vendredi 10 mars 2017

LE CERS QUI PASSE SUR LA GARRIGUE ME RENDRA FOU ! / le nom de vent le plus vieux de France !

Et bé oui, cette atmosphère qui nous laisse tant aimer notre pays, souffrez que je la fredonne, en restant à ma place. C’est que Brassens vient aussitôt chanter Gastibelza sur la « Guitare » de  Victor Hugo. 


On ne trouve que ce qu’on veut bien chercher aurait dit Monsieur de La Palice. Mais parfois on trouve alors qu’on folâtrait ailleurs.
Ainsi, en feuilletant (c’est aussi une manière d’aborder un ouvrage) l’Anthologio Escoulario de Lengadoc (Roudès 1931 / Ediciu de la Mantenencio de Lengadoc), donc avec une bonne part de hasard, j’eus l’heur et le bonheur de trouver et ce que je cherchais et ce que je n’aurais pas cherché tant un contresens et un non-sens pourtant flagrant m’agréait... Mais, comme en amour où il est si difficile d’accorder la préséance au sentiment ou au désir, ma recherche qui se voulait structurée n’avait pas anticipé que « le vent qui vient à travers la montagne » me rendrait fou !  

Allons, cherchons... « Je cherche après Titine », mais non même si Charlot dans les temps Modernes, en donne une version exceptionnelle ! Non, ce doit être un plaidoyer, méthodique, construit, pour rétablir dans son honneur, le Cers des Romains. Le Cers, porterait-il le plus vieux nom de vent de France ! pourtant si ignoré, méprisé par l’ignorance ethnocentrée des people de la météo, de ces médias propagandistes qui se doivent de rester souriants, optimistes voire doucereux suivant les circonstances... Au moins que le bon peuple des "veautants" dorme sur ses deux oreilles, tondu et cocu ! 


Mais revenons à notre propos et là, dans cette anthologio, à la partie « Béziès-Sant-Pouns », parce que Pierre Alias, le regretté camarade de lycée de papa, avait parlé de Clardeluno (1), nous avons au moins deux raisons de chercher la poétesse de Cazedarnes ou d’un hameau proche. Et là, quelle n’est pas ma surprise de retrouver notre Cers, toujours avec la majuscule, plus haut que prévu, balayant même les collines du Minervois et peut-être, de ses rafales fulgurantes, au-delà des rives de l’Orb, toute la mer de vignes du Biterrois.

Dans Lisou (roman), « Mars dins lou Bas Lengadoc / ... las vignos que dejà laguejaboun.../... lour cabelladuro d’argent desplegado e rebufelado sens fin per lou vent de Cers.../... pei las alenados del Cers escoubilhaboun tourregans e rantèlos... »
Au mois de mars en effet, il n’est pas rare que la vigne « laguejo », rendant visibles les alignements de ceps, les rangées (de souches) dit-on notamment lors des vendanges, grâce aux bourgeons ouverts laissant sortir la pointe des premières feuilles vert tendre toujours dépliées et ébouriffées sans fin par le Cers. 


Puis, les exhalaisons, les bouffées du Cers balayaient (à rapprocher des équevilles de Lyon, du latin scopa [balai] puis scova puis escova et escovilla...) les gros nuages (le tourregan particulier au couloir audois, poussé par le Cers, défile rapidement depuis l’horizon ouest). Les rantèlos sont de légers nuages blancs souvent en formation... le bon maître Mistral cite J. Laurès : 

« A fusat len d'aici coumo fuso l'estelo
 En daissant darrès el uno fousco rantelo. » 

(1) pseudonyme de Jeanne Barthès (Cazedarnes 1898 - Cessenon 1972). Avec d’autres femmes auteurs membres du Félibrige, dont Philadelphe de Gerde (Claude Duclos-Requier), Calelhon (Julienne Fraysse-Séguret) et Farfantello (Henriette Dibon). Membres du Félibrige, elle a écrit en occitan alors que notre langue était de plus en plus étouffée par la morgue hégémonique du jacobinisme parisien... ce qui, serait-ce de façon insidieuse, perdure...  

Crédit photo : 
n° 2 extrait de carte IGN 65 Top 100 Montpellier-Béziers (2000). 
n° 3. après le débourrement auteur Véronique PAGNIER (je ne sais pas si on ne dit pas chez nous, et probablement par erreur, "débourrage" ?).

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