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lundi 13 mars 2023

PAYS de SÉROU ou PAYS SÉRONAIS ? (fin)

Le fils de Toulouse qui passait lui aussi, m’avait bien laissé son adresse mais je n’ai pas écrit. Et lui, de son côté aurait-il pu le faire ? Je n’en sais plus rien. Que voulez-vous, il y a un âge pour tout et jeune, avec deux enfants rapprochés, la vie file à cent à l’heure. Ce n’est qu’après que nous réalisons qu’ils ont trop vite grandi. Ils partent sur leurs propres chemins, la vie nous coule comme du sable entre les doigts, les années se confondent, il ne nous en reste que des bribes, des débris difficiles à recoller... Ce n’est qu’avec l’âge que nous estimons à sa juste valeur ce que nous avions. Oh non, je ne suis pas en train d’abonder dans la rengaine du « c’était mieux avant » mais ce n’est pas pour autant que nous n’avons pas le droit de regretter une façon de vivre ouverte à l’autre, qui a été perdue depuis. Je peux quand même dire leur nom, à ces gens merveilleux, c’est la moindre des choses, Galy, la famille Galy, la dernière maison sur le chemin du col des Marrous, avant l’abreuvoir où un filet d’eau coulait jour et nuit... vous ne pouvez pas vous tromper.

Cette fois-là, nous avions passé quelques jours à La Bastide, chez Ferré (merci pour l'info, J.L. Lafont), un hôtel restaurant réputé, seulement en demi-pension, mais là encore, la patronne, certainement touchée par notre petite famille, nos fils avaient alors cinq et quatre ans, nous avait proposé le sanglier pourtant réservé au menu plus cher. Nous étions montés à la Tour Laffont, il y avait des myrtilles... C’était donc en fin d’été, certainement avant la rentrée. Les problèmes de sécheresse, de changement climatique ne nous minaient pas alors. Dans la descente vers Massat, nous avions acheté de la vaisselle artisanale à un jeune couple, comment dire, un peu baba, comme en rupture d’une vie moderne trop aliénante, de la ville...

Toujours dans ces années-là, lors d’un printemps encore frisquet, nous avions profité d’un gîte de l’autre côté, à Serres-sur-Arget. Il y avait la neige au col de Péguère avec, en prime, une large empreinte d’ours... de quoi impressionner les enfants et les femmes alors que le calme des hommes nous faisait passer pour des courageux !  

Une autre fois, après Nescus, les lacets du versant boisé et sauvage nous ont à nouveau menés à Montagagne mais juste pour faire un saut au cimetière, sans s’engager dans le village étroit, à cause du camping-car : la peur de déranger, celle de passer pour des importuns aussi. Et puis la nuit allait tomber. Dans ce pays avec plus d’avions dans le ciel que de voitures sur la route, on a dormi sur la montée du col des Marrous. 



Dans les années 2010, c’est à Esplas-de-Sérou par Castelnau-Durban que la quête des racines nous a menés, au cimetière... Une fête de retrouvailles était prévue puisque ceux qui y tiennent et le peuvent, reviennent au pays pour les congés d’été.  

Retour sur La Bastide-de-Sérou et la nationale 117. Avec mon adolescence sous un climat sec, voir du vert relevait déjà du dépaysement, aussi, au retour de Lourdes, les champs de maïs longeant la route de Saint-Girons me sont-ils restés vivants en mémoire.  

Rimont, juste pour évoquer le cousin Léon Maury, encore d’un lignage descendu en Languedoc mais qui, à l’âge de la retraite, remontait séjourner assez souvent en Ariège.  

mercredi 13 décembre 2017

DU COCHON A LA VACHE



C’est le coup de gueule d’Arnaud Daguin sur l’élevage à la chaîne et pour rien de bon des cochons qui m’a lancé sur ce rituel de l’abattage, cette fête du cochon des tartufes que nous sommes. Depuis Laval, près de Quillan, avec Monsieur Reverdy, nous avons rayonné à Lavelanet avec Madame Tricoire, à Sorgeat avec des chroniqueurs qui ont bien du mérite à honorer la vie d’antan. 

J’ai gardé aussi en mémoire le sourire ravi d’un pépé de Nescus près La-Bastide-de-Sérou, encore en Ariège. Fin août, 1977 peut-être. Avec sa femme : ils arrachent des pommes de terre, à la charrue. Je me suis arrêté pour tirer le portrait de la vache, si coquette avec son cache-yeux rouge-blanc-jaune comme ces rideaux de cotons noués, frangés, montés sur les seuils de nos maisons vigneronnes, contre les mouches aussi, avec la chaleur. 


Sur les bords de l’Arize, en bas des reliefs (500 – 750 mètres), c’est déjà une lumière de fin d’été, estompée même, en cette fin d’après-midi. Calme, immobile, prenant la pose, la vache me fixe, pauvre touriste qui prend la photo. Nous échangeons quelques mots. Il est cordial, enjoué, si content de rentrer ses pommes de terre : « C’est qu’on élève le cochon ! Pas vrai mémé qu’on fait toujours le cochon ! ». Il veut partager ce bonheur avec sa vieille plus loin, il veut qu’elle confirme ! Courbée, toute à son travail, à décoller la terre sur les patates, elle se tourne à peine mais hoche un visage tout rayonnant, en réponse à l’allégresse du vieux. Ils sourient aux anges, ces deux, tels des enfants parce que le père Noël est passé ! Ils sourient aux jambons, aux saucissons pendus, au lard qui viendra si bien assabourer (1) la bonne soupe aux choux de l’hiver ! 

Ce souvenir m’habite depuis ce temps. J’ai d’abord ri  parce que leur malice m’a fait penser à ce conte de la vieille accrochée au petit vieux lui-même arcbouté sur une betterave géante difficile à arracher. Avec les années, le sentiment s’est fait plus profond. C’est beau, c’est grand, en effet, cela nous dépasse, cet hymne à la vie, ce défi à la mort de deux êtres unis depuis si longtemps, pleins d’allant tant qu’un nouveau jour voudra bien succéder à celui qui s’efface. 

Et je les vois toujours, ces deux, sortis d’une toile de Jean-François Millet avec, dans le moment crépusculaire, Victor Hugo pour réciter combien « ils doivent croire à la fuite utile des jours… », à la ronde des saisons. En musique de fond une joie qui demeure… 


En partant du cochon, j'en arrive à me demander comment s’appelle cette coquetterie si utile sur les doux yeux de vache. Il y a des années que je cherche, malgré l’Internet. Et ce matin, même si je ne sais toujours pas, sur l’écran, des cache-yeux sur des attelages de bœufs. Devinez où ? à NESCUS, petit pays perdu d’où viennent mes aïeux, de Montagagne pour être exact !


Celui qui travaille avec des chevaux, des mules, des bœufs s’appelle Olivier Courthiade. Poète, paysan, il doit jouer Franz von Suppé comme il pratique l’autre piano pour une cuisine vraie. Et, vous avez entendu sur la video ? Parlo occita ! Il parle occitan !

Travaillait-il déjà à la ferme vers 1977 ? Qui sait s’il les a connus mes petits vieux de Nescus ? Je lui porterai les diapos et du rouge du Bas-Pays !
      
(1) Assaboura = donner du goût, assaisonner

Crédit diapos de mon pauvre papa, François Dedieu : Montagagne, printemps 1968.