mardi 24 janvier 2017

LE HUBU-HUBU, jolie liane de Mayotte




Elles ressemblent à des petites oranges, verruqueuses, plus ou moins passées, haut perchées dans un arbre. Les locaux disent « hubu-hubu »... Ça ressemble à du kibushi, le parler malgache de Mayotte... Et en shimaoré ?

Alors demande à ta souris de chercher « fruit liane tropicale » et tu te retrouves aussitôt transporté au... Sénégal avec le ou la Saba Senegalensis. 



Wikipedia te dis que son fruit est appelé zaban, malombo, maad et made ou wèda. Ailleurs tu lis que si certains palais plus nordiques les trouvent trop acides, les locaux, eux, apprécient ces petites oranges spéciales. Une nana genre « Out of Africa » trouve qu’avec du miel... Elle ne cueille que les fruits tombés et laisse la production aux singes verts, du moins pour ce qu’ils peuvent attraper... Un proverbe local, peut-être dû à un fabuliste du cru lecteur de La Fontaine, nous répète que le singe vert qui regarde ces maads inaccessibles, se console en disant qu’ils sont trop amers... et certainement bons pour des goujats ! La femme blanche dit encore qu’elle en a beaucoup si Moussa passe. Il sait grimper lui ! Même qu’il raconte que si les branches cassent, ça n’arrive pas à la liane, très solide et qui fait rebondir en amortissant la chute... Il doit savoir de quoi il parle...

Ne me demandez pas comment, avec ma souris, je me suis retrouvé de l’autre côté de l’Afrique avec une espèce locale de la liane, Saba Comorensis localement appelée Tandri hubuhubu (liane hubuhubu (1)). Je suppose que, depuis Madagascar, au Mozambique, au Kenya, on doit la nommer autrement. En Tanzanie, à Pemba ou Zanzibar, vers les marches du royaume de Saba, les langues apparentées au swahili parlent de «bungo» ou «mbungo», pluriel «mabungo».

Wikipedia en anglais précise bien le genre Saba, famille des Apocynaceaes, pour un fruit de la couleur d’une orange mais à la peau coriace renfermant des pépins entourés de pulpe et qui rappelleraient, en petit, le noyau de mangue. Ne serait-ce pas plutôt comme la pomme cannelle ou mieux comme la fève de cacao ?

Quoi qu’il en soit, le jus en serait délicieux, entre la mangue, un agrume et l’ananas, et bien sûr très apprécié. Je vous dirai bientôt... 


On en oublierait presque que si la liane ne fait l’objet que d’une « préoccupation mineure », près de la moitié de la flore originale de Mayotte est menacée de disparition. En cause la disparition des zones naturelles, les défrichages abusifs de la forêt (pression démographique accentuée par la présence nombreuse de clandestins), de la mangrove (les autorités peuvent en être coupables), les cueillettes illégales (plantes, bois précieux), la colonisation par des « pestes » végétales exotiques, la surfréquentation touristique comme en haut du Mont Choungui.

Comment en faire abstraction, même devant un verre de jus aussi sauvage que frais ?    


(1) traduction Mariama.  





photos 1 Saba_senegalensis / commons wikimedia / auteur T.K. Naliaka
2 Saba_comorensis Author Franz Eugen Köhler in Kölher's Medizinal-Pflanzen 
3 Saba_senegalensis / commons wikimedia / author Atamari
4, 5 et 6 Mariama de Mayotte (janvier 2017).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire