston Febus (et pas Phoebus puisque le "ph" n'existe pas en occitan... je me fourvoie toujours sur un dico français...) qui aurait écrit "Se Canto", un chant désormais devenu hymne par la faute de ces foutus Jacobins contreproductifs à l'esprit borné. Les paroles ont en commun l'amour perdu car trop fragile sinon souvent déprécié car assimilé au quotidien, au train-train, à la monotonie des choses quand on ne veut pas réaliser que chacune d'elles est déjà un petit bonheur.     


"... Aquelos mountanhos          Ces montagnes 
Que tan nautos soun                 Qui si hautes sont
M'empachoun de veïre             M'empêchent de voir
Mas amours ant soun..."           Où mes amours sont

Je m'égare, Gaston avait répudié Agnès son épouse et ne pouvait donc que s'en mordre les doigts. Elle est de l'autre côté des Pyrénées, en Espagne. L'Espagne, Joan de Nadau en parle, obligatoirement, comme d'une réalité fuyante, évanescente comme le vent "... Le printemps qui vient d'Espagne fait pleurer la montagne... " (Saussat / Nadau).

https://www.youtube.com/watch?v=J1k04LGD--g (Saussat)
Commune de Balaguères, village de Balagué ou a été tourné le film "Le Retour de Martin Guerre". Wikimedia Commons Author Olybrius.
Avec l'amour, la guerre, le soldat. Celui encore lié aux temps anciens et aux Pyrénées, volontaire ou forcé. Est-il revenu du Piémont comme revint Martin Guerre, paysan d'Artigat (Ariège), douze ans après, alors que son épouse vit avec Arnaud qui, usurpant l'identité du mari, lui a même fait des enfants ? (années 1550). Ni hasard ni coïncidence, seulement synchronicité, le scénariste du film "Le retour de Martin Guerre" est Jean-Claude Carrière, un homme de culture que j'ai aimé, que j'aime encore même si la parisianisme qui lui a gâté le cœur, me fait peine. Carrière enfant de Colombières-sur-Orb, était bilingue et parlait occitan.

Comme Nadau avec "Lo dia, Maria, qui s'a minjat la nueit", Le jour, Marie, s'est mangé la nuit, Carrière a su témoigner d'un ménage de la montagne en face, presque au même moment, dans la nuit :
 
« … Fasen un traouc a la nèit, la fenno, per veïre si dema i fa journ. »
« Faisons un trou à la nuit, la femme, pour voir si demain il fait jour »

Gravure de Flammarion ou "du pélerin" Author Heikenwaelder Hugo, Austria. 
Enfin, à travers le répertoire de Los de Nadau, est-ce un hasard si plus de sept-cents ans ont été survolés ? une coïncidence si l'Occitanie a été parcourue, du Piémont en Italie aux Pyrénées qui comptent tant ? Dans nos montagnes,  il y a le Val d'Aran en Espagne mais géographiquement tourné vers le Nord, la direction que prend la Garonne, obligée qu'elle est par des sommets à plus de 3000, des cols à plus de 2000 mètres jusqu'à ce qu'un tunnel soit creusé vers le Sud en 1948. Le Val-d'Aran, unique entité politique où l'Occitan est langue officielle ! Nadau a des attaches dans le Val. Il a donné un concert à Vielha !   

Val d'Aran Commons Wikimedia Author Wela49

Bossost Val d'Aran, au pied du col du Portillon. Wikipedia, Auteur Nickj.

Hier je ne sais toujours pas pourquoi j'ai tapé Nadau. Un instinct, le sixième sens sans doute ou alors je savais trop bien qu'avec un clic magique, en écoutant "Mon dieu que j'en suis à mon aise" (il faudrait un petit article rien que pour cette chanson !), comme avec une femme, référence à Rimbaud (Sensation), je pouvais atteindre ces hauteurs pures de rocs, de glaciers et de lacs d'altitude en regardant le Saussat, comme Joan de Nadau... Pour me ressourcer, reprendre les forces, pour résister à ces puissances politiques mâtinées de haute finance qui ne pensent qu'à dominer pour exploiter. On ne peut vivre béatement d'amour et d'eau fraîche. Comme pour une femme l'amour donne le courage de se battre. Même Nadau évoque, serait-ce à petites touches, les Croquants ou les Demoiselles du Couserans, les paysans accablés de taxes ! L'esprit de résistance ne peut qu'amener un mieux  les mouvements sociaux doivent aller au bout... Jean-Claude des châtaignes et du vin bourru, c'est pas bien d'être pour les Versaillais au prétexte que les révoltes peuvent amener pire... 

"... Ah qu'il vienne enfin le temps des cerises [...] avant que j'aie dû boucler mes valises et qu'on m'ait poussé dans le dernier train..." Les Cerisiers, Jean Ferrat. 

Croix occitane.

dimanche 30 juin 2019

JEAN MOULIN, un bâillon sur le racisme jacobin...

Contre le racisme congénital de la France du Nord moquant le Midi et pire encore, diffamant sans retenue le soldat de 14 quand il était de racine occitane, catalane ou corse, comme une claque aux Gervais, Clémenceau et consorts... 

Auguste Gervais, sénateur accuse "l'aimable Provence" de lâcheté. Les journaux du Midi le taxeront de "honte du sénat et fumier de la presse". 

Georges Clémenceau : "On connaît la nature impressionnable des Méridionaux [...] Qu'on les encadre et qu'on le mène au plus fort du feu pour leur donner, sans retard, la chance de réparation à laquelle leur passé leur donne droit...". "Le tigre", Clémenceau, ce Vendéen député puis sénateur du Var ?!?! Celui-là même qui convoquant la presse, après lui avoir fait l'aumône d'un billet de train avait démoli Marcellin Albert, le cafetier d'Argeliers porteur de la révolte des vignerons de 1907... La sympathie paternaliste de son chapeau ramolli sur sa grosse moustache cachent mal ses côtés obscurs... 

 "À l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la mort de Jean Moulin, le CIRDOC-Mediatèca occitana, situé sur la même place que sa maison natale, avait proposé un éclairage sur un aspect méconnu de la jeunesse du grand héros de la Résistance...

https://occitanica.eu/items/show/3079?fbclid=IwAR02ets1cE3Yx6GfIbG33ADPUZTKsmTuq_GdyK2JCCm6kMTk1QliQYOlmxQ#lg=3&slide=0


Alors la France, toujours honte de tes ascendances latines ?

jeudi 7 février 2019

L'AMANDIER / Terres du Sud.


Cette fois, ça y est, des échos viennent du pays, par mami et Laeti, pour me dire que le messager s'est annoncé, non dans un nuage de poussière mais par "un essaim de papillons blancs"...  

Ma « cueillette » de l'an passé mais intemporelle : 

« O vieux amandiers du pays,
Je vous aime et je vous vénère
Couverts de fleurs ou de glaçons,
Vous, dont plus d'un est centenaire,
Vous qui restez quand nous passons […]

Amandiers que l'Autan, dans sa rage jalouse,
Plume, pour étoiler les prés ou la pelouse
D'un essaim de papillons blancs… »

Pierre Marfaing Poèmes d’Ariège, 10 francs, FOIX Typographie Pomiès, Fra & Cie successeurs, 1930 (sur le site de Sorgeat décidément très vivace ! http://sorgeat.free.fr/mem.php). 


Le mont Canigou depuis le Barcarès author Leguy French Wikipedia.

Pyrénées Depuis les orgues d'Ille-sur-Têt, le Mont Canigou author Babsy
Ce piémont ariégeois fermé au midi par la superbe barrière enneigée des Pyrénées, une vision depuis le Pédaguès et l'Aganaguès, au-delà du Plantaurel et du Massif de l'Arize, belle et vive comme une truite, où on se prend à fredonner l'air de Gaston Fébus, SE CANTO, QUE CANTO, fédérateur de l'âme occitane : 

"... Dessús ma fenèstra
I a un ameliè
Que fa de flours blancas
Coumo de papièr

Aquelas flours blancas
Faràn d’amellous
N'emplirem las pòchas
Per ieu e per vous..."

(Au-dessus de ma fenêtre, il y a un amandier qui fait des fleurs blanches comme du papier,
Ces fleurs blanches feront des amandes tendres (1) qui rempliront nos poches pour moi et pour vous...).

Dernière idée liant malheureusement une histoire d'amour à la grande Histoire... 
Histoire d'amour pour un Gaston Fébus, moins doux et recommandable que ne le laisserait penser sa chanson, au regret d'avoir répudié et renvoyé sa femme Agnès pour une histoire de dot.

Toujours dans Se canto, que canto, la chanson devenue hymne de l'Occitanie : 
 
"... Aquelos mountanhos
Que tan nautos soun
M'empachoun de veïre
Mas amours ant soun..." (ma transcription en languedocien) 

(Ces montagnes Qui si hautes sont M'empêchent de voir Où mes amours sont).   

Histoire tout court, brutale, sanglante, qui, en février 1939, voit les Républicains espagnols passer la montagne pour se réfugier en France (La Retirada). 

Ces chroniques ont pour cadre les Pyrénées qui ne sont pas la barrière qu'elles semblent former, entre le Béarn et la Navarre, entre l'Aragon, la Catalogne, l'Occitanie et notre pays catalan. Il ne faut pas s'en tenir à une définition sans nuances puisque ces pays partagent le rouge et le jaune, le sang et or de leurs couleurs, des langues sœurs et imbriquées (Fenouillèdes, Val d'Aran), des vignes, des oliviers, des amandiers, des migrants d'une même maisonnée...  

Détail ultime cité par Mistral sous la dénomination "CH. POP." (chanson populaire) mais dont la scansion semble calquée sur Se canto, comme une variante (elles sont aussi nombreuses que les pays et terroirs occitans !) : 

"... Aquéli flour blanco
Sèmblon d'ameloun
Mai soun pas tan douço
Coume si poutoun..." 

(Ces fleurs blanches Semblent des amelouns Mais ne sont pas aussi douces Que ses baisers).  


(1) Frédéric Mistral (Trésor du Félibrige) parle de "petite amande, amande qu'on mange verte", peut-être pas encore à terme ("...L'amande verte désigne un fruit qui n'est pas mûr ou pourri, récolté en juin et juillet, d'aspect tendre et laiteux et de saveur délicate..." Wikipedia).
Les expressions citées par Mistral pour expliciter l'entrée semblent confirmer :
* Suça jusqu'à l'ameloun, sucer jusqu'à la moelle.
* gela coume un amelloun, gelé jusqu'aux os... (l'amande est la graine de l'arbre, issue de la fécondation du pistil, un carpelle entouré d'étamines. Cette graine parfois jumelle (philippin, philippine*), rarement triple ou même quadruple (porte-bonheur protégeant de la foudre et des... hémorroïdes !) se forme à partir d'une gelée originelle.  
* philippin, plilippine jeu qui consiste à partager l'amande bessouno, le premier revoyant l'autre gagne s'il salue d'un "Bonjour Philippine !)
 

 

samedi 23 juin 2018

UN MIREPOIX DE PETITS PAYS / Le Kercorb / Languedoc-Occitanie

Avant d’emprunter le sillon audois qui verse doucement vers le Golfe du Lion, quelques pistes encore à l’ouest de l’Aude déjà au-delà de la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée. Au départ de Quillan, plus que le col du Portel (601 m.), c’est le village de Nébias qui matérialise le versant déjà aquitain. Heureusement que les cours d’eau courent vers où ils penchent ; à ces pays apparemment protéiformes suite aux aléas historiques, ils dessinent une réalité physique qui repose des dénominations intriquées dues par les aux hommes. 
 
La_Bastide_sur_L'Hers_1_(Ariège) Author M l'instant
L’Hers[1] et ses affluents marquent en effet ce coin. Entre les Pyrénées et encore un bourrelet montagneux (774 m.) que l’Aude a coupé des Corbières, les plis est-ouest du Plantaurel semblent plus comprimés encore. Les rivières ne les passent que grâce à de nombreuses cluses : une double pour le Blau après Puivert, une série de trois pour l’Hers (L’Aiguillon, Lesparrou, La-Bastide), deux pour le Touyré (Lavelanet, l’Entounadou [l’entonnoir]), deux (?) pour le Doctouyré dont les gorges de Péreille. 
 
Chateau Puivert Author Arno Lagrange
Avant Lavelanet et déjà la Gascogne sinon le Comminges, le Kercorb, entre Sarvatès
[2] et Razès, « Terre privilégiée », avec les curieux hameaux appelés « camps » de Puivert[3], Rivel le village des sonnailles et des comportes, Sainte-Colombe où on mangeait un sacré cassoulet (cocos ou lingots les haricots ?). 
Pont_rouge,_Chalabre_(2) Author LucasD
Chalabre, au confluent de l’Hers, du Blau et du Chalabreil, capitale du Quercorb (dit aussi Chercorb ou encore Cheircorb), se confondant avec le Chalabrais des Chalabrois, à environ 25 kilomètres de la vallée audoise, est difficilement accessible depuis Limoux. L’altitude semble modeste mais même vers 600 mètres, la neige, plus fréquente en février, n’est pas rare sur les cols peu fréquentés. L’appartenance de Chalabre à la Communauté des Pyrénées Audoises est tout aussi révélatrice. Sur l’itinéraire depuis Espéraza, le village de Saint-Jean-de-Paracol où Momon Billès (Fleury), je crois, passa quelque temps, pendant la guerre (encore si je ne fais pas erreur… Mais qui nous dira maintenant que les témoins de sa génération ne sont plus ?). La commune est classé village le plus pauvre de France… Prenons garde d’abord qu’une statistique orpheline ne vienne fausser notre ressenti… Et puis, gageons, à regarder de plus près la géographie locale, qu’en plus de l’originalité de la situation, sur un col qui n’en serait pas un car sur un vallon, que les habitants y sont riches d’une qualité de vie ne se monnayant pas ! Le cours du Faby (Ruisseau de Fa), confluant avec l’Aude à Espéraza, confirme cette originalité. 

Chalabre (qui a perdu, depuis 1836, plus des deux-tiers de sa population (1111 / 3529)) formait un centre jadis très industriel, connu pour travailler le caoutchouc, la laine, le textile, les chaussures, la corne, le jais encore, trouvé dans l’est du Plantaurel ariégeois.



[1] Hers-Vif, principal affluent de l’Ariège, 135 km du col du Chioula à Cintegabelle. A distinguer de l’Hers-Mort, affluent de la Garonne, 89 km entre le Lauragais et Saint-Jory en aval de Toulouse, plus mort du tout puisque plus jamais à sec depuis qu’il alimente les cultures maraîchères grâce au barrage de la Ganguise.
[2] Si quelqu’un sait à quoi correspond le Sarvatès ?.. Mystère… 
[3] Le 16 juin 1289, suite à de fortes précipitations, le verrou du lac de Puivert lâcha. Une vague de submersion suivit le cours du Blau et détruisit Chalabre puis, s’ajoutant à la crue de l’Hers, Mirepoix avec un millier de victimes. A Puivert, les terres désormais émergées furent confiées à des usufruitiers devant, en échange, défendre le château du suzerain. Une dizaine de nouveaux hameaux portant le préfixe Camp- virent ainsi le jour.