vendredi 14 octobre 2016

TOUR DE L’ÉTANG DE VENDRES (VII) / Upupa epops, l'apuput (1).


Et là, grosse déception, un grand portail d’alu zingué finit de fermer une clôture de barbelés : la voie est barrée sinon à droite, un sentier mais vers le centre de l’étang et vite fermé aussi, sans issue. Hésitations sur nos pas devant le grand portail, parce qu’il n’est pas cadenassé. Il s’ouvre... Est-ce parce qu’ils tolèrent le passage ? Est-ce parce qu’ils ne peuvent l’interdire ? Restons discrets, fermons derrière nous, la direction est bien tracée. Fausse joie, encore ces foutues barrières, galvanisées peut-être et rien pour conforter le promeneur dans ses possibilités. 
Le promeneur ! la race honnie, qui voudrait protéger l’espace et les petits oiseaux ! Tous les vingt mètres, les pancartes "Chasse gardée" extériorisent clairement que tout est réservé pour les riches dont cette caste de parvenus politiques du Conseil régional par exemple ! Des élus s’arrogeant des privilèges, si ce n’est pas illégal, cela ne peut se faire que dans une république de copains et de coquins. On sent bien qu’une minorité outrecuidante n’a de cesse que de faire pression jusqu’à ce que le public en vienne à rebrousser chemin, à force de douter de son bon droit ! On sent bien que deux France se font face et s’opposent... jusqu’au clash cyclique qui, pour un temps, redescendra les nantis dézingués d’un cran ! A un certain niveau, « La Propriété c’est le vol ! » (1)
J’aurais dû aller demander à la mairie ! 
Et si les vaches se pointaient ? Plutôt monter sur ce Puech Blanc. Nouvelle opération de portage vers la garrigue avec la certitude que la solution est là-haut, que l’obstacle sera contourné !
Catastrophe ! la garrigue est quadrillée de barbelés ! Avec la sécheresse et les bêtes qui ont dû tout racler avant, tout est roussi, tout est poussière entre les touffes cachectiques ! Ce n’est plus qu’une steppe inhospitalière étouffée par une aridité létale. Deux huppes volètent pourtant ! Vision surréaliste ! Nous nous étonnons de voir un si bel oiseau dans cette désolation ! Mon fils remarque que lui, au moins, a vu deux lapins... ça donne courage pour la suite. 


La suite ? Une fuite grâce à un petit azerolier dévitalisé qui griffe encore tant il nous en veut de le bousculer dans sa torpeur pour la survie. Florian montre sa roue avant qui se déballonne :
« N’enlève pas l’épine, qu’elle se dégonfle ! » 
L’épine est si grosse (d’un acacia adapté aux calcaires squelettiques ?) qu’elle me rappelle celle qui servait autrefois à curer les escargots !
Gagnons le saillant du Puech Blanc : en bas de l’escarpement, le chemin de Lespignan ! Finis les barbelés, finies les barrières ! Dans les prés, une cohorte de bouviers joue aux gardians... Une bouvine se pavanant dans une Camargue petitounette d’une basse plaine de l’Aude trop exigüe ? Est-ce plus positif que la perception que j’en ai ? 


Mon vélo aussi a crevé, de la roue arrière qui plus est. Même à l’idée qu’en poussant, il faudra trois bonnes heures pour rentrer, un papa se doit de rester zen, confiant, positif. Surtout ne pas abandonner, ne pas appeler à la rescousse : un rapatriement ravirait trop certains esprits piqueurs... Dans le raidillon, des détritus, un cadre décharné de bicyclette, de nombreux débris de verre ajoutant à notre répulsion envers une nature torturée qui nous rejette comme pour mourir tranquille.
Dérapages avec un vélo sur l’esquine. Un mieux lors du second portage. On n’est pas des dégonflés, la trousse, la pompe, c’est pas pour faire joli ! Il ne reste pas grand-chose des deux litres d’eau mais un simple humectage permet de localiser les trous. Florian veut goûter... c’est bon signe... 
Difficile ensuite d’enlever le cambouis des mains mais nous voici bien remontés, gonflés à bloc ! Tant pour la mécanique, le moral que pour le physique, c’est reparti. 
Le paysage redevient aimable tournerait-il le dos aux prés à vaches. En haut d’une combe domestiquée, le moulin de Lespignan capte les rayons apaisés d’un été déclinant. Des pièces de vignes déjà à l’ombre, monte la douceur rassurante d’une campagne choyée. Est-ce la rancœur qui pousse à contrebalancer ainsi ? 


Restent les huppes dont la seconde upupa epops, l'apuput, "apeupeut" phonétiquement en occitan, qui nous précédait de quelques coups d’ailes, se demandant si nous savions qu’elle était là pour les bouses sèches où se cachent de délicieux insectes (3).  


(1) lire "apeupeut"
(2) Proudhon déclarant que de le dire ainsi était aussi direct et vrai que de clamer que l‘esclavage est l‘assassinat ! 
(3) ces oiseaux devaient être plus nombreux du temps du crottin de cheval... 

photos autorisées : 
1. Upupa_epops flickr Author Julio Caldas from Lisboa Portugal. 
2. épine acacia pixabay. 
3. Upupa_epops Auteur Luc Viatour  www.Lucnix.be.

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