samedi 24 décembre 2016

Une étoile filante de Noël voulue par Jean Camp / Noël en Languedoc

De Jean Camp, notre voisin, l'auteur sallois du magnifique poème le Doublidaïre (il a aussi écrit des pièces de théâtre et "Vin Nouveau", un roman), j'avais noté quelques vers écrits pour Noël :

"Bèl Nadal, me fas rebastraire
Se lo Bon Dieu m'avia causit
Auriai volgut faire, pecaire,
Davant lo monde estabosit,
De nostre Sénher, un vendemiaire
Se lo Bon dieu m'avia causit."

Dans la grande diversité des santons, la vendangeuse existe sûrement mais que le porteur d'espérance né la nuit de Noël soit un vendangeur dans l'âme de Jean Camp, sûr que le monde en eût été estabousit, complètement éberlué, l'autre énigme résidant dans le mystérieux regret répété "Se lo Bon Dieu m'avia causit."

BON NOËL aux cœurs et aux âmes qui, pour toujours rester timides et discrets, n'en demeurent pas moins fraternels.     

http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=59152

mardi 20 décembre 2016

MEILLEURS VOEUX Mme LA VICE-RECTEUR / Mayotte en capilotade

ENVOYEZ DONC VOS VŒUX A UNE ÉMINENTE REPRÉSENTANTE DE LA CASTE QUI FAIT LA LOI A L’ÉDUCATION NATIONALE

Meilleurs vœux madame Constance Cynique (1) !

Comme l'année dernière, vous recevrez peut-être une rallonge de 10000 (en gros) concernant cette indemnité pour laquelle vous touchiez déjà 15000€ !

Autour du 27 décembre et malgré la trêve des confiseurs (pas des carriéristes), nous essaierons de garder les idées claires pour suivre les actus et aussitôt vous congratuler.

Comme pour votre récente légion "d'horreur", peut-être louerez-vous, non pas le logement, le congelo, la clim et le reste, mais les chers enfants de Mayotte qui sont si souvent l'objet de votre dévouement attendri... Je ne dirai rien sur les parents que vous encouragez à rejoindre le privé.

Soyez gentille, à y être, d'envoyer un petit coucou aux collégiens de Sada qui n'ont pas de livres (à moins que le papa Noël ne distribue des tablettes...) et à ceux de Dembéni qui ne les ont pas encore reçus (peut-être que le papa Noël, encore...) !

(1) le surnom dont j'ai affublé Nathalie Costantini, vice-recteur de Mayotte.

mardi 13 décembre 2016

DE LIMOUX à PARAHOU-le-PETIT (André Galaup) / Terres d'Aude

Voilà un an que j'attendais de parler, de remémorer cette histoire de Panfilo et de sa jument Magloire. Le vent pénétrant des Hautes Corbières sous les tourbillons de neige, l'ambiance des gros bourgs se préparant aux réjouissances de Noël me font toujours tant frissonner de bonheur que j'imagine sans peine, après la nuit et le froid, les images rassurantes de l'homme tapant des pieds sur son seuil puis se frottant les mains devant la cheminée aux flammes plus vives qu'à l'habitude.    
Nous devons cette jolie histoire de Noël à André Galaup de Limoux, devenu écrivain à la retraite, inspiré, enchanté par son pays, en remontant l'Aude vers les Pyrénées. 

Il faut dire que le voyageur qui ne fait que passer est déjà charmé par les paysages, tant naturels qu'humains. S'il s'attarde un peu, pour la Blanquette, les carnavals, le château de Joyeuse, les bains (et la limonade !) d'Alet, la fête du cochon à Laval (1), les chapeaux ou le formica, le charme agit, les bonnes raisons d'y revenir ne peuvent que se multiplier. Notre voyageur (ne le confondons pas avec un touriste ordinaire...) peut penser aussi que ces contrées si riches et diverses doivent assurément transcender une proportion certaine d'êtres, natifs ou adoptés, qui, nourris à ces sources, poursuivent l'écriture d'un livre dont les chapitres racontent une histoire vieille d'au moins deux mille ans.


Les générations n'y suffisent pas : il y aura toujours quelque chose à découvrir, quelque énigme à déchiffrer concernant une région aux paysages si divers, remplie d'Histoire, de richesses, de mystères propres à nourrir les fantasmes les plus fous (2). La vallée, en remontant, continue de drainer des pays jadis aussi enclavés que fermés (le Trou du Curé, le défilé de Pierre-Lys, ne permirent le passage vers les Pyrénées, le Fenouillèdes et le Roussillon qu'à la veille de la Révolution !) mais au renom dépassant les frontières (3).    

Tel le bavard de service prenant trop de temps pour présenter une œuvre qui n'est pas de lui, je vous ai assez ennuyés avec mes raisonnements. Sans attendre davantage, suivons la jardinière de Panfilo et de la jument Magloire entre Limoux et Parahou-le-Petit.  

http://rennes-le-chateau-en-quete-de-verite.e-monsite.com/accueil/page-46.html

(1) Nous demanderons à monsieur Reverdy de bien vouloir l'évoquer... 
(2) Autour du trésor des Wisigoths, des Templiers, des Cathares, des seigneurs frappant fausse monnaie, de l'abbé Saunière, de la quête des nazis, de la visite du futur Jean XXIII, sans parler des fèdos ou des lutins Bug et Arach, plus familiers...   
(3) du Razès et du Kercorb bien sûr ! 

Pour ceux qui rechignent à multiplier les clics et les ouvertures de pages : 

DE LIMOUX A PARAHOU-PETIT
                                                         AVEC PANFILO ET SA JUMENT « MAGLORIA»

 
     La veille de Noël tombait cette année là un vendredi. Jamais on n'avait vu autant de monde au marché de Limoux. Les auberges avaient fait le plein. De tous les villages, de toutes les fermes, les gens étaient venus faire leurs emplettes.

   Dans cette foule, il y avait un nommé Panfilo, demeurant une  ferme située dans les parages de Saint Louis de Parahou. Fidèle à la mode des bouviers de son petit pays, il avait revêtu une belle blouse et portait un mouchoir autour de son cou.
1-7.jpg   Avec sa jardinière et sa jument, il avait descendu deux sacs de maïs, quelques chapons, des canards gras et une dizaine de foies gras. Avec le produit de la vente, il acheta quantité de provisions, de bonnes choses, des tourons et quelques bonnes bouteilles de blanquette et de vin  Anne de Joyeuse. Assez de vivres pour passer un bon Noël et rester bien au chaud si la neige venait à assiéger pendant plusieurs jours.
Ayant beaucoup de chemin à faire, de bonne heure, c'est à dire, en début d'après midi, Panfilo attela « magloria » (sa jument) qu'il avait laissée dans une étable du côté de la place au bois et quitta aussitôt Limoux.
 Dans l'étroit d'Alet de lourds nuages gris écrasaient les montagnes. Quelques flocons de neige venaient choir sur son capuchon, sur les oreilles et la croupe de « magloria ». Deux ou trois petits coups de fouet, la bête prit le petit trot. Ainsi on gagna Couiza.
 Panfilo et son attelage auraient bien pris la grande route directe : la voie romaine de grande communication Carcassonne Roussillon par Rennes-le-Château, le Carla, le Bézu. Ils se seraient arrêtes à l'auberge de la Jacotte où en cette veille de Noël, il devait y avoir bonne compagnie. Puis, par les Tricoires et le col du Moulin à Vent il aurait pu regagner sa ferme près de Parahou Petit. Mais il fallait que Panfilo passe par Rennes-les-Bains pour charger des choses à remonter.
 Tombée de bonne heure, la nuit enveloppait la station thermale et la neige en flocons plus gros recouvrait le sol de quelques centimètres déjà, lorsque Panfilo arriva aux Bains de Rennes. A la lueur de la lanterne, il attacha sa jument à un arbre sur la place et alla rapidement manger un morceau dans la salle du café-auberge ou régnait une atmosphère de rires sonores.
  Demi-heure après :hi !hi ! « magloria ». L'attelage repartait. Par un froid aussi vif, on ne pouvait rester longtemps assis sur une voiture. D'autre part, la neige tombant plus drue et à gros flocons, la marche devenait de plus en plus pénible. La lanterne n'éclairait qu'à une paire de mètres . Là haut, sur le plateau du mas, le vent secouait les buissons. Les arbres s'agitaient prenant les apparences de grands fantômes de la nuit. Au pont du Caïram, la jument s'arrêta net.
  Rien à faire, « magloria » ne voulait plus avancer. Levant le fanal, Panfilo éclairait au-devant de la jument. Brrr ! Un cercueil, en plein travers, barrait la route. Panfilo fut saisi de frayeur. Ses dents claquaient. Il fallait aviser. S'armant de courage, il déplaça le cercueil. Jument et jardinière passèrent. Après quoi, il remit à nouveau le cercueil en  travers de la route. De l'intérieur une voix se fit entendre:
 «  As pla faït de me tornar en plaça, sinon éres mort » (tu as bien fait de me remettre en place, sinon tu aurais été mort).
  Il paraît que beaucoup de voyageurs attardés vivaient la même scène en passant au pont de Caïram.
2-1.jpg Un peu plus loin, avant d'arriver à Bugarach, au ponceau du Rec-des-Fangots, Panfilo entendit des chaînes ? Du fouet, il hâta le pas de la jument.
  A nouveau, après Bugarach, en  passant sous le Pic et les parages du Lauzadel, au pont de Rouffet, Panfilo entendit à nouveau des bruits de chaînes. Cela se produisait souvent dans ces parages hantés. Ces bruits de chaînes dans le silence ouaté de la neige lui remirent en mémoire des choses qui s'étaient passées l y a fort longtemps sur le plateau du « Trauc de la Reilha ».
 Ce pays se situe entre 750 et 800 mètres d'altitude où se joignent les lmimites territoriales de quatre communes. Là, se souvint Panfilo, un homme avait perdu son épouse. Il l'avait portée au cimetière. Or, animé par l'esprit de malfaisance, un voisin revêtu d'une longue chemise blanche flottante venait en agitant et en traînant des chaînes, par les pâturages de nuit, faire peur au veuf . Ce dernier pensait que sa femme revenait lui rendre visite. Lassé et ulcéré par ce manège, il s'écria un soir :
« Mafisa té qui si té torni portar al cimentéri, tornaras pas ». (méfie-toi que si je te ramène au cimetière, tu n'en reviendras pas).
  Le fantôme continua sa pantomime. Le veuf s 'arma d'une fourche, se rua sur le revenant, l'embrocha et le transperça. Panfilo se souvint aussi d'une autre histoire arrivée durant la guerre de 1914-1918. Le propriétaire d'une ferme des parages du Trauc-de-la-Reilha mourut. Hélas, le menuisier de Bugarach était mobilisé. Personne pour faire le cercueil. On monta de la ferme de Linas, une caisse servant à mettre les jambons, les caisses de conservation des jambons ont généralement une forme de cercueil avec toutefois un peu plus de profondeur. Dans cette caisse à jambons ; on enferma la défunte . Avec des vaches et la charrette du domaine du Capitaine, on descendit jusqu'à l'église. Mais le curé était également mobilisé. A défaut de prêtre, un jeune séminariste de Bugarach qui portait déjà la soutane revêtit les ornements du prêtre mobilisé et officia dans les limites de ses compétences sacerdotales avec des enfants de chœur de Bugarach.
  Chemin faisant, tout en ruminant ces veilles histoires, Panfilo arriva à sa maison près de Parahou le Petit, où sa femme et un grand feu de bois l'attendaient. Le temps de mettre « magloria » à l'étable, il s'abandonna dans la douceur du foyer.

Copyright André Galaup

"Rennes-le-Château, en quête de vérité", paru en 2012, où il démythifiait l'affaire du trésor de l'abbé Saunière, démontrant les affabulations étalées depuis cinquante ans, voici qu'il offre à ses lecteurs un nouvel opus inédit intitulé :"Les abbayes du Razès" celles de Saint-Hilaire, Rieunette et Saint-Polycarpe (2015).
André Galaup ≈ Les mystères de la Vraie langue celtique et du Cromleck de Rennes-les-Bains. Le secret d’une noble Dame (2015).
André Galaup (1938-2021) 
photos autorisées : 
1. Limoux Pont-Neuf auteur Tournasol7. 
2. Couiza, château des ducs de Joyeuse, auteur Kojac1. 
3. Rennes-les-Bains, pont sur la Sals, auteur Corlin. 

samedi 10 décembre 2016

JEAN GIROU (Montpellier 1889 - Marseille 1972) / L’Itinéraire en Terre d’Aude.


Docteur en médecine, Jean Girou s'établit à Carcassonne en 1921. Président de l'Ordre des médecins et... du Syndicat d'Initiative de Carcassonne pendant 25 ans, il est fasciné par les paysages, les monuments et l'histoire de son département d'adoption. 



Son 1er ouvrage s'intitule "Carcassonne, sa Cité, sa Couronne" (1928),  suivi par presque 50 volumes dont le plus célèbre est "L'Itinéraire en Terre d'Aude" (1936), un guide tous publics, réédité en 1987.
La géographie et l’Histoire y concourent, sans que le fond soit professoral pour autant. Et si l’évocation lapidaire du catharisme alterne les extrêmes (l’auteur parle en même temps « d’anarchistes dangereux » et d’une civilisation splendide), rappelons seulement que ce courant religieux était non violent par essence (1), à l'opposé donc, de tous les intégrismes dont l'intégrisme exclusif catholique de l'époque... Ce qui bien sûr n’apparaît pas dans l’Histoire, des mensonges toujours écrits et imposés par les vainqueurs, à savoir, en la circonstance, les envahissants « barons du Nord », cupides et spoliateurs.    




« L’Aude, disait Girou, concrétise sur son sol tous les aspects de la France ; c’est le Pays de la cigale provençale et de l’alouette Lauragaise, le pays de l’olivier et du cyprès, du pin et du mélèze, des roseaux et du laurier ; pays de vignes, pays de vent aux souffles alternés du cers (2) vif et froid, du « marin » humide et chaud ». L’Itinéraire en terre d’Aude. (3)

Et, sur Rennes-le-Château qui a nourri tant de chasses au trésor fantasmées :  


«... sur l’arête du plateau se découpe un décor singulier : des maisons en ruine, un château féodal délabré surplombent et se confondent avec la falaise calcaire, puis des villas, des tours à vérandas, neuves et modernes contrastent étrangement avec ces ruines : c’est la maison d’un curé qui aurait bâti cette demeure somptueuse avec l’argent d’un trésor trouvé, disent les paysans ! » L’Itinéraire en terre d’Aude. 





(1) ce sont les chevaliers, principalement les vassaux de Raimond-Roger Trencavel, vicomte d'Albi, Carcassonne et Béziers, menacés de bannissement et d'expropriation pour avoir toléré ou protégé des religieux cathares, qui ont tenté de se battre contre les Croisés d'Arnaud Amaury (cet amori !) et Simon de Montfort. L'expression "chevaliers cathares", si bien chantée, par ailleurs, par Francis Cabrel, prête donc à confusion 
(2) Le cers, vent de N-NE est bien désigné alors que les guillemets font du marin un vent générique, Girou regroupant sous ce terme, tous les souffles venant de la mer ( de NE à Sud). 
(3) Prédécesseur, François-Paul Alibert (1873 - 1953), carcassonnais (encore un) à la personnalité aussi "raide" qu’attachante, auteur de recueils poétiques malheureusement oubliés, bien que remarqués par Valéry, a écrit un « Terre d’Aude » (1906). Un essai, aux airs de journal de voyage, sur l’emprise des paysages, tant naturels qu’humains, sur tous les représentants de notre espèce. Les intellectuels, les artistes y seraient-ils, par essence, plus sensibles ? Et, à l’instar des médiums, réagiraient-ils plus concrètement à ces "radiations" ?  
http://www.ladepeche.fr/article/2009/02/22/562745-francois-paul-alibert-ce-poete-meconnu.html   

http://www.garae.fr/spip.php?article61

photographies autorisées 
1 auteur Harry / Carcassonne et les vignes en hiver. 
2 auteur Jean-Pol Grandmont / Carcassonne, enceinte extérieure ouest de la Cité (vue vers le château comtal et le nord. 
3 "Les chevaliers cathares" aire de repos de Pech Loubat (Narbonne), chantés par Cabrel, non sans une pointe de scepticisme... (dessin faute de photo autorisée)
4 François Ier Mitterand en campagne (mars 1981), face au diable de bénitier de Rennes-le-Château, voulu par l'étrange abbé Saunière... Auteur André Galaup, écrivain de Limoux dont nous reparlerons sous peu...