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samedi 20 janvier 2024

Et ENCORE le CERS !

 Manière de remettre encore une pièce dans la machine, alors que plus de 90 occurrences du mot "CERS", soit autant d'articles en dix ans, attestent de mon entêtement à défendre notre maître-vent (que nous n'avons pas toujours bien défendu, ne serait-ce qu'avec la manie que nous avions, peut-être encore à ce jour, à dire, allez savoir pourquoi, "VENT DU NORD" alors que le Cers arrive avant tout de l'Ouest), après avoir relevé (janvier 2024) ce qu'en écrivait Jules Verne à propos de l'Aude, ce qu'en dit le " GUIDE VERT MICHELIN, Causses, Cévennes, Bas-Languedoc " de 1974 apporte encore de l'eau au moulin. 


«... Au printemps et à l'automne, souvent les vents se déchaînent : l'impétueux « cers » (vent d'Ouest ou du Sud-Ouest), très désséchant...» 

Un alignement de pins face au Cers (Domaine de Saint-Louis-de-la-Mer, les Cabanes-de-Fleury, Aude). 

mardi 24 janvier 2023

La Sauze, poète et messager en langue d'oc (première partie)...

Les Cabanes-de-Fleury, fin des années 80, début 90 peut-être, Lou Cabanaïre, le resto au bord de l'Aude, si agréable pour ses tables côté cour, a programmé un chanteur accompagné de sa guitare. Mais c'est qu'il chante en occitan ! Les couverts se font discrets, se posent même quand le vocabulaire devient d'autant plus piquant que la langue est aussi imagée que parlante. Le plaisir des mots et celui des papilles se télescopent. Les plats refroidissent.   

 

Les Cabanes-de-Fleury lors du tournage du Petit Baigneur (1967) (diapositive de François Dedieu). 

" Touristo, touristo, daïsso ta fenno et toun argent et tu vaï t'en ! (1) " Et il le répète en plus ! A en poser sa fourchette parce qu'ils sont là, les touristes, autour, le nez dans l'assiette... Heureusement ils ne comprennent pas, d'ailleurs même d'ici on ne comprend pas tout de cet occitan châtié... Heureusement qu'avec " Touristo, touristo " pas besoin de faire un dessin, c'est du vocabulaire populaire, pour ne pas dire basique ! A mettre mal à l'aise, à moins d'être extrémiste, même si chez nous perdure un fond de contestation contre le nordiste envahisseur qui embarrasse depuis des siècles de même que la complicité de Narbonne avec les Croisés... 

Oh ! mais qui c'est cet artiste ? " La Sauze " ? un nom de guerre ? un surnom ? francisé on dirait... ça donnerait " la Sauzo ", en languedocien quoique " lou sauze ", au masculin, on connaît, dans le dicton " Un sauze fa pas un piboul " : pour dire " les chiens ne font pas des chats ! ", un saule ne fait pas un peuplier. 
" La Sauze " : difficile à articuler en français tant la tendance à dire " lou " en occitan est forte, quoique " la figuièiro ", pour le figuier, c'est féminin. 

En attendant, proche du quai, de la pêche au globe, non loin de l'embouchure par un beau soir d'été sans trop de Cers, les accords de guitare, la voix ferme et pierreuse, les accents romans de notre vieille langue ne peuvent mieux s'allier au cadre, si  languedocien, si Sud... Sûr que des touristes, désireux de compenser l'image lourde et primaire de bronze-cul de l'Europe, apprécient cette authenticité... sans qu'on doive en vouloir aux autres " Il y a le ciel, le soleil et la mer... "(François Deguelt 1932-2014).  

Rue des Barris / Fleury-d'Aude. 

Rue des Barris / Fleury-d'Aude


5 novembre 1981. Henri, "l'Henric das Barris", l'Henri du faubourg dit aussi " lou mecanicièn " de cette rue rayonnant depuis l'ancienne Porte du Cros, hors les remparts du village, Fleury-d'Aude. Célibataire, Henri enregistre des cassettes en occitan, à la radio ou de son propre chef, parfois accompagnées d'un commentaire, dont un papier sur les difficultés à faire venir la vigne : les gelées d'avril -mai " te roustissoun lous bourrés... " et ce qui survivra des bourgeons rôtis sera bien entamé par les chenilles velues " las canilhos bourreudos... " et l'oïdium, le mildiou, l'eau, la grêle, le ministre " I a que l'argen bourdel Que te fa pas la guerro... ". 
C'est joliment dit et comme l'auteur n'est pas précisé, on en arrive à penser qu'Henri pouvait être inspiré. On ferait presque erreur quand sans savoir par quel biais, un nom s'impose, Marcel Sauzel. Ah ! l'artiste qui grattait sa guitare aux Cabanes ! (à suivre)

jeudi 13 janvier 2022

LE DELTA DE L'AUDE, UNE PETITE CAMARGUE

En préalable à une balade romantique entre Saint-Pierre et Les-Cabanes, j'en étais resté à démontrer qu'il n'existait aucun lien entre le fait d'être né quelque part et de s'en trouver pour autant "imbécile heureux" (1). Quitte à me demander encore, peut-être sans raison, si nous n'aurions pas plutôt tendance à plaindre un apatride que le contraire, je tourne le dos à la polémique. Dans les facettes nourricières du milieu propre à influer sur les gens, natifs et autres, le delta de l'Aude, aux terres gagnées sur la mer et qui ont rattaché La Clape, hier encore une île, au continent. 


 Saint-Pierre-la- Mer, au pied de la garrigue. A partir des pins de Périmont, la balade vers Les-Cabanes-de-Fleury vient compiler le présent sur les strates de souvenirs plus anciens. Ne suivons pas, le long de la Clape, le sentier vers l'Oustalet, là où nous allions couper les carabènes (2) de la véranda devant la tente. Non, il faut se décider à traverser la zone lagunaire, ces confins que l'étang occupe plus ou moins l'hiver, en période de grandes eaux. 


 L'été en principe, on peut passer même si la surface craquelée reste traître, cachant sous une mince couche sèche, un sable noir, vaseux et collant où l'on s'embourbe en moins de deux. Bien que du coin, j'y bloquai une fois les roues du vélo dans une gangue très adhérente. Étaient -ce les vapeurs du gris-de-gris mis en bouteille au domaine de Gaysart qui m'avaient rendu distrait ? Ce qui est sûr est qu'elles avaient rendu la mésaventure très joyeuse, du moins avant que de devoir nettoyer... Mais je me répète, j'ai déjà raconté ça, fin août me semble-t-il... tout comme de s'embourber avec la voiture... "Non papa, on va s'embourrer ! " redoutait mon aîné... 

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/08/pissevaches-saint-pierre-la-mer.html


 Suite à ces espaces plutôt familiers, il fallait et il faut toujours passer la chaussée de la Grande-Cosse, inondable peut-être, en cas extrême, redescendre un peu plus loin, s'engager de l'autre côté où la piste se dirige résolument vers les dunes du littoral. La carte indique bien qu'elle rejoint un ancien lit de l'Aude. Le Payroulet, les Terres Salées, des territoires où l'eau douce le dispute au sel, où le privé veut prendre le pas sur le public : qu'en est-il de cette clôture barrant initialement le passage ? Ou, est-ce ouvert parce que les taureaux camarguais n'y sont plus ? 


 Plus loin, une petite rivière empêche de passer... Étrange : il n'a pas plu depuis belle lurette... N'est-ce pas pour dissuader ? inciter à faire demi-tour ? L'eau pour l'agriculture ?  l'eau pour la chasse ? Et la multiplication des pompages à la rivière, autorisés ou non, qu'en est-il ? Par moments, des salves de coups de fusil derrière la chaussée qui clôt le vaste domaine de Saint-Louis, jadis aux Salins du Midi. Choquant, en pleine journée... Il me semble qu'à l'affût, le gibier se tire le soir, la nuit, le matin mais qu'il se repose durant le jour. Non, excusez mes craintes mais ce n'est peut-être que du ball-trap. Le pouvoir de l'argent donne aussi celui de détruire à grande échelle, est-ce la raison de cet a priori négatif et accusateur ? Pour en finir avec cette eau, si c'était pour entretenir les zones humides afin d'en préserver la biodiversité ?  


 Aujourd'hui, le réalisme voudrait me fermer les portes du rêve alors qu'en post-adolescence romantique, à l'âge des premiers émois, des amours incertaines, c'est ici, sur la piste de limon, de sable et de sel, que je revoyais celle à laquelle je m'accrochais toujours, touché par les destins croisés de l'Arlésienne, Mireille, Magali, la condition première étant le moment de la journée. Il faut que le soleil donne fort, à la verticale presque, quand la nature et les hommes l'évitent. Alors on se retrouve seul, écrasé sous la chape implacable. Alors, la survie commande de rejoindre la forme incertaine, dansante, d'un tamaris ou d'un pin... Sauf qu'entre maléfice et enchantement, sur la platitude désolée de la sansouire, là où des croûtes de sel rappellent un chott du Sahara, les mirages savent faire danser aussi comme une silhouette disloquée et floue d'une femme en perdition : c'est Mirèio, l'héroïne de Mistral, empêchée d'épouser Vincèn, son amoureux aux origines trop modestes. En dernier recours, elle va aux Saintes-Maries-de-la Mer, implorer les saintes mais elle n'y arrive que pour y mourir, frappée d'insolation lors de la dure traversée de la Camargue. Autre histoire contrariée, celle de Jan qui se défenestre pour avoir, par respect des conventions sociales, renoncé à la femme qu'il aime, une "coquette" déjà promise mais à un parti moins intéressant, l'Arlésienne. Et comme pour conforter toute cette mythologie, dans les années 60, on entend à la radio  :  

"... Magali, Magali,
Qu’est-ce qui t’a pris de t’en aller pour le pays de nulle part
Parce qu’un gitan t’a regardée en faisant chanter sa guitare?
Magali (3)..." 

Tout y est : le refrain en occitan "... L’amour que pourra pas se taïre, e ne jamaï se repaua, Magali...", les gitans, le soleil qui rend fou ; en prime, l'évocation de la grande steppe de la Crau, créée par la Durance, encore une fille folle de Provence. 

Mais il faut absolument rejoindre les pins là-bas. Ce n'est que dans leur ombre bienfaisante que la fièvre s'apaisera même si on aime prolonger en imaginant le chaume sur les murs blancs de chaux de la maison du gardian, une cabane de sénils comme dans la Salanque ou celles, à l'origine, des pêcheurs de l'embouchure de l'Aude.  

Plus prosaïque, alors que Mistral est récompensé du Nobel de littérature pour son poème en occitan (autre chose qu'une collection de la Pléiade, à la réputation surfaite, truffée d'auteurs d'extrême droite sinon fascistes), encore pour une histoire de femme, la Vénus d'Arles (1er siècle avant JC), force est toujours de constater qu'elle reste détenue à Paris (4)... Entendez-les donc, ces racistes historiques rejetant la "race du Sud" mais s'accaparant la culture méditerranéenne ! 


 Pourtant, rien ne saurait gâcher la fin de cette balade. Au bout de la piste, le camping, puis toute la poésie du fleuve vers les Cabanes-de-Fleury, d'autant plus qu'en septembre, le pays respire à nouveau après la saison touristique (une pensée pour Gilbert Bécaud)... Le Cers a, une fois de plus, lavé et le ciel et nos âmes... 

(1) "... Je suis né quelque part
Laissez-moi ce repère..." Maxime Leforestier.
 
(2) arundo donax, roseau poussant en rideaux en bordure de cours d'eau ou dont la présence indique aussi celle de l'eau, ici les résurgences des infiltrations dans la garrigue.  Où les copains de la Barjasque allaient-ils donc couper les leurs pour leur campement sur la plage ? 
 
(3) Robert Nyel 1962. 
 
(4) demandez aux Agathois comme ils ont dû se battre pour rapatrier l’Éphèbe d'Agde, plus de vingt ans après sa découverte ! 

 

Maison_de_Frédéric_Mistral,_Maillane,_1914 wikipedia Domaine Public Source BNF, Auteur Agence Rol. La porte à mouches, les moustiquaires à guillotine à la fenêtre, les chaises en paille pour prendre le frais après la chaleur de la journée... 


 

 

lundi 8 novembre 2021

Les-Cabanes-de-Fleury, Gruissan, la fête des pêcheurs (3).

 La veille, les pêcheurs gruissanais ont ouvert leur prud'homie sur le buste de Saint-Pierre, prêt pour sa sortie annuelle. Ils ont aussi invité le public à un banquet, généralement une sardinade (cette fête se perpétue aussi aux Cabanes-de-Fleury avec une immersion en mer des gerbes du souvenir pour les marins disparus). 

Diapositive François Dedieu


 
Diapositive François Dedieu.
Diapositive François Dedieu.

A Gruissan, au sein de l'église, religieusement et en présence des juges des prud'hommes, les pêcheurs honorent leur saint en musique, au rythme de la "scottish". Nombreuse, la population dans les travées et en haut dans les tribunes, suit la progression chaloupée de chaque porteur de la barque de Pierre. De petits pas dansés comme sur un pont chahuté par la mer... 


Le Réveil de Gruissan a sûrement préparé sa longue prestation, un accompagnement musical réussi et sans interruption de plus de quarante minutes !


Fringant toujours, un futur retraité se demande s'il dansera encore pour Saint-Pierre, l'an prochain. 
Concernant Gruissan, les photos, visiblement d'avant le covid, sont issues de captures du film réalisé par Thalassa, l'émission diffusée sur France3.  

 


jeudi 27 août 2020

L’ÉTÉ SUR LA DUNE EST BIEN INQUIET (fin) / Fleury-d'Aude en Languedoc

"... Allez-y maintenant. On cherche l'eau, la plage, 
Tant les corps nus les ont, désormais, envahis... 
S'ils revenaient, les vieux, si fiers de leur village, 
Ils diraient, affolés : "Ce n'est plus mon pays !" 

Farinette jadis, poème de Maurice Puel, extrait du recueil "Bourgeons précoces, fruits tardifs" (mai 1988). 
http://archeovias.free.fr/litt_01_puel.htm 


Plage de Vias après les tempêtes de 2016 et 2018 / Photo de Fr. 3 Occitanie.

Pour sûr, les braves gens qui n'aiment pas que, affectent l'intolérance guindée socialement majoritaire jusqu'à ce que la libéralisation relative des mœurs ne s'exprime proportionnellement à l'érosion de la moralité monolithique, comme ce fut le cas concernant le catholicisme ou la sexualité. La préoccupation était alors de rester droit dans ses bottes concernant la morale. Rares alors étaient ceux qui se souciaient du sale temps pour la planète ! Or la plage de Farinette comme celles de Portiragnes ou de Sérignan perdent jusqu'à trois mètres de sable par an (1)... 
Mon cher professeur de français-latin en quatrième au lycée Victor Hugo de Narbonne n'aurait jamais imaginé que l'érosion poserait un problème autrement plus caustique que le naturisme.  

2010, érosion déjà de la plage des Cabanes. La tempête d'octobre a franchi la dune et la mer s'est déversée dans les terres sableuses où poussaient, jadis, des vignes. 
  Repli vers le bord de mer. Le sable est plus gros quand on va vers l'embouchure de l'Aude. Ses digues avançant dans la mer ne sont-elles pas en cause dans les phénomènes d'érosion vers les Cabanes et au contraire d'engraissement (2) plus au sud avec par exemple, le rocher de Saint-Pierre qui s'ensable ? 
Et ces troncs et maîtresses branches qui couvrent la plage sur des kilomètres à chaque crue, ne retiendraient-ils pas le sable plutôt que de former des bastions ? Entre parenthèses, qu'en est-il de la solidarité de la population du bassin versant du fleuve quand c'est la commune de l'embouchure qui doit se charger de nettoyer et le bois flotté et la pollution de déchets qui va avec ? Est-ce que le Grand Narbonne participe, au moins ? 

Callinectes_sapidus Crabe bleu Wikimedia Commons Author NOAA Permission PD
Retour vers Saint-Pierre sur la bande de l'estran où les pieds s'enfoncent moins. Ce matin des pêcheurs à la ligne parlaient de maquereaux au bord. La vie s'accrocherait-elle ? Quand reverrai-je hélas, les crabes verts ou les petites étrilles nageuses des belles années ? Ou alors il n'y a plus rien à gratter puisque les chaluts braconniers ne viennent plus écumer les hauts fonds au petit matin ! On dit qu'un crabe bleu dont les œufs ont certainement été délestés avec le ballast de navires venus d'Amérique, colonise la Méditerranée (3). Vorace, envahisseur, destructeur, il porte un coup de grâce à la biodiversité déjà mise à mal. 
Nous qui ne manquions pas, de jour comme de nuit, de faire quelques dizaines de francs de tenilles pour faire les galants en payant un orangina aux filles, à portée des flonflons du bal... Pardon Francis pour les colliers de jonquilles... 
Maintenant que pour le moral je tiens à marquer la saison avec une grosse poignée de coquilles en m'échinant sur mon petit engin de 25 centimètres d'ouverture (4), et que courbé tel Quasimodo je dois me tordre le cou pour ne plus voir que Pyrène avec un serpent sortant du sexe pour lui téter le sein, la beauté magique du Golfe du Lion me fait l'effet d'une mythologie d'un autre âge, d'un arrêt sur image que la persistance rétinienne a bien voulu retenir, d'un rêve éveillé dont je ne veux plus sortir et qui mourra avec moi... 

Vias sept. 2015 Photo Fr3

(1) A terre, les ganivelles de châtaignier, dans l'eau les épis, les îlots brise-lames, tentent de retenir le sable des plages. En 2015, la commune de Vias a engraissé artificiellement ses plages en déversant du sable. En 2020 le maire a attaqué l’État qui a refusé la pose de boudins brise-houles pourtant autorisée et financée entre Sète et Marseillan. Déjà en 2014 une association avait aussi attaqué l’État pour un manque d'entretien des digues de protection.    

(2) Entre les digues de l'embouchure de l'Aude et le rocher de Saint-Pierre, avec un courant nord-sud, la plage perd de sa largeur des Cabanes-de-Fleury à Pissevaches alors que le rocher lui, s'ensable. Plus de la moitié du littoral du Languedoc-Roussillon est en régression, le phénomène étant plus prononcé de l'Espiguette à Agde.

Entre Agde et Leucate près de 30 kilomètres restent stables ou engraissent, près de 10 km perdent 0,5 m/an, près de 7 km perdent entre 0,5 et 1m/an, 13 km perdent entre 1 et 2,5 m/an.

Depuis 1945, 260 ha ont été gagnés par la mer (DREAL)

La zone entre Gruissan et l'embouchure de l'Aude est une zone de convergence de la dérive littorale. Ce secteur jusqu'alors peu étudié car peu érodé présente désormais des risques, la partie sous-marine se retrouvant sapée. Le lien entre l'avant-côte et la plage aérienne n'étant pas immédiat, le trait de côte ne réagira qu'après quelques années. (DREAL juil 2018). 

Les apports alluviaux du Rhône ont été divisés par trois depuis la fin du XIXe siècle, du fait de la fin du petit âge glaciaire, de la réduction des surfaces agricoles et de la construction des barrages sur le fleuve (CNRS).

(3) En Tunisie, la pêche de ce crustacé apprécié a donné lieu au développement d'une filière. Mais que donnera la gestion de la pêche d'une espèce invasive quand les stocks s'effondreront alors que le crabe aura tout dévasté ?  



(4) Seuls les professionnels (surtout en Camargue) ont le droit d'utiliser le tenillier traditionnel (60 cm ou plus ?). La taille minimale des prises est de 2,5 cm soit la longueur de la phalange distale de mon index...  

vendredi 29 mai 2020

PARTIR / NÉ QUELQUE PART, ÉMIGRANT, ERRANT...

"... Je suis né quelque part
Je suis né quelque part, laissez-moi ce repère
Ou je perds la mémoire..." Maxime Le Forestier

"Rien ne trace son chemin" (J.J. Goldman). Il est donc condamné à choisir par lui-même, condamné à être libre de choisir !  Rester ? Partir ? Vivre !

Des traces ?
"... Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer..."
(Antonio Machado).

Cela explique-t-il que certains s'accrochent bec et ongles aux racines ? Au point de se couper de leurs prolongements de branches, de fleurs et de fruits ?
"... La race des chauvins, des porteurs de cocardes,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part..."
(Georges Brassens). 

D'autres partent comme des graines au loin, de gré ou par force. Se coupent-ils pour autant de leurs racines ? Arrivent-ils à germer ? Ou attendent-ils le temps de revenir, le temps qu'il faut pour vaincre le "mal du retour", au sens premier de la nostalgie ?..  


1953. Fin mai. Jouant de malchance, tirant le diable par la queue, François emporte "sa femme" (c'était sans guillemets alors), son gosse, quelques valises, une grosse malle de livres et d'espérance. 

François part au Brésil.

La malchance, trois, quatre peut-être sept jours avant d'obtenir sa "carte orange de diplomate", il est expulsé de Tchécoslovaquie (mars 1950). Aucune indemnité en tant que victime d'une mesure de rétorsion, aucun droit à un nouveau poste ! 

Praha_1,_Karlův_most Wikipedia Author Tilman2007
La guigne encore pour un poste de traducteur d'allemand à Toulouse (ONIA). Deuxième sur vingt-quatre... Ils n'en prenaient qu'un et peut-être que le piston...
Ingratitude encore de la République qui ne l'a pas pris comme remplaçant aux Cabanes-de-Fleury, le titulaire étant en longue maladie. L'Inspection Académique a préféré une école sans maître !
Et Michelin qui l'embauchait pour s'occuper d'une succursale à l'étranger sauf que c'était à Prague. Impossible pour la "persona non grata" qu'il restait !
Et cette école libre de Rodez mais pour 13.000 francs mensuels seulement "...le directeur s'excusait lui-même pour ce salaire de misère..." ! 325 euros de 2019 !
Et encore le ministère "Vous êtes victime d'une homonymie" ! 
Survivre. Gagner Narbonne à vélo pour donner une leçon...  

Une petite chance, bien que modeste et tardive, ce poste de précepteur chez la Comtesse Anne de Romilly, au château de Saint-André-de-Sangonis.
Et enfin un coin de ciel qui s'ouvre, un poste au Brésil. Mais le jeune comte s'est attaché à celui qui enseigne et le mène, il reste manger surtout s'il y a du chou farci. Au point que sa mère voudrait même qu'il parte aussi au Brésil (13 mai 1953). 
Déchirure encore quand il faut quitter les siens pour des années (26 mai)...
   
 "... Y a des oiseaux de basse cour et des oiseaux de passage..." (M. Le Forestier). Il y a les migrateurs non, toujours à rejoindre un port, un havre ? Et ceux qui passent pour ne jamais repasser ? 


André est le frère de son grand copain, encore un François. Ils habitent dans ce même quartier haut, l'un la maison de Jean, l'autre celle d'Elise, dans ce faubourg au-delà des remparts de jadis, entre le cœur du village et les premiers coteaux de garrigue. Or André lui, va partir au Canada. A Montréal. Une transplantation  réussie, une greffe vigoureuse car voulue, jusqu'à assimiler la façon de vivre et même l'accent, ce que quelques imbéciles aussi heureux que méchants, comme dépossédés, en arriveront à lui reprocher... Une trajectoire plus qu'attachante qu'il faudra partager un jour... 

lundi 10 février 2020

FÉVRIER 1956 aux Cabanes et à Fleury

LOUIS (La vigne et les chevaux) m'a dit, la semaine dernière, qu'à Olonzac les vignes avaient péri.
GABRIEL nous rappelle que son père confiait que tout avait gelé aux Cabanes, même la rivière. 
YVES (Pêcheur du Golfe) a retenu des images fortes de ces hivers marquants dont, certainement celui de 1956. 

Source INA 1956
YVES : 
« … Sinon, ils regardaient toujours vers l’Est, jamais dans l’autre secteur, pas du côté de l’Espagne car ce qui arrivait de mauvais venait toujours de l’Est.
    Une fois, avec cette neige du grec qui casse tout... je devais avoir 17 ans. Il a tellement neigé, la rivière était gelée, on pouvait pas aller jusqu’au pont de Fleury, comme d’habitude, et on est allé chercher du pain à Valras en passant par le bord de la mer. Il en était tombé 25 cm au bord de l’eau quand même ! J’avais jamais vu ça. C’était petit vent du nord, et l’eau des vagues se gelait. Quand nous sommes repassés il y avait 50 ou 60 centimètres de dentelle de glace... je m’en rappellerai toujours. Attends, pour geler l’eau de mer ! Tout le monde, avec des sacs ; entre ceux qui allaient gaiement et ceux qui marchaient moins vite, on était une trentaine pour rapporter du pain à tout le village.
    Une autre fois, quand on a été au pont de Fleury, on voyait rien et il y avait tant de neige qu’on savait plus où était la route, et les caves (les fossés), à côté.  Tu savais pas si tu étais sur la route ou dans une vigne. A des endroits on en avait jusqu’au ventre. Celui qui était devant était mouillé jusqu’à la taille. On se relayait, trempes comme des canards ! A la boulangerie, chez Vizcaro, enfin Fauré encore, Paul s’est étonné : « D’ount sortissès ? » (D’où sortez-vous ?) On était partis à 7 heures du matin, et le retour aux Cabanes, à 4 heures, avec le bateau. Je devais avoir 17, 18 ans. Quand il neigeait, couillon, c’était la catastrophe... » 

Hiver 1963.
Un autre témoin, si attentif à la vie de son temps,si complice pour garder notre passé vivant... mon père qui me manque... François :

 « … Et nous reparlons du grand froid de février 1956 […] Ici, à Fleury, les « moins vingt » furent chose courante pendant des jours et des jours, les dernières olivettes disparurent, à St-Martin-de-Londres dans l’Hérault la vigne, pourtant si rude, n’a plus résisté à le température extrême de « moins vingt-neuf degrés ». Et Julien de me dire que l’Aude était gelée sous une couche impressionnante de glace, telle que Robert Vié avait poussé sa barque en la faisant glisser du pont de l’Aude jusqu’aux Cabanes. La même année, Titou Maurel (Louis, l’aîné […]) était tombé dans l’eau à travers une glace qu’il avait cru plus épaisse, à Pissevaches, et c’est Manolo qui l’aurait tiré de là – ils devaient chasser -.

[…] Tu me diras : c’est surtout du passé, et je te réponds :
«  Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. » (Marguerite Yourcenar.)»

François Dedieu / Pages de vie à Fleury / Caboujolette / 2008 / Chapitre L’Hiver.
 
"... Espérons que février, qui commence demain jeudi, ne rejoindra pas dans les annales celui de 1956 qui vit la mort de la plupart de nos oliviers. Finies ces « olivettes » que nous avions vers Baurène (petite), vers la Magnague (plus importante) et partout ailleurs. Fini également notre bel arbre de Carabot, « la vigne de l’olivier », sur lequel il m’est arrivé de grimper pour cueillir, en compagnie de mamé Joséphine et mamé Ernestine, ces fruits méditerranéens que nous mettions dans une comporte. Celle-ci prenait place derrière le portail de la maison, près de la « porte à mouches » devant la vraie porte de la cuisine. On lavait les olives « à plusieurs eaux » après les avoir débarrassées des quelques rares petites feuilles encore présentes ; et c’était le stade de l’ « olivine ». Ainsi appelions-nous, à tort, cette lessive de potasse qui leur faisait perdre rapidement leur amertume..." 
François Dedieu / Pages de vie à Fleury / Caboujolette / 2008 / Chapitre L’Hiver.
 
"... Février 1956 : le grand froid. (Une lettre de Fleury) « … Depuis quelques jours il fait très froid : nous avons eu jusqu’à moins 12. Aussi nous restons toujours dans la cuisine, le fourneau et le feu allumés. Papa a mis la radio près du feu, il a mis la prise à l’allumoir électrique. Heureusement que nous avons du bois : nous avons arraché le Mourre, et Jojo avait presque fini de le planter, mais avec ces gelées ce n’est pas encore fini de planter.
Aujourd’hui il fait moins froid. N’ayant pas fini la lettre hier je reprends aujourd’hui. Hier soir, il a neigé mais aujourd’hui elle fond au soleil, à l’ombre, par contre, elle se glace. Voilà deux semaines qu’il fait froid ; il faut espérer que l’hiver sera vite passé. Le froid est général, vous devez le savoir par la radio..." 

 François Dedieu / Pages de vie à Fleury / Caboujolette / 2008 / Chapitre "Premiers sourires du printemps". 

"... Autre lettre de Fleury / mars 1956 : « … Les rosiers ont bien résisté, je les avais recouverts de terreau, ils sont bien verts, mais les verveines ont l’air gelées ; les géraniums, les comtesses, les œillets, les chrysanthèmes, les salades, tout est mort, sauf l’hortensia, les rosiers, le spirée, le gypsophile, et les plantes qui étaient dedans. Presque tout est à renouveler, même les asperges. L’aloès aussi a bien mauvaise mine, heureusement que ce n’est qu’un petit malheur..."
 
"... Début février 1956 (1), les hommes taillaient en tricot de corps, en « gilet athlétique » pour reprendre les mots de tatie Marcelle, avant qu'une période glaciale de deux bonnes semaines ne s'abatte, gelant des oliviers centenaires ainsi que, localement, des amandiers, peut-être quelques souches aussi..."

(1) Plutôt fin janvier 1956. 

samedi 25 janvier 2020

LE FLEUVE et LE RUISSEAU / Lettre à un ami / Fleury-d'Aude en Languedoc.

"L’entendez-vous, l’entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse
Et doucement dédie aux branches,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse..."

Rebonjour l'ami. 
Ah ! tu ne veux pas que je te dise pourquoi je t'ai dédié le début de ce si beau poème ? Tu es pris par tes recherches en généalogie... A chacun ses marottes... A moi les miennes. Alors je te le dis tout de go parce que ça m'est venu comme ça... C'est sûr... je ne suis pas seul dans ma tête... 

D'abord le prénom de l'auteur, Émile, est-ce un hasard m'adressant à toi ? 
Ensuite, en bas de chez toi, parce que tu appartiens à la Pagèze, tu es de ce refuge de paysans, la racine du nom en atteste, et que tu l'as payé de ton sang, encore une fois cette année, les flots grossis et limoneux de l'Aude, petit frère du Rhône et de l'Ebre, excusez du peu, mais rivière de nos cœurs avant tout, tu sais que mon pseudo est "carabène", l'Aude donc, me fait penser à toi, serait-ce a contrario.
Bien sûr que son flux mugissant porteur de bois et de troncs flottés ce n'est pas toi. Et tu es complètement étranger à la violence de ces radeaux poussés qui ondoient de plus en plus fort jusqu'à se briser dans les vagues furieuses de la mer. Même la télé d’État plus que publique l'a montrée hier soir aux infos ! Laisse-moi imaginer que la rivière te souhaite un anniversaire à sa façon : ça gronde ça meugle, ça gueule, ça dégueule, en prime, une masse de déchets sur la plage ! Ce ne peut être toi ! 

            





Alors quoi, pourquoi cette inspiration ? Même s'il faut la prendre de la part d'un cabourd, d'un inoucent ne contrôlant pas ce qui pétille, crépite ou explose même dins lou cap, ça dépend du moment, tu n'es pas de ces braillards qui veulent à tout prix s'imposer à la cantonade. Non, tu es un menu flot glissant sur les herbes et les branches. Aujourd'hui parce que tu fais tes ans, tu es "Le Chant de l'Eau" d’Émile Verhaeren. Tu es ta petite voix qui comme toutes les vies nous dit la vie qui défile. La tienne se décline depuis ton belvédère sur la plaine et les marais, sur la rivière qui part se mêler à la mer. Tu es un pays à moi. Et ta chanson lisse est si précieuse pour un pays qui passe, qui s'efface, trop peu loquace... Chut, que je l'entende sans plus faire un bruit, comme pour un froufrou de mésange, un babil d'hirondelle. Légère, sobre mais si pleine de sève à côté de ce rien mortifère dont le vide galactique porterait l'écho. On dit que l'internet rapproche, que le réseau serait social mais est-ce cela le partage, au mieux juste un dixième de seconde pour un clic, un "j'aime" sec, trop vite dit pour être entier ? Personne, pas un, pas une pour demander la fin du dernier affluent, tu sais, le ruisseau du Bouquet qui rejoint l'Aude en bas du promontoire ultime de la Clape, ce balcon que tu connais trop bien. C'est comme pour la traduction du poudaïré... Vivre à cent à l'heure ce doit être synonyme de "s'en foutre". Et puis est-ce vital de ne pas laisser le passé se mourir ? Maï que tabes m'en fouti puisque j'écris pour me faire du bien et que c'est nécessaire à ma vie. Je n'irai pas plus loin sur ces voies d'un plaisir solitaire que je voudrais solidaire... 


Oui, tu n'es pas l'une, tu es l'autre. Jamais tari, tu es comme le ruisseau du Bouquet. Ne m'oppose pas qu'il n'a plus d'eau parfois si la sécade de l'été se prolonge. On le croirait mais je me suis souvent arrêté sur le dos d'âne du dernier petit pont, en juillet et en août justement, ravi d'un filet d'eau toujours en vie, ne manquant jamais de tirer une petite photo. Comme toi il réapparaît par endroits grâce à quelque résurgence... Parce que l'eau de nos collines ne manque pas, parce qu'il cache un secret qui aurait même plu à Pagnol, notre dernier affluent. Un secret, que dis-je, des secrets, mais finalement je sais garder ma langue aussi, alors je me le garde aussi le dernier épisode... Des secrets comme dans le poème d’Émile Verhaeren riche d'une suite trop longue... ce qui arrangeait nos maîtres. A l'époque, la présence de Mélusine était trop belle pour être expliquée. Mais l'évocation nourrit l'imaginaire et cela n'a rien de frustrant de n'avoir rien su, alors, du mystère. Il faut un temps pour tout.
En attendant je sais que ton petit filet de voix vient de temps à autre embellir et mes écrits et mes pensées, renforçant le lien bienveillant et amical, un fil vrai d'une toile géante mais peu consistante, qui se dérobe, fuyante,  ... 
Ne m'en veux pas si je me trouve en te cherchant... ou si je me cherche en te trouvant... 
Bon anniversaire l'ami ! Bon anniversaire Émilien !    


mardi 30 juillet 2019

LE PEUPLE ÉLU DE L'EMBOUCHURE / Fleury d'Aude en Languedoc.

Parmi les grands projets qui ont concerné notre commune et son voisinage, bons ou mauvais, certains ont abouti, d'autres non.

Chronologiquement, en 1963, suite à la perte de la base de Reggane en Algérie, citons le projet de cosmodrome entre Pissevaches, Lespignan et l'étang de Vendres. Finalement il se fera à Kourou, en Guyane. 




L'aménagement touristique du littoral par la mission RACINE (années 60), se traduira seulement chez nous par les campagnes de démoustication, et, de façon moins directe, par le développement imputable à la création des stations nouvelles (Gruissan non loin).

Au début des années 80, la possibilité d'une centrale nucléaire a mis dos à dos tenants et opposants, heureusement avec le résultat que l'on sait concernant cette énergie soit disant propre et indépendante (sauf que l'uranium vient surtout d'Afrique !) et malgré la manne en milliards potentiellement alléchante...

Encore dans ces années 80, des scientifiques menés par monsieur Pignolet ont repris l'idée du cosmodrome européen sur les étangs de Vendres et Pissevaches. Cette "chance" des 200.000 emplois pour Narbonne-Béziers ne se concrétisera pas, au grand soulagement de ceux qui préfèrent une nature d'étangs et d'oiseaux.

http://www.montpellier.fr/uploads/Externe/d0/398_254_FRAC34172_MNV097_041987.pdf

Dans ces mêmes années 80, l'architecte Roland Castro travaillait sur le projet NYSA (« la vallée retrouvée ») pour une station de 20 000 lits à l’embouchure de l’Aude reliée au canal du Midi ! Plus fort que l'arche de Bercy, un bâtiment enjambant le fleuve était prévu, non sans se soucier, paraît-il, de l'intégration à l'environnement ! Vaut-il mieux être sourd que d'entendre ça ? 


Après tant de périls sinon autant d'occasions ratées, le peuple élu de l'embouchure de l'Aude hérita enfin d'une bulle qui devait accueillir Mitterand sous l'eau et J.L. Chrétien, ex adepte de Pignolet, dans l'espace ! Une "chance" pour nos impôts qui grimpèrent d'un coup de 30 % ! Mais plaie d'argent n'est point mortelle... Et s'il faut refuser les pompes à fric et tout ce qui est sale chez les politiques et les flatteurs divers (1), restons heureux et optimistes, en gardant ce qui demeure de la "vallée perdue" !

http://anticor11.org/?p=366 (17 avril 2010).

(1) dont le publicitaire Séguela qui en aurait eu l'idée... vous savez, ce gars-là, celui qui n'existe, plus intelligent que les autres, qu'avec  une montre de grande marque au poignet...

mercredi 26 juin 2019

LA DERNIÈRE CLASSE (3) / La centrale atomique ou un Kourou bis ?


La dune aux Cabanes-de-Fleury 2019.

Quand vejeron aco an dit « A Las Cabanos i a de pescaires, n’en pas per de tems ». Commenceron de pintrar las plancartas, per perdre los toristos, a fotre de pertot « Toristos deforo ! » (Quand ils virent ça, ils dirent “Aux Cabanes ils n’en ont pas pour longtemps ». Ils commencèrent à badigeonner les panneaux indicateurs et à foutre partout « Touristes dehors ! »). E puèi, aven heritat dals trobadors la convivialitad, la convivienço, l’art de viure ensemble (Mais c’est que des troubadours nous avons hérité la convivialité, l’art de vivre ensemble).  
A Sant-Pèire e a Las-Cabanos, sen estats lous doublidats. An dit en premier « anan futre una centrala nucleari dins las terras saladas (A Saint-Pierre et aux Cabanes nous avons été les oubliés. En premier ils ont dit « on va foutre une centrale atomique (1) dans les terres salées). Tot lo monde gueulet. Alors an dit « anan faire Kourou » aco tabe marchet pas. Apuèi lo projet Nysa, 5000 lits a Las-Cabanas e 25000 a Vendres, creatiu de la 7èma estaciu dal litoral e aco se faguet pas (Tout le monde a gueulé, alors ils ont dit « On va faire Kourou : ce qui aussi ne marcha pas. Ensuite la création de la septième station du littoral avec le projet Nysa qui lui aussi ne vit pas le jour). Sen demorat piots como eron me pas completomen. Quand fasen la sardo a Las-Cabanas, i a de monde que vol manjar de sardos ame los dets (Nous sommes restés bêtes comme devant mais, pas complètement. Quand on fait la sardo aux Cabanes, ils sont nombreux à vouloir les manger avec les doigts, les sardines). N’i a qu’an d’argent de resto. Lo riche aimo s’encanaillar ame lo pople. Y metetz de sardas, fasetz la tonada, fasetz cuire de cagaraous, los besetz arrivar ame de els atal… cal pas dona ni la recetta ni l’endreit […] que demorario pare mai ! (Y en a qui ont de l’argent de reste. Le riche aime s’encanailler avec le peuple. Vous lui mettez des sardines, la thonade, vous faites des escargots et les voilà qui arrivent avec des yeux comme ça… mais faut pas donner la recette ni l’endroit […] qu’il ne resterait plus rien !)  


  Ero l’epoqua de la lutta contre lu toristo. Lo premier sioguet Marti de Carcassouna […] A escrit « La Florida occitana » (C’était l’époque du rejet du touriste. Le premier fut Marti de Carcassonne […]. Il a écrit « La Floride occitane ») :

« … Tous les bouseux et leur famille Le long des plages C’est bien fini ! »

Claudi Marti 2009 Commons wikimedia Auteur Llapissera.
[…] C’était l’époque du camping sauvage, des vacances gratuites à la mer. Il faut arrêter d’accueillir ces vacanciers traditionnels qui ne payent que 1500 euros à l’année ! Le riche veut camper à 1500 euros la semaine ! Du coup tous les campings passent à l’hôtellerie de plein air à 1500 la semaine. Des mobil-homes vite amortis. Une société Capfun vient d’acheter à la fois le camping des hamacs aux Cabanes et celui de la Grande-Cosse.
Les illuminés au niveau de l’administration ont dit « Mais c’est des gitans ! » D’abord ils font passer une commission pour l’esthétique qui enlève les étoiles disant c’est le musée des campings. Ils veulent des toits à deux pentes, des toits plats ils n’en veulent pas. L’administratiu dis si va fasetz pas doubrires pas ! A St-Peiré se son plegats. A Las Cabanas, soun testuts coma de miols. (L’administration dit que si ce n’est pas fait, vous n’ouvrirez pas ! A Saint-Pierre, ils ont cédé. Aux Cabanes ils sont têtus comme des mules). Lo camping es interdit « avis défavorable des commissions de sécurité ». Mon rôle est de dire aux campeurs que je vais le fermer. Je peux ne pas le fermer, ce que je vais faire. Sei testut ieu tabe ! Mè si lo camping pren foc, ieu vou en priso ! Voilà où on en est ! Arresti al mès de mars (Je suis têtu moi aussi ! Mais si le camping brûle, moi je vais en prison ! Et j’arrête au mois de mars [ses fonctions de maire NDLR][…]

(1) en plus du projet "Le Cap du Roc" à Port-la-Nouvelle annoncé en 1974 et abandonné un an après.   
à lire : 
https://www.midilibre.fr/2014/08/17/fleury-l-heureuse-oubliee-des-grands-projets,1038563.php