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samedi 24 octobre 2020

ÉCHOS D'UNE VIE AU VILLAGE (2e volet) / Fleury-d'Aude en Languedoc



Des coupures de journal conservées. 
 
"Amicale laïque et théâtre". Cinq photographies.
 
Pour plus d'infos, de commentaires :
 
La vie sociale était certainement plus riche et participative, non ?
 
Merci Josette.
 
PS : et n'hésitez pas à dire qui vous reconnaissez... 
 




Sinon parmi tous ces visages qui sans ces clichés s'effaceraient de nos mémoires (tant que ceux qui peuvent en parler sont là !), comment ne pas revoir monsieur Llobet qui en plus de nous apporter professionnellement avec tous les instits hommes et femmes, nous amenait à aimer et à jouer le théâtre.
Une fois même, c'est au festival de Carcassonne que sa Ford Cortina nous conduisit... Etait-ce pour voir le bossu avec Alain Mottet dans un des rôles principaux ?
Comme fusant d'un vieux volcan qu'on n'attendait plus, ces souvenirs évanescents ont cristallisé d'un coup quand avec madame Llobet, nous nous sommes croisés chez Spar. Émotion débordante propre à nous submerger si quelques mots d'une terrible banalité ne nous avaient ramené aussi sec à la vie de tous les jours... C'est ainsi que les êtres vivent... Pardon alors de m'être laissé aller...

dimanche 1 décembre 2019

LES SARRASINS ENVAHISSENT NOTRE MIDI / 1ère partie 711 – 737

Préambule : cette chronique concernant plus particulièrement notre Sud est néanmoins liée aux articles plus généraux parus sur ma page :
1.      Malraux et son mysticisme annoncé pour le XXIième siècle.
2.      Finkielkraut : immigration et islam.
3.      Retour sur les mythes croisés du Moyen-Âge arriéré et de l’Andalus éclairé.   

Cavaliers arabes près du mausolée (1907) Musée de Narbonne . Wikimedia Commons. Artiste Henri Emilien Rousseau (1875 - 1933)
 C’est bien après les conquêtes (200 ans ?) que les Arabes eurent pour dessein de faire de la Méditerranée une mer musulmane, la religion désormais justifiant leurs succès. Dans le bassin occidental, cela correspondait à faire de la « mare nostrum » une « mare mauri », une mer des Maures.

En 711 le Berbère Tariq ibn Ziyad débarque dans le sud de l’Espagne pour une occupation qui durera près de 800 ans avant le dernier épisode de la Reconquista, le départ du roi Boabdil [1] laissant les clés de Grenade, sa capitale, aux rois catholiques. 
Leur présence en France et plus particulièrement dans le Midi a marqué la période 718-973. Elle se caractérise par la volonté d’installer les religionnaires de l’islam autour de la Méditerranée tout en menant des razzias afin de s’emparer des trésors chrétiens. Leurs incursions, vers Tours par l’Aquitaine ou Autun par la vallée du Rhône correspondaient à des raids pour piller les richesses de l’Eglise.
Leur présence conduit parfois à des alliances opportunes avec les seigneurs wisigoths ou provençaux, contre un autre chrétien, dans un contexte de domination, de conquête de territoire. Cela peut se produire aussi dans le cadre d’une sécession dans le camp arabe, comme celle de Munuza le Berbère, gouverneur du Nord de l’Hispanie, basé à Llivia en Cerdagne, donnant sa fille en mariage à Eudes d’Aquitaine et refusant dès lors de combattre les chrétiens.

Conquêtes et razzias des Sarrasins :
La Septimanie (Roussillon- Languedoc) attaquée 718.
Perte de Narbonne 719-721.
Bataille de Toulouse 721 (Eudes d’Aquitaine bat les Sarrasins).
Perte de Carcassonne 724-725.
Pillages monastère Lérins entre 728 et 739.
Perte de Bourges 731, pillage d’Autun, de Langres 731.
Pillage Lyon, Bataille de Bordeaux perdue par Eudes. Charles Martel gagne la Bataille de Poitiers[2], plus célèbre pour honorer notre « roman national »  (porté par Ernest Lavisse notamment) que pour la lutte contre les Infidèles 732.
Perte d’Avignon 735.  
Bataille de la Berre, non loin de Sigean, plus significative que celle de Poitiers, victoire de Charles Martel forçant les Sarrasins à se replier vers l’Espagne 737. 

Bataille de Poitiers 732 wikimedia commons Tableau (1837) de Charles de Steuben (1788-1856)


[1] Le roi Boabdil passant le col se retourna, la larme à l’œil, vers sa capitale perdue avant que le relief ne la cachât à jamais. « Pleure comme une femme pour un royaume que tu n’as pas su  défendre comme un homme » lui aurait dit sa mère. Pour ces raisons, le col se nomme « El suspiro del Moro ». Les élèves adoraient cette légende et le prof aimait d’autant mieux la raconter… 
[2] « Ils furent arrêtés par Charles Martel, près de Poitiers (732) » Malet et Isaac (ROME ET LE MOYEN-ÂGE / volume des classes de cinquième et quatrième, édition 1958).

samedi 26 mai 2018

QUELLES LIMITES POUR LES CORBIÈRES ? (fin) / Aude, Languedoc, Occitanie.

(Une carte des Corbières est proposée en première partie). 
 
Passée Carcassonne, suivant sa pente, l’Aude décrit un coude à quatre-vingt-dix degrés vers la Méditerranée (à suivre : « Poussée des infidèles dans la gouttière audoise). Le fleuve peut enfin contourner l’ultime bastion, la montagne d’Alaric (603 m.), aurait-il encore à composer avec un rapprochement aux portes du Minervois (entre Lézignan et Escales, 200 m.), puis les collines de Montredon (168 m.), de Moussan (130 m.) et finalement la Montagne de la Clape (214 m.), excroissance projetée des Corbières, responsable de la formation de son ancien delta...   
Aude Fontfroide Author Henri Sivonen

A l’Est, depuis Narbonne, les reliefs moins marqués des Corbières (massif de Fontfroide 293 m.) dominent une plaine littorale basse occupée par les étangs : de Bages & de Sigean, de Lapalme. Les voies de communication attestent d’un passage de plus en plus étroit au niveau de l’Étang de Leucate ou de Salses[1], en direction de Perpignan. Ici, même le rail qui jusque là a pu gagner au plus court à travers les lagunes, pour desservir Port-la-Nouvelle, rejoint la nationale et l’autoroute avant que le verrou du Pas de Salses n’ouvre le Roussillon.   

Aude Fitou Author BlueBreezeWiki

Aude Gorges_de_Galamus_2005-08-05 Source taken by the user
Au Sud, la longue échine calcaire d'un synclinal, souvent proche des mille mètres d'altitude prolonge la Forêt des Fanges avant de rejoindre les Corbières Maritimes, après une course vers l'Est sur plus de vingt kilomètres.

Après avoir évoqué les limites de ce quadrilatère étonnant pour son originalité multiforme, unifié dans une grande diversité physique, climatique, botanique, historique, humaine et économique, et si déjà une retenue certaine a empêché de trop en dire, peut-être par décence, par respect, pour l’enchantement que nous avons la chance et le loisir de ressentir, il est temps de s’enquérir des éclats offerts ou des trésors que cachent ces contrées ouvrant sur des mythes, des légendes et avant tout sur un passé fondateur ! 

Les Corbières ? Un nom, pour commencer, qui ne peut que donner l’envie d’explorer parce que ces rencontres là tiennent de l’aventure et du merveilleux ! 

Photos autorisées Wikimedia commons.  



[1] Deux noms pour un même étang… bisbilles et chipotages de famille en souvenir d’une frontière historique. 

QUELLES LIMITES POUR LES CORBIÈRES ? / Aude, Languedoc, Occitanie.

Pardon mais la technique n'acceptant pas de passer l'introduction, j'essaie en coupant l'article en deux...

Un quadrilatère comme mis de côté par la géographie, seulement traversé par une pénétrante NE-SO : ce qui reste d'une nationale historique (RN 613 Montredon-Corbières / Couiza, 75 km). A peine 234 kilomètres de tour qui soulignent l'aspect trapu de ca pays perdu d'environ 2500 km2 de superficie. 
L'autre ligne, presque diagonale, qui irait de Carcassonne à Cucugnan, marque, d'Est en Ouest, la transition entre climats méditerranéen, océanique et montagnard en altitude. D'un côté des croupes pelées, la garrigue, les vignes, les moutons blancs, au-delà, les montagnes vertes, le maquis, les prés, des moutons noirs sinon des vaches ! (voir carte ci-dessous). 


Quillan Aude Author ken poland
Au départ d’Axat, en partant du coin qui voit le fleuve buter sur les Corbières et avant Quillan, l’Aude, coulant vers le Nord, taille de ses gorges remarquables les hauts reliefs de la Forêt des Fanges (700-1000 m.). Le fleuve doit se frayer un passage vers Carcassonne. Avant de creuser dans des terrains de même nature géologique sur ses deux rives (en gros à partir d'Alet-les-Bains), il tranche à droite dans les vieux calcaires et les schistes primaires caractéristiques du Massif de Mouthoumet. Concentrant la population, sa vallée (voir plus loin « La Goulotte audoise »), encore fringante d’un dynamisme industriel ancien, draine et contribue au maintien d’un arrière-pays moins favorisé comptant, rive gauche, le Quercorb et ce qui reste du Razès, jadis un vaste comté allant du Lauragais au Conflent. Rive droite, il ne reste rien de ce comté englobant le Peyrepertusès sinon Rennes-le-Château son ex-capitale. 

De Quillan à la confluence avec la Sals (Couiza), pour simplifier, le plateau de Rennes-le-Château, justement (entre 400 et 600 d’altitude), appuyé sur les Crêtes d’al Pouil (1037 m.), le secteur reste marqué par des histoires moyenâgeuses de fausse-monnaie, de Templiers, et, plus proche de nous, d’argent, avec le cas sulfureux de l’abbé Saunière. 

Aude Lauquet Author Tybo2

Ensuite, et cela concerne, grosso modo, le cours du Lauquet qui arrive à tracer vers le nord sans verser à droite vers l’Orbieu et sans encore rejoindre l’Aude à gauche, en amont de Limoux,  cet autre château d’eau des Corbières présente pour le moins une masse à plus de quatre cents mètres d’altitude culminant vers l'intérieur (Bouisse) au-delà des neuf-cents : un rude pays pourtant peuplé au fil de l’Histoire.
Au Nord, si les reliefs plus modestes et tassés semblent avoir assoupli les rigueurs du pays de Bouisse, paradoxalement, le dépeuplement a fait rayer de la carte une commune : le village de Molières-sur-Alberte, abandonné dans les années 60.   

Aude Ruines-_Prieuré_Saint-Pierre_d'Alaric Author Anthospace


Photos autorisées Wikimedia commons. 

mardi 14 mars 2017

AUX COPAINS RESTÉS EN ROUTE / chronique à quatre mains.


Question de génération, question de vécu : lorsque nous prenons conscience que plus on remonte dans le passé, plus les conditions de vie étaient dures, sans compter les guerres par-dessus, nous nous devons de ne pas donner dans l’anachronisme, une bourde des plus communes.
Ainsi la retenue souvent affichée pour que la sensibilité ne s’épanche point l’est seulement d’apparence d’autant plus, qu’à l’extrême, la sensiblerie décrédibilise tout sentiment. Ainsi, si c’est toujours avec pudeur que l’émotion est contenue, elle n’en est pas moins présente...
Notre parler, d’ailleurs, en témoigne lorsque parlant de quelqu’un qui n’est plus, il fait ajouter devant le prénom, « le pauvre » en occultant que les pauvres sont aussi ceux qui restent. C’est aussi le cas de la mémoire qui revient et entretient à chaque occasion le souvenir d’un disparu, du moins dans les familles où les plus âgés, en principe, tiennent à faire passer de ce qu’il savent sur les leurs et un cercle plus ou moins large autour.
Restons en là de cette réflexion, sachant que nous avons tous, parmi nos chers disparus, des copains restés en route avec peut-être encore cette idée que reste vivant celui dont on parle encore et surtout, en tête, ce vers du grand Hugo, sur ce même thème, « Les morts, ce sont les cœurs qui t’aimaient autrefois » (poème "A quoi songeaient les deux cavaliers")...  


Parmi les copains qui reviennent plus volontiers, mon père est intarissable sur son ami Yves de Trausse Minervois, son complice des années lycée à Carcassonne. Il saurait évoquer Léon de Montréal, à vélo entre Bram dans la plaine et ce dernier pli du Razès face à la Montagne Noire, voire la cave paternelle où ils dégustaient à tous les goulots, rajoutant de l’eau sans vergogne pour que leur forfait passât inaperçu ! Et puis il y a Pierre si vite parti ailleurs. 


Dans Caboujolette, par le biais de quelques lettres, il en trace un portrait poignant, tout de modestie, de non-dits empreints de cette décence muette propre à ceux qui, parce qu’ils ont vécu, ont côtoyé trop de malheurs dont ceux, en forte proportion, hélas imputables aux hommes.

La première lettre apparaît dans son journal de 1939, sous le titre « Grandes Vacances ». Pierre l’envoie de Carcassonne le 24 juillet ; le cachet indique 17h 25 ; François la reçoit à Paris le lendemain après 10 h (1), un second cachet en faisant foi.
Pierre écrit en languedocien et parle même de "patois" (2) tant les attaques contre les langues minoritaires ont fait du français, porté aux nues en tant que langue de la liberté, un vecteur d’oppression...
Il cite toujours le début de la Respelido, la renaissance de la langue du Midi, initiée par Frédéric Mistral (3) et commence toujours par « Moun brave amic » : 

« Nautre, en plen jour
Voulèn parla toujour
La lengo dóu Miejour,
Vaqui lou Felibrige ! »

Il doit envier un peu son copain François qui a eu la chance d’être invité à Paris mais, faisant presque référence à Joachim du Bellay, il met en avant l’attachement au village natal : «... debes langui un pauquet de tourna à Fleuris...».
Pierre voit aussi quelques uns de ses professeurs arpenter la Rue de la Gare où se promène le tout Carcassonne. Il a même vu passer le Tour de France. Si la ville a des airs de gros bourg où tout le monde se connait, il n’en regrette pas moins d’être plutôt à Fontcaude où les vignes auraient moins souffert du mildiou. Mais il doit réviser (peut-être un rattrapage en septembre ?). 


On sent le souci de structurer, d'encadrer son propos du classique schéma si commode pour la rédaction : Introduction, développement, conclusion. Ainsi, il prend congé en signant de son surnom « Buto-Garo » et en rappelant l'amitié qui les lie : « Toun amic » ou « Toun amic que te saro la ma, Pierre Alias ».

Une autre lettre (est-ce la seconde de cet été 1939 ? ), date du 9 août. Mon père prend soin de préciser :
« ... Grandes vacances sous menaces de guerre.
Le samedi 2 août est le premier jour de la mobilisation générale.
Dimanche 3 août 1939. la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. »

Pierre est si content d’avoir reçu quelques mots dans notre langue maternelle, son ami François étant plus « assimilé », dirons-nous, plus convaincu que la référence à « La deffence et Illustration de la langue Francoyse (1549) », que le rayonnement "universel" du français, doivent faire taire l’étouffement de l‘occitan, langue minoritaire pourtant bien plus ancienne (4).
Pierre regrette de ne pouvoir aller à Fontcaude que pour les vendanges. Il aimerait passer à Fleury aussi, pour le plaisir de discuter autour d’un verre, sans oublier de parler d’une météo avare de chaleur au point que les raisins ont du mal à mûrir.

Dix-neuf ans, un bel âge pour nos garçons si le destin n’en décide pas autrement... mais n’interférons pas davantage, laissons la parole à François (Caboujolette 2008, page 253) :

«... Et malgré moi me reviennent les vers d’« Oceano nox », appris par coeur dès la sixième à Carcassonne. C’est une vieille habitude. Le 24 juin 1941, j’étais allé à Carcassonne, après avoir reçu de la famille Alias un télégramme des plus inquiétants : Accident très grave arrivé à Pierre...etc... suivi sans doute par celui qui fixait le jour des obsèques. Avant de repartir pour Fleury, j’avais voulu acheter un livre d’allemand : FAUST, de Goethe, dans la collection bilingue des classiques étrangers. 40 francs : c’était assez cher... Je devais inscrire sur la feuille de garde : Acheté à Carcassonne le 24 juin 1941 en souvenir de mon ami regretté : Pierre noyé le dimanche 22 juin 1941 dans l’Aude. F. Dedieu.
« Ô flots, que vous savez de lugubres histoires ! » (Victor Hugo, Oceano Nox).

Après l’enterrement, monsieur Alias, son malheureux père, m’avait dit : « Ne l’oubliez pas trop vite. » Soixante-six ans après, je n’ai toujours pas oublié. »

Victor Hugo juxtapose la noirceur, la furie des flots tempétueux et ces marins disparus sombrant avec le temps dans les mémoires. A voir les rives si bucoliques du Païcherou, avec la guinguette des dimanches au bord de l’eau, on se défend de penser aussi à ces accidents si communs. Après le barrage le flot encore clair d’une Aude venue des montagnes, murmure le prénom Pierre sur les cailloux avant de le rouler plus profond dans sa plénitude de fleuve jusqu’à la mer mais c’est la dernière des raisons... soixante-seize-ans maintenant que papa n’oublie pas l’ami qui lui serrait si joyeusement la main... 


(1) la Poste fait-elle mieux aujourd’hui ? 
(2) les révolutionnaires disaient aussi « idiomes féodaux » !
(3) Mistral, par ailleurs très conservateur sinon réactionnaire, parle de « résurrection ».
(4) avec le temps et un certain recul, sans pour autant que cela exprimât une revendication identitaire, le penchant naturel pour la langue des aïeux s’est affirmé : ses parents ne parlaient-ils pas que languedocien entre eux ? Et son oncle Noé bien aimé, aurait-il eu tant d’effet sur lui sans cette langue indissociable du tempérament méridional ? «... lou fial d’or que nous estaco a nostre terro, a nostre cèl !..», ce fil d’or qui nous attache  à notre terre, à notre ciel, si bien chanté par notre poète sallois Jean Camp, en partage des vals alpins d’Italie aux vallées des Pyrénées et jusqu’aux plaines du Bourbonnais. Et que nos Jacobins franchouillards ne viennent surtout pas ramener leur arrogance coutumière si mal venue, ces internationalistes si enclins à émanciper au dehors et à coloniser au dedans : nos poilus de 14 parlaient occitan... s'il n'y avait eu que les Parisiens pour défendre la France ! Non, le Sud n’a pas de leçon à recevoir d’eux ! 

crédit photos : 1. Cazedarnes Autor Fagairolles 34 
2. Montréal Aude Auteur Profburp 
3. François Dedieu collection personnelle 
4. abbaye Fontcaude Author Fagairolles 34 
5. Carcassonne Aude & Cité Author Benh LIEU SONG

samedi 10 décembre 2016

JEAN GIROU (Montpellier 1889 - Marseille 1972) / L’Itinéraire en Terre d’Aude.


Docteur en médecine, Jean Girou s'établit à Carcassonne en 1921. Président de l'Ordre des médecins et... du Syndicat d'Initiative de Carcassonne pendant 25 ans, il est fasciné par les paysages, les monuments et l'histoire de son département d'adoption. 



Son 1er ouvrage s'intitule "Carcassonne, sa Cité, sa Couronne" (1928),  suivi par presque 50 volumes dont le plus célèbre est "L'Itinéraire en Terre d'Aude" (1936), un guide tous publics, réédité en 1987.
La géographie et l’Histoire y concourent, sans que le fond soit professoral pour autant. Et si l’évocation lapidaire du catharisme alterne les extrêmes (l’auteur parle en même temps « d’anarchistes dangereux » et d’une civilisation splendide), rappelons seulement que ce courant religieux était non violent par essence (1), à l'opposé donc, de tous les intégrismes dont l'intégrisme exclusif catholique de l'époque... Ce qui bien sûr n’apparaît pas dans l’Histoire, des mensonges toujours écrits et imposés par les vainqueurs, à savoir, en la circonstance, les envahissants « barons du Nord », cupides et spoliateurs.    




« L’Aude, disait Girou, concrétise sur son sol tous les aspects de la France ; c’est le Pays de la cigale provençale et de l’alouette Lauragaise, le pays de l’olivier et du cyprès, du pin et du mélèze, des roseaux et du laurier ; pays de vignes, pays de vent aux souffles alternés du cers (2) vif et froid, du « marin » humide et chaud ». L’Itinéraire en terre d’Aude. (3)

Et, sur Rennes-le-Château qui a nourri tant de chasses au trésor fantasmées :  


«... sur l’arête du plateau se découpe un décor singulier : des maisons en ruine, un château féodal délabré surplombent et se confondent avec la falaise calcaire, puis des villas, des tours à vérandas, neuves et modernes contrastent étrangement avec ces ruines : c’est la maison d’un curé qui aurait bâti cette demeure somptueuse avec l’argent d’un trésor trouvé, disent les paysans ! » L’Itinéraire en terre d’Aude. 





(1) ce sont les chevaliers, principalement les vassaux de Raimond-Roger Trencavel, vicomte d'Albi, Carcassonne et Béziers, menacés de bannissement et d'expropriation pour avoir toléré ou protégé des religieux cathares, qui ont tenté de se battre contre les Croisés d'Arnaud Amaury (cet amori !) et Simon de Montfort. L'expression "chevaliers cathares", si bien chantée, par ailleurs, par Francis Cabrel, prête donc à confusion 
(2) Le cers, vent de N-NE est bien désigné alors que les guillemets font du marin un vent générique, Girou regroupant sous ce terme, tous les souffles venant de la mer ( de NE à Sud). 
(3) Prédécesseur, François-Paul Alibert (1873 - 1953), carcassonnais (encore un) à la personnalité aussi "raide" qu’attachante, auteur de recueils poétiques malheureusement oubliés, bien que remarqués par Valéry, a écrit un « Terre d’Aude » (1906). Un essai, aux airs de journal de voyage, sur l’emprise des paysages, tant naturels qu’humains, sur tous les représentants de notre espèce. Les intellectuels, les artistes y seraient-ils, par essence, plus sensibles ? Et, à l’instar des médiums, réagiraient-ils plus concrètement à ces "radiations" ?  
http://www.ladepeche.fr/article/2009/02/22/562745-francois-paul-alibert-ce-poete-meconnu.html   

http://www.garae.fr/spip.php?article61

photographies autorisées 
1 auteur Harry / Carcassonne et les vignes en hiver. 
2 auteur Jean-Pol Grandmont / Carcassonne, enceinte extérieure ouest de la Cité (vue vers le château comtal et le nord. 
3 "Les chevaliers cathares" aire de repos de Pech Loubat (Narbonne), chantés par Cabrel, non sans une pointe de scepticisme... (dessin faute de photo autorisée)
4 François Ier Mitterand en campagne (mars 1981), face au diable de bénitier de Rennes-le-Château, voulu par l'étrange abbé Saunière... Auteur André Galaup, écrivain de Limoux dont nous reparlerons sous peu...