mardi 19 juillet 2016

SI TU REVIENS JAMAIS À SAINT-PIERRE, UN DIMANCHE.../ Fleury d'Aude en Languedoc




« Quand on allait à Farinette, le dimanche... » (Maurice Puel). Ça sonne comme un prélude, quelques mesures, une ouverture. De Ravel ? Qui sait ? Ou alors une opérette ? Sinon une chansonnette à fredonner ?

« Si tu reviens jamais danser chez Temporel, un jour ou l’autre... »
                   Paroles André Hardellet, chanté par Guy Béart (1957 ?)

Si tu reviens jamais à Saint-Pierre, un dimanche...
«... Tu sais qu’on (sans doute Georges Laffon) avait pastiché la chanson de Georges Milton « C’est pour mon papa » au café des Pins qui appartenait alors au Cuxanais Maurice Fabre dit Moriss... / ... A Saint-Pierre, il avait cette année-là l’orchestre George Laffon (George était censé faire plus chic) et un garçon d’une grande dextérité, très élégant dans sa tenue et qui imprimait à son plateau chargé de verres et de boissons des arabesques remarquables. Un passage de la chanson disait :

« Tous les bons pastis ça c’est pour Moriss
Servir vite et fort ça c’est pour Victor
... Filets de bœuf, langouste et bouillabaisse
On en a tellement qu’on en laisse !
... Les jolis bostons, ça c’est pour Laffon...
La gaieté et l’entrain
Sont au Café des Pins
Et les bons pastis ça c’est pour Moriss !! »
                                              François Dedieu / Caboujolette / 2008.

Ce matin, le grec pousse ses nuées humides. Les estivants roupillent encore mais des fourgons foncent vers le marché, vrai ventre du secteur et de plus loin encore. Quelques "villas" (des cabanons plutôt, ce qui ajoute encore, à leur charme), se souviennent, comme celle de la petite tour, telle un castellet. En face, une plaque, énigmatique, indique la rue « du tunnel ». Qui peut bien se douter des défenses creusées pour les Allemands et de ce tunnel justement, utilisé par la suite comme champignonnière par Daudel, l’épicier de mes jeunes années ? 


Ce matin, sous la grisaille, Saint-Pierre vieillit mal et cette pinède dont elle ne se souvient pas veut rappeler que là où les maisons, les résidences et immeubles s’agglutinent, la garrigue de Périmont embaumait. Un vieux pêcheur désabusé me dit que c’est Alzheimer. Pour quelqu’un qu’on connaît, ça fout un coup !

Et le Saint-Pierre de l’oncle Maurice à la mine rougeaude dont le souvenir ne peut associer qu’un bon repas mêle aux cadavres de bouteilles en tas dans un coin ? 

Avant hier, depuis le front de mer, les Albères, l’échancrure du Perthus, la majesté du Canigou inscrivaient comme une signature sur la courbe du Golfe vers le sud.

«... et les Pyrénées chantent au vent d’Espagne
Chantent la mélodie qui berça mon cœur...»
                                      « Mes jeunes années » Charles Trénet 1949.

Était-ce l’annonce d’un temps marin et humide à venir ? Ce n’est pas le frais vent d’Espagne ni le gentil marin, plutôt le grec, lourd et amenant le mouillé (les viticulteurs seront contents). Entre le changement climatique et cette fraîcheur qui vient tout contredire, on ne sait plus sur quel pied danser... 

«... En passant avec les enfants, on dansait un air ou deux... Qu’est-ce que j’aimais ça ! Depuis la baraque ou même la caravane, on entendait les flonflons, c’était agréable » (maman).
Et papa de préciser ce que je ne savais pas :  « C’était la guinguette de "Binsou" : « Mets un disque Marie-Louise, on ne sait jamais...». Il n'a pas tenu longtemps, elle n’avait pas beaucoup de succès... »

Il se montrera le soleil, aujourd’hui ? Mon fils se lève. Le voici mon soleil et sa bonne petite bouille. Je ne lui dirai rien, pour l’alzheimer, ni pour cette nostalgie qui ronge telle la rouille en bord de mer. Il rit, il vit et Saint-Pierre toujours aussi accueillante, rend si heureux, même quand le drapeau rouge interdit le bain. 

« Une chanson, c’est peu de chose,
Mais quand ça se pose,
Au creux d’une oreille, ça reste là, 
Allez savoir pourquoi... »
                                                Les Compagnons de la Chanson.

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