lundi 23 février 2015

SRNCÍ SVÍCKOVÁ mais qui a tourné / Československo / Holoubkov,ma forêt perdue

Srnčí svíčková s knedlíky a rybizovy kompot / Svíčková de chevreuil avec knedliky et sa compote de groseilles.   
 



A présent la version dure, carrément noire, sang caillé, qui ne fait pas mystère de la terrible étreinte sur l’individu de ce qui fut un totalitarisme rouge. Ces rajouts sont précisés en rouge (à lire directement pour ceux qui connaissent bien l'histoire).

Un village en Bohême. C’est l’hiver. De toute façon quelle que soit la saison, il faut avoir l’esprit débrouillard, échanger avec ses connaissances, s’entraider entre gens de confiance, garder l’esprit de troc pour s’en sortir. Le régime assure l’emploi, les soins sont en théorie gratuits mais avec un sentiment d’impatience, d’insatisfaction sinon de déception qu’il vaut mieux cacher. La république socialiste, si elle assure le  travail, si les soins en théorie gratuits sont garantis, bride et pèse sur la vie des gens. Seuls les apparatchiks, entre deux purges, profitent du système et sans la carte du parti, rien n’est facile. L’homme reste un loup pour l’homme : les tenants des lendemains qui chantent peuvent toujours chanter, les idéaux de fraternité ont été trahis et dévoyés dès le début de l’entreprise communiste. 

Grand-mère, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a entre 60 et 65 ans, peut-être 63. Est-ce la période où elle travaille  encore à la cementarna, la cimenterie qu’elle a réintégrée, bien qu’officiellement à la retraite ? A la maison, il faut aussi s’occuper des poules, des lapins, parfois du cochon à engraisser. Les oies, c’était à l’époque du Protectorat et après la guerre. Il y eut même Lisa, vers 1945, une chèvre, une vraie, gourmande, prompte à s’échapper de sa soupente pour arracher les fleurs, casser le pot et se moquer, telle la koza que Josef Lada sut si bien croquer ! Là, ce sont les moutons. Autrement, comment s’en sortir alors que les pénuries restent chroniques, que les files d’attente s’allongent pour la viande : « fronta na maso » et même pour les légumes quand, à Rakovnik, le tableau sur le devant de porte des « zelenyni », littéralement les "verdures", annonce pour le lendemain une hypothétique livraison de chou-fleur (karfiol) ! Lorsque dans un pays la nourriture tient lieu d’unique consolation, que la population s’y adonne même avec excès au point d’ y consacre l’essentiel des revenus,  on a tout dit... Une des principales tâches du membre disponible d’une famille consiste, en effet, à faire la queue pour la nourriture ; suivant la rumeur et le bouche à oreille, il doit aussi anticiper un arrivage improbable... Un demi-siècle a passé et pourtant nous rions encore de l’oncle Jan, content que ce soit son tour et aussitôt dépité, confus de s’entendre dire « Il n’y en a plus ! », pour du chou-fleur, justement. Si sa déconfiture prête à rire, avec le temps, sûr que sur le moment, suite à des quarts d’heure de patienc, la déception, le frustration prévalurent... J’imagine l’accueil de tante lorsqu’il est rentré les mains vides !

Mamé est disponible ce matin là puisqu’elle se charge d’emmener paître les brebis. Ou alors elle s’est dévouée avant le boulot, tôt le matin. Petit matin gris, au ciel chargé. Aujourd’hui le soleil ne pointera pas sa pâle consolation. Alors, autant avoir l’esprit au travail, une manière d’aller de l’avant, d’entretenir la vie, l’espoir, sans se laisser abattre, une manière de plier aussi, de ne pas se résigner, en attendant mieux. « Prace vola » disent les Tchèques, deux mots sous lesquels on pourrait mettre bien des choses. Babi¹ka, telle que je l’ai connue, a seulement en tête de mener sa tâche à bien, sans ménager sa peine, sans demi-mesure, comme elle l’a toujours fait. Du lever au coucher, sa journée, à la maison ou dehors, se déroule suivant la besogne programmée, l’énergie qu’il faut y consacrer. Le seul moment de détente est peut-être la partie de cartes avec la radio qui ronronne, en fin de semaine, sous la lampe, quand elle lance des piques et fait tant rire grand-père, son « dĕdka misernej » (dois-je traduire ?), quand il gagne !  

Sous son bonnet de laine, engoncée dans sa veste molletonnée et en bottes, elle a dû sortir, mamé, par l’ouverture discrète, secrète presque, donnant sur la forêt, ménagée dans la haute palissade de pieux dédoublés. Il faut passer inaperçu, ne jamais agir à la légère, toujours anticiper les mauvaises réactions, Une prudence élémentaire s’impose... mieux vaut paraître aussi insignifiant qu’hypocrite. La délation est chose courante : quelques moutons peuvent rendre jaloux et la forêt, si elle est à tous, semble plus protégée qu’elle ne l’était au temps des nobles, quand le petit peuple, complice, solidaire, se tenait les coudes pour soustraire quelques petits profits au seigneur. Sous la « Československá Socialistická Republika » (il y aurait tant à dire pour cette dénomination in extenso...), au contraire, tandis que ceux qui se croient plus égaux, comme saura le dire Coluche chez nous, dominent, les petits s’épient, se dénoncent.  Parmi eux, des zélateurs sans nuance du régime, admirateurs des procureurs intraitables contre des ennemis du peuple inventés, virulents, enragés, fanatiques, aveuglés d’idéologie, outranciers dans leur vision communautaire. Cela nous entraînerait trop loin d’embrayer sur le côté castrateur entretenu par un régime policier à l’encontre de l’individu qui doit se retenir, à moins de le payer au prix fort, de dire ce qu’il pense vu que sa liberté lui a été confisquée. Je ne pouvais néanmoins taire l’atmosphère de ces années là, parce qu’elle s’apparente à une chape de plomb qui pèse sur les relations au sein de la société. La famille même n’est pas à l’abri et l’affaire Morozov, pourtant montée en épingle par la propagande soviétique dans les années 30, si elle gonfle encore d’orgueil les mystiques des mirages prolétariens, représente une menace réelle pour une majorité obligée de suivre, de faire semblant. 



 Revenons à nos moutons qui, avec les chèvres, sont d’autant plus interdits de pacage dans la forêt qu’elle est récente, formée de jeunes plants, tels ceux peut-être qui ont servi pour la palissade. Mamé avance sans bruit. Il fait sombre entre les épicéas (smrki / sapin = jedle) mais elle connait par cœur le trajet vers ce chemin qui donne sur la route de Kralovice. La partie épaisse où il faut se garder des branches basses qui cinglent le visage s’éclaircit au niveau des dômes des fourmis rousses (mravenci, les fourmis). Un peu plus loin, en limite d’une pessière plus âgée, c’est une zone spongieuse, de mousses traîtres, peu engageante même l’été : on craint de noyer ses chaussures pour clapoter ensuite dans les chaussettes trempées alors que la sortie aux champignons commence à peine. Je pourrais en parler autrement, en évoquant le petit ruisseau qui en aval borde le jardin, retenu qu’il est par un joli barrage de terre glaise, tels ceux que construisent les enfants, toujours dans les dessins de Lada. Mais laissons-là le miracle des sources puisqu’il importe de rassasier les moutons pour épargner la réserve de foin. Le voici,  le chemin, à dix minutes seulement de la maison. Il délimite une trouée plus intime que la saignée de la ligne à haute tension (drat-a... mais peut-être disions nous "linka") où il n’est pas interdit non plus, de mener les moutons. A l’opposé du tapis d’aiguilles sous les arbres, ici l’herbe pousse haut : la ressource ne doit pas être négligée avant la première neige. « Stara », la vieille brebis broute devant, suivie de « Mala », la menue, et du petit troupeau. Attention cependant au « beran », le jeune bélier, prompt à vous encorner le postérieur, dès qu’il vous voit distrait... Encore un jaloux !



A quoi peut bien penser babi¹ka, dans la quiétude du pâtre quand les bêtes paissent en paix ? Elle pense à son aîné qui vient rarement maintenant qu’il a déménagé à Litomĕřice. Elle pense à sa fille, si loin sur les rives de la Méditerranée, en France, qui tarde à répondre à sa lettre. Si encore elle était à Strasbourg... Plus terre à terre, elle suppose que la journée de dĕda, grand-père, se passera sans anicroche : il y a tant à faire, même sans le jardin et le verger, avec tous ces animaux à soigner, à nettoyer, les corvées de bois, de charbon, un bricolage qui ne saurait attendre, le vuzej¹ek des courses qu’il faut tirer jusqu’en haut du village. Mamé fait toujours passer les siens avant. Si elle a du caractère, ce n’est pas plus pour se mettre en évidence que pour se faire plaindre.

Une voiture passe non loin et la ramène sur terre. La forêt en étouffe le bruit pour le détendre ensuite, longuement entre ses hauts fûts, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un murmure qui monte, distant. Comme elle s’est tournée spontanément, un détail étrange éveille alors ses sens. Cette masse sombre contre le grillage censé protéger la faune sauvage d’une circulation même rare ? Qu’est-ce que ça peut être ?    
Laissant ses bêtes, elle s’approche. Oh ! c’est une chevrette prise dans le fil de fer, étranglée, encore tiède ! Mamé en perd sa sérénité. Nous parlions des droits historiques des serfs et vilains dans la forêt. Et bien, cela reste toujours un crime de s’emparer du gibier. Il faut, sous peine de lourdes sanctions, ne parlons pas du braconnage, le porter sans délai au siège de la « Komunisticka strana » ou d’une « vlada », une instance locale (quitte à me tromper, je cite ces mots qui ont marqué mes vacances là-bas). En France, on vous ferait croire que cette viande recherchée serait susceptible d’améliorer les menus des vieux à l’hospice ? Sauf que... charité bien ordonnée dit-on... Et puis, cet instinct qui pousse l’homme à prélever ce que la nature veut bien lui céder avant qu’un semblable ne s’en saisisse... Grand-mère n’hésite pas longtemps. Sondant le silence, elle s’assure qu’aucun témoin n’est présent, qu’elle est bien seule, avant de décrocher le chevreuil. Tremblante à l’idée de ce qui pourrait arriver, elle le traîne sous le couvert protecteur, décrit une boucle malgré les rameaux qui griffent, avant de revenir vers le fossé bordant le chemin pour cacher le butin sous des branches, contre un taillis de saules. 

« Stara, Mala tak pojte ! » Les brebis ne se font pas trop prier et grand-mère se retrouve vite devant la palissade, passe derrière ses bêtes, referme l’accès à guillotine et rentre les brebis avant de monter chez elle.

Dĕda prend son déjeuner à la cuisine. La radio débite ses litanies monocordes de propagande (1). Elle lui pose la main sur le bras, se garde des murs qui auraient des oreilles et raconte sa rencontre, tout bas, tant la crainte justifiée d’une mésaventure tragique reste présente. Le souvenir des procès de Prague plane, avec ses ramifications de haine entretenue jusque dans les écoles des villages les plus reculés. Alors, quand les puissants sont pendus au nœud coulant où eux mêmes ont passé tant de têtes, on sait que les petits peuvent disparaître du jour au lendemain, sans laisser de trace, sans qu’il n’en reste un remous... 

Tonton est arrivé de l’usine sur sa Jawa rouge, par cette même route dans la forêt, peut-être après avoir aligné deux journées en une seule (Stakhanov aussi reste emblématique du totalitarisme stalinien). Tonton, donc, est aussitôt mis au courant et renseigné sur la position exacte du taillis de saule. Un plan simple est arrêté. A la faveur de l’obscurité, la nuit tombe tôt en cette saison, il irait chercher le chevreuil par le même chemin, en prenant garde de ne pas être attendu.
Ce qui fut dit fut fait sans que la fatigue liée aux coulées d’acier et à la bière même légère (2) censée réhydrater le corps du fondeur, ne fasse, dans la nuit, trembler le couteau affûté du dépeceur (3). Si, dans le village, la famille, les alliés en ont profité, chacun sut heureusement tenir sa langue sur la provenance du gibier et la mémoire n’a gardé que le souvenir attendri et goûteux de cette chair apprêtée en svíčková, comme le filet ou l’aloyau de bœuf, accompagnée, il va sans dire, de knedlíky, avec deux cuillerées de groseille sur le côté, du sucré-salé, de l’aigre-doux, du parfum et du goût comme l’a la vie pour chacun de nous.

(1) Avant, au village, le dimanche nous avions droit à cette propagande de slogans à rallonge, déversée par les hauts-parleurs, sur un ton grave à en devenir lugubre, pour vous donner une idée, à l’opposé de la rengaine aiguë et dansante accompagnant le fourmillement incessant du peuple frère vietnamien.
(2) « lehké » en tchèque ?
(3) sa maîtrise pour le travail de la viande fait qu’on se dit toujours qu’il était plus fait pour la boucherie que pour les métiers du bâtiment ou de l’industrie lourde. 

dimanche 22 février 2015

SRNCÍ SVÍCKOVÁ S KNEDLÍKY A RYBIZOVY KOMPOT / Československo / Holoubkov, ma forêt perdue...

Srnčí svíčková s knedlíky a rybizovy kompot / Svíčková de chevreuil avec knedliky et sa compote de groseilles.  
                                  commons wikimedia.org
Je vous avais promis une version gentille, en surface, légère, gris-rose, qui finit bien, qui ne fait pas omission du contexte politique mais effleure seulement, en sous-entendus sinon en non-dits. Les lignes qui s'y réfèrent apparaissent écrites en rose.

Un village en Bohême. C’est l’hiver. De toute façon quelle que soit la saison, il faut avoir l’esprit débrouillard, échanger avec ses connaissances, s’entraider entre gens de confiance, garder l’esprit de troc pour s’en sortir. Le régime assure l’emploi, les soins sont en théorie gratuits mais avec un sentiment d’impatience, d’insatisfaction sinon de déception qu’il vaut mieux cacher.

Grand-mère, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a entre 60 et 65 ans, peut-être 63. Est-ce la période où elle travaille  encore à la cementarna, la cimenterie qu’elle a réintégrée, bien qu’officiellement à la retraite ? A la maison, il faut aussi s’occuper des poules, des lapins, parfois du cochon à engraisser. Les oies, c’était à l’époque du Protectorat et après la guerre. Il y eut même Lisa, vers 1945, une chèvre, une vraie, gourmande, prompte à s’échapper de sa soupente pour arracher les fleurs, casser le pot et se moquer, telle la koza que Josef Lada sut si bien croquer ! Là, ce sont les moutons. Autrement, comment s’en sortir alors que les pénuries restent chroniques, que les files d’attente s’allongent pour la viande : « fronta na maso » et même pour les légumes quand, à Rakovnik, le tableau sur le devant de porte des « zelenyni », littéralement les "verdures", annonce pour le lendemain une hypothétique livraison de chou-fleur (karfiol) ! Lorsque dans un pays la nourriture tient lieu d’unique consolation, que la population s’y adonne même avec excès au point d’ y consacre l’essentiel des revenus,  on a tout dit... 

Mamé est disponible ce matin là puisqu’elle se charge d’emmener paître les brebis. Ou alors elle s’est dévouée avant le boulot, tôt le matin. Petit matin gris, au ciel chargé. Aujourd’hui le soleil ne pointera pas sa pâle consolation. Alors, autant avoir l’esprit au travail, une manière d’aller de l’avant, d’entretenir la vie, l’espoir, sans se laisser abattre, une manière de plier aussi, de ne pas se résigner, en attendant mieux. « Prace vola » disent les Tchèques, deux mots sous lesquels on pourrait mettre bien des choses. Babi¹ka, telle que je l’ai connue, a seulement en tête de mener sa tâche à bien, sans ménager sa peine, sans demi-mesure, comme elle l’a toujours fait. Du lever au coucher, sa journée, à la maison ou dehors, se déroule suivant la besogne programmée, l’énergie qu’il faut y consacrer. Le seul moment de détente est peut-être la partie de cartes avec la radio qui ronronne, en fin de semaine, sous la lampe, quand elle lance des piques et fait tant rire grand-père, son « dĕdka misernej » (dois-je traduire ?), quand il gagne !  

Sous son bonnet de laine, engoncée dans sa veste molletonnée et en bottes, elle a dû sortir, mamé, par l’ouverture discrète, secrète presque, donnant sur la forêt, ménagée dans la haute palissade de pieux dédoublés. Il faut passer inaperçu, ne jamais agir à la légère, toujours anticiper les mauvaises réactions, Une prudence élémentaire s’impose... mieux vaut paraître aussi insignifiant qu’hypocrite. La délation est chose courante : quelques moutons peuvent rendre jaloux et la forêt, si elle est à tous, semble plus protégée qu’elle ne l’était au temps des nobles, quand le petit peuple, complice, solidaire, se tenait les coudes pour soustraire quelques petits profits au seigneur. Sous la « Československá Socialistická Republika » (il y aurait tant à dire pour cette dénomination in extenso...), au contraire, tandis que ceux qui se croient plus égaux, comme saura le dire Coluche chez nous, dominent, les petits s’épient, se dénoncent. 

           Les moutons et la palissade / diapo Franta Dedieu 1964

Revenons à nos moutons qui, avec les chèvres, sont d’autant plus interdits de pacage dans la forêt qu’elle est récente, formée de jeunes plants, tels ceux peut-être qui ont servi pour la palissade. Mamé avance sans bruit. Il fait sombre entre les épicéas (smrki / sapin = jedle) mais elle connait par cœur le trajet vers ce chemin qui donne sur la route de Kralovice. La partie épaisse où il faut se garder des branches basses qui cinglent le visage s’éclaircit au niveau des dômes des fourmis rousses (mravenci, les fourmis). Un peu plus loin, en limite d’une pessière plus âgée, c’est une zone spongieuse, de mousses traîtres, peu engageante même l’été : on craint de noyer ses chaussures pour clapoter ensuite dans les chaussettes trempées alors que la sortie aux champignons commence à peine. Je pourrais en parler autrement, en évoquant le petit ruisseau qui en aval borde le jardin, retenu qu’il est par un joli barrage de terre glaise, tels ceux que construisent les enfants, toujours dans les dessins de Lada. Mais laissons-là le miracle des sources puisqu’il importe de rassasier les moutons pour épargner la réserve de foin. Le voici,  le chemin, à dix minutes seulement de la maison. Il délimite une trouée plus intime que la saignée de la ligne à haute tension (drat-a... mais peut-être disions nous "linka") où il n’est pas interdit non plus, de mener les moutons. A l’opposé du tapis d’aiguilles sous les arbres, ici l’herbe pousse haut : la ressource ne doit pas être négligée avant la première neige. « Stara », la vieille brebis broute devant, suivie de « Mala », la menue, et du petit troupeau. Attention cependant au « beran », le jeune bélier, prompt à vous encorner le postérieur, dès qu’il vous voit distrait... Encore un jaloux !


             Pessière (forêt d'épicéas) / diapo Franta Dedieu 1964

A quoi peut bien penser babi¹ka, dans la quiétude du pâtre quand les bêtes paissent en paix ? Elle pense à son aîné qui vient rarement maintenant qu’il a déménagé à Litomĕřice. Elle pense à sa fille, si loin sur les rives de la Méditerranée, en France, qui tarde à répondre à sa lettre. Si encore elle était à Strasbourg... Plus terre à terre, elle suppose que la journée de dĕda, grand-père, se passera sans anicroche : il y a tant à faire, même sans le jardin et le verger, avec tous ces animaux à soigner, à nettoyer, les corvées de bois, de charbon, un bricolage qui ne saurait attendre, le vuzej¹ek des courses qu’il faut tirer jusqu’en haut du village. Mamé fait toujours passer les siens avant. Si elle a du caractère, ce n’est pas plus pour se mettre en évidence que pour se faire plaindre.

Une voiture passe non loin et la ramène sur terre. La forêt en étouffe le bruit pour le détendre ensuite, longuement entre ses hauts fûts, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un murmure qui monte, distant. Comme elle s’est tournée spontanément, un détail étrange éveille alors ses sens. Cette masse sombre contre le grillage censé protéger la faune sauvage d’une circulation même rare ? Qu’est-ce que ça peut être ?    
Laissant ses bêtes, elle s’approche. Oh ! c’est une chevrette prise dans le fil de fer, étranglée, encore tiède ! Mamé en perd sa sérénité. Nous parlions des droits historiques des serfs et vilains dans la forêt. Et bien, cela reste toujours un crime de s’emparer du gibier. Il faut, sous peine de lourdes sanctions, ne parlons pas du braconnage, le porter sans délai au siège de la « Komunisticka strana » ou d’une « vlada », une instance locale (quitte à me tromper, je cite ces mots qui ont marqué mes vacances là-bas). En France, on vous ferait croire que cette viande recherchée serait susceptible d’améliorer les menus des vieux à l’hospice ? Sauf que... charité bien ordonnée dit-on... Et puis, cet instinct qui pousse l’homme à prélever ce que la nature veut bien lui céder avant qu’un semblable ne s’en saisisse... Grand-mère n’hésite pas longtemps. Sondant le silence, elle s’assure qu’aucun témoin n’est présent, qu’elle est bien seule, avant de décrocher le chevreuil. Tremblante à l’idée de ce qui pourrait arriver, elle le traîne sous le couvert protecteur, décrit une boucle malgré les rameaux qui griffent, avant de revenir vers le fossé bordant le chemin pour cacher le butin sous des branches, contre un taillis de saules.


                                   commons wikimedia;org

« Stara, Mala tak pojte ! » Les brebis ne se font pas trop prier et grand-mère se retrouve vite devant la palissade, passe derrière ses bêtes, referme l’accès à guillotine et rentre les brebis avant de monter chez elle.

Dĕda prend son déjeuner à la cuisine. La radio débite ses litanies monocordes de propagande (1). Elle lui pose la main sur le bras, se garde des murs qui auraient des oreilles et raconte sa rencontre, tout bas, tant la crainte justifiée d’une mésaventure tragique reste présente.


Tonton est arrivé de l’usine sur sa Jawa rouge, par cette même route dans la forêt, peut-être après avoir aligné deux journées en une seule. Tonton, donc, est aussitôt mis au courant et renseigné sur la position exacte du taillis de saule. Un plan simple est arrêté. A la faveur de l’obscurité, la nuit tombe tôt en cette saison, il irait chercher le chevreuil par le même chemin, en prenant garde de ne pas être attendu.
Ce qui fut dit fut fait sans que la fatigue liée aux coulées d’acier et à la bière même légère (2) censée réhydrater le corps du fondeur, ne fasse, dans la nuit, trembler le couteau affûté du dépeceur (3). Si, dans le village, la famille, les alliés en ont profité, chacun sut heureusement tenir sa langue sur la provenance du gibier et la mémoire n’a gardé que le souvenir attendri et goûteux de cette chair apprêtée en svíčková, comme le filet ou l’aloyau de bœuf, accompagnée, il va sans dire, de knedlíky, avec deux cuillerées de groseille sur le côté, du sucré-salé, de l’aigre-doux, du parfum et du goût comme l’a la vie pour chacun de nous.


                                    Jawa 250 pl.wikipedia;org


(1) Avant, au village, le dimanche nous avions droit à cette propagande de slogans à rallonge, déversée par les hauts-parleurs, sur un ton grave à en devenir lugubre, pour vous donner une idée, à l’opposé de la rengaine aiguë et dansante accompagnant le fourmillement incessant du peuple frère vietnamien.
(2) « lehké » en tchèque ?
(3) sa maîtrise pour le travail de la viande fait qu’on se dit toujours qu’il était plus fait pour la boucherie que pour les métiers du bâtiment ou de l’industrie lourde. 

vendredi 20 février 2015

DES FLOCONS D’AMANDIERS DANS UN MONDE DE BRUTES / Fleury en Languedoc.




Dans les temps reculés du roi Vamba, Deska, un seigneur wisigoth du Razès (mais dans les Corbières et le Minervois, on raconte aussi la même histoire), avait fait acheter pour son compte, dans une cité aux confins des contrées païennes, une belle esclave blonde et vierge prénommée Snihà. C’est que l’esclavage, aussi ancien que l’histoire des hommes, emblématique de l’oppression des dominants sur les dominés, fut aussi légitimé par les chrétiens avant d’être généralisé par les musulmans. C’est un fait, chez les Germains et peut-être même déjà en France, à Verdun, on vendait des êtres pris comme butin de guerre et notre seigneur du royaume wisigoth, converti, marié, mais toujours barbare, voulut s’attacher une nouvelle concubine esclave. Au-delà des joies d’un long voyage en char fermé, je vous laisse imaginer le fatalisme et le peu de cas qu’on faisait alors de la vie et du respect d’autrui.
Néanmoins, lorsque, devant le maître, la fille baissa le capuchon masquant son visage et laissa tomber le manteau à ses pieds, quelque chose vint perturber les penchants aussi instinctifs que charnels du possesseur comblé. Étaient-ce les longs cheveux d’or, les pommettes rosées, la peau diaphane, l’attitude humble qui contrecarraient sa prédation ? Quand il lui ordonna de lever les yeux, le bleu d’un ciel lavé par le Cers ajouta à son trouble et quand il réclama de l’entendre, les inflexions douces et mélancoliques d’une langue inconnue de lui, le pénétrèrent de frissons. Comment un ascendant immatériel pouvait soudainement entraver des pulsions d’ordinaire frustes ? Deska ne réalisait rien de l’emprise mystérieuse sur ses sens et seul comptait pour lui l’être nouveau qu’il croyait avoir toujours été. Mais qu’était donc devenu le banal prédateur aux rudes pratiques machistes ? (à suivre) 



crédit photos 1, 2 & 3 amandiers d’Eygalières en Provence. Merci Annette http://mamoue13.blogspot.com/search/label/ALPILLES  

mardi 17 février 2015

LES POTENTATS ATTAQUENT EN MEUTE ! Restons vigilants ! / Mayotte en Danger

Un terrible marasme sociétal, moral, englue Mayotte. Encore ce matin, un docteur invité à Kwezi déplorait qu’il n’y ait que 12 lits dans un service de l’hôpital pour 300 000 habitants, que plus personne ne peut et ne veut venir travailler ici, que les braves gens vivent en cage alors que les délinquants nuisent en toute liberté ! Un autre docteur n’a-t-il pas été condamné à 2000€ d’amende pour les quatre baffes administrées au jeune voleur pris en flagrant déli ? Parallèlement France Mayotte Matin insiste sur « l'imbécillité administrative » qui va arriver à faire couler le seul secteur porteur de l’île, l’aquaculture.
Néanmoins, aveugle, sourde, autiste, serait-ce sur un autre plan, la représentation de l’État n’a de cesse que d’enquiquiner illégalement les mairies pour qu’il ne soit pas dit qu’ils n’ont pas réussi, pour des principes surtout monnayables en primes et certainement pas pour l’intérêt général, à mettre en place cette foutue réforme des rythmes scolaires !
Pour prolonger l’article de FMM de ce 17 février 2015, le préfet, digne successeur du gouverneur de’époque en tant que régent de Mayotte, reprendrait la main sur sa subalterne du vice-rectorat à propos des aménagements à la réforme là où elle ne peut s’appliquer...
Aux ordres, Costantini, la vice-recteur a communiqué au GAD (Groupe d’Appui Départemental) que pour « un suivi de l’application des rythmes... /... un nouveau groupe va être constitué ». Ce GAD doit accompagner les collectivités... et l’on reparle du PEDT (Projet Educatif Territorial sauf qu’ils ont vu trop tard que ça donnait PET d’où le « D » de même origine !), ce plan devant être proposé par les mairies DANS LA PLUS GRANDE ILLÉGALITÉ INSTITUTIONNELLE... et blablabla et blablabla...
Très symptomatique du fonctionnement de notre clique administrative : après le comité Théodule, on crée le contre-comité Ursule... plus on est de nuls, plus on... Ils veulent que ça marche en mettant un emplâtre sur la jambe de bois plutôt que de ménager l’autre patte dans un exercice complètement illégal de leur médecine !
La nomenklaturiste de l’enseignement (qui ne fera pas long feu... de toute façon même les bons ne font que passer !) veut « des conditions optimales pour la réussite des élèves »... Si ce n’est pas enfoncer des portes ouvertes, peut-être aurait-elle l’idée d’importer de la moutarde pour le cataplasme sur la jambe de bois !
Le stakhanovisme antérieur de la dite nomenklaturiste (qui, entre parenthèses, vient de toucher 10.400 euros de rallonge pour « manière de servir ») basé, à l’entendre, sur les Conseils d’Écoles (encore une fumisterie sous des atours démocratiques, soit dit entre nous...) se retrouve donc relayé par le GAD en question... Elle nous prend vraiment pour des nyombés (vaches qui sont l’équivalent de nos ânes dans une expression raciste pour nos animaux) lorsqu’elle parle de « pérennisation des moyens » avec un État en faillite (Fillon fit sensation avec cette expression...).
Pour mieux considérer les problématiques de Mayotte, ouvrons-nous sur ce qu’il en est en métropole, dans une localité de 3000 habitants dans l’Aude. Voici ce qu’en dit le maire, dans « parole d’élu « (p. 2) et « perspectives 2015 et au-delà p. 3 (Journal municipal / février 2015) http://fr.calameo.com/read/0018616582f60b86fac93

« ... La crise économique sévère conjuguée aux baisses importantes des dotations de l’État... »
« ... le désengagement progressif de l’État (70.000 € de DGF, Dotation Globale de Fonctionnement en moins en 2014 et 170.000 en 2015) conjuguées aux surcharges que sont les coûts des rythmes scolaires et les pénalités de retard pour manque de logements sociaux (95.000 €) grèvent sérieusement notre budget... »
 Je crois que la part d’un maire conciliant, respectueux de l’Etat, ces propos ne relèvent pas d’une opposition systématique et négative aux gouvernants ! Et à Mayotte « Viva la Pepa ! » ? Qu’on nous dise donc de quelle solidarité nationale nous bénéficions en tant que laissés pour compte, pour que nos responsables démontrent un activisme aussi crasse et déplacé, fait de promesses inconsidérées ! Vraiment pas la peine de nous saouler avec ces GAD, PEDT et autres EPCI. Le problème est qu’ils ne sont pas gens à s’honorer de reconnaître qu’ils se sont trompés ou qu’ils ont voulu marcher plus vite que la musique... Vous me direz que lorsqu’on a à la tête de l’État un menteur patenté...
En attendant, après les avoir renvoyés dans les cordes à la rentrée puis au deuxième round (vacances d’octobre, quand la vice-recteur est allée manœuvrer en douce à Boueni... en court-circuitant le Conseil d’Ecole !), alors que l'administration et ses apparatchiks feignent de ne pas reprendre le combat en janvier, pour un troisième round qu'ils voudraient engager le 20 mars, en mettant en avant Théodule et Ursule, qu'ils prennent garde de ne pas recevoir le gnon devant les ramener à une vraie gouvernance... Ne soyons pas partiaux, c’est à des efforts tels ceux en matière de constructions scolaires qu'ils doivent s'employer, après des progrès certains (il faut reconnaître ce qui est...).
Par contre, concernant la chienlit idéologique (la réforme des rythmes pour ceux qui auraient décroché) dans laquelle ils veulent, en dépit de tout, nous entraîner, une opposition populaire veille, prête à se fédérer s’ils remettent ça !
Parce que la plus grande vigilance solidaire est de mise contre des mesures administratives déraisonnables qu’ils portent, plus par esprit de caste, attaquant en meutes et par vagues successives sans réaliser combien ils nuisent au peuple, au pays et à la République !
RA HACHIRI ! Restons vigilants puisque telle est la devise de Mayotte !

crédit caricatures Wikipedia : 1 ) l'oppression 2) changer d'administration


UN MONUMENT AU CHEVAL DE TRAIT / Fleury en Languedoc

Parmi les équidés réquisitionnés lors de la guerre de 14-18, les chevaux lourds et demi-lourds étaient irremplaçables pour le déplacement des pièces d’artillerie (attelage de six animaux dont trois meneurs à gauche, montés par des soldats). Entraînés au trot dans des terrains bouleversés par la canonnade et rendus plus difficiles encore avec la pluie et la boue, ces précieux auxiliaires sans lesquels la guerre n’aurait pas été gagnée (peu de matériel motorisé), se retrouvaient à des lieues de la campagne et de ses travaux paisibles. 



En 1989, dans les Bouches du Rhône, entre St-Rémy-de-Provence et Cavaillon, la commune de Mollégès a inauguré un monument tout à l’honneur du cheval de trait. Camille Soccorsi, sculpteur déjà apprécié pour ses taureaux cocardiers « Clairon » et « Goya » (et entre autres réalisations un buste de Frédéric Mistral sur une fontaine de Saint-Saturnin), a taillé le cheval de Mollégès dans un bloc de 12 tonnes de pierre du Lubéron. Au pied de la statue, un hommage poétique du félibre Charles Galtier :

    « Noun se pòu devina ço que deman preparo
        E pèr qu’à l’aveni se posque saupre encaro
        Lou bonur qu’a liga lis ome e lou chivau
        Dins la pèiro entaia,iéu, eici, fau signa.» (1)
    
Traduction approximative :        
        Ce que demain prépare ne peut se deviner
        Et pour qu’à l’avenir encore on puisse savoir
        Le bonheur qui a liés les hommes et les chevaux
        Dans la pierre sculpté, moi, ici, vous fait signe.

Si la Provence continue de fêter nombre de traditions, l’identité languedocienne me semble plus fondue,  moins en relief. Ce serait le cas pour les costumes traditionnels par exemple. De même, si je ne suis pas capable de citer une fête locale engageant tout un secteur, sur le versant nord des Alpilles, Saint Eloi, fêté dans de nombreuses localités, voit sortir la fameuse « carreto ramado », une charrette garnie de rameaux tirée par une trentaine, parfois cinquante chevaux, attelés en flèche, harnachés à la mode sarrasine (la carreto ramado dis ases, celle des ânes existe aussi). A Mollégès défilent aussi les faneuses, faucheuses ou autres moissonneuses... 
 


N’en prenons pas ombrage mais c’est autre chose que le rambal de tambours et percussions chaque année... Et s’il y a la calèche de promenade basée l’été à l’Oustalet, qui peut aller jusqu’à Saint-Pierre et sinon participe régulièrement aux manifestations, force est de constater que mise à part la promotion des cols des domaines et châteaux, on a laissé s’étioler cette mémoire du travail avec le cheval dans les vignes !
Au printemps 90, me prenant à brûle-pourpoint, je m’en souviens très bien, c’était devant le cagnard, l’adjoint à la culture me demanda si je n’aurais pas une proposition à faire. Spontanément me vint une idée de jumelage solidaire avec un village de Roumanie (ils venaient de se défaire du régime Ceaucescu) et surtout cette idée de patrimoine aussi agraire que culturel autour du cheval. Par la suite, j’ai regretté que parmi tous les équidés entretenus un temps par la commune à l’Oustalet, pas un cheval de trait ne figurât. Aujourd’hui, s’il reste un âne et une mule à l’Oustalet, sans compter le trait et les poneys des promenades...

Enfin, ça aurait de l’allure, des chevaux de trait dans nos rues ou sur les boulevards de Saint-Pierre !
Et puis il est plus que temps d’aller demander à Louis Sabater, vous savez le vieux monsieur toujours droit et vif au jardin extraordinaire, comment on les harnache ces compagnons de travail ! A côté de ses plantations plus ou moins exotiques, de l’autre côté de la salle de cinéma du patronage, dans l’écurie qui devait être celle d’une grande propriété de Fleury, demeurent des noms : MIGNON, COQUET, RIP, FRANCO... Sacrés chevaux de trait, qui voudraient, n’en doutons pas, nous faire réviser l’Histoire !                

(1) http://www.tradicioun.org/Le-vingtieme-anniversaire-du

Crédit photos :  1 & 2) http://mamoue13.blogspot.com/search/label/ALPILLES avec tous mes remerciements pour les clichés à Anne auteur d’un blog sur la Provence agrémenté de photos à rendre jaloux... 3) wikipedia 4) cheval carreto ramado 1tabbycat.wordpress 5) cheval carreto ramado www.id2sorties

vendredi 13 février 2015

FRANCE, AVEC TON ÉCOLE C'EST TOUT QUI FOUT LE CAMP ! / France en danger




40 ans que les gesticulations, les tergiversations nous mènent droit dans le mur. Les réformettes et les réformasses n’arrivent pas à imposer le viatique a minima du savoir lire, écrire, compter. Le système génère des inégalités qui font honte à la République : des enfants laissés sur la touche, d’autres dont l’orientation vers un métier dit manuel reste méprisée, la voie de l’université en cul-de-sac, celle des grandes écoles en voie royale, une élite qui coûte beaucoup plus à la société que les éjectés, des enseignants malmenés et dépréciés, des valeurs de politesse, de respect mises à bas et tout en haut, de vils gouvernants assistés de mandarins omnipotents et nantis . 


Aux bonnes âmes qui rétorquent que c’est facile de vilipender, je précise qu’il s’agit ici d’un coup de gueule, certainement pas d’un de ces rapports commandés par la Haute Administration qui mettent des mois à revenir sur le tapis avant de souvent repartir dans un tiroir.... Les Institutions détournées par plus d’un demi-siècle de manigances dilatoires (combien de lois inappliquées ?) quand ce n’est pas par des montages apparemment légaux, sont à l’opposé des exigences citoyennes. A moins de trouver normaux l’opportunisme, le carriérisme, le parasitisme, la corruption, la loi de la jungle, à moins de nier les valeurs de solidarité, de fraternité, de dignité, de respect, de devoirs, notamment envers les générations futures, il n’est plus possible de continuer ainsi. Le logiciel doit être remplacé, les règles du jeu changées. M’adressant aux encenseurs d’une prétendue "grandeur" d’une France à la traîne des pays du Nord, je précise, entre parenthèses, que c’est un moindre mal que de suivre le mouvement initié par la Grèce et l’Espagne, pays du Sud. Sixième République ou pas, notre démocratie doit être refondée tant sur le fond que la forme et s’il est un secteur révélateur des maladies létales à terme, c’est celui de l’École. L’Éducation Nationale a une grande part de responsabilité dans la déliquescence sociétale qui est la nôtre aujourd’hui.




Mardi 11 février. Sur France Inter, Najat Vallaud-Belkacem reconnaît que la France est en retard dans la lutte contre le harcèlement scolaire. Alors qu’en Europe du Nord, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, la prise en considération date des années 70, chez nous c’est en 2011 que le premier rapport a été commandé ! Faut-il attendre qu’une enfant de 13 ans mette fin à ses jours pour commencer à se dire qu’il faudrait réagir ???

Maintenant, le côté « Ya ka faux con » de la ministre n’est pas acceptable ! Elle nous avait habitués à des réparties plus matoises... Comment ose-t-elle dire que l’omerta doit être brisée d’abord par les enfants. Et les adultes où sont-ils alors ? L’éducation consiste-t-elle à laisser faire et à voir après ? La réaction est symptomatique d’une institution dépassée, déphasée, décatie. Elle met aussi en relief le décalage entre une administration, État dans l’État, enfermée dans un cercle vicieux de courtisanerie, de carriérisme, de fatuité péremptoire, loin, très loin de la réalité des classes. Devons nous accepter une Éducation Nationale velléitaire de ses réformettes inefficaces venant surtout alourdir la charge de ses enseignants rétifs, à mettre au pas ? Et pour sortir de cette politique à vue sinon aveugle, à la petite semaine, rien de tel qu’une réforme foncière. Une bonne « réformasse » pour faire taire les mauvais coucheurs, tombée d’en haut par une procédure peu respectueuse de la démocratie, d’ailleurs. Une potion se voulant universelle mais tombant à côté, comme par hasard, telle cette satanée réforme des rythmes (les premières évaluations sont pour le moins très négatives).  Et puis, à la hussarde, comme si la violence pouvait en imposer le bien-fondé ! « Refondation » qu’ils prétendent pour un chambardement qui ne dit rien des programmes, des enseignants, des méthodes ! Fallait le faire !

Aux manettes de la gouvernance, des hommes que nous n’accablerons pas à titre privé mais pour l’action de groupe dont ils sont instigateurs et en même temps victimes peut-être. 

« invite également à relayer avec la plus grande énergie au début d’année, la campagne de communication relative à la “ligne azur”, ligne d’écoute pour les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou leur identité sexuelles ».Vincent Peillon / lettre aux recteurs en date du 4 janvier 2013. 
 

En haut de la pyramide, "le" ou "la" ministre. Quelle loyauté leur reconnaître lorsqu’ils infléchissent par des idéologies sectaires ? Peillon et Vallaud-Belkacem encouragèrent pour le moins une théorie du genre aussi déplacée qu’indécente ! Quelle sincérité leur accorder tant la puissance des lobbies oriente leurs engagements : le patronat voudrait qu’on forme des petits robots,  le tourisme influe sur le calendrier, l’Intérieur, susceptible sur les statistiques, insiste pour qu’une école-garderie lâche le plus tard possible de possibles délinquants putatifs ! Trop de mauvaises raisons transparaissent soit dans le laisser-faire soit dans l’activisme forcené tel celui déployé dans l’apparente réforme des rythmes. Quelle légitimité peuvent-ils mettre en avant quand le système politique leur assure, qu’ils soient dans la majorité ou non, une carrière plus révélatrice de leur opportunisme que de leur sens du bien commun ? De quelle honnêteté, de quelle valeur d’exemple peuvent-ils se prévaloir, quand une ministre cumule sa fonction avec une place de conseillère générale à 3000 €/mois et qu’elle a le culot de plaider (oct. 2014) qu’il eût été « imbécile » (sic) de démissionner en septembre pour un mandat courant jusqu’en décembre ! 

  https://www.youtube.com/watch?v=C_ZcOiLHhPU



Ne nous racontons pas d’histoires, Najat, comme ceux et celles d’un même acabit, s’est donné du mal pour y arriver, n’économisant pas sa salive en tant que porte-parole du gouvernement, de ministre des droits de la femme (1). Maintenant qu’elle est ministre d’État, blindée par des attaques et questions pas toujours honnêtes sur le Maroc, l’arabité ou le "berbérisme", la religion, le cumul des mandats, vous pouvez être sûrs qu’elle fera moins les unes, et qu'elle se cantonnera à la com, comme ils disent...

Plus généralement, est-ce un hasard si Hamon et Peillon, maintenant appelés ailleurs et certainement toujours à notre charge, n'ont jamais rien à dire ? On ne leur demande pas de laisser une trace comme Allègre se trompant de mammouth par son attaque contre les enseignants mais suffit-il, pour être ministre, de bien manier les mots et la rhétorique ? Malheureusement pour l’avenir de nos enfants, tout laisse penser, vu le jeu de chaises musicales des remaniements ministériels que seules, ces capacités prévalent...   

Au niveau inférieur bien que relevant directement du bon vouloir des mandarins de la République que sont les hauts fonctionnaires (vous remarquerez combien l’adjectif « haut » est redondant chez ces gens là : haute mission, haut comité, etc... pour mieux s'en persuader sans doute, et non sans cette morgue les distinguant des basses couches de la société sûrement), chefs de cabinets et autres rats de la bureaucratie ministérielle, les recteurs et vice-recteurs, courroies de transmission. Si en métropole, ils sont moins exposés aux critiques, outremer, focalisant d’autant plus l’attention qu’ils ne font que passer, déconnectés des réalités de terrain et surtout préoccupés (après leur carrière) d’imposer la politique décidée en haut lieu, ils continuent de donner de leur fonction une caricature presque héritée de l’époque coloniale. L’essentiel consiste à rester droit dans ses bottes sans que trop d’échos peu flatteurs ne remontassent à Paris. Sans m’étendre sur celui qui collectionnait les îles et, plus grave, sur celui qui fustigeait l’utérus des îliennes et l’accent local (du racisme non ?), je vous laisse vous faire un avis sur ce que la nouvelle endure avec une réforme des rythmes inapplicable dans un département très défavorisé : 




Enfin humaine de la langue de bois continuelle qu’elle doit ressasser, perdant pied, elle nous a même sorti une « guérilléra » moins célèbre mais digne de la « bravitude » de Ségolène. Sûr que la rallonge de 10400 euros à la prime annuelle de 15000 pour « manière de servir » fut plus réconfortante, qui plus est, un 28 décembre... Merci papa Noël... 






En dessous, les missi dominici envoyés dans les campagnes,  ces inspecteurs qui débarquent avec des airs de commissaires politiques d’autant plus virulents qu’ils ont été cooptés, souvent sortis des rangs enseignants. Apôtres zélateurs des options dogmatiques seulement fondées sur le rapport aux programmes, ils démontrent un prosélytisme absolu quelles que soient la nocivité des lubies du moment des apparatchiks, rue de Grenelle. Pourvoyeurs de gamelles ou pères fouettards, ils sont d’autant plus malfaisants qu’ils ne sauraient entendre les doléances d’une piétaille qui de toute façon se tient coite plutôt que de se faire mal noter. Tout au long de l’échelle, un effet courtisan enferme d’autant plus dans une bulle l’élite au sommet chargée de réfléchir.

Presque en bas de l’organigramme, nonobstant l’efficience et les qualités humaines de certains, pris entre deux feux, les chefs d’établissements ont officiellement retourné la veste au service de la hiérarchie. «  C’est obligé... », « Un fonctionnaire doit obéir !» sont des expressions qui firent florès vers 2010. Eux non plus ne tiennent pas à faire remonter les problèmes pour ne pas s’exposer, être mal vus.

Au bout de la chaîne, des enseignants brinqueballés entre l’autoritarisme surréaliste de la hiérarchie et des parents perturbés, qui baissent les bras ou n'ont jamais été incités à prendre leurs responsabilités. 


Dans ce triste tableau, nous les cherchons en vain, les valeurs démocratiques censées galvaniser les citoyens pour que la République reste la « chose du peuple ». Ce n’est pas le tout de récupérer un sursaut populaire après les attentats terroristes !

Si les hommes ne sont pas bons, la nature ne les a pas faits non plus si mauvais que cela. Avec des règles nettes prévenant les déviances et les dysfonctionnements, respectueuses d’un esprit démocratique, notre République si mal en point ne s’en porterait que mieux. Et si des politiques tiennent à servir l’intérêt général et non le leur, qu’ils mettent le compteur d’une nouvelle ère à zéro plutôt que de ripoliner et de continuer comme avant. Plus personne n’est dupe de la malhonnêteté de prétendues convictions. Tout le monde sait que ce monde restera pourri tant que la caste politique et une administration qui s’autoalimentent enkystent une République qu’ils devraient au contraire vivifier ! Tout le monde sait que ce monde nous pourrira si la règle du jeu n’interdit pas la politique professionnelle ! Tout le monde sait qu’un président qui a menti sur ses promesses de campagne, et qui, inefficace, ne démissionne pas au prétexte qu’il a été légalement élu, est coupable d’entraîner son pays dans la déliquescence !     
   

(1) en tant que ministre des femmes comment a-t-elle transmis les plaintes de madame Fraisse, la mère de famille dénigrée par l’Éducation Nationale ? L’institution l’aurait traitée de procédurière pour avoir osé attaquer l’État parce que sa fille, la petite Marion (13 ans) s’est pendue à force de harcèlement.
N'est-ce pas le signe d'une administration qui, si elle n'est pas contre sa population, ne semble pas pour autant bien disposée à son égard ? 
Et que penser aussi d'un ministère obligé de racoler par la pub d'éventuels candidats aux métiers d'enseignant ? Est-ce un hasard,  avec un chômage toujours plus grand ?   

jeudi 12 février 2015

MAYOTTE : UN COUPE-GORGE ! / Mayotte en danger

Et vous voudriez faire venir les touristes ??? 

Notes sur les propos d’Anchya Bamana, premier magistrat de Sada s’exprimant à Kwezi FM le 26 janvier 2015.

Contexte compliqué, vendredi 23 janvier. Victime d’un vol à la roulotte, en plein jour, en pleine ville, paniquée suite à l’agression et voyant son sac partir avec le voleur à plaindre (qu’il serait criminel d‘accabler de baffes... sous peine de passer au tribunal... une justice à l’envers, les droits des coupables toujours reconnus ! celui des victimes ???) la maire de Sada s’est retrouvée sans papiers. La PEUR gangrène les esprits, l’insécurité à Mayotte loin d’être une vue de l’esprit, est une réalité. 

Il faudra revenir sur la marche blanche à Sada suite aux coups de couteau reçus par un cambriolé qui voulait récupérer son téléphone ! Anchya Bamana a su raisonner une foule prête à se faire justice elle-même sinon à expulser les clandestins de la localité comme à cette époque qui vit un long exode des étrangers chassés de Sada vers Mamoudzou.
Madame la maire exprime cependant le ras le bol de la population du quartier de Doujani (celui de la gendarmerie !) mis en coupe réglée ces derniers mois. Les services de la gendarmerie, justement, comptent 18 personnels pour 37000 habitants ! Elle parle, après échanges avec le préfet et le chef de cabinet, de demander des policiers municipaux supplémentaires malgré une commune en déficit. Elle souligne aussi que la majeure partie des agressions sont le fait de l’immigration clandestine. 
L’an passé, si, à propos de la démographie, sur la base certainement biaisée des chiffres de l’INSEE, l’idée qu’il y avait sur l’île plus d’étrangers que de nationaux s’est imposée, aujourd’hui certains font état de 300 à 400 000 personnes à Mayotte ! D’après Anchya Bamana l’État qui n’assume pas ses responsabilités a tendance à minimiser la délinquance (par rapport aux moyennes nationales !). On minimise les délits tant qu’il s’agit d’ordinateurs volés (mais bien sûr, braves gens, un ordi ça s’achète... pourquoi en faire un pataquès ?) or les atteintes aux personnes se généralisent ! Pourquoi fustiger la mise en place de « comités de quartiers » tant que les services de l’État ne sont pas à la hauteur des nuisances subies ?
Sur les causes de la marche blanche à Sada : "Oud Ouman"(1) à l’hôpital, gravement blessé suite à deux coups de couteau par l’auteur d’un vol dont il était victime (histoire des portables)
Le chef de la rédaction de France Mayotte Matin rappelle que les autorités disent que la réalité ne correspond pas au repli alarmiste.
La maire poursuit que Valls va venir, qu’il faut préparer ce qui doit lui être dit. Il faut aussi alerter les parlementaires.
Tout le monde a entendu que l’unique médecin de Labattoir va partir après avoir été cambriolé de trop nombreuses fois. Les profs, tout le monde part, il n’y aura plus personne ici. 

Les élus n’ont pas cette force d’être unis (bisbilles politiques). « J’ai reçu Taubira la ministre et le sénateur alors que nous ne sommes pas dans le même parti et j’ai reçu des coups pour cela de mon propre parti que je n’avais pas à recevoir l’opposition mais je ne pense pas cela... »
Dimanche à Sada, les slogans qui font peur ciblent les Anjouanais. Certains éléments étaient près à en découdre avant que la maire ne calme les choses. La maire précise que la coordination des municipaux avec les gendarmes, déjà existante, doit être confortée.
En conclusion, Anchya Bamana, précédemment dépouillée en sortant des studios de Kwezi, en pleine ville, en plein jour, sur un axe très fréquenté, se demande pourquoi la Réunion est unie toutes tendances confondues alors qu’ici nous ne sommes pas capables de nous mettre ensemble pour défendre l’île. Le ras-le-bol ne justifie pas que nous fassions n’importe quoi. La marche s’est bien terminée. Il y a urgence en matière de prévention (des patrouilles systématiques pourraient y contribuer). Il faut 1 gendarme de proximité pour 1000 habitants, c’est un minimum vital qu’on pourrait demander...
Il faut l’exiger madame le maire, la population est derrière vous !

(1) pardon de l'orthographe phonétique. 

photos autorisées et peut-être sponsorisées pixabay.com

mercredi 11 février 2015

LES CHEVAUX DE 14 (suite & fin) / Fleury en France


« Mais non, mais non, rassura-t-il aussitôt, c’est l’ordre de démobilisation, on peut aller le chercher le cheval, à Lyon ! ». Quel accueil alors, quelle liesse ! Tous se précipitèrent pour l’embrasser, lui et son papier toujours au-dessus de sa tête !
Un jour de décembre 1918, une foule nombreuse s’est pressée à la gare. Notre cheval n’en fut pas impressionné : il en avait vu d’autres et puis, il revenait sourd de trop de canonnades ! Il s’est laissé gentiment atteler et sans plus pouvoir se laisser guider à la voix, il est parti de lui même vers son foyer. Le petit-fils, monsieur Parella, à qui nous devons la belle histoire, ajoute, avec des trémolos dans la voix : « Le seul changement, c’est qu’il est parti au petit trot ! ». Brave soldat, va !
Excusez-moi si cette histoire me prend aux tripes. D’abord la coïncidence fait que notre héros est perpignanais, de notre SUD que des esprits encrassés de "parisianonombrilisme" s’entêtent à nommer « sud-ouest », non sans ajouter « à l'accent rocailleux ». Il habitait un mas maintenant encerclé par les quartiers périphériques, entre les temples du rugby, que sont Gilbert Brutus, Aimé Giral (1), et la localité de Bompas. Depuis la gare, il est parti sans hésiter vers son mas et son écurie et cet itinéraire, je le connais, à vélo (2) et à pied, au moins jusqu’au Bas et Moyen-Vernet, quand je travaillais à Marcel Pagnol. Trente ans en arrière, les bretelles de la Pénétrante et les boulevards s’entremêlaient déjà. Du coup, j’ai du mal à imaginer ce jour de décembre 1918, entre les vignes nues et les maraichages, passée la Têt ! Plus viscéralement encore, cette histoire m’empoigne parce que si mes grands-pères, en théorie ennemis, ont eu la chance d’en réchapper, notre oncle Pierre, lui, est revenu d’Alsace amoché... Il les aimait, les chevaux de travail, admirant longuement le nôtre, sifflant pour l’aider à pisser. Ces chevaux, ces intimes (4) qui sur des millénaires, ont tant aidé l’espèce humaine à progresser ! Avant le déclin des années 60, ils étaient encore nombreux, à commencer par "L’AMI", le trait breton de papé Jean, "MIGNON" celui de l’oncle Noé. Hélas, comme on jette les vieux outils, on les vendit pour la boucherie, manière de dire merci, de solder en quelques années une si longue coopération... Personne ne demandant pardon, le mutisme, l’omerta, attestent encore de la honte, du remords des viticulteurs, ingrats mais si fiers, par ailleurs, d’étrenner le tracteur ! A leur sujet on peut toujours parler d’une « noble conquête », surtout ne la confondons pas avec une « noblesse de conquérant ». On sent bien que ces expressions antagonistes ne sauraient s’appliquer au bipède qui nous représente. 





J’aimerais savoir son nom, au brave percheron de la route de Bompas qui a retrouvé sa stalle comme s’il l’avait quittée la veille. En repensant à son histoire, si l’orgueil mal placé de ces officiers de cavalerie à particule me revient, je comprends mieux Francis Jammes, le poète qui voulait, à sa mort, rejoindre le paradis des ânes. 

(1) Stade Aimé Giral du nom de l’ouvreur (n° 10) qui, à Toulouse, fit gagner Perpignan en finale du championnat de France 1914... juste avant le coup de sifflet final et surtout dans une insouciance à des lieues de la tragédie de l’été 14 et des quatre années de guerre dont Giral, lui, ne revint pas.
(2) On me le vola, le vélo, pas à la gare mais au collège, où le concierge manquait de cran pour contrer la racaille, déjà dans les années 80 !
(4) A Landivisiau, la capitale du trait breton, ne dit-on pas « Bon dieu d’en haut, prends ma femme laisse mes chevaux ! ». Plus recevable, malgré un siècle de décalage, le sentiment qui force à accepter l’obligation de la mobilisation pour l’homme mais qui n’est pas d’accord avec la réquisition du cheval. 

Photos François Dedieu : 1) L'AMI et le chariot aux roues ferrées
2 & 3 suite à la loi imposant les pneumatiques