mardi 18 octobre 2016

LES CORBIÈRES XIV / Padern « De Torgan en Verdouble »

Entre Duilhac et Padern (en occitan, ne prononcez pas le «n» final), après les cascades et la baignade de l’été au moulin de Ribaute, le Verdouble, comme mis de côté par le Roc Pounchut, se fait voler la vedette par Cucugnan et son vallon. Même la route qui passe là-bas semble dire que l’accès au Fenouillèdes par le Grau de Maury vaut bien mieux que lui. Plus en amont, le château de Peyrepertuse toise sa vallée de sa hauteur et celui de Quéribus, braqué vers le Sud et la marche d’Espagne, tourne le dos et l’ignore superbement. 


A Padern, par contre les relations sont tout autres, à l’opposé presque. Ici, le château qui domine la chapelle saint-Roch et les maisons fait partie du village tout comme le Verdouble coulant à ses pieds. Au moins ici, le village semble bien appartenir à ses habitants sans que le tourisme ne vienne apparemment déséquilibrer, fausser les rapports... Les Padernais vivraient-ils à l’envers ? Non, non, on ne marche pas sur la tête ici même s’il fut un temps où ils ont voulu s’en débarrasser, du château. En 1939, justement, la municipalité a voulu le faire raser. Sollicité, le Génie militaire, instruit dans ce sens par un secrétaire d’État vichyste mais néanmoins sensible aux vieilles pierres, a refusé. L’appel à une entreprise privée s’avérant trop coûteux, le projet fut abandonné... A présent, ils les illuminent, les vieux murs délabrés ! 
Et puisque nous n’avons rien dit des deux « citadelles des vertiges », au sens propre et au sens fiscal, prétendument cathares, raison de plus pour poursuivre avec le château de Padern !
 Moins connu que ses illustres voisins, abandonné par les moines de Lagrasse, son état se dégrade d’autant depuis plus de deux siècles que, si l‘inscription "sur l‘inventaire des sites dont la conservation présente un intérêt général" (février 1944) (1) l’a sauvé de la destruction, il n’est pas pour autant classé aux monuments historiques. La part non négligeable de la commune dans la restauration des monuments étant de 20% (État 50 %, région 15 %, département 15 %), existe-t-il un lien de cause à effet quand la pression fiscale (1385€ d’impôts et de dettes par habitant en 2014) est ici près de 5 fois moins forte que chez les voisins cucugnanais et près de 10 fois moindre qu’à Duilhac ?
Pour mieux en partir, élevons la herse, abaissons le pont-levis, allons voir le château puisqu’une vidéo aussi originale que réussie en donne envie ! https://www.youtube.com/watch?v=UNCSvI1Ba6g

Padern c’est encore une histoire d’eau : le titre de la Gazette locale en atteste : « De Verdouble en Torgan » (vous avez remarqué la variante ?).  


          Histoire d’eau donc avec le Verdouble bien sûr et son affluent le Torgan. Cette année justement, le Verdouble qu’on croit moins dépendant des précipitations grâce aux apports souterrains était quand même à sec en juillet. Le 14 octobre, la Gazette signale qu’il coule à nouveau serait-ce timidement. Qu’en est-il du Torgan qui conflue en bas de la localité ? 


Si l’irrigation était indispensable au blé et si la proximité de l’eau reste appréciable pour faire venir les tomates et les haricots verts des potagers, elle est un plus dans ces pays de cagnard, l’été, pour la baignade.
Plusieurs coins dont certains aménagés pour le pique-nique. En amont, sur la route de Cucugnan, à l’embranchement du chemin réhabilité du Devès, l’Oeil-de-Mer, un trou d’eau, en aval, après les gorges du Grau, sur la route de Tuchan. Le Torgan, lui, offre des coins plus intimes et une eau réputée plus fraîche. Mais comme l’un ne va pas sans son contraire, l’affluent sait se faire remarquer avec, à proximité de son lit, la source des Eaux-Chaudes (21°) qui alimente la commune et qui a permis, sans défaillir, de lutter contre le terrible incendie de septembre dernier.

Le porteur de la publication de Padern « De Torgan en Verdouble », signe sous le pseudo "La Cabède"... Les cabèdes ou cabedos (cabedas pour les modernes), surnom des gens d’ici (Mistral les signale en tant que «manjo-poumos"), sont les chevesnes. Le numéro de l’été 2016 parle de ces petites qui venaient en vacances chez les grands-parents et que le grand-père emmenait pêcher le matin, plus pour profiter de la nature que pour rapporter du poisson.
Je suppose que grâce aux trous d’eau qui permettent aux poissons de se maintenir en période d’étiage, les goujons, vairons, ablettes, gardons, vandoises, chevesnes, anguilles et autres barbeaux méditerranéens (une source parle de brochets, de carpes rares et de truites ?) continuent d’animer la diversité des rivières padernaises. 


Et que font tous ces poissons lors des crues, en particulier suite aux aigats ?
Dans ce pays sec, très méditerranéen, l’eau tient du paradoxe, elle est partout. Une carte détaillée permet encore de localiser de nombreuses fonts et sources, captées ou non qui ont leur importance dans l’occupation du territoire par les humains, pour l’élevage des moutons surtout. (à suivre)
Merci à la Cabède de la Gazette : l’article lui doit l’essentiel de sa substance sans oublier les photos libres d’être partagées !

(1) http://padern.free.fr/gazette/archives/printemps%202015/printemps2015.html 


photos autorisées commons wikimedia :
1. Verdouble Padern_depuis_Château author Vinckie. 
2. Padern et son Château author Vinckie. 
5. Chevesne auteur Jonathan Jaillet.
photos autorisées la gazette de Padern : 
3. Verdouble juillet à Padern auteur La Cabède. 
4. Verdouble 14 octobre auteur La Cabède.

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