samedi 25 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS... COLONISONS ! (IV & fin)


    La dangerosité du DDT étant reconnue, vers 1970, des produits organophosphorés imagocides ou larvicides le remplacèrent. Mais si le DDT tuait tous les insectes, une petite quantité du nouveau produit suffisait malheureusement à tuer  aussi les oiseaux, par ingestion ou toilettage.  

    Je me suis interdit une digression concernant les oiseaux (partie I) en citant le tamaris, l’olivier de Bohême et les roselières parce que si je n’ai jamais découvert le joli nid en poche de la mésange rémiz (rémiz penduline) qui niche, dit-on dans les tamaris, j’ai eu l’occasion de me réjouir d’une colonie de verdiers qui gazouillaient dans les oliviers de Bohême (années 60 / plage de la Tamarissière / Agde) et j’ai vu un nid de rousserolle effarvatte dans les roselières de notre étang de Pissevaches (1). A Pissevaches justement, avant la démoustication, des hirondelles par centaines, chassaient plus ou moins haut, suivant la tendance météorologique. Elles ont disparu. On en voit bien quelques unes à Saint-Pierre, à Fleury, davantage, semble-t-il, plus dans les terres, à Coursan mais c’est bien triste. Et qui a bien pu entendre les trilles des chasseurs d’Afrique (les guêpiers) qui repartent au mois d’août ? 


    Depuis 1976, la découverte d’un insecticide biologique très sélectif et peu toxique, le Bacillus thuringiensis israelensis (BTI) a constitué une avancée certaine au point que son usage permet de démoustiquer en Camargue, zone naturelle protégée. Depuis 2006, le BTI est le seul larvicide admis en Europe et utilisé pour la démoustication par l’EID sur notre littoral. L’Entente pour la démoustication, toujours efficiente, se doit de rester vigilante face aux nouveaux risques induits par le commerce mondial et les voyages intercontinentaux : l’épidémie de West Nile qui infecta les chevaux mais peut affecter l’homme, toucha le Gard et l’Hérault en 2000 et le chikungunya de 2007 en Italie toucha aussi une région pourtant démoustiquée.
    L’EID a opté pour une mission de surveillance, en particulier de ce nouveau venu qu’est le moustique tigre. En attendant que les spécialistes nous trouvent des alternatives au traitement insecticide, ne négligeons pas les pièges sélectifs et surtout la protection passive alors que, contrairement à ce qui prévalait lors de la mise en place de la Mission Racine, nos fenêtres ne semblent plus être dotées de moustiquaires.

(1) aucun rapport avec les vaches, fussent-elles celle de Margé qui y broutèrent un temps : il s’agit des sources, des résurgences au pied de la Clape.
Sources des quatre parties de l'article :
1) Henri Vincenot Les Voyages du Professeur Lorgnon, n° 1200 La Vie du Rail (29 juin 1969).
2) Tour du Valat. Centre de recherches pour la conservation des zones humides méditerranéennes / Historique de la démoustication sur le littoral méditerranéen.

photo nid de rémiz penduline / jokerplanete : googleimage.

mercredi 22 janvier 2014

Fleury en Languedoc / AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS... COLONISONS ! (III)


Il est gentil Benoît de faire contre mauvaise fortune bon cœur, avec la "moissalinada" (l’essaim de moustiques). C’est vrai que dans les coins infestés, on a eu employé des phares puissants couplés à une hélice pour attirer et hacher menu l’ennemi dont on remplissait, ensuite, des tombereaux à la pelle ! Un travail de Shadok puisque l’imago avait déjà pondu ! En conséquence, la stratégie élaborée par la Mission Racine vise avant tout à détruire les œufs.


Ainsi, l’EID, l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication a commencé par établir la carte précise des trente-neuf espèces en cause et leur biotope précis sur plus de 150 km de côte. De la Camargue au pied des Albères, les égouts, les fosses d’aisance des zones habitées, les vignes (même celles de Benoît !), les fossés et roubines, les étangs, les roselières, les sansuires à salicornes et saladelles, furent méthodiquement quadrillées. Une carte fut dressée. Une fois les gites répertoriés, les spécialistes ont examiné les larves, déterminé les espèces pour proposer le traitement idoine contre chacune d’elles tandis que des mesures préalables à la dispersion des produits se mettaient en place avant que les petits bonshommes orange n’y aillent du pulvérisateur.
Les œufs d’anophèle flottent sur l’eau tandis que nombre d'autres pontes le sont sur la terre même mais en zone inondable. Ainsi, les générations à venir attendent une immersion pour éclore, certaines pouvant patienter des années. L’eau est donc indispensable quoique, dans une certaine mesure, puisque les œufs périssent si le niveau dépasse quarante centimètres ! Le travail de prévention a donc commencé par l’étude des plantes indiquant une certaine hauteur d’eau. Suite au constat, le remblayage de certaines zones sinon le curage, le dragage voire le creusage d’autres secteurs, dont les plans d’eau (> 1 m) pour les nouveaux ports de plaisance prévus, fut entrepris.
Toute cette mise en branle ne s’est pas faite dans un enthousiasme béat : un tel bouleversement des paysages, des habitudes, l’annonce d’une submersion touristique, l’épandage généralisé bien qu’adapté mais de produits agressifs, sur les gens, les bêtes et la faune sauvage, ont de quoi inquiéter. Et puis, c’en était fini du camping sauvage, de la baraque en été (1), des paillotes ou des cabanons permanents sur le maritime, sur les terres de l’État.
Les touristes ont déferlé, se sont installés, et les autochtones qui pensaient que la charge étant répartie entre plus de monde allait être allégée, demeurent fort contrits face à l’augmentation continuelle des impôts... sur la lancée du pic dû à la Bulle, la grosse cagade (pas de guillemets !) des mitterandiens d’alors (2) !

(1) le dernier camping sauvage à Saint-Pierre daterait de 1972. Quelques nostalgiques déménagèrent aux Cabanes de Fleury où l’installation sur la plage fut tolérée jusqu’à l’été 1975. Qu’en fut-il des chalets sur la dune ?
(2) les sociaux-démocrates d’aujourd’hui, d’après François II, libéral, ex-socialiste, pas si mou que ça pour nous estamper en impôts ou pour une bagatelle inversant la courbe : Ségolène 60 ans, Valérie 48 ans, Julie 41 ans ... et pour les fins limiers, une quatrième intercalée... que personnellement je ne chercherai pas, n'ayant pas plus de temps à perdre avec la bêtise d'un imbécile... 

photo la Bulle dite de Fleury / anticor / googleimages.

lundi 20 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS... COLONISONS !(II)


    Les humains sont obligés de faire avec les vents mais ne sont pas tenus de cohabiter avec les moustiques : telle est la situation... Les premiers occupants, eux, du moins leurs héritiers, du temps des charrettes, des chevaux, des baraques et des marabouts laissés par les «Américains», adaptés à l'existant, profitaient de la belle saison à la mer. Certes, on peut toujours en dénoncer les mauvaises conditions sanitaires, l’insuffisance des «cabinets» publics, du robinet d’eau souvent sec ; un point de vue tout relatif par rapport à un passé présent qu’on voudrait effacer des annales, marqué par le trou d’aisance familial dans les dunes et le puits d’eau douteuse dans la vigne au pied de la Clape... Cela rappelle ces intégristes de l’hygiène qui se bouchaient le nez pour la cabane au fond du jardin tout en trouvant normal de gaspiller dix litres d’eau pour un petit pipi ! En attendant, le plaisir, le bien-être liés aux vacances à la mer dépassaient de loin les inconvénients dont les piqûres des moustiques, même pour les imprévoyants démunis de fly-tox.
    Au plaisir d’un crépuscule calme, au moment de préparer le carbure pour la lampe acétylène, quand des groupes puis des hordes de femelles déchaînées attaquent en "bzzezetant" pour attirer les mâles, les locaux relèvent seulement, dans la discussion, comme on parle du temps après le souper et que Paulou Romain, le mégot als pòts (aux lèvres), le béret regardant le ciel, semble poétiser : « Le vent se pose...». On ne parle pas trop des maladies, à l’époque, le "palu" c’est pour le légionnaire qui se bat encore aux colonies, la dengue on ne connaît pas, le chikungunya n’existe pas et la terrible poliomyélite qui fait si peur n’est pas transmise par les moustiques (1).
    La Mission Racine entreprend donc d’aménager en drainant, en assainissant, dans un esprit aussi jacobin que moralisateur, très troisième république, pour le bien de tous cependant. Quant au traitement réservé aux moustiques, s’il ne fait pas l’objet d’information propagandiste (à quoi bon informer la plèbe et puis les médias ne sont pas ce qu’ils sont aujourd’hui...) il s’apparentera néanmoins aux célèbres campagnes passées de santé publique menées notamment par Pasteur. Et pour vendre la Côte d’Améthyste, l’État ne peut s’exonérer de cette croisade, même si la motivation, aux dires aussi ironiques que partiaux des jamais contents, ne serait que de transformer notre littoral en "bronze cul de l’Europe".

(1) on les trouve, moins nombreux, à l’intérieur des terres, au village, dans les vignes, ce qui fit dire à un de nos nombreux philosophes méconnus, « Es una companhià » (C’est une compagnie / Grasseau appelé par son prénom, "Benoît", un de nos coiffeurs).
photo fly-tox / googleimages

dimanche 19 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS... COLONISONS ! (I)

    En juin 1963, l’État charge le haut-fonctionnaire Pierre Racine (1909 - 2011) de la Mission Interministérielle pour l’Aménagement Touristique du Littoral du Languedoc-Roussillon. L’ex-directeur de cabinet du premier ministre Michel Debré (entre 1959 et 1962) doit présider à la création de stations balnéaires ou à l'aménagement de l'existant (1) dans le but de recevoir un million de touristes, en plus des villégiatures plus ou moins implantées dont Saint-Pierre-La-Mer (2), depuis la vogue naissante des bains de mer, en 1846.    
    Une région où les vents règnent en maîtres. En effet, sur les eaux plus ou moins saumâtres, sur la mer, dans les pins, les tamaris, les roseaux et les oliviers de Bohême, les dépressions du Golfe de Gênes ou du Golfe de Gascogne génèrent des courants souvent violents. Si cette forte circulation représente une contrainte, nous lui devons néanmoins quelques effets positifs : l’humidité dans un sens, la chasse aux miasmes dans l’autre,  au-dessus des étangs, des lagunes, grâce aux vents de terre, dont le Cers. Et ils contrarient aussi les moustiques. Sauf que la mission Racine ne saurait s’en remettre seulement aux courants d’air pour chasser ces aèdes, anophèles, ces culex et leur parentèle fournie de cousins. Le prestige de la France est en jeu et, les avancées économiques accompagnant l’expansion démographique, c’est avec le DDT qu’on va faire taire les innombrables "bzz" des uns et le bourdonnement inaudible des quelques autres qui ont le toupet d’alarmer sur les risques de cancer et de "reprotoxicité" du produit ! La chimie, un moyen et non des moindres dans l’arsenal pour le progrès et l’avenir glorieux ! Et cette guerre-là sera gagnée dans le but de proposer la Côte d’Améthyste (3) aux touristes filant sur l’Espagne tout en détournant cette même pression de la Côte d’Azur saturée. Le projet permettra par ailleurs de diversifier une économie fragile car liée à une monoculture peu sûre, celle de la vigne. Il peut accompagner aussi l’arrivée des Pieds-Noirs dont une majorité préfère s’installer autour de la Grande Bleue.

(1) Port-Camargue (30), La Grande-Motte, Carnon, Le Cap d’Agde (34), Gruissan, Port-Leucate (11), Port-Barcarès, Saint Cyprien (66).  
(2) inclue par la Mission Racine dans l’unité touristique "Gruissan", théoriquement seulement.  Michelin et l’IGN persistent à écrire « Saint-Pierre-sur-Mer ».
(3) une appellation qui ne prendra pas. 


 photo gruissan info.com / googleimages

samedi 18 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / JE VIENS DU SUD !


Comme si la France avait à craindre des mouvements séparatistes, comme si le pays avait à pâtir d’une diversité provinciale, véritable richesse, au contraire, que bien des étrangers nous envient, au moment où la ratification de la Charte sur les langues régionales ou minoritaires (UE) vient confirmer la reconnaissance desdites langues en tant que « patrimoine de la France » (contrebalançant le blocage dû à l’article « la langue de la République est le français »), il reste des esprits chagrins qui, sous couvert d’unité nationaliste, persistent à refuser ces droits.
C’est le cas notamment de "du pont et gnangnagnan". C’est volontairement que j’écorche son appellation... de toute façon, son "parti croupion" n’a pas besoin de pub pour toucher 300 000 € par an de nos impôts... pour un seul député qui lui, soit dit entre parenthèses, comme les autres, nous coûte plus de 35 000 € tous les mois ! Cette expression ultra-jacobine (pour ne pas dire facho) s’exprime, entre autres supports, sur Agoravox (un journal libre sur Internet qui nous change des merdias habituels...), promue encore par des gens de l’autre bord dont un nommé Chalot... Chalot va...).

J’avais déjà eu à défendre notre identité contre « Debout la Rép. qui s’assoit sur la démocratie », en leur rappelant où vont nos sous, mais là, ce sont les paroles de SE CANTÓ qui ont tenu lieu de réponse.

Le chant de ralliement des Occitans, venu à point nommé dépoussiérer ma mémoire, rappelle que tous les montagnards ne sont pas aussi extrémistes que le furent ceux de la Révolution. Et puis nous y retrouvons notre ametlièr promu au rang d’arbre fétiche sinon emblématique.

Nous sommes du Sud, je viens du Sud et en tant que tel, nous n’accepterons pas plus aujourd’hui qu’hier, les atteintes mesquines et méprisantes contre notre accent, notre langue, de la part de Nordistes héritiers de Simon de Montfort et des barons pillards, macarel !

SE CANTÓ

Dejous ma fenestra
Y a un aucèlo
Tota la nueit cantó
Cantó pas per iu

Repic :
Se canto, que cantó,
Cantó pas per iu,
Cantó per ma mia
Qu’es al leng de iu.

Al fonse de l’horta
Y a un ametlièr
Que fa de flors blancas
Como de papièr.

Repic

Aquelas flors blancas
Faran d’ametlos
Per remplir las pochas
De iu e de vos.

Repic

Aquelas montanhas
Que tan nautas son
M’empachon de veire
Mas amors ont son

Repic

Aquelas montanhas
Se abaissaran
E mas amoretas
Se raprocharan.

La plus ancienne version de ce chant occitan est attribuée à Gaston Fébus, comte de Foix (1331 - 1391).

vendredi 17 janvier 2014

Mayotte en danger / TOTAL BIENFAITRICE DE LA RÉPUBLIQUE !

Suite au clash causé par l'audition par les députés de Margerie, PDG de Total, quelques précisions sur une entreprises privée qui lèse ses actionnaires et gratifie plutôt les contribuables !!

Bon anniversaire Total Mayotte !  (16 sept 2013).



C’était dans une petite île où le drapeau français flottait sur les six stations services. Vous ne rêvez pas, c’est l’armée qui assurait l’entretien, la livraison. Et puis, Europe oblige, l’Etat, concurrent déloyal, a dû se désengager. TOTAL a alors accepté (merci les braves actionnaires) de reprendre charitablement la distribution, pour rien en échange, en tant que fille de la République ! Mais c’est que le Conseil Général de l’île s’est demandé quelle loi en avait fait l’octroi à Total, fille ou nièce de... plutôt qu’à lui (merci La Fontaine pour cette inspiration). Ainsi parce qu’il voulait en récolter quelques pépètes, le CG a soumis un appel d’offre, en toute légalité semble-t-il. TOTAL a cafté aussi sec et la rue Oudinot ou Matignon a aussitôt appelé pour s’offusquer de l’impudence des béni-oui-oui révoltés sur le point de donner l’affaire à une société mauricienne pourtant mieux-disante. Du coup, pour se concilier ces conseillers rebelles, TOTAL s’est quand même fendu de quelques cacahuètes.



Ça se passait entre 2000 et 2005 à Mayotte.






PS : ce 16 septembre 2013, le chef Total de Mayotte osait distordre l’histoire passée disant que si  partout, il y a concurrence, à Mayotte personne n’avait voulu venir et que même Shell s’était désengagé.  



PS2 : et si plutôt que de fustiger l’anachronisme des députés, l’auteure condescendait à reconnaître que, pour une fois, la parole des élus représentait plutôt bien le peuple. Et s’il faut bien sûr encourager l’entreprise privée, doit-on pour autant leur permettre l’optimisation fiscale qui consiste seulement à ne pas payer d’impôts, doit-on accepter que Total soit exonérée de la  Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) ? 

 photo : apreslepetrole.free.fr / imagesgoogle.

Photo : BON ANNIVERSAIRE TOTAL ! 
(en guise de piqûre de rappel)

C’était dans une petite île où le drapeau français flottait sur les six stations services. Vous ne rêvez pas, c’est l’armée qui assurait l’entretien, la livraison. Et puis, Europe oblige, l’Etat, concurrent déloyal, a dû se désengager. TOTAL a alors accepté (merci les braves actionnaires) de reprendre charitablement la distribution, pour rien en échange, en tant que fille de la République ! Mais c’est que le Conseil Général de l’île s’est demandé quelle loi en avait fait l’octroi à Total, fille ou nièce de... plutôt qu’à lui (merci La Fontaine pour cette inspiration). Ainsi parce qu’il voulait en récolter quelques pépètes, le CG a soumis un appel d’offre, en toute légalité semble-t-il. TOTAL a cafté aussi sec et la rue Oudinot ou Matignon a aussitôt appelé pour s’offusquer de l’impudence des beni-oui-oui sur le point de donner l’affaire à une société mauricienne pourtant mieux-disante. Du coup, pour se concilier ces conseillers rebelles, TOTAL s’est quand même fendu de quelques cacahuètes.

Ça se passait entre 2000 et 2005 à Mayotte.

 

PS : ce matin, le chef Total de Mayotte ose distordre l’histoire passée disant que partout il y a la concurrence sauf qu’ici personne n’a voulu venir, même Shell s’est désengagé.  

photo : apreslepetrole.free.fr / imagesgoogle.

lundi 13 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / TOUT ÇA POUR UNE FLEUR ?


Alors, c'est vrai, vous aussi ! Parce qu’avec vous, c’est tout le Languedoc qui se retient, impatient de voir le premier amandier de 2014. Ce matin, à 7 h 23, vous êtes 153 à vous intéresser au messager des marges et armasses... pas de quoi en péter de vanité mais ça fait plaisir. Du coup, j'ose espérer que, comme le poudaire (qui taille la vigne) au bouteilhetier (encore un de nos arbres attachants...) de la route de Marmorières, vous allez être nombreux à témoigner de l'apparition... Et à ce propos, ce serait bien, une chronique de l'amandier fleuri de Fleury... "Pernod" sur la Une, après l'apéro, en a fait une tradition depuis 25 ans ! On l'a pas attendu, finalement... et ce ne serait pas pour faire passer les mauvaises nouvelles du journal...
   
L'an passé, ce fut fin janvier dans les PO et début février à Fleury ou dans l'Hérault, notamment à Castries (photo). En 1995, seulement à la mi-février...
En 1916, en 1921, en 1975, les amandiers offrirent un Noël fleuri...
Désolé de parsemer quelques dates à vérifier mais l'amandier en fleur rehausserait certainement la froideur des chiffres, la sécheresse des statistiques, même si celles du climat, avant les données économiques, restent des plus intéressantes. Ce n'est en rien anodin de parler du temps lorsqu'on se croise et dans le temps cela demeure une constante dans les échanges humains, même si de nos jours on va moins aux commissions et qu'il n'y a plus de pissadous à vider... Maintenant, en plus du parfum, est-ce que notre "amelier" en fleur apporterait des indications sur les hivers qui prennent vigueur après, tel celui de 1956, ou sur les printemps froids ou pourris ? Rien n'est moins sûr...  Par contre,  sans parler de l'esthétique, qui pourrait nier son effet positif sur le mental ? Et si les fleurs réjouissent le sapiens sapiens, celles de l'amandier comptent beaucoup pour le "languedoquicus", "lespignanus", perignanus" et "sallus", "armissanots", "vinassanots" et "coursanots" compris...

PS : comme je vous sais trop gentils, avec une pensée pour nos enfants, un passage du Messager repris et corrigé :

.../... Parce qu’avec eux, c’est tout le village qui se retient, impatient de s’ouvrir au chapitre qui vient. Ils le pressentent tous : le messager fidèle ne tardera pas ! Tous l’espèrent ! Un instinct du fond des âges fait guetter, au bord des vignes, des champs, dans la garrigue même, le long des laisses et des murettes abandonnées ! Chacun croit le voir, à s’en frotter les yeux tant il cèle en lui l’espoir des jours meilleurs.

Quand le porteur de lumière vient, de sa touche pastel, éclaircir la grisaille de l’hiver, c’est une renaissance, et celui qui en est témoin court vite vers les siens, pour la bonne nouvelle...

dimanche 12 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc LE MESSAGER


Janvier. Déjà.





Noël, l’an nouveau, les Rois et la galette s’évanouissent dans le passé. Pourtant, l’enfant des marges et des armasses (1) voudrait déjà tourner la page et son gran (2) ne saurait retenir sa main :

« Malherous, va saves pas que lou temps perdut se reganto pas gaire ! » (Malheureux, ne sais tu pas que le temps perdu ne se rattrape guère ! »... comme le chantera plus tard Barbara).

Parce qu’avec eux, c’est tout le village qui se retient, impatient de s’ouvrir au chapitre qui vient. Ils le pressentent tous, le messager, fidèle, ne tardera pas ! Tous l’espèrent ! Un instinct du fond des âges leur fait guetter, au bord des vignes, des champs, dans la garrigue, même, le long des laisses et des murettes abandonnées ! Chacun croit le voir, à s’en frotter les yeux tant il cèle en lui l’espoir des jours meilleurs.

Quand le porteur de lumière vient, de sa touche pastel, éclaircir la grisaille de l’hiver, c’est une renaissance, et celui qui voit l’apparition, court vite vers les siens, pour la bonne nouvelle :


« Sur la route de Marmorières, au bouteilhetier de Quinsa (3), je m’en retournais, il devait être onze heures vieilles, et quelque chose m’a dit de tourner la tête. Bizarre, non ? Alors, je l’ai vu, là, éclaboussé de soleil, avec au fond la rangée de carabènes (4)... vous savez, la cave qui va à l’Étang. Une apparition mais, que je l’ai bien vu, le premier, comme une boule rose, brillante. Même que j’ai fait "Oh !" tellement j’étais attrapé ! »

On écoute. Et la jeunesse impatiente de dire « Es pas trop léu ! » (C’est pas trop tôt !).

Une vieille sagesse de terroir module aussitôt « Poudio atténdré... » (Ça pouvait attendre...).

L’écho sort des maisons, se partage, se multiplie, suit les ruisseaux, court les rues, les boutiques, entre même dans les cafés tandis que le signal mystérieux bat la campagne. Alors, sur les marges, les laisses, le long des fossés, des coteaux au clapas (5), les moins timides déplient leurs livrées, blanches, roses, comme les papillons leurs ailes. Les branches s’offrent aux abeilles engourdies, pareilles aux bouquets, aux dragées des promises de l’année. Le mot est passé, le message s'est propagé.

Bien qu'assoupie, la nature s'ébroue. L’asperge sauvage prépare ses turions ; l’erbo blanco (6) envahit les labours ; entre les souches, le souci ouvre ses capitules d’or ; le cep retient les larmes du sarment griffu et l’homme frémit d’une espérance, encore froissée, douce ou amère, blanche ou rose, comme la fleur de l’amandier.

(1) Languedocien : l’enfant des talus et des friches.
(2) Son grand-père.
(3) L’azerolier du tènement ainsi nommé.
(4) Roseau, "canne de Provence".
(5) Rocaille calcaire, qui a donné la Clape.
(6) Diplotaxis fausse-roquette.

photos : googleimages 1. Sète / lagunes, garrigue
2. Domaine viticole Castan Cazouls les Béziers.

vendredi 10 janvier 2014

MAYOTTE EN DANGER / LA COLONISATION DE MAYOTTE PAR LES COMORIENS.

La colonisation à Mayotte, ce sont d’abord les Arabes dont est issue une élite métissée de kabailas, de nobles, se réservant la pratique de la religion (les mosquées historiques ne pouvaient recevoir qu’une poignée de fidèles), et laissant volontairement dans l’ignorance la population autochtone qu’ils peuvent ainsi assujetir, exploiter, vendre et exporter en tant qu’esclaves.

Ces élites sont surtout subordonnées au sultan d’Anjouan qui dispose de Mayotte à sa guise et organise des razzias de mercenaires malgaches qui, lorsqu’ils ne sont pas engagés, pillent et font des prisonniers pour leur propre compte. Aux exactions venues d’Anjouan vont s’ajouter les raids venus de Madagascar et plus tard, la traite européenne. Ces criminels iront jusqu’à planifier leur prédation, laissant aux misérables populations indigènes le temps de se reconstituer et l’un de ces scélérats aurait même laissé entendre que l’île est un vivier clos idéal où il suffit d’attendre que les esclaves se reproduisent !

Au XIXème siècle, c’est la France qui, au nom de sa "mission civilisatrice et de protection", va perpétuer cette exploitation inhumaine. Il n’y a plus que 3300 habitants (et seulement 350 originaires de Mayotte environ) dont une majorité se regroupe sur la position défendable de Dzaoudzi. La Grande-Terre est pratiquement vide d’hommes. Il n’empêche qu’à partir de 1843, date de la cession "officielle", la cupidité des aventuriers de la canne à sucre voudrait transformer l’île en pays de cocagne. Si la rentabilité de l’exploitation sucrière tient du mirage, l’esclavage, l’indigénat, le travail forcé qui l’ont accompagnée relèvent malheureusement d’une triste réalité historique.

La situation sera, en cela, comparable, mais plus tard, à Mohéli où, en 1865, le colon Lambert, favori de Djumbé Fatima Ière, reine malgache, se retrouve propriétaire foncier de l’île. Á la Grande-Comore, en 1885, Humblot, « ... un paisible collectionneur d’orchidées... / ... qui cachait en lui l’âme ténébreuse d’un Pizarre... » (Philippe Decraene / Le Monde du 01/12/1972), en accord avec le "tibé", le grand sultan, dispose des terres qu’il va rétrocéder aux planteurs (au bout de quelques années, plus de la moitié de Ngazija va leur appartenir).

Pardon pour ce long préambule sans lequel, la clique de menteurs, d’usurpateurs, de bonimenteurs de l’Histoire, aujourd’hui menée par Ikililou Dhoinine (Youkoulélé Idoine, pour le plaisir de la caricature), continue d’y aller de ses manœuvres d’intoxication. Parce qu’il faut dire, qu’à leur échelle, les Comores sont aussi coupables d’impérialisme et de colonisation, dans l’Histoire et aussi dans un passé bien plus proche !

En effet, lorsque le XXème siècle vint heureusement consacrer l’émancipation des colonisés, la France, désireuse de se désengager, encouragea l’emprise comorienne sur Mayotte par des lois. Celle de 1961, notamment, a légalisé les faveurs faites aux Comoriens aux dépens des Mahorais : les fonctionnaires favorables aux Comores, les « Serre-la-main » sont nommés aux postes clés tandis que les « Sorodas », partisans de Mayotte département français, sont exilés sur les autres îles. Les aides de la métropole iront seulement aux zélateurs de Moroni dont le camp s’exonère des impôts, pique allègrement dans la caisse et s’attribue, pour quelques roupies de sansonnet, d’immenses superficies de terres. Ainsi personne n’est sans savoir qu’entre Poroani et Chirongui, l’une des rares plaines facilement exploitables de Mayotte appartient aux héritiers de la famille Abdallah, le bon musulman qui, par l’entremise de ses "mapinduzi", revendait le riz offert par l’aide internationale... De même la zone portuaire (300 hectares !) a-t-elle dû être rachetée par la Collectivité (donc nos impôts), au prix fort, à un ex-coprésident des Comores...

En quel honneur, au nom de quelle morale, un légalisme forcené devrait-il de la sorte officialiser des spoliations frauduleuses avérées (excusez le pléonasme) ? Le bon droit ne relèverait donc que de l’utopie ? L’honnêteté devrait donc toujours s’apparenter à une faiblesse indéfendable de doux rêveurs ?

« Ra hachiri », restons vigilants contre cette bande de malfaiteurs organisés, se cachant derrière les mensonges, dont celui de la défense du peuple alors qu’ils n’ont pas honte de passer, dans leurs grosses voitures (1), à côté de la misère qu’ils entretiennent !

(1) étonnant pour un pays "moins avancé", le parc automobile de BMW !! Et quand, en 2011, la fondation des Comores écrit « Parce que le destin il faut le provoquer, et que nous sommes un tout petit pays de 800.000 habitants, presque l'effectif du groupe BMW... », on se demande si c’est du cynisme, de la provocation ou la nue expression d'une vérité !!!

Sources historiques diverses dont Jean-François Hory pour les faits contemporains et plus particulièrement la loi de 1961 et ses conséquences.

mercredi 8 janvier 2014

En attendant Noël 2014... / Fleury d'Aude en Languedoc

J’ai voulu me remettre en mémoire la manière dont la famille marquait les agapes de fin d’année, et même si, la fête des rois passée, on ne demande qu'à ménager son foie et son pancréas, voici ce que j’ai grappillé dans ces précieuses archives familiales transmises par papa, (il y en a autant pour le ventre que pour l'esprit) : 

«... « liqueur du Père Kermann » que papé Jean se payait à l’époque pour la Noël, avec ses « pâtes Copé » ou « pastilles Salmon » contre la toux,… et bien sûr les bourriches d’huîtres commandées à Abel Besson, à La Tremblade, pour lui et tous les copains... » 

«... « A santo Luço, un pas de puço, à Nadal, un pas de gal. » (A Sainte-Luce, un pas de puce, à Noël, un pas de coq (1)). Or maintenant pour sainte Lucie, le 13 décembre, les jours diminuent encore, puisque nous avons eu ce décalage de onze jours à l'époque. Mais les dictons ont la vie dure, et c'est très bien ainsi. »

« Qui per Nadal s’assolelha per Pascas s’estorrelha. » (Qui pour Noël profite du soleil, pour Pâques, se câline ou se sèche devant le feu).

« Quand Nadal es un diluns, pòdes faire lo badalhum. » (bâillement) (Quand Noël tombe un lund, tu peux baîller).

« A Nadal sul peiron, a Pascas sul tison. » (Noel au balcon, Pâques aux tisons). 

De tante Céline / Fleury 30 décembre 1947
«Bien cher François,
Nous avons bien reçu en son temps ta lettre qui nous a fait bien plaisir, tu m’excuseras de ne pas avoir répondu plutôt, car malgré cela nous pensons souvent à toi.
Comment as-tu passé la fête de Noël ? Py a-t-il pu venir à Prague ? Sur ta prochaine lettre tu nous raconteras cela. Quant à nous, on a passé Noël du mieux qu’on a pu. Ce jour là j’ai invité les tiens à venir dîner et souper. Voici le menu, : une douzaine d’huîtres pour chacun, cassoulet, frites et canard rôti, noix, pommes, biscuit et pour arroser tout cela le mousseux que Norbert a fait. Ton oncle en le buvant disait que Lapeyre pouvait toujours courir avec le sien, ce qui nous faisait rire a tous et il me semble te voir sourire à ton tour en lisant ces lignes.

De tante Céline / Fleury 30 Janvier 1949
Cher François
Nous avons reçu en son temps ta carte avec tes souhaits pour la nouvelle année, et tous les jours il est question de t’écrire, puis la journée passe et on remet toujours au jour d’après. Aujourd’hui il n’en sera pas de même, et je viens bavarder un moment avec toi.
D’abord je tiens par cette lettre te souhaiter ainsi que ton oncle et Norbert une bonne et heureuse année, que cette nouvelle année nous conserve en bonne santé, beaucoup de joie et de bonheur ainsi que la réussite a tes licences, et que Pâques te ramène avec nous tous aussi nous allons nous débrouiller pour que les sarments soient terminés à cette époque-là ? Tu nous chine sur ta dernière lettre a ce sujet, ce qui fait rire mamé et en particulier ton oncle. (p. 2) Nous avons été tous grippés, en ce moment ça va beaucoup mieux. Je ne te parle pas des nouvelles de Fleury car je sais que Marcelle te tient au courant de tout ce qui se passe. Léonie de Gimat est morte il y a 8 jours.
La chasse est maintenant terminée, nos chasseurs sont au repos, mais ils se souviendront toujours de l’année 1948 qui leur a fait tuer une belle pièce, le sanglier. Tu aurais vu s’ils étaient heureux nos trois chasseurs ce jour-là, et en particulier Norbert, nous avions l’écurie pleine de monde pour voir cet animal….
Ton cousin aime bien la chasse aux canards, aussi de puis quelque temps nous avons des canards appelants dimanche dernier il est allé à Elne P-Orientales et lundi il arrivait bredouille, malgré cela nous les avons quand même goûtés, car pour Noël il avait eu la chance de tuer une femelle de colvert et quelques jours après une sarcelle, un (p. 3) héron cendré et un vanneau.
Chez Paule on a tué hier le deuxième porc, le premier pesait 180 K et celui d’hier 225 K. Quant à nous qui en avons un mais plus jeune, il se fait joli et doit peser dans les 150 K nous le saignerons le mois prochain d’ici là il fera quelques kilos de plus.(tante Céline)

De mamé Ernestine 1949
Hier, jour de Noël, nous sommes allés dîner chez tante, ainsi que Jojo. Elle avait mis 1 poule et 2 canards et des hors d’œuvre. Il ne manquait que toi. Gros baisers. Le bonjour à...
Certainement de Tante Céline, janvier 1950
... Ton père a dit que du moment qu’on finissait l’année en fête il fallait la commencer en fête aussi. Ce qui fait que nous avons mangé tous en famille chez toi du mercredi au dimanche soir, je ne te donne pas de détails car je sais que ta mère et Marcelle t’ont écrit et sûrement qu’elles te racontent pas mal de choses. Ils ont été comblés de cadeaux, à ta maison tu ne vas plus te reconnaitre.
Le jour de Noël ils sont venus manger a la maison, je gardais pour (p. 3) quand tu viendrais des canards, et nous les avons mangés sans vous.
Norbert n’a pas fait réveillon cette année. Depuis dimanche la chasse est terminée.
Écrit pour la saint-Martin 1954, à propos de ma grand-mère Ernestine. « Je crois qu’elle nous paiera la dinde pour Noël…» (tante Céline).

De tante Céline / Fleury .. janvier 1955
« Chers neveux
Bonne et heureuse année à vous quatre et surtout une bonne santé.
Nous avons passé un bon Noël, nous avons mangé la dinde que mamé nous a payée ainsi que des pigeons que ta mère gardait pour compléter la fête… /… Nous avons mangé pendant deux jours tous ensemble sous le sapin que Marcelle avait si bien garni, le jour du premier de l’an nous avons eu beaucoup de visites…
Sans date apparente :
«Lorsque c’était à Montpellier ou à Sommières, alors que ton parrain était tout jeune, ils en profitaient pour y rester plusieurs jours, admirer les devantures et les grands magasins illuminés et décorés pour Noël, et quelquefois aller au théâtre ; ce qui fut le cas à Montpellier, où Céline avait admiré l’immense lustre qui décore la grande salle, et qu’elle trouvait magnifique. Norbert, cette année-là, avait reçu comme cadeau chez les Grillères un petit théâtre de marionnettes. En plein ravissement, ayant quitté la table où devisaient encore les grandes personnes, il s’exerçait dans un coin à manipuler ses poupées. Tout à coup, lors d’un silence dans la conversation (quand on dit « un ange passe »), on entend la voix irritée du petit : « Je vais te foutre un coup de pied au cul ! » Il était en plein dans son théâtre, et ils en ont bien ri pendant fort longtemps ! »
Et encore, autour du mot "Noël" :
«... Et de l'autre, la grande vigne de Joseph Barbe, le grand-père de Jacquie, notairesse à Cuxac, vigne qui, disait-il, « lui tenait des cingles jusqu'à la Noël »... »

Je crois qu'il me faudra aussi aller fouiner pour les réjouissances lors de la fête du village, pour la saint-Martin : un extrait intéressant d’une lettre de mamé Ernestine.

Fleury, 5 novembre 1948.
Bien cher Fils,
Je m’empresse de répondre à ta lettre que nous avons reçue ce matin datée du 1er, elle a mis plus longtemps que d’habitude à nous parvenir… / …
Quand tu as fait la lettre le 1er novembre tu étais loin de te douter que nous étions chez tante en train de manger du sanglier cela va te surprendre ce jour là nous avons pensé à toi quel dommage l’on disait que François ne soit pas là. Figure-toi que la veille de la Toussaint Papa, l’oncle et Norbert vont à la chasse. Une heure après leur départ Norbert arrive, disant nous avons tué le sanglier je viens chercher le cheval et avec la voiture il est allé le chercher. Ils n’étaient pas loin avant d’arriver à La Broute sur le chemin de la mer. C’est papa qui a commencé de tirer, puis l’oncle et Norbert. Heureusement qu’ils avaient de la chevrotine ; il pesait 53 kilos. C’est Sagné qui l’a pelé et arrangé. Je n’en avais jamais mangé ni Marcelle, mais c’est très bon, on aurait dit du cochon, si ce n’est que la chair est plus rouge. Il aurait mieux valu que ce soit avant ton départ, cela aurait changé des pommes de terre. Et Dick qui le mordait au derrière, heureusement qu’il était touché à mort sans cela avec ses défenses il aurait pu le tuer… Dans le village c’était un événement (2) beaucoup de gens venaient le voir chez l’oncle Noé. Tante Marie, Marthe et Marguerite, le mari de Marthe sont venus pour aller au cimetière, ce qui fait qu’ils ont eu aussi du sanglier on leur en a donné pour manger à Narbonne. Beaucoup de gens demandaient pour leur en vendre, j’en ai vendu de notre part 4 kilos à 400 F le boucher disait que ça valait 450 F, sûrement que ça ne se renouvellera pas souvent. Pense si Norbert était content, il en a fait goûter à tous ses camarades, il en a aussi donné à Yves Carrière.
La fête de la St Martin se prépare sur la place il n’y a pas moyen de passer, le passage est bien petit et sur la route aussi il y a beaucoup de voitures nous te tiendrons au courant sur notre prochaine lettre de toutes les distractions qu’il y aura pour la fête.
Pour finir, dans le souvenir de nos chers disparus, et plus particulièrement pour mes cousins Jacky et Jojo, cette image poétique, cette magie renouvelée tous les ans, qu'on leur dédie, dans l'esprit des cartes postales d'antan "Bons baisers de...".
« ... si j’en crois ce que disait l’oncle Noé, les amandiers étaient en fleur sur la route de Marmorières la nuit de Noël 1921. » (François Dedieu). 

(1) entendu aussi à la télé « le jour de l’an, un pas de jument ».
(2) contrairement à aujourd'hui, les sangliers étaient rares.