Affichage des articles dont le libellé est Cers. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Cers. Afficher tous les articles

samedi 20 janvier 2024

Et ENCORE le CERS !

 Manière de remettre encore une pièce dans la machine, alors que plus de 90 occurrences du mot "CERS", soit autant d'articles en dix ans, attestent de mon entêtement à défendre notre maître-vent (que nous n'avons pas toujours bien défendu, ne serait-ce qu'avec la manie que nous avions, peut-être encore à ce jour, à dire, allez savoir pourquoi, "VENT DU NORD" alors que le Cers arrive avant tout de l'Ouest), après avoir relevé (janvier 2024) ce qu'en écrivait Jules Verne à propos de l'Aude, ce qu'en dit le " GUIDE VERT MICHELIN, Causses, Cévennes, Bas-Languedoc " de 1974 apporte encore de l'eau au moulin. 


«... Au printemps et à l'automne, souvent les vents se déchaînent : l'impétueux « cers » (vent d'Ouest ou du Sud-Ouest), très désséchant...» 

Un alignement de pins face au Cers (Domaine de Saint-Louis-de-la-Mer, les Cabanes-de-Fleury, Aude). 

dimanche 7 janvier 2024

L'AUDE vue par Jules Verne...

En 1867-68 Jules Verne publie deux tomes de la « Géographie Illustrée de la France et de ses Colonies (plus de 700 pages sans compter une longue introduction de Théophile Lavallée. une lecture instructive sinon étonnante ! Et aussi, puisque je bataille pour les vrais vents des moulins, l'occasion d'enfoncer le clou contre les partisans aussi partiaux qu'obnubilés par les tramontanes, trompés qu'ils sont par nos merdias et la force de l'habitude... 

L'AUDE département. 



« .../...d'autre part, deux vents semblent lutter de violence dans le pays; l'un est le vent de l'O.-N.-O., connu sous le nom de Cers, et dont la force ne peut être appréciée de ceux qui ne l'ont point éprouvée ; l'autre est le vent d'Autan ou vent marin, qui porte sur les régions voisines de la mer les miasmes trop fréquents que produisent les marécages de la côte ; la force de ce vent augmente, dit-on, à mesure qu'il s'éloigne de la Méditerranée. L'automne est la saison la plus belle de l'année et se prolonge assez longtemps. Les fièvres paludéennes à l'E., les goîtres et les affections cutanées dans la région montagneuse, sont des maladies fréquentes dans le département. ... » " Géographie Illustrée de la France et de ses Colonies ", Jules Verne 1867 tome 1, 1868 tome 2, page 83 des départements. 

" Nos ANCÊTRES, les AUDOIS... " 

«.../...les Arabes et les Aragonais qui ont longtemps occupé ce territoire, y ont laissé une forte empreinte. Au S., domine la race ibérique, impétueuse, turbulente, amie des pérégrinations ; au N. et au N.-E., une population très-mélangée dit assez que cette contrée fut successivement habitée par les Celtes, les Romains, les Goths et les Francs; la région dés Montagnes-Noires est occupée par une race casanière, arriérée, demi-sauvage, que le désir du bien-être touche médiocrement. Le languedocien est parlé à l'O. du département; au S.-E. domine le catalan ; là, comme aux Pyrénées-Orientales, le type espagnol est fortement accusé dans la population. " Géographie Illustrée de la France et de ses Colonies ", Jules Verne 1867 tome 1, 1868 tome 2, page 83 des départements.  

AGRICULTURE... 

« .../... La production agricole est évaluée à près de 58 millions de francs, dont 35 millions pour les céréales : il y a donc surabondance de ce produit, dont le blé, le mais, l'avoine et le seigle forment les essences principales. La vigne fournit plus de 600000 hectolitres de vins assez renommés, dont un tiers environ est converti en esprit ; on cite les vins rouges de Narbonne, la blanquette ou vin blanc de Limoux que le patriotisme local compare au vin de Champagne, les vins de Bages, de la Palme, de Leucate, facilement confondus avec ceux du Roussillon. L'olivier, l'amandier, réussissent dans les terres légères, et l'arrondissement de Narbonne les cultive avec succès. Les prairies, les pâturages sont une ressource précieuse pour les habitants, et leur permettent de donner un grand développement à l'élève du bétail ; on ne compte pas moins de 646000 bêtes à laine, 34 000 bêtes à cornes, 24000 porcs, près de 19 000 chèvres et chevreaux, 16 000 ânes et mulets, 17 000 chevaux; les abeilles forment aussi une des branches de l'exploitation agricole ; plus de 13000 ruches y sont entretenues, et leur rendement fait une des principales richesses de l'arrondissement de Narbonne. Les bois, riches en noyers et en châtaigniers, ont été longtemps sacrifiés aux besoins du moment, mais aujourd'hui un intérêt mieux entendu pousse au reboisement; on évalue à 4500 le nombre d'hectares reboisés dans ces derniers temps. Le drainage et le dessèchement des marais sont poursuivis avec persévérance et ont déjà donné d'importants résultats...


« ...Dans le Minervois, le vent est plus présent (Cers et Marin se relaient) mais le soleil également... » (Wikipedia) (que sur le versant nord de la Montagne Noire)
Bon vent la tramontane !

Carte_de_la_Montagne_Noire under the following licence Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Boldair

Source : Géographie illustrée de la France et de ses colonies (archive.org)

mercredi 25 octobre 2023

ODE AU-DELÀ DU DELTA... / Rhône, Aude, Llobregat, Èbre

 « ... Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, ~ heureux comme avec une femme. »

Sensation, Arthur Rimbaud (1854-1891).

Le Rhône embrasse ses îles et pousse les terres de Camargue vers le sud, et pas seulement dans sa propre limite. La situation climatique, entre hautes pressions au nord et la situation dépressionnaire due à la Méditerranée, mer chaude, une situation à l’origine de violents transports d’air entre les deux états ; le Mistral, les Cers, liés aux couloirs rhodanien, audois, de l’Èbre en Catalogne, en forment les porte-bannières tandis que, plus généralistes, les tramontanes, comme le nom l’indique, descendent des montagnes. Transports d’alluvions aussi, tirées des montagnes, venues combler les avancées de la mer. La géographie, en effet, duplique le schéma camarguais d’engraissement avec ses lagunes et lidos, d’érosion, aussi, de la côte. 

Du Rhône à l'Èbre.  Atlas Classique, Schrader & Gallouédec Hachette 1953


A quatre cents kilomètres, chez nos frères de Catalogne, c’est l’Èbre qui avance ses bras dans cette même Méditerranée Occidentale. Entre les deux, le Llobregat comme épongé par Barcelona (1) mais réservant encore des espaces naturels intéressants. Et, pardon de le mettre en avant « parce que c’était lui, parce que c’était moi », si présent dans ce qu’il a de sanguin, de sudiste, d’occitan, le fleuve qui continue d’échapper aux hommes venus le dompter, l’Aude qui rendit l’île de la Clape au continent, la “ rivière ”, redoutée mais familière des Pérignanais de toujours, l’Atax d’un delta aussi caché que mystérieux... 

(1) si quelqu’un peut préciser pour le Riu Fluvia (Golfe de Roses) ainsi que le Riu Tèr d’une trilogie catalane lexicale : Têt, Tech, Tèr... Sinon on parle du Mistral, du Cers du Rhône à l'Aude, de Mestral, Magistrau, des Cerç ou encore Çerç, de Tarragona à l'Ébre. 

lundi 24 avril 2023

ENCORE UNE CROISADE

Si l'Histoire les retient en dehors des Guerres Saintes, la Reconquista notamment, les Croisades marquent un affrontement entre Chrétiens et Musulmans. Nous pouvons aussi en parler en inversant l'ordre des belligérants. Sans qu'on ait à les nommer, les Croisades n'en finissent pas d'opposer deux visions du monde qu'un système économique mondialiste trop sûr de lui n'arrive pas et n'arrivera pas à niveler, à étouffer. 

Pardon d'avoir parlé de ce biais à propos d'un autre problème, bien moins sanguinaire, lié surtout à la culture et au respect des différences identitaires.. L'expiration du ressenti, bien que révélatrice d'un certain inconscient laisse parfois à désirer (je la vis souvent comme une maîtresse autoritaire qui me domine...) m'a fait violemment réagir, ce matin, aux écrits laconiques d'un rédacteur de Wikipedia disant que si les Romains ont appelé Cers un certain vent du Languedoc, en fait ils ne faisaient que parler de Tramontane ! 

E o ! cal pas que s'i amuse ! Il ne faut pas qu'il s'amuse à ce jeu ! (le " Y " n'existe pas, à ma connaissance... Jean de Siran peut-être ? Guy, cher copain de toujours et guide fondé à nous éclairer, corrigez svp si besoin). 

D'où ma croisade matinale macarel ! À la place j'ai mis : 

"  Il diffère de la Tramontane. Apparenté au Mistral par sa nature catabatique de vent de couloir, son emprise s'élargit au niveau du Golfe du Lion entre Agde au Nord, Port-la-Nouvelle au Sud. Le Cers d'un nom de vent peut-être le plus vieux de France, se retrouve, toujours par l'entremise des Romains, désigné aussi au niveau de l'Èbre. De grâce, rendons à César et sans lui en vouloir aucunement, laissons la Tramontane partout où elle voudra et où les présentateurs du temps, pas plus météorologues que vous et moi, veulent bien la coller pour les touristes, par parisianisme. Qu'elle souffle son joli nom ailleurs mais pas dans le Narbonnais. "  

Fleury-d'Aude. Les Pins de Barral non traumatisés mais penchés par le Cers, vent dominant. Pour ceux qui connaissent, au fond, Lespignan et vers nous, touchant les pins, la vigne de Noé.  Diapositive 1963


Est-ce trop réagir ? Suis-je sanguin et invivable comme ce Cers qui souffle trop fort et rend fou dit-on ? Il y a 2140 ans que les Romains l'ont honoré dans le Narbonnais vu qu'il assainissait l'air du tout au tout... et étymologiquement le mot " Tramontane " n'apparaît qu'en 1210. Tout est dit non ? 

Qu'on suive la bannière ! En chantant " Non non non non, le Cers il n'est pas mooort car il b... encore, car il buffe encore... " (buffa = souffler en languedocien). Sus aux Jacobins ! La jacobinite ne passera pas ! 

dimanche 1 mai 2022

LESPIGNAN village languedocien (4)

Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir à dire ? Au début, souvent le syndrome de la page blanche. Et à parler du village à côté, l'attitude de voisins de palier qui se disent bonjour mais s'en voudraient de s'immiscer... Quelques échanges, seulement, parfois un début de camaraderie, je pense aux frères de Clotinières, à la mer, l'été... au mari de Monique pourtant pour pas grand chose, pour avoir surfé ensemble dans le même kayak, un après-midi de grosses vagues et de soleil pâteux aux Cabanes-de-Fleury : des sensations uniques, partagées puis chacun est rentré chez soi. Rien depuis. Même pas un prénom. Une moitié de siècle est passée... 

"... Mes camarades, à l'autre bout du monde, 
C'est bien justice, m'ont oublié. 
Je leur adresse une colombe
Buvons mes frères, à leur santé..."  
Joe Dassin "Mon village du bout du monde". 

D'un coup, une douce mais profonde nostalgie... "Mon cœur a tant de peine..." Mais peut-on en partager davantage avec Verlaine ? contrairement à lui, à ce qu'il prétend, du moins, chaque être sait trop bien pourquoi et pour qui. 
Allons, repartons sur les chemins de Lespignan puisque, fête que je me souhaite, surprise que je me fais, la suite, depuis Nissan puis vers Béziers et encore vers les moulins à l'Est, attendait discrète sur un fichier... La page blanche sera pour la prochaine fois. 

Lespignan 2015 wikimedia commons Auteur JYB Devot

Venant de Nissan, encore à vélo, un garçon, visage et cheveux au vent, dans l'agréable descente vers Lespignan. Un jour de vendanges à part, de congé, parce qu'une forte pluie empêche de rentrer dans les vignes ; la cueillette est remise au lendemain quand le manjo fango, littéralement le mangeur de fange, le Cers de chez nous, le petit frère du Mistral, aura fait son travail. On a de ces idées à treize ou quatorze ans, pour un jour de repos. Tout comme, en prime, celle de couper à droite vers la coopérative, la route de Fleury. Des potagers à l'époque, des jardins bien clos, bien entretenus ; il doit y avoir de l'eau et ce jour-là de la gadoue sur le chemin à l'estime, malgré le soleil revenu. La carte indique "Les Passerières"... Elle permet aussi de comprendre que je me suis risqué à l'époque là où il ne fallait pas, l'endroit, encore aujourd'hui, est sujet aux débordements des ruisseaux, comme le Rieux, qui descendent des garrigues. Le secteur s'est bien construit, depuis. 

Au nord du village, depuis le Puech Majou, entaillé pour le passage, la route descend dans une plaine avant de remonter vers les collines de Béziers. Inutile, comme aujourd'hui et surtout dans l'autre sens, d'appuyer sur le champignon : les Bleus peuvent vous attendre, bien cachés dans le creux. A l'époque l'élan est coupé par les Esses : de quoi admirer l'écart (toujours habité) et la jolie pinède à mi-pente. En haut, sur la gauche, surréaliste, une usine qui fume parfois : la distillerie de Bagnols. Elle produisait de l'huile de pépins de raisins, une filiale d'un groupe marseillais, je m'étais laissé dire... 

Le Web nous apprend qu'il s'agit aujourd'hui du groupe UDM (Union des Distilleries de la Méditerranée), que son unité principale, à Olonzac, regroupe les marcs issus du pressurage pour en tirer des tanins, des colorants, du tartre, des eaux de vie, de l'huile de pépins (1), du carburant biéthanol ED 95 et encore du compost en résidu ultime. 

Les alentours du village, même coupés en deux par l'autoroute, sont loin d'être sans intérêt. A l'Est, dominant la localité, le Puech des Moulins avec celui de Mauriçou, en hommage à son donateur, bien restauré par les "Amis de Lespignan", et qui devrait tourner ses ailes un jour. En bas du dit moulin, pendant des années se trouvaient les escoubilles, là où avec les déchets ménagers, les gens jetaient les embarras des greniers, des caves et remises. Avec le progrès, plus de poubelles et pas plus de vieilleries aujourd'hui monnayables dans les brocantes et vide-greniers.  

Un dernier mot pour la petite route oubliée, peut-être seulement un chemin vicinal à l'origine, bien trop fréquentée à présent, qui va vers les domaines de Saint-Aubin et débouche sur l'ancienne nationale de Béziers... A la sortie de Lespignan, des gitans occupaient un terrain... Que sont-ils devenus ?     

(1) les propriétaires qui apportaient les rafles à la distillerie de Fleury, obtenaient, au prorata des quantités livrées, des bouteilles ambrées de Fine du Languedoc. La distillerie de Salles vendait de l'huile de pépins de raisins.    

PS : la bibliothèque de photos autorisées n'est pas garnie... Appel aux prêteurs potentiels avec l'assurance que leur propriété intellectuelle sera toujours affichée... 


jeudi 4 novembre 2021

Gruissan, ses pêcheurs et l'étang de l'Ayrolle (fin).

La longue piste sur la laisse d'hiver rendue à la plage d'été, avec ses passages de sable sec à bien négocier ; la mer, toujours belle, tôt le matin, sous un soleil montant de début juillet, nue sous les écailles miroitantes d'eau soumises au faisceau encore limité de l'astre, vierge de voiles et bateaux avant que le Golfe ne les éparpille ; la plage vide quoique ensuite si peu occupée par de rares parasols. (1)

Quatre kilomètres plus loin, le grau de la Vieille Nouvelle, qui joint l'étang à la mer, au tracé et au flux  changeants. Pour bien s'en rendre compte, le site ami mais remarquable :
      

L'étang ! Perle précieuse dans les bleus ou les verts, suivant l'atmosphère, dans un écrin de sable doré ou, plus à l'intérieur, la verdure mordorée de la végétation des dunes. Puis, à droite de la vieille redoute, la réfraction de l'air réchauffé brouille la forme des pêcheurs de palourdes en un mirage digne d'un tableau de maître, imprimant à jamais la mémoire d'une émotion toujours à vif. Au fond, les pins de l'Île Sainte-Lucie et les caténaires de la voie ferrée qui loin de gâcher le panorama, amènent à se questionner sur les agissements de notre espèce. Sinon, seulement des senteurs de sel et d'iode, loin des pestilences qu'on associe trop mécaniquement aux lagunes surchauffées par les températures excessives. L'eau reste fraîche malgré une faible profondeur relative (0,75 m. en moyenne, 1,5 m au maximum). D'ailleurs,  tout à l'observation des faux cils des siphons d'un couteau, on peut se retrouver carrément au bain dans le courant d'un fossé immergé, artère qui fait respirer et nourrit, fragile garantie pour la vie de  l'étang, appelé ""cannelisse", ce dont je ne suis pas certain du tout...  
 
Photo aérienne. Source Geoportail.  
 
L'Ayrolle, j'en ai eu un aperçu l'hiver, quand le Cers donne libre cours à sa hargne et lève déjà des vagues sur l'étang. Il y avait un pêcheur à Fleury, ouvert, aimant et aimé. Nous le connaissions pour la pêche au globe, à Aude, celle, à la traîne entre Saint-Pierre et Les Cabanes. Je veux parler de Robert Vié. Il m'avait invité à le suivre sur l'étang. Un jour je retrouverai bien quelques diapos sur cette sortie : elles existent. Je n'en ai pas rêvé, lui, sur son betou, dans son ciré jaune, les pommettes rougies par le froid, les doigts gercés. Avions-nous pris des anguilles ? je ne saurais dire. Dans ces années 70, comme aujourd'hui, un camion-vivier faisait régulièrement la tournée. A l'époque Robert me disait que c'était surtout pour l'Italie où l'anguille, fumée ou non, est un poisson de luxe. 


Robert Vié

C'est sûr, j'ai beaucoup à demander aux pêcheurs de l'Ayrolle. Après l'émission, j'oserai, mieux que la dernière fois pour l'escapade à vélo sur l'Île Saint-Martin :    

"... Photos de l'Ayrolle sans la bonne odeur iodée des posidonies que les locaux appréciaient jusque pour les matelas des petits... L'étang est-il, après les calanques de Marseille notamment, envahi par ces autres algues brunes, trop vivantes elles, arrivées du Japon avec les naissains d'huîtres du bassin de Thau ?

Photos des cabanes de pêcheurs et de la cale avec les barques, les pieux et partègues ; les ganguis, trabacous et autres filets des petits métiers de l'étang. Justement un pêcheur, son placide korthal aux basques (il doit se faire vieux le pauvre), charge sa barque . 

"Pardon monsieur, est-ce que, par derrière, on peut rejoindre la route de l'Evêque ? 
- Et non il vous faut revenir jusqu'à l'embranchement... Oh ! mais vous êtes à vélo, alors suivez le canal, la route est au bout !" 
Oh qu'elles ont du chien, ces vieilles baraques, plus ou moins délabrées et pétassées ! Photos !..." 
 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/09/lile-saint-martin-velo-3-viree-en-terre.html

Il faudrait vous raconter aussi comme la prud'homie les unit et comment les pêcheurs fêtent Saint-Pierre. Cette cérémonie garde un lien certain avec le cimetière marin des Auzils, il faudrait l'évoquer aussi... Quant aux photos, sûr que d'y revenir sera une des priorités : les pêcheurs, heureusement, sont toujours là mais quelques "maisons rouillées", comme le chantait Trénet, menacent ruine. Elles comptent pourtant, elles aussi, pour la mémoire. 

(1) est-ce que les voitures sont autorisées sur ces presque 5 kilomètres de sable ? On comprendrait que la réponse soit NON ! La beauté, la nature se méritent... sous peine d'être vite dénaturées...



jeudi 21 octobre 2021

Soir de VENDANGES / 10. G.Gaudin, L. Bréchard, F. & J.F. Dedieu.

La plaine de Vinassan commune aussi avec Coursan et Narbonne. Parcourue de canaux (de Ste-Marie, de Lastours, ici de Grand Vignes) partis de l'Aude et débouchant dans les marais en amont de l’Étang de Campignol, ils permettaient la submersion des vignes (avec la contrainte de drains devant être creusés et régulièrement renouvelés). Aujourd'hui des friches ont en partie remplacé ce vignoble à trop haut rendement. A droite, une vigne pourtant... (Photo de fin juin 2020).    

 "... Vous savez les Ariégeois qui descendaient de la montagne n'avaient pas l'habitude de boire du vin. Et là, ils l'avaient à volonté. Ça chauffait surtout après souper quand il faisait bien chaud. Le Parisien avait acheté une maison en bas du village. Le soir il y avait grand bal et on dansait avec les sabots... [...] Moi Clémentine, j'ai dansé plus que mon compte [...] J'ai appris avec les vieux la mazurka et la scottish avant de me lancer dans la valse et surtout le tango... " 

Témoignage de Clémentine Roques (Vinassan), Le Puits de Mémoire, Gilbert Gaudin, 2001. 

 

Caboujolette, quatrième de couverture.

Fin de journée : "... A l’époque des vendanges, un petit bal avait lieu tous les soirs au café. L’animation du village était alors fort grande, les familles de vendangeurs venus d’abord de l’Ariège, puis d’Espagne, non seulement de Catalogne ou d’Aragon, mais aussi de la lointaine Andalousie, mettant une note exotique où résonnaient différentes langues ou divers dialectes et pidgins savoureux. Dès l’arrivée de la vigne, une toilette s’imposait à la fontaine du coin de la rue, et on allait se promener, puis danser un peu. Vers 22 heures, tout redevenait calme : la journée du lendemain allait être encore rude à la vigne, et on serait heureux si les nuées de moustiques voulaient bien se dissiper sous l’effet d’un petit cers (1) salutaire ou d’un vent marin bienvenu sous un soleil accablant..." 

François Dedieu, Caboujolette Pages de vie à Fleury-d'Aude II, 2008, auto-édition. 

Vignobles du Beaujolais vers Avenas 2008 Wikimedia Commons Author Alainauzas
 

 "... La fête se prolongeait souvent tard [...] Il y avait d'abord le repas, puis souvent les chants, la danse. Les jeunes prolongeaient la soirée [...] jusqu'à 2 heures du matin parfois. 

Quand on avait vingt ans [...] on avait la force de vendanger la journée, souvent de travailler au cuvage le soir, et même de bonne heure le matin [...] On avait vingt ans... Ça ne nous empêchait pas de participer aux chants et aux danses. De ce côté-là, les vendanges avaient une certaine attirance auprès des jeunes. [...] nous chantions des chansons [...] du folklore du moment [...] "J'ai deux grands bœufs dans mon étable..." [...] aussi des chansons patriotiques dans le genre Déroulède [...] Et puis l'on proférait des malédictions envers les Prussiens [...] C'était avant 1914 [...]

Il y avait toujours, au moins, un battement de deux heures au minimum avant d'aller dormir. Et l'on dansait, et l'on chantait [...]

Nous dansions les danses de l'époque, bien entendu, les polkas, même les mazurkas [...] Il n'y avait déjà plus, déjà, de danses paysannes [...] Mais nous avions les quadrilles [...] La valse faisait figure de nouveauté,quoiqu'elle eût sans doute non pas un siècle, mais peu s'en fallait..."

"Papa Bréchard Vigneron du Beaujolais", Jean-Pierre Richardot, La France Retrouvée, Rombaldi Éditeur, 1980.  

Quatrième de couverture.

"... Les vendangeurs, parfois logés à la rude, dans la paille, se lavent au puits ou à la fontaine. Ensuite, le village sort de sa léthargie, les rues s'animent, les épiceries, les boucheries, les boulangeries retrouvent l'affluence. les femmes font les commissions pour le repas du soir ; elles prévoient aussi la saquette du lendemain. Les groupes d'espagnols parcourent et remontent les avenues sur toute la largeur de la voie, filles et garçons séparés, recréant l'ambiance ibérique des paseos et ramblas, laissant dans le sillage, avec la bonne odeur du savon, des parfums de patchouli, d'eau de Cologne et de brillantine qui se croisent. Au crépuscule, pour éventuellement favoriser les échanges, las guapas dépassent la limite du dernier néon, ce qui permet aux muchachos de les rattraper pour un madrigal ou quelque flatterie intéressée qui fait rire le chœur des demoiselles sur la défensive..."

Reprise d'un extrait du chapitre Les Vendanges, Le Carignan, Pages de vie à Fleury-d'Aude I, Jean-François Dedieu, auto-édition, 2008. 

(1) le Cers, fort vent de terre local, apparenté au Mistral, soufflant entre Agde et La Franqui, malheureusement trop souvent assimilé à la tramontane...   

vendredi 23 juillet 2021

QUAND NOUS PARTIONS PÊCHER A AUDE, A BICYCLETTE (2)

Descendre dans le lit de la rivière, parce qu’on dit «la rivière», mot plus famille, proche, alors que dire «le fleuve» marquerait une certaine distance, une expropriation presque, sinon un brin de prétention, révèle comme un retour à l’animisme originel (1).

Descendre le pied léger, en parlant bas, ce n’est pas seulement parce qu’il faut être le plus discret possible, c’est aussi parce qu’en regard de cette eau qui n'arrête pas de passer, un respect instinctif atteindrait presque au culte. La rivière forme un monde clos, véritable oasis par l’été rogue du Sud, trop chaud, trop sec, trop cuisant. L’impression est diffuse mais réelle sauf que nous ne sommes pas là pour les mots qui disent la sensation brouillée qui nous frôle telle un amour révélé de jeunesse... «Sensation», la sublime ode à l’homme dans la nature signée Rimbaud, l’exprime trop bien. Sauf qu’on est là pour les poissons. Alors, même si Rimbaud nous engage pour une ébauche, la palette de mots pour peindre la magie de notre rivière reste limitée. 




Concernant le tunnel de verdure avant d’aborder le milieu saumâtre, nous parlons de canotes pour les sénils des roselières, de tamarin pour le tamaris les pieds dans l’eau, de carabène pour le grand roseau dit aussi «à quenouilles» ou «canne de Provence», celui qui donne les anches des clarinettes, ou refendu, forme les canisses. 


Et on ne sait pas le nom de ces arbres altiers qui leur disputent les berges. Dit-on peuplier ? «Arbre blanc» ? Même pour le vent, comme par répugnance à dire «Cers», on se satisfait du «vent du nord» au temps où les bavards de la météo venue d’en haut ne se rengorgent pas tous azimuts de tramontanes multiples quand ils focalisent sur le soleil du Midi et la mer des vacances... Passons, restons au milieu des années soixante... si le Marin et le vent d’Espagne savent être symphoniques, le Cers, lui, touche au philarmonique ! Il faut l’entendre caresser les houppiers, obliger les canotes à baisser la tête pour balancer en vagues tandis que les chasseurs d’Afrique et les hirondelles glissent leurs trilles et babils. Plus fort, il brusque les feuilles des arbres blancs et fripon, dévoile la ouate de leurs dessous. Violent, en rafales, le Cers entrechoque les tiges creuses des colonies échevelées de carabènes poussées, pour celles des «... humides bords des royaumes du vent...» jusqu’à noyer leurs pointes. Un gros poisson saute parfois et ajoute un flap de grosse caisse... Justement, on est là pour les poissons et ces sensations, adagio, moderato, allegro ou presto ne peuvent qu’infuser avec le temps.

Sans plus tarder, le lancer se déplie, le buldo se remplit moins ou plus... On vérifie que la cuillère à muges tourne bien sur sa hampe, apte à lancer ses éclats sournois... L’escabène pantelante cache le crochet meurtrier... Suivant la partition jouée par le vent, on entend plus ou moins le clic de l’arceau ouvert, la parabole du crin qui se dévide, le plouf du buldo, le clac du moulinet qui se referme pour rembobiner. Avec l’habitude, le bas de ligne doit tomber au ras des canotes ou près d’un tronc immergé qui dépasse : les muges aiment ces proximités. Certains spécialistes, les mêmes capables de lister les noms scientifiques alors que nous ne distinguons que la lisse argentée du camard doré à l’odeur peu goûtée de vase, expliquent que ces poissons aiment brouter la mousse bien verte des petites algues. Bref, il faut le surprendre, le provoquer pour qu’il attaque... (à suivre peut-être)   


(1) D’instinct l’humain s’efface devant l’élément. En dépit de son acharnement, il ne peut le dominer : les barrages cèdent parfois, les inondations catastrophiques le surprennent régulièrement, l’eau emporte et les gabions de caillasses et les limons un temps offerts. Pourtant son obstination l’incite à s’accaparer, ainsi il va aménager certains postes de pêche, tailler des marches, ouvrir les sénils, se l’approprier en quelque sorte, serait-ce provisoire... Aussi, quel n’est pas son dépit si la place est déjà prise...  A propos, au bord de la rivière, n’empiète-t-on pas sur la propriété d’autrui ? Non, elle est domaniale donc publique sauf qu’on passe par un pré ou le bord d’une vigne pour y accéder. Ici pas de clôture pour dissuader, pas non plus de bétail à garder il faut dire... 


 

samedi 13 mars 2021

LE VIN BOURRU de J.-C. Carrière / lecture à quatre z'yeux


Quarante kilomètres à vol d'étourneau entre Colombières, le village de Jean-Claude Carrière et Fleury-d'Aude, entre le pied du Massif Central et le rivage méditerranéen. Peu de distance mais une géographie très contrastée et pourtant une vie commune où chacun peut se reconnaître, retrouver le souffle vital légué par les aïeux, supputer la pression latente d'un jacobinisme nordiste sur un Sud qui veut vivre... 

Au fil des pages, quelques thèmes partagés, estampillés "Languedoc".

LE VENT. 12 mars 2021. 4 heures du matin : 10° avec le marin, de la douceur mais il ne fera pas plus de 13 degrés cet après-midi puisque le vent va tourner au nord-ouest.  Ah, en parles-tu du vent ? Oui : "le pays est [...] froid l'hiver à cause du vent du Nord qui descend en sifflant du massif..."
 C'est vrai que nous aussi avions l'habitude de dire "vent du Nord" pour un air pourtant venu d'ailleurs. Mais tout comme nous, tu ne mentionnes pas la tramontane. 
Suivi : finalement le vent hésite entre sud-ouest et nord-ouest, dans le premier cas ce serait  "labech" et est-ce que le proverbe trouvera à justifier demain "labech tardièr, cers matinièr" ? (labèch du soir, cers du matin).

LA MER. A t'entendre il te tardait de dépasser ton monde fermé, encaissé entre "... Le Caroux, haut bastion escarpé qu'on qualifie d'imposant et de pittoresque..." et au sud la chaîne basse et arrondie de Sauvagnère. Pourtant, par le versant raide du Caroux, une fois en haut sur le plateau, on voit la mer. 
A Fleury, vers 1930, à l'époque de ta naissance, il s'en trouvait toujours une paire, à l'école, qui n'avaient jamais vu la mer. Alors le maître les emmenait un jeudi sur les hauteurs de la Clape et deux mille mètres plus loin, près le Pech de la Bado, vers 160 mètres d'altitude, on la voit la mer, plein Est, à six kilomètres à peine. 
Note : depuis les coteaux au sud-ouest (Fontlaurier, le Phare) ou ouest (le château d'eau), on la voit la mer. Au-delà de l'étang de Vendres, on reconnait l'immeuble de Valras.   
 
ane-sang-et-or nanou.over-blog.org

LES GAVACHES. Déjà, pour situer Colombières tu ajoutes :
 
"Juste un mot sur les gavaches (prononcer gabatchs). Ils vivent au nord, dans les régions froides et peu civilisées des montagnes centrales. Ils parlent patois et ne sont bons qu'à faire brouter les vaches. A certaines saisons ils descendent dans les terrains méridionaux comme travailleurs périodiques. C'est l'occasion pour nous de voir comme ils sont frustes et ignorants. Le gavache est la référence barbare..."

Et nous Audois qui sommes les Gabaches en chef des Catalans (1) eux-mêmes Gabaches de qui déjà ? Des Catalans d'Espagne ? Des Espagnols non catalans ? Le mot aurait un rapport avec le goitre dû à une carence en iode chez les montagnards de France partis faire les moissons de l'autre côté des Pyrénées dans une Espagne bien plus verte qu'aujourd'hui (les migrations ne se font pas en sens unique !), et ce depuis 1530 ! L'espèce humaine étant d'une nature douce et non agressive, goitre et crétin devinrent synonymes.   
Si les Mexicains ont eu dit (ou disent encore ?) "gabacho" en parlant d'Européens ou de Yankees, un affairisme historique met au second plan le côté péjoratif du terme lorsque, à la frontière du Roussillon, terre aragonaise durant quatre siècles, une interprétation plus apaisée vient traduire le traditionnel "Catala bourou, Gabach  porc !"(2), à savoir que sur la frontière où avaient lieu les échanges, les uns proposaient des ânes réputés, les autres des cochons ! 
Et nous, du Bas-Pays, nous disions plutôt "mountagnols" que gabaches...  

Cochon_recueilli_par_le_Refuge_GroinGroin wikimedia commons Photo_de_L214_-_Éthique_&_animaux

Encore les interconnexions entre l'Occitanie, l'Espagne, le Mexique ! 

(1) nomment-ils ainsi les Occitans du nord du département des Pyrénées Orientales (Fenouillèdes notamment) ?
(2) Catalan tu es un âne, Gabach tu es un porc.