vendredi 17 avril 2015

LES MOTS QUI TUENT ! (2ème partie) / Mayotte, France en danger !


De la part de ceux qui ont de la bouteille, des responsabilités et du bagou, surtout pour noyer le poisson puis le rouler dans la farine (1), nous avons droit, soit au silence assourdissant, soit au « ni responsable ni coupable ». En écho au mutisme du Gouvernement de la République à Mayotte (voir la 1ère partie de l’article), voyons les arguties des irresponsables innocents...


Le « ni responsable ni coupable » émane des hauts fonctionnaires chargés de faire appliquer la loi, toute la loi, rien que la loi alors que Mayotte n’est pas tout à fait la France tant que le décalage n’est pas rattrapé (entendons nous). Grand écart ou pas, comme me l’asséna, en 1991, ce brave inspecteur de l’Éducation Nationale, « un fonctionnaire doit choisir sa sécurité plutôt que son honnêteté ! » ! Parce qu’il ne faut surtout pas être le premier à dire que ça va mal, par honnêteté ! La Fontaine nous « fit bien voir » ce qui arrive à « ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal » : rien n’a changé depuis ses animaux malades de la peste (2). Le risque est moins sanglant de nos jours mais il serait mal vu de reconnaître ses erreurs, de s’exposer en pointant les confrères, surtout quand cette solidarité de corps conforte une promotion espérée que la probité compromettrait. Entre parenthèses, cela justifierait peut-être, de la part de fonctionnaires rongés de remords, la création de collectifs alimentés anonymement pour reconnaître les errements d’une administration institutionnellement complice.
Venons-en au « tout ce que j’ai fait pour toi », l’argument-roi en surenchère du « ni responsable ni coupable » ! Le 3 avril, en effet, le directeur de cabinet du vice-rectorat et le secrétaire général s’exprimaient sur les violences et le droit de retrait qui s’ensuivit de la part des personnels du collège K1 (Kaweni... la banlieue aux favelas).
Conformément au processus décrit plus haut, un des représentants de l’autorité a osé et insisté à plusieurs reprises sur « L’école ne peut pas tout mais elle fait beaucoup ». Celui-ci a confirmé ensuite que le problème était pris à bras le corps avec les 120.000 euros prévus pour la réfection du grillage de protection, que l’école ne pouvait pas devenir la prison de Majicavo et que si c’était pour faire des murs, il se serait fait maçon !
En prenant soin d’appliquer notre grille de lecture, si ce monsieur sous-entend que les parents et peut-être d’autres instances de l’État sont concernés, la deuxième partie de son leitmotiv nous heurte car le « beaucoup » n’est jamais « trop » concernant nos enfants ! Imaginez un enseignant qui affirmerait qu’il fait « beaucoup » alors que la conscience et la modestie lui commanderaient plutôt de dire qu’il « fait ce qu’il peut » ! Il réduit ensuite l’ouverture de l’école sur le quartier et l’extérieur, à l’édification d’un mur de prison... Manque de chance, coïncidence, huit jours plus tard, c’est madame le vice-recteur qui nous informe qu’une butte doit être élevée, au collège de Majicavo, justement, parce que depuis leurs grilles, les détenus harcèlent les collégiennes... Un collège à côté de la prison, ce doit être l’ouverture sur l’extérieur, suis-je bête... Quant à la butte pour ne pas se faire traiter de... (ça rime), est-ce une idée du secrétaire-général avec sa hantise des murs alors que ceux de la maison d’arrêt sont trop bas... à moins que la prison ne soit trop haute pour cause de surpopulation ?


Ah ! j’allais oublier les 120.000 euros parce que notre cher responsable, qui doit émarger dans les 24 cadres les mieux payés de l’Éducation à Mayotte, a précisé qu’ils SERAIENT DÉFALQUÉS DU BUDGET PÉDAGOGIQUE !
Vraiment sans vergogne, l’outrecuidant ! (à suivre)

(1) Signalons qu’en ce moment, c’est pour rendre le vote obligatoire dans un contexte autoritaire rappelant la triste époque de la francisque. Ra Hachiri ! Restons vigilants ! ... Formons nos bataillons !
(2) Guy Béart aussi a chanté « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté... ». Si quelqu’un veut bien me donner la suite...
photos autorisées commons wikipedia 1. Administration coloniale 1950. 2. Quartier de Majicavo-Lamir.

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