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samedi 23 décembre 2023

MARSEILLE, « tu me fends le cœur ! » (7)

 Sept, neuf centimètres, soit la taille des santons afin que les détails du visage, des habits, soient appréciables, arrêtent l'attention ; la confection du moule s’apparente, en petit et léger, à un travail de sculpture, d’ailleurs nous devons cette invention peut-être inspirée par les personnages en bois sculpté des Tyroliens ou par les santibelli de plâtre vendus par les Italiens autour du Vieux-Port, à Jean-Louis Lagnel (1764-1822) ; ainsi le village provençal avec ses métiers s’est retrouvé lié à la crèche de Noël. Contrairement à une modernité, qui, au nom des affaires, cultive l'insatisfaction permanente, le désir du toujours plus, causant un gaspillage, un gâchis aussi malsains que nocifs, un passé pas encore matérialiste du “ chaque chose en son temps ” nous faisait apprécier, guidés par un élan alors général, à la radio, seulement dans la semaine avant Noël :   

Santons_provençaux 2021 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Thomon

« Dans une boîte en carton, sommeillent les petits santons... » (1935, chanson d’Alibert, paroles René Sarvil, musique Hippolyte Ackermans). 

Dans une boîte en carton, «...le berger, le rémouleur, le Ravi, les moutons en coton... » Dans une boîte en carton, sommeille tout ce qui est caché au plus profond de nos âmes, tout ce que nous croyons perdu, à tort... tout ce que notre fort intérieur, un peu “ Cité de Carcassonne ” renferme de rétentions parfois stupéfiantes, apparemment hors de portée... il faut aiguillonner, afin qu’à l'instant “ T ”, serait-il rare, à force de surexcitation, la herse ne libérât un fond enfoui nous faisant l’effet d’une révélation plus facile à ressentir qu'à écrire... quant à le dire, n'en parlons pas... Tisonner la cendre pour en ressusciter la braise alors que le Nadalet du clocher descend à nous par la cheminée... Fada mais juste ce qu’il faut seulement pour ne pas oublier ce qui fut... Dans ce qui fut et qui reste, bien qu'énigmatiques, quelques vers dans l'ambiance me reviennent ; nous les devons à Jean Camp (bien des références sur ce blog) : 

« Bèl Nadal, me fas rebastraire
Se lo Bon Dieu m'avia causit
Auriai volgut faire, pecaire,
Davant lo monde estabosit,
De nostre Sénher, un vendemiaire
Se lo Bon Dieu m'avia causit.(1) »
Jean Camp. 

Dans les années 50-60, la crèche se nichait à l'intérieur de cette chapelle de notre église... Y est-elle toujours ? 

Jésus bébé déjà vendangeur ? sûr que les mots de Camp interpellent. Mais ils ont de bon que les santons semblent évoqués au sein de la crèche... Et les santons représentent la vie au village, sa communauté dans ces années qui voient l'enfant que j'étais apprécier l'atmosphère magique de Noël... Plutôt que le vendangeur, je verrais plutôt la vendangeuse ; encore liés au monde de la vigne si prédominant alors, le poudaire coupé en deux à tailler les sarments, la femme qui forme les boufanelles, les fagots, le cheval et sa charrette, le vigneron devant un foudre, le tonnelier, le charron, le bourrelier... j'oubliais le berger, bien sûr, du temps où en marge de La Clape, du côteau de Caboujolette, avec celle de Maurice déjà dans la garrigue, trois autres bergeries se comptaient dans ce faubourg du village. Pour la vie de tous les jours, la lavandière, la femme aux commissions, à la corvée du pissadou, les hommes acagnardés au soleil... le garde municipal... Je vous laisse prolonger. 

Marseille... Marseille, excentrée par rapport à l'Aude bien qu'étroitement liée, représentative... Que ne pourrait-on aimer, encore, de toi, en prime de la place de choix que tu laisses à Pagnol ?  la croix bleu-azur de ton drapeau, le bleu de l’OM, la classe de Robert Guediguian pourtant si populo, les camions-pizzas dès 1900, les chichis fregis de l’Estaque... Dernière carte postale avant de reposer le couvercle sur la bouillabaisse (quand ça bout, baissez le feu), celle du Palais-Longchamp à la gloire de l’eau suite au creusement par 5000 ouvriers du Canal de Marseille amenant l’eau de la Durance en 1847 après onze ans de travaux... et l'épidémie de choléra de 1835. 

Un château d'eau habillé en palais, aboutissement, au bout de 85 kilomètres (jusqu'à 93 selon certaines sources), du canal amenant l'eau de la Durance à Marseille en manque. Entre les hésitations, le coût lié au projet, trente années furent nécessaires avant la première pierre. Après les propositions des architectes Coste puis Danjoy, c'est celle d'Henri-Jacques Espérandieu (1829-1874), le protestant à qui nous devons Notre-Dame-de-La-Garde, qui est retenue malgré les attaques répétées au tribunal d'Auguste Bartholdi (sculpteur en 1886 de la statue de la Liberté) trouvant que le projet retenu ressemblait trop à ses plans. (Même Rodin, vers 1865, fut congédié pour manque de productivité [source : Eaux de Marseille]). 

Palais_Longchamp_(Marseille) 2019 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Arnaud 25

Palais_Longchamp 2016 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Vlad Mandyev
  

1869. Inauguration du Palais-Longchamp, son arc de triomphe château d'eau, les allégories de la Vigne et du Blé rendant hommage à la Durance au centre les ailes courbes qui l'encadrent, les cascades et bassins du jardin devant. Sinon, il est raisonnable de penser que les musées des Beaux-Arts à gauche (1873), le parc derrière, s'y sont adjoints par la suite (le musée d'Histoire Naturelle à droite est en place depuis1869 / avec le parc, le jardin zoologique de 1856 a fermé en 1987). Et il faut bien se dire que l'essentiel est caché, s'agissant de la citerne de 30.000 m3 sur un hectare, son dispositif de filtrage, une cathédrale souterraine inutilisée depuis 1969 et dont on ne fait rien, à force de mauvaise volonté, découragement et fatalisme. 

« Évidemment, c’est un pays où il n’y a pas d’eau, et surtout à cette époque, il n’y avait qu’une seule fontaine sur la place du village, qui nourrissait tout le village... » Marcel Pagnol, Pathé Journal 1971.

Marseille, crie qui tu es ! continue de crier que tu es là ! Marseille, tu me fends le cœur ! 

(1) essai de traduction : Beau Noël tu me fais imaginer (tu m'obliges à reconstituer ?) si le Bon Dieu m'avait choisi j'aurais voulu faire, peuchère, devant le monde éberlué, de notre Seigneur, un vendangeur si le Bon Dieu m'avait choisi. 

Sources Wikipédia, la page facebook “ Il était une fois Marseille ”, Marseilletourisme, Marie Pestel. 

[Retour aux sources] Sous le Palais Longchamp, les citernes "cathédrales" oubliées - Marsactu  

dimanche 27 décembre 2020

LA PASTORALE de BIZE-MINERVOIS.

Transhumance en 2010 dans le village d'une fidèle lectrice du Gard qui se reconnaitra... wikimedia commons Author Dvillafruela

Des moutons bien sûr, comme dans tous nos villages... En négatif, il n'est que de voir comment, à Bize comme à Fleury, les pins ont colonisé et fermé nos espaces ouverts, ce qui ici, fait dire au maire, qu'après les crues soudaines et les coulées de boues, le feu est le principal danger pour le territoire. Historiquement, brebis et bergers, tant sédentaires que transhumants, accompagnaient les populations. On ne se formalisait pas alors des crottes allègrement semées et des potées de géraniums broutées par les chèvres tandis  qu'aujourd'hui des néoruraux ou plutôt des citadins hors-sol jouent aux dictateurs contre tout, contre les coqs, les cloches et les voisins ! "De l'air aquèl mounde !" coumo disio la Séraphie !

Les moutons ont déserté nos campagnes mais certains, sensibilisés et qui n'ont pas comme souci premier de rouvrir l'école où le dernier café-épicerie-dépôt de pain fermé, facilitent la venue d'un troupeau pour contrôler les broussailles. Quant au berger, son personnage solitaire, à part, distant, tenu à distance, singulier par les pouvoirs qu'on lui prêtait, dont celui réel et néanmoins naturel et empirique, de soigner les bêtes, il a longtemps accompagné la vie du village. Marcel Pagnol n'en a-t-il pas fait l'élément perturbateur de son film "La Femme du Boulanger"... Il me semble que Raimu, le pauvre mari cocu qui s'alcoolise et ne veut plus pétrir, chante à un moment "La boulangera, elle est partie avec le bergero...". N'en restons pas à ces considérations secondaires sur des pâtres qui envoûteraient de pauvres innocentes... tant que nous n'en saurons pas davantage sur les mentalités d'alors...  

Eglise Saint-Martin Limoux Adoration des bergers tableau du XVIIIè wikimedia commons Author Tylwyth Eldar

J'ai lu quelque part qu'à Bize-Minervois, les bergers ont traditionnellement participé à la veillée de Noël. Et je lis là, sur la revue Folklore de décembre 1938, sous le titre "Un Noël en langue d'oc" que Mademoiselle C. Gardel, déléguée G.A.E.F. (?) à Bize a fait passer un vieux cantique de Noël relevé par Achille Mir (1822-1901) "... et qu'elle tient de la fille même du poète, Mademoiselle Amélie Mir.". 

NADAL (sus l'aïre "a la vengudo de Nadal").

Après l'annonce faite aux bergers d'une naissance extraordinaire à "Betleem", ce sont des pâtres couleur locale et bien du pays qui offrent leur dévouement :  

"... Prenguen lou beret le milhou, (Prenons le béret, le meilleur... le plus propre, celui du dimanche...
Las garramachos, le bastou,         (Les guêtres, le bâton)
La cinto roujo, les esclops,           (la taillole, les sabots)
 La capo garnido de flocs.             (La cape garnie de glands ?)
 Anen, Martin, tampo 1' courtal.   (Allons Martin, ferme la bergerie)
Quouro t'arrancos de l'oustal ?    (Quand vas-tu tourner le dos à la maison ?)
Tu, Bernat, qu'es l'estitutou         (Toi Bernat qui es l'institution)
De nostro coumuno l'ounou,       (et l'honneur de notre communauté)
Te meten en requisiciu                 (nous te sollicitons)
 Per oufri nostr'adoraciu.            (pour offrir notre adoration)
Se bous fa plage, mous amies...  (Si ça vous fait plaisir, mes amis)
 
 Le Bernat en question va alors adresser sa litanie au Ciel, louant le sauveur qui fait enrager le démon... Pauvre bébé déjà instrumentalisé... Au nom de tous, Bernat, revenu à l'essentiel de la nuit de Noël, exprime tout le dévouement des bergers offrant leurs cœurs. Et ces hommes simples encensent alors celui qui pense trop bien pour eux : 
 
"...leu disi qu'aco 's pla parlat.(Moi je dis que ça c'est bien parlé) 
Cerquès pas pus, brabe Bernat,(Ne cherche plus, brave Bernat) 
Que te debrembe pas au mens (Au moins que ça ne t'échappe pas)
Ohe ! Certo qu'em trop countents. (Sûr que nous en sommes trop contents)
 
Touchant tableau, ces pâtres autour de la mangeoire où le divin enfant a été installé lors de la messe de minuit, loin d'intégrer les symboliques des moutons qui suivent aveuglément leur pasteur et celle de l'agneau innocent, déjà pascal destiné à être sacrifié et mangé...  

Touchant, ce vieux village jadis derrière ses remparts avec ses maisons en rond autour de l'église, toujours l'allégorie du troupeau mené par le berger... L'église, massive, protectrice, la porte Moyenâgeuse, une tour dite "d'Attila" ! Bigre !
 
 Pour une envie de visite : 
http://plumedesmers.canalblog.com/archives/2019/10/09/37697749.html

Et pour finir, comment ne pas évoquer la ferme de Marie, au prénom biblique, qui garde le lien avec Fleury, qui nous fait souvent le plaisir de montrer ses oies, ses paons, ses poules, ses cochons d'Inde, ses brebis et agneaux et même le petit âne gris... Elle fait du miel aussi... Elle a participé au marché de Noël, sinon on la trouve Chemin de Font Fresque... Plus frais on ne fait pas ! 
 
https://www.facebook.com/La-ferme-de-Marie-103396878026102

Bize-Minervois wikipedia.en domaine public Author Nancy


 

vendredi 18 décembre 2020

SURPRISE AU RÉFECTOIRE... Instituteur toujours...


 

En temps normal, les trois repas de la journée se prenaient au réfectoire. En fin de semaine pour la vingtaine de pensionnaires venant de loin (Haute-Loire, Hautes-Alpes, Ardèche, Aude...) et ne rentrant pas chez eux, on allait avec un encadrant (pouvant sévir en tant que surveillant...) en cortège manger au lycée technique plus bas, spécialisé dans tout ce qui concerne le tissage si c'était encore le cas...   


 


Mais pour Noël, la tradition, comme dans tous les établissements de l’État, était d'offrir  aux élèves un menu spécial fêtes. En 1971 pour les FP1 et FP2 soit six classes d'élèves-maîtres, donc deux centaines de personnes tout au plus en comptant le personnel. Non... moins vu qu'il y avait des externes et des demi-pensionnaires...en congé puisque nous sommes le jeudi qui se transformera en mercredi à partir de 1972... 



On mangeait pas mal d'habitude et là ce menu de Noël classique mais de bon aloi, ne pouvait que mettre les potaches en joie ! 

Chaque feuille est tapée à la machine... On pouvait polycopier à l'alcool alors pour obtenir des caractères violacés (mais aussi du rouge, du vert pour les croquis... Pas  encore de photocopieuse, il fallait dupliquer à la manivelle... Quant à la décoration de ce menu, toute une équipe avait dû s'affairer autour du professeur de dessin, un homme déjà âgé mais aussi distingué que chaleureux, respecté et aimé de tous... J'ai son nom sur le bout de la langue mais qui m'échappe... Je m'en veux ! Si quelqu'un peut m'aider... 

 

C'était le 16 décembre, un jeudi, sur le plateau de la Croix-Rousse, entre Saône et Rhône. De retrouver ce papier fut une surprise vibrante... . 

Ah ! que cette page de vie à l'École Normale d'Instituteurs a pu me réconcilier avec la société et moi-même. Et quand je lis ou relève sur ce blog même ce que partagent les maîtres et les élèves, comment ne pas réaliser combien l'instituteur peut compter dans le développement des enfants à considérer, comme cela s'est confirmé avec le temps, en tant que personnes respectables à part entière... 

Quant à la laïcité, force est de constater que vis à vis d'une chrétienté  majoritaire sans concurrence, l'interdépendance entre l’État et le religieux rétrogradé ne posait pas problème... 

lundi 30 décembre 2019

PAS CE JEU D'ARGENT POUR GOGOS PANURGISTES (1) / LE LOTO, le vrai

Une chance sur 19 millions ! Faut avoir la foi pour y croire !.. et qui plus est se retrouver complice d'un truc amoral qui voit quelqu'un gagner au moins l'équivalent de sept propriétés et non sept gagnants d'une propriété chacun ! C'est malsain et plus encore concernant ceux qui viennent de prendre des actions à la Flambeuse des Jeux ! C'est dit mais je contrôle mon débit venimeux ! Pas question de me pourrir la vie à cause des bas instincts de notre espèce ! C'est au contraire d'une liesse générale que je veux vous entretenir... Il fut un temps où Noël et le passage à l'année nouvelle voyaient rentrer chez eux, fiers comme des bar-tabacs, des villageois chanceux chargés des gains qu'une suite heureuse de numéros avait bien voulu leur offrir. Qui donc pouvait se douter que le jeu de loto aurait été importé d'Italie par François Ier ? 

Dernièrement, à l'occasion d'un coupé du ruban rue de la Poste, en marge de la photo d'usage, une affiche sur un mur pour le loto du ping-pong à Lespignan, le village à côté, parce que là-bas, dès le mois de novembre on annonce la reprise de la saison des lotos ! Chez nous, c'est tout juste si quelques rares "loteries familiales" (pourquoi cette étrange appellation intimiste ?) sont organisées... Aïe mama, à devoir encaisser ce genre de coup bas pernicieux, je me demande si je suis encore de Fleury !
Et pourtant, il était une fois mon village plein comme un œuf, plein comme la médina aujourd'hui désertée, plein au point qu'il ne nous serait pas venu à l'idée de considérer le cimetière en tant qu'endroit le plus peuplé de la commune ! Entre les commerces dont les épiceries, la coopérative agricole, le marché, le forgeron, le bourrelier, le tonnelier, les menuisiers, le cagnard, les cafés, le cinéma, des flux de vie se croisaient et se recroisaient. Bien sûr, les ragots colportés, flirtant avec le temps avec de la diffamation pure et simple constituaient l'inconvénient majeur de cette promiscuité. Mais cela choquait moins que la vacuité actuelle... même les hommes se font rares devant la mairie, à peler le monde, à critiquer la municipalitad à espépisser les passants et à tailler une réputation à l'emporte-pièce au passage pimpant de belles gambettes. Aussi prosaïquement, on ne se perdait pas de vue alors, on renouait le lien, à la messe, aux enterrements, au match de rugby, lors des fêtes et des bals qui rythmaient l'année... Souffrez que j'en remette une couche parce que l'an passé je me suis fait l'impression d'un  chien abandonné, à errer dans les rues désertes, un soir de 11 novembre, pour la saint Martin, la fête du village, une fête désormais sans flonflons, sans personne, avec seulement les fantômes de mon passé. Je n'aurais jamais dû descendre de ma machine à remonter le temps !

La saison des lotos resserrait assurément les liens de la communauté. Ils étaient organisés par les associations et clubs divers : le rugby, les donneurs de sang, les chasseurs, peut-être le judo vers la fin des années cinquante... L'activité étant normalement bénéficiaire, il faut un roulement, la fin de saison étant moins suivie. Le nombre de parties, le prix des cartons, l'importance des lots sont mis en balance, attirant parfois des joueurs extérieurs. Rien de comparable cependant à ces lotos géants, il y en eut à Coursan, dans l'Ariège avec une voiture et même une villa sise à Narbonne-Plage, à gagner (1) ! Quand la vie de tous les jours se ressent encore de la guerre (le pain est resté rationné jusqu'en novembre 1949 !), malgré la paix retrouvée, la nourriture demeure le premier des soucis, celui aussi qui grève le plus le budget, alors même le filet garni, avec la boîte de petits pois, le litre d'huile et le kilo de sucre font plaisir. Ne parlons pas de la dinde (au moins dix kilos, le coup de fourchette était à la hauteur de la rareté du festin !), du jambon et, nec plus ultra, synonyme du menu de luxe, la langouste.    
Simca Ariane wikimedia commons Auteur Ruben de Rijcke  
Simca Aronde wikimedia commons Auteur Pibwl

(1) Le loto « Étoile » qui se déroulait simultanément dans tout le département de l’Aude, présentait des lots très importants : non seulement une voiture (une année c’était une Simca, alors à la mode), mais également des ensembles de meubles : salle à manger complète, et même… des villas sur la côte. Plus tard, tout cela fut interdit. En attendant, Marthe, cousine germaine de mamé Ernestine, mère de Nicole et fille aînée de tante Marie et Gérard du quai Vallière à Narbonne, gagna à ce loto une villa à Narbonne-Plage. Il est vrai qu’ils avaient pris les cartons à deux  – avec un prof de musique de Coursan, je crois – et ils ont vite monnayé la maison pour pouvoir partager. (Pages de vie à Fleury II, Caboujolette, François Dedieu, 2008.)    

mercredi 25 décembre 2019

IsLAMIsME AUx COMOREs / joyeux Noël !

https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/union-comores-ancienne-republique-islamique-interdit-celebrations-fetes-fin-annee-784157.html

"...Une déclaration de la direction des affaires islamiques interdit de célébrer Noël. La police est chargée de faire appliquer la note. Pour autant, un avocat estime que celle-ci viole la constitution..."

"...  cette note fait naître en moi un quasi sentiment d’insécurité, ce qui est inédit pour moi en plusieurs années d’expatriation. Ce type de déclaration, qui n’est pas une première et l’hostilité que l’on ressent en tant que non-musulman (notamment pendant le ramadan) me font de plus en plus penser à quitter définitivement les Comores..." 


jeudi 19 décembre 2019

NADAL, NADALET, NADAU... NOËL OCCITAN (suite & fin) / Pyrénées, Piémont, Espagne, France, Val d'Aran...


Val Varaita, une des vallées occitanes du Piémont, Wikimedia Commons Author Luca Bergamasco /  La comunità montana a toujours eu un intérêt particulier pour la sauvegarde de la langue et des traditions occitanes.

La chanson, "La Piémontaise", est de 1705, Louis XIV mène une énième guerre, celle de la succession d'Espagne... Nadau aurait pu chanter "les Piémontaises", d'autant plus que les vallées cisalpines sont italiennes avec une particularité cependant puisqu’on y parle toujours l'occitan ! Oublions les approximations, tout le monde n'a pas l’esprit fouineur, l'impression globale est trop belle, trop forte, le souffle du Sud trop rare ! 

Signature Fébus 2 janvier 1360 Wikimedia Commons Auteur Gaston III de Foix-Béarn.


De 1705, on remonte aux années 1300 avec "Se Canto". Comment ne pas rapprocher, en effet, Joan de Nadau, troubadour de maintenant, d'un autre émissaire du Sud, Gaston Febus (et pas Phoebus puisque le "ph" n'existe pas en occitan... je me fourvoie toujours sur un dico français...) qui aurait écrit "Se Canto", un chant désormais devenu hymne par la faute de ces foutus Jacobins contreproductifs à l'esprit borné. Les paroles ont en commun l'amour perdu car trop fragile sinon souvent déprécié car assimilé au quotidien, au train-train, à la monotonie des choses quand on ne veut pas réaliser que chacune d'elles est déjà un petit bonheur.     


"... Aquelos mountanhos          Ces montagnes 
Que tan nautos soun                 Qui si hautes sont
M'empachoun de veïre             M'empêchent de voir
Mas amours ant soun..."           Où mes amours sont

Je m'égare, Gaston avait répudié Agnès son épouse et ne pouvait donc que s'en mordre les doigts. Elle est de l'autre côté des Pyrénées, en Espagne. L'Espagne, Joan de Nadau en parle, obligatoirement, comme d'une réalité fuyante, évanescente comme le vent "... Le printemps qui vient d'Espagne fait pleurer la montagne... " (Saussat / Nadau).

https://www.youtube.com/watch?v=J1k04LGD--g (Saussat)
Commune de Balaguères, village de Balagué ou a été tourné le film "Le Retour de Martin Guerre". Wikimedia Commons Author Olybrius.
Avec l'amour, la guerre, le soldat. Celui encore lié aux temps anciens et aux Pyrénées, volontaire ou forcé. Est-il revenu du Piémont comme revint Martin Guerre, paysan d'Artigat (Ariège), douze ans après, alors que son épouse vit avec Arnaud qui, usurpant l'identité du mari, lui a même fait des enfants ? (années 1550). Ni hasard ni coïncidence, seulement synchronicité, le scénariste du film "Le retour de Martin Guerre" est Jean-Claude Carrière, un homme de culture que j'ai aimé, que j'aime encore même si la parisianisme qui lui a gâté le cœur, me fait peine. Carrière enfant de Colombières-sur-Orb, était bilingue et parlait occitan.

Comme Nadau avec "Lo dia, Maria, qui s'a minjat la nueit", Le jour, Marie, s'est mangé la nuit, Carrière a su témoigner d'un ménage de la montagne en face, presque au même moment, dans la nuit :
 
« … Fasen un traouc a la nèit, la fenno, per veïre si dema i fa journ. »
« Faisons un trou à la nuit, la femme, pour voir si demain il fait jour »

Gravure de Flammarion ou "du pélerin" Author Heikenwaelder Hugo, Austria. 
Enfin, à travers le répertoire de Los de Nadau, est-ce un hasard si plus de sept-cents ans ont été survolés ? une coïncidence si l'Occitanie a été parcourue, du Piémont en Italie aux Pyrénées qui comptent tant ? Dans nos montagnes,  il y a le Val d'Aran en Espagne mais géographiquement tourné vers le Nord, la direction que prend la Garonne, obligée qu'elle est par des sommets à plus de 3000, des cols à plus de 2000 mètres jusqu'à ce qu'un tunnel soit creusé vers le Sud en 1948. Le Val-d'Aran, unique entité politique où l'Occitan est langue officielle ! Nadau a des attaches dans le Val. Il a donné un concert à Vielha !   

Val d'Aran Commons Wikimedia Author Wela49

Bossost Val d'Aran, au pied du col du Portillon. Wikipedia, Auteur Nickj.

Hier je ne sais toujours pas pourquoi j'ai tapé Nadau. Un instinct, le sixième sens sans doute ou alors je savais trop bien qu'avec un clic magique, en écoutant "Mon dieu que j'en suis à mon aise" (il faudrait un petit article rien que pour cette chanson !), comme avec une femme, référence à Rimbaud (Sensation), je pouvais atteindre ces hauteurs pures de rocs, de glaciers et de lacs d'altitude en regardant le Saussat, comme Joan de Nadau... Pour me ressourcer, reprendre les forces, pour résister à ces puissances politiques mâtinées de haute finance qui ne pensent qu'à dominer pour exploiter. On ne peut vivre béatement d'amour et d'eau fraîche. Comme pour une femme l'amour donne le courage de se battre. Même Nadau évoque, serait-ce à petites touches, les Croquants ou les Demoiselles du Couserans, les paysans accablés de taxes ! L'esprit de résistance ne peut qu'amener un mieux  les mouvements sociaux doivent aller au bout... Jean-Claude des châtaignes et du vin bourru, c'est pas bien d'être pour les Versaillais au prétexte que les révoltes peuvent amener pire... 

"... Ah qu'il vienne enfin le temps des cerises [...] avant que j'aie dû boucler mes valises et qu'on m'ait poussé dans le dernier train..." Les Cerisiers, Jean Ferrat. 

Croix occitane.

mercredi 18 décembre 2019

NADAL, NADALET, NADAU... NOËL OCCITAN (1ère partie) / Pyrénées, Piémont, Espagne, France...

Nadal, Nadalet... Hier nous parlions du Nadalet, littéralement le petit Noël. "Sounar Nadalet" c'est annoncer Noël huit jours avant en sonnant les cloches chaque jour, à la nuit.  Enfants, cela ajoutait à la magie, nous avancions la tête sous la hotte de la cheminée pour entendre carillonner.
Nadal, Nadau... pour dire "Noël". Pour tout dire, il se fait appeler Joan de Nadau. Pas plus messager que roi mage, il est porteur d'une âme occitane et de l'écouter déclamer d'abord en français des paroles ensuite chantées en béarnais a eu le don d'apaiser des inquiétudes pourtant prenantes au point de penser que pour la deuxième année consécutive, le climat social et institutionnel délétère allait prendre le pas sur les fêtes de fin d'année et avant tout celle de Noël, synonyme de retrouvailles en famille, d'amour infini, parenthèse de mysticité transcendée entre le solstice et un sauveur pour la Terre toujours présent, ou qui doit revenir... 


Jan_de_Nadau Wikimedia Commons Auteur Flo641
Joan de Nadau a anticipé sa retraite professionnelle (il était prof de maths...) pour être la parole, par l'entremise de ses chansons, de ceux qui, sans revendication séparatiste aucune, tendent seulement à exprimer que le sentiment sudiste persiste à couver sous la cendre, que l'identité culturelle demeure, primordiale, que la vie des anciens n'avait rien d'arriéré, enfin, que la survivance d'une langue n'a rien de sécessionniste.
D'ailleurs, la première chanson qui m'a accroché est une vieille chanson française venue du fond de la mémoire et que chaque accent, chacune des sensibilités diverses qui, n'en déplaise au rouleau compresseur jacobin, font la richesse de notre pays, ont pu d'autant plus faire leur que l'Histoire des gens retient les malheurs, les difficultés plutôt que les progrès.
Joan de Nadau s'est donc approprié cette chanson. Il la présente comme ayant plus de deux cents ans, rapportée par "les conscrits de Napoléon ou d'avant quand ils avaient la chance de revenir au pays une fois qu'ils avaient fait l'armée". C'est une chanson de cet amour tranquille pour celle faite pour partager les jours et donner des enfants, durable, relativement, parce que vivre vieux ce n'était pas de ce temps. Elle s'oppose à la pulsion amoureuse pour une autre, forte, vertigineuse mais sans lendemain. "... Tu penseras aux Italiennes qui sont bien plus belles que moi..."... 

 https://www.youtube.com/watch?v=5bP7SbF9yp4 ("Mon Dieu que j'en suis à mon aise"


Vallées occitanes du Piémont Wikimedia Commons Author Jfblanc

lundi 16 décembre 2019

NADALET, petit NOËL / je veux un ciel d'étoiles...


Je veux, je veux un ciel d'étoiles, 
Cristaux glacés de l'Univers qui parpélèje (1),
Un Cers (2) fou qui tord les arbres 
Et mugit dans la souche en haut,
Mestrèjant (3) du toit la tuile ronde. 

Je veux, je veux un feu dans l'âtre,
Un bouquet, un essaim d'étincelles
Que l'hiver astreint à crépiter
En soufflant en bas sur la souche, 
La braise et la cendre, gardiennes du foyer. 


Je veux, je veux calmer la flamme, 
Ne plus attiser le brandon
Au bout de la "biso" (4) qui danse. 
"Les petits ! ça fait pisser au lit", dit mamé, (5)
Brave, douce et qui nous gronde à peine. 

Sinon je voudrais tant y croire
Quand la cheminée m'écartèle
Entre le refuge et la nuit froide de décembre,
M'accrocherais-je de tout mon être
A la chaleur du feu qui couve. 

Diapo François Dedieu 1979
Je veux, je voudrais tant y croire
Au Nadalet, au carillon en haut du clocher, 
Qui promet un fils d'amour pour la Terre
Et un grand-père en bure rouge
Qui va nous combler de cadeaux. 



Mais les fumées cachent les étoiles
Comme les plastiques gâchent la mer,
En dévoilant, des hommes, les erreurs.
Et les voiles de la nuit tombent
Sur les noirceurs que les maîtres fomentent. 



Pourtant je veux, je veux y croire, 
Il n'est pas encore mort mon sapin
Et rien ne doit abroger Noël, 
Car je la veux la nuit d'étoiles, 
Etincelles glacées dans le ciel qui scintille, 

Comme quand j'y croyais, il y a soixante ans, 
Envoûté par les escarbilles brillantes
Appelées par le Cers qui tempête là-haut 
Mais porte le Nadalet des cloches, 
Le Noël des petits, l'espérance pour tous. 

Carabène.    

(1) parpéléjer : battre des paupières convulsivement. 
(2) Le Cers, petit cousin du Mistral, se renforçant le long de l'Aude d'autant plus qu'il approche de la côte. Souffle en gros d'Agde à La Franqui et pourtant injustement ignoré des chantres de la météo nationale qui encroûtent le monde avec seulement la tramontane à la bouche ! 
(3) mestréjer : racine "maître" comme dans "maîtriser"... ou encore, dominer, gouverner...   
(4) la viso, prononcée "biso" (d'où mon rapprochement avec un vent d'hiver), est un sarment... Plus il est long et plus le jeu est agréable, mais au risque de mettre le feu à la cuisine !   
(5) mamé, papé... mami, papi... grand-mère, grand-père.

vendredi 28 décembre 2018

LES ÉCHOS DE NOËL SE PERDENT DANS LA NUIT... / Fleury-d'Aude en Languedoc

Diapo François Dedieu 1979.

Loin de moi l'idée pessimiste des témoignages qui se perdent dans un passé flou devenant opaque car ces échos tintent en moi tels les messages des cloches montant dans la nuit de décembre, une nuit cristalline. Le village, en effet, baigne dans une émotion partagée. Quelles qu'en soient les causes : la religion, le solstice, le seuil de l'hiver, les gens partagent une complicité apaisée, l'envie de parler aux autres, de partager la liesse, la félicité déjà entretenue au foyer avec le sapin, la crèche, la promesse des bonnes choses, de la dinde prévue au menu. 
Surtout ne pas taire cette ambiance révolue puisque certains de ses aspects demeurent et que, de toute façon, ils ne peuvent qu'éclairer le présent. 

Diapo François Dedieu 1979.


Loin mais pas si loin finalement, dans le temps... "... Basile Lignières (lou Craquet), notre bedeau, sonnait vaillamment les cloches placées encore autour du clocher [...] Basile distribuait également le pain bénit, et un dimanche une dévote voulut lui signifier d'un geste à peine ébauché... qu'il avait la braguette entrouverte et qu'on apercevait le panèl de sa chemise. Il crut qu'elle pensait ne plus avoir de pain bénit et la rassura d'un "N'y aura per toutos !" passé à la postérité..." (Y'en aura pour toutes !)

dinde Creative Common CC0 pxhere com


Après l'église, le loto... Coural, le beau-père de Marthe, arrête ! Il gagne la dinde ! 
"... Là ! Qu'uno pesto ! La fémno n'a croumpat uno aqueste mati !" (Là ! Quelle peste ! La femme en a acheté une ce matin !) [...] c'est Pistole qui lui avait répondu 
" Quand el gagnèt, et qu'i diguéri de baillar la pioto, respoundèt souloment "Ta gran !"" (Quand il gagna et que je lui dis de donner la dinde, il se contenta de répondre " Apporte ça à ta grand-mère !") réplique trouvée aussi en espagnol  ¡ Cuéntaselo a tu abuela ! (qu'on peut traduire par "à d'autres !""

"... Titato fut nommeur en occitan, sauf en quelques occasions, quand il nomma en français, "rapport aux étrangers " (des Parisiens !). Lou Ménot fut longtemps attitré à ce poste : 
"Remeno ! 
— Pot pas, és trop gros !" (Remue [les numéros] ! Il ne peut pas,il est trop gros !). 

Loto_à_Carpentras_Carton_de_loto Wikimedia Commons Auteur Varaine


Et de conclure avec un proverbe lié aux calendriers : 
"Un 20 décembre : aujourd'hui les jours recommencent à s'allonger, d'une minute pour commencer et je pense au proverbe que nous répétait l'oncle Noé – faux d'ailleursdepuis 1582 et la réforme grégorienne du calendrier – "A santo Luço, un pas de puço, à Nadal, un pas de gal." (A sainte Luce un pas de puce, à noêl, un pas de coq). or maintenant, pour sainte Lucie, le 13 décembre, les jours diminuent encore, puisque nous avons eu ce décalage de onze jours à l'époque. mais les dictons ont la vie dure et c'est très bien ainsi." 

 Ces quelques extraits sont tirés du livre "Caboujolette", 2008, François Dedieu. Merci papa ! 

mardi 25 décembre 2018

DE NOËL A PÂQUES, DES OLIVIERS AUX AMANDIERS FLEURIS.

La crise sociétale que connait aujourd'hui la France est d'une aigreur qui pourrait gâcher la sérénité des fêtes de fin d'année, à commencer par la candeur liée à Noël. Le titre de cette respiration du moment prouve que non, qu'il faut prendre du recul même sur un mouvement social qui fait date, n'est pas encore abouti et marquera l'Histoire.



Mes grands-parents paternels, chez l'oncle Noé aussi, chaque année on préparait des bocaux d'olives vertes ou noires. Ils enlevaient l'amertume avec de la lessive de soude. Avec le grand gel de février 1956 qui fit mourir les deux tiers des arbres, dans les placards, les réserves se firent plus modestes. Par la suite, la vie moderne aidant, on ne parla plus de ces productions familiales marquant les saisons et qui limitaient si bien les dépenses extérieures : gelées et confitures d'azeroles, de coings, olives, fraises, tomata, conserves de haricots verts, pas plus que de ces petits profits de la garrigue comme les asperges ou des vignes comme les poireaux, les salades sauvages, les prunelles bleu nuit pour la liqueur... 


J'ai huit ans, j'ai neuf ans, je ne sais plus mais la radio passe L'eau Vive de Guy Béart et les mots m'éblouissent d'images en couleurs malgré les griffures sur l'écran du cinéma au village :

"... Lorsque chantent les pipeaux, lorsque danse l'eau vive 
Elle mène mes troupeaux au pays des olives..."

 
Penser aux oliviers m'oblige à évoquer encore les vendangeurs espagnols, plus précisément ceux qui travaillaient en 2013 à Fontcouverte, chez le docteur Lignières. Les hommes : de petits propriétaires terriens des contreforts nord de la Sierra Nevada. Juan explique qu'il ne s'en sort plus avec les olives tombées de 70 centimes, trois ans auparavant à 45 centimes le kilo. Ses 2500 oliviers ne peuvent plus le faire vivre... là-bas aussi, la situation des paysans est pénible. C'est affligeant d'en déduire que dans le système libéral de la mondialisation forcée, ceux qui nous font manger ne peuvent plus en vivre ! 

Les olives en octobre et novembre, c'est la belle saison qui veut bien encore nous offrir ses bienfaits comme elle l'a fait avec les châtaignes, les coings. En avançant vers l'hiver, tels les sarments qui  renvoient vers les racines l'amidon des feuilles passées par tous les tons et finalement détachées, sèches, craquantes mais au rôle essentiel pour la reprise du cycle, l'être se concentre sur ses réserves pour, après les fêtes, attendre, en apnée, que la course du soleil s'allonge... Et dire que cet être était (je parle du temps pas si lointain où la religion étouffait toute velléité d'émancipation), assez masochiste pour remettre ça, dans une dimension mystique et disproportionnée entre les excès, la conduite licencieuse, la débauche même permise pour carnaval avant un carême strict de quarante jours jusqu'à Pâques. 

Une ascèse quelque peu discordante avec l'exubérance fleurie des amandiers. Étonnant comme on passe vite des oliviers aux amandiers à moins que ce soit aussi naturel que de passer de Noël à Pâques.   

 
BONNES FÊTES dans le monde sans oublier ceux qui souffrent...