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mardi 22 décembre 2015

LES LUMIÈRES DE NOËL / Sud, Languedoc, Aude.

                             Église St-Paul de Villar-en-Val (Val de Dagne) / auteur Tournasol7.
 
« Les nuits de France-Culture... jusqu’à 6 heures du matin... »
Je pense aux noctambules, aux insomniaques, à ceux qui se sentent abandonnés ou ne sont pas, sinon plus, accompagnés. Moins seuls, retrouvent-ils un peu de cette chaleur humaine avec ces discussions, comme au coin du feu, dans l’intimité qu’une émission de  radio peut offrir ?
Dans ce monde que nous accélérons à l’excès, tout défile et nous fait passer trop vite à autre chose, serait-ce à une autre émotion. Pour ceux qui ménagent des pauses et ont la sagesse de faire halte pour retenir ce que la méditation a de fugace et d’évanescent, l’essentiel de ces sept petites, toutes petites minutes avec Joseph Delteil...  

« Si vous passez par Villar-en-Val, au sud de Carcassonne, prenez donc le chemin de poésie, vous passerez devant la maison où naquit le poète Joseph Delteil. Joseph Delteil mena une vie d’écrivain paysan... /...  Mais enfant il vivait à Pieusse entre Carcassonne et Limoux, en plein milieu des vignes. C’est là qu’il passait Noël avec ses parents comme il le racontait à Frédéric Jacques Temple, en 1970. »  

« Joseph delteil, qu’est-ce que c’est la Noël pour vous ?
~ La Noël, comme toutes ces grandes fêtes, c’est d’abord quelque chose de très banal, il n’y a pas de choses extraordinaires ; il faut pouvoir à travers ce mot de Noël,  retrouver les choses qui sont inscrites dans nos moelles, ancestralement, initialement...
~ ... Noël est par conséquent la fête la plus ancienne et la plus moderne à la fois...
~ Oui, en même temps, l’un dans l’autre. A Pieusse c’était pas considérable. Ce qu’il y avait tout de même c’était la bûche. Papa qui était bûcheron n’oubliait jamais de préparer une assez belle bûche, de chêne. Il fallait que ça dure de la Noël à la nuit du premier janvier. Il faut que ce soit une bûche qui dure huit jours
~  Vous alliez à la messe de minuit...
~  Naturellement j’allais à la messe de minuit. Nous faisions un petit réveillon, mais vous savez,minuscule. D’ailleurs quand je pense à la Noël je ne vois pas tellement la Noël de Pieusse, j’y ajoute inconsciemment tout ce qu’il y a dans mes yeux. Au mois de Noël : mes yeux s’ouvrent et voient un spectacle et dans ce spectacle il y a notamment ce que papa et maman me racontaient de la Noël dans leur pays d’Ariège : ils habitaient du côté de Montségur. Comme ils habitaient une ferme dans les hauts plateaux, ils me racontaient qu’en allant à la messe de minuit, chacun y allait avec une lanterne, et alors, de colline en colline, de montagne en montagne, tout ça fourmillait de lanternes qui marchaient, portées par les gens qui allaient à la messe. Ce n’est pas le spectacle que j’ai vu mais pour moi j’ai l’impression que je l’ai vu, je pourrais jurer que je l’ai vu à travers papa et maman. Peut-être beaucoup des choses que nous avons, que nous portons, que nous écrivons, quelquefois, sont non pas de nous mais de toute notre famille, de toute notre lignée. 

                                           Paysage autour de Montségur / auteur Panoramio.
 
~ Et si vous le racontez c’est que vous vous en souvenez, que vous l’avez vécu...
~ Je m’en souviens justement parce que je l’ai vécu, ça s’est fixé dans mes moelles comme le cholestérol se fixe dans les artères.
~ A propos de cholestérol quels étaient les plats typiques du réveillon ?
~ Les plats typiques, chez nous, d’abord la prière de papa, ça c’est tout à fait le rite. Il devenait très solennel, ce qui n’était pas tellement son habitude et il nous disait en tâchant de ne pas avoir le sourire, de garder la voix très noble : « Mes enfants vous savez que la nuit de Noël, le chef de famille doit faire la prière avant le repas...»
A part ça il y avait un petit repas qui comprenait... ça commençait toujours avec la salade de betteraves rouges, après ça nous avions la morue aux tomates, il fallait la sauce tomate, qui était assez bonne, après ça il y avait des haricots à l’huile, un toupinat (1) de haricots. Tout ça nous paraissait excellent, c’était plein de saveurs.
Ensuite on ne pliait pas la table : en pliant les quatre coins, on laissait quelques plats en plus en cas que le petit Jésus passerait par là. 
Morue à la raita / auteur JPS68

Comme toujours, j’ai le plus grand respect pour ces rites parce que j’ai toujours l’impression que ces rites ils répondent à des choses très originelles, très originales; les premiers hommes les ont créés parce qu’ils avaient cette mission, cette notion de l’humanité. Et même maintenant, le jour de Noël, chez nous je tiens beaucoup à ce que ce soit une répétition de ces choses-là. Ce jour-là Marie vient chez nous ; elle prépare le même menu ; ma sœur n’y manque pas, elle confectionne les mêmes aliments et nous avons, une fois par an, à la Noël, exactement, le repas qu’il y avait à Pieusse, à Montségur, de père en père et qu’il y a dû avoir, à quelque chose près, de toute antiquité. » 

(1) le toupin, en languedocien, le pot en grès ou en terre mijotant souvent à la limite du cercle de chaleur autour du feu / mot aussi employé en Suisse.

Notes : Frédéric Jacques Temple, écrivain, poète, né à Montpellier le 18 août 1921.
Rappel : Joseph Delteil est un écrivain et poète français né le 20 avril 1894 à Villar-en-Val dans l'Aude et mort le 16 avril 1978 à Grabels dans l'Hérault.

Photos Commons Wikipedia.

lundi 21 décembre 2015

«TRADITIONS, NOËL, SUD, LANGUEDOC, AUDE...» / Aude & Languedoc


J’ai dû taper « Noël », « traditions », « Sud », « Languedoc », « Aude » et en moins de temps qu’il n’en fallut cette fois là à tonton pour prendre un brochet de 70 centimètres, l’ordi en a sorti des mètres. Des pages et des pages, en effet, un peu comme si, pour le poisson que je voulais accrocher, on avait vidé toute l’eau du lac. Force est donc de trier, de fouiller, en évitant la vase, à savoir l’incitation à consommer, toujours sous-jacente sur le Net mais sur-représentée puisque, en la circonstance, en premier, ce sont des invitations destinées à détourner le chaland vers la magie artificielle des marchés dits de Noël.
Patience, constance... Il est surtout question de persévérance quand on pose son bouchon dans l’espoir d’une bonne fortune... Sinon, pas de pêche miraculeuse, pas de petit poisson d’or tel celui du joli conte russe (1)... Demandez si ça vous dit mais ce serait hors de propos de le raconter ici... Le mien, de petit poisson surprise, attendait en deuxième page, et ses écailles brillantes m’ont pareillement ravi !
Le site invite à rencontrer Joseph Delteil (1894 -1978), l’écrivain-poète monté à Paris mais retourné vivre au pays, « al pais », puisque c’était écrit (2). Né d’un père charbonnier et d’une mère « buissonnière », à Villar-en-Val, mystérieux petit pays perdu dans des Corbières à l’écart des trépidations et trafics modernes, puis installé à Pieusse, terre de Blanquette (3), Delteil a gardé un vif souvenir de ses Noëls d’enfant, autour des années 1900. Lors d’un bref entretien radiophonique de 1970, Delteil a su faire partager l'importance qu'avait pour lui la célébration heureuse de Noël en famille. 


Puisque mon petit poisson d’or est aussi réel que mon Père Noël, vous devinez le bonheur que j’ai eu d’écouter, de passer et repasser l'entretien, pour transcrire puis lire et relire et revenir encore sur la parole de Delteil. Au-delà de la spontanéité de la discussion, de la grande exigence du direct qui ne rendent l'invité que plus humain, le message ne peut être plus clair. Et son accent valant mieux que mon inspiration incertaine, ci-joint les sites qui nous le gardent si présent pour passer et partager ce qu’il appelle « ses rites », transmis de père en père depuis l’antiquité.
Sources : merci Wikipedia, merci le Web !
Photo :  maison de Delteil à Pieusse / commons wikipedia / auteur : pinpin.

(1) Сказка о рыбаке и рыбке, Skazka o rybake i rybke) Le Conte du pêcheur et du petit poisson d’Alexandre Pouchkine, écrit le 14 octobre 1833, publié en 1835 dans la revue Biblioteka dlia tchteniia (Bibliothèque pour la lecture).
(2) est retourné vivre en Languedoc, à la Massane, un domaine proche de Montpellier. Dans ses oeuvres, des titres qui me parlent : Sur le Fleuve Amour 1922, Les Poilus 1925, Ode à Limoux 1926, Perpignan 1927, de J.-J. Rousseau à Mistral 1928, La Belle Aude 1930, La Cuisine Paléolithique 1964, La Delteilherie 1968... Joseph Delteil de même que son épouse Caroline Dudley, créatrice de la Revue Nègre, reposent au cimetière de Pieusse.
(3) La Blanquette de Limoux de la moyenne vallée de l’Aude, disputant au Champagne l’antériorité de ses bulles et d’un excellent rapport qualité-prix !