mardi 9 août 2016

LE CHEVAL PÉCHARD DE LOUIS (I) / Fleury d'Aude en Languedoc

Louis est parmi les derniers, sinon le dernier à avoir mené un cheval à Fleury. Je l’ai salué, l’autre jour non sans lui demander s’il voulait bien reparler du travail à la vigne avant les tracteurs. «Viens quand tu veux, au jardin » qu’il m’a répondu. 


S’il faut reprendre par le menu tout ce que peut bien raconter un homme de quatre-vingt-six ans avec l’envie (et le mérite aussi) de témoigner, d’inscrire ainsi sa vie dans la destinée de l’espèce, aujourd’hui, j’arrête la bande son à l’instant où il parle de son cheval péchard « marron tacheté de blanc mais surtout marron », selon ses dires.

Sur le Net, et parce que les voies de l’informatique sont pénétrables, si j’apprends que péchard peut signifier aubère, gris-roux et même fleur de pêcher, c’est l’histoire d’un cheval nommé « Pêchard » qui m'aimante aussitôt.
C’est que « Pêchard », dernier cheval de Limoux en activité, a été statufié à l’entrée de la ville avec des rangées de ceps derrière. 
Son histoire a tout d’une Blanquette pétillante ! Ce cheval travaillait avec Henri et un jour qu’ils revenaient de la vigne, le coiffeur du coin, Georges Coroir, peintre à ses moments perdus, trouva que l’attelage, sur le pont, avec l’église au fond, avait de l’allure.


Maisun jour, les arches du pont ne virent plus passer Louis et son équipage. Le temps n'arrangeant rien, Henri était hospitalisé et Pêchard promis à une triste fin.
Mais à Limoux, rien ne se passe comme ailleurs ! C'est dû au caractère bien trempé de cette ville de la moyenne vallée de l’Aude ! C’est qu’à Limoux, les bulles remontent et restent dans les têtes... Pour dire que la ville pète d’entrain : la blanquette, le carnaval, le folklore des meuniers et tout ce que nous ne savons pas en attestent, pardi ! Alors les plans fusent et éclatent. Georges, encore lui, a l’idée de reproduire son tableau du cheval et du vigneron sur le pont, en carte postale. Il n’est pas seul. Les cartes se vendent dans le monde entier ! L’association qui s’en occupe a de quoi payer la retraite et les soins du cheval ! Henri désormais à la retraite peut lui rendre visite, régulièrement, jusqu’à ce qu’un 18 avril 1994 rompe définitivement leurs liens. Pêchard avait 34 ans, un âge plus que respectable pour un cheval de trait. Henri Santisbèbe quitta ce monde, lui, trois ans après.


Avec l’argent de reste et le concours des édiles locaux, le choix d'une statue équine, à l'entrée de la ville, se concrétise en juin 1998. Dernièrement, l’association en cessation a fait don de 800 euros et d’un paquet de cartes postales pour parrainer l’adoption, au centre équestre, d’Uva de Bel Air, une trait comtoise.
Quelle belle histoire ! Chapeau les Limouxins. Si quelques villes font tout pour garder leur âme, d’autres, dont la nôtre, font dans le bronze-cul obséquieux aux frais des contribuables locaux, faut-il le préciser ?
Allons, fi de ces aigreurs ! Plutôt courir jusqu’au jardin de Louis pour lui raconter où son simple mot nous a menés, de fil en aiguille !   

Photos autorisées :
1. "L'ami", cheval de papé. diapo de François Dedieu 1967 ? 
2.  Limoux Pont-Neuf auteur Tournasol7 commons wikimedia
3. bouteille de blanquette.

Sources :
https://artequestre.wordpress.com/2016/01/17/la-legende-de-pechard/
http://www.ladepeche.fr/article/2016/01/16/2256933-pechard-le-cheval-de-trait-lui-devant-et-tous-derriere.html
http://www.ladepeche.fr/article/2008/06/10/458759-limoux-le-cheval-pechard-va-feter-son-10e-anniversaire.html    

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