mercredi 24 avril 2024

Mayotte, Wikipédia, bisbilles autour du nouveau volcan sous-marin.

Peut-être suis-je choqué pour rien, pour avoir mal cherché, et dans ce cas, celle ou celui qui nous dira le nom donné au nouveau volcan sous-marin de Mayotte méritera louanges et remerciements ! 

Image francetvinfo.fr / Depuis l'Est, vue schématique de l'ensemble des terres et du lagon / Au premier plan le nouveau volcan au fond de la plaine abyssale ; entre le “ nouveau-né ” et la barrière de corail, le chapelet des nombreux autres cônes volcaniques apparemment non-actifs. 

 

Le problème est que parmi les dizaines de sites relatifs au nouveau volcan sous-marin de Mayotte, aucun ne se permet d'avancer le nom de "Fani Maoré". Bien que mise entre guillemets, qui plus est dans le titre  de la page Wikipédia, l'initiative semble aussi prématurée que maladroite, malvenue et prêtant à une interprétation négative.

Prématurée à partir du moment où un échantillon de personnalités locales impliquées devait se prononcer sur les dix propositions d'élèves retenues à savoir :

  1. Bagugu, le monstre imaginaire 
  2. Chisiwa pya, la nouvelle île
  3. Mfaloume wa bahari, le roi des mers 
  4. Adzalwa, il est né 
  5. Mcombe, le puissant 
  6. Maydzaha, le volcan de Mayotte 
  7. Andrianavi, le retour du roi 
  8. Tsiyo, le voilà 
  9. Dzaha latru, notre volcan 
  10. Shize ya trumbo le dernier né.

Malheureusement, alors que le nom définitif devait être choisi les 29 et 30 octobre 2020, visiblement, du moins sur les sites que la recherche indexe, la piste de ce nom de naissance se perd et le 28 avril 2021, France Inter précise que le volcan n'a pas encore de nom.

Que seule la page de Wikipédia donnât dans cette maladresse, dérange. L'initiative s'avère aussi malvenue que contrariante :  

* d'abord avec le terme "fani", "fanihi" désignant, en kibushi, la roussette, le grande chauve-souris ("n'drema" en shimaore)... Que vient faire ce mammifère avec un volcan sous-marin ? Accessoirement relevons l'homonymie avec "Fanny" de Marcel Pagnol sinon celle dont il faudrait baiser le fessier quand on reste à zéro à la pétanque, les deux relevant d'un surréalisme certain ! 

* Ensuite, ce nom provient d'une langue-source malgache minoritaire sur l'île, ce qui pourrait être relevé, serait-ce d'un point de vue neutre... 

* Enfin un simple accent sur "Maoré" contrevient à la phonétique et rabaisse les langues locales au profit du français, notre langue commune, certes mais qui peut être perçue comme celle du dominant...

Autant de raisons qui me feraient modifier l'article si j'avais le courage de spécifier les sources ad hoc... (et puis s'il y avait une commande "enregistrer" plutôt que "ajouter un sujet" pouvant laisser estimer que celui traité va être ainsi perdu... [rassurez-vous, un copié-collé permet de ne pas se fatiguer pour rien]). Oui l'accessibilité de Wikipédia laisse à désirer...  

De mon côté, suivant ma disponibilité, il serait peut-être judicieux de pister les personnalités pressenties pour décider du nom puisqu'elles sont les premières concernées... 

C'est quand même incroyable que même un évènement naturel de portée mondiale soit empêtré de polémiques ! 
À bientôt pour des avancées, qui sait ?     

mardi 23 avril 2024

Marcel Scipion (1922-2013) / 4. Sale temps pour la Planète.

Sale temps pour la Planète ! Faut faire le dos rond, résister... 

fèves de la mi-avril / Fleury-d'Aude. 

Il faut des circuits courts, il faut retrouver le bonheur de manger ce que donnent un jardin sain et la ronde des saisons... Marcel Scipion et bien des auteurs, par ailleurs si commodément traités de régionalistes, à l'accent un peu moqué, au passéisme compassé, aux idées déconsidérées. Le candidat à la présidentielle de 1974, René Dumont (1904-2001), ça vous rappelle quelque chose ? Il prédisait dans sa campagne que l’eau trop gaspillée allait manquer « Je bois devant vous un verre d’eau précieuse ». Nous lui avons ri au nez, au sien et à celui de ceux, qui déjà alertaient de la mise en danger de la Planète, déjà avant 1980. Les années étaient alors, encore si Glorieuses ! Et nous, plutôt piteux non ? comme toujours... à clouer au pilori, à écraser au pilon celui qui a eu le tort de dire trop tôt « Le premier qui dit la vérité... » (Guy Béart 1930-2015).  

Mais l'homme ne vit pas que de nourriture terrestre. Aussi au risque de passer pour un ethnocentré (qu’importe, c'est moins grave que la consanguinité jacobine), autant, en guise de consolation, se laisser aller à apprécier notre penchant méditerranéen. Le littoral oui, la façade, mais le pays derrière aussi, comme si ce Sud n'offrait au touriste que sa surface, sa peau bronzée à l'interface de la mer, comme si la compréhension intime du Méridional, sa vérité profonde se trouvait dessous, sous la peau, avec l'arrière-pays qui en fait, s'aborde vite, dès la côte de la Clape, à Saint-Pierre-la-Mer, en direction de Fleury, le village. Ensuite, cela n'en finit pas de monter, l'altitude vient vite chez nous, la mer de vignes une fois traversée : Corbières, Pyrénées, Montagne Noire, (Avant-Monts oubliés) Espinouse, Cévennes, Monts de Vaucluse, Préalpes de Digne ou de Castellane, Alpes franco-italiennes (1), Maures, Esterel, avec une végétation qui rompt avec les garrigues et maquis... Une diversité, une variété de paysages que nous envient bien des coins aux paysages et climats plus homogènes... On y retrouve le caractère, l'âme sudistes, certes, avec ses variantes, mais aussi l'amour du pays, un amour pour son coin de terre banal, de partout, ici comme ailleurs, sous toutes les latitudes... C'est inconditionnel un amour, non ? « L'odeur de mon pays était dans une pomme... » Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945). Le mien d'amour était dans une grappe... de carignan... il l'est resté... 

Gabachs ou gavots, partout des montagnards de quand la montagne était belle. Et ces mots, cette langue qui se doit de résister tant qu'une domination d'un autre âge n'a de cesse que de l'effacer pour ne pas qu'il soit dit qu'elle a été soumise... tartuferie cynique des gens de pouvoir... trop Paris et franciliens...  

"Dijous ma finestro i a un ametlièr que fa de flours blancos coumo de papièr"... 
(Sous ma fenêtre pousse un amandier qui fait des fleurs blanches comme du papier)

Bombus_terrestris_queen_-_Tilia_cordata_-_Keila Estonia 2016 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Ivar Leidus

Et ce n'est pas parce qu'entre la science, le réchauffement climatique et l'épuisement des nappes phréatiques, l'amandier pousse plus au nord qu'il en a perdu pour autant sa portée symbolique, une chose qu'ils ne prendront pas. Que deviendrait la promesse des fleurs si les pollinisateurs n'étaient plus ? Certes, la pensée réflexe, anthropocentrée à l'excès, fait aussitôt vrombir les abeilles domestiques. Ce n'est pas négatif en soi, mais comment alors, entendre le froufrou discret de la solitaire, de l'abeille sauvage ? On connaît le bourdon pourtant. Il n'est pas seul, les espèces se chiffrent autour du millier, seulement en France ! Oh ! elles sont solitaires, ne font pas de miel, tiennent un an et meurent suite à la ponte... Oui mais elles pollinisent... Sans elles, plus de cerises, d'abricots, de pommes, d'amandes, plus de tomates, d'olives... (2)

Avec la contestation d'une gouvernance toujours pour le système, le soutien aux agriculteurs s'est avéré massif. Un bémol pourtant... les déserts biologiques, les insecticides néonicotinoïdes, à l'excès, les pesticides chimiques, les monocultures (non aux mégabassines !), le fauchage précoce, l'appel aussi désespéré que discutable aux apiculteurs pour des abeilles qui s'empoisonnent et dégénèrent biologiquement, une réponse malheureusement comparable, en efficacité, à l'impuissance toujours plus marquée des antibiotiques chez les humains. 

Zut à la fin, le jardin est petit mais sera mieux fleuri ; et pour les bourdons et abeilles sauvages qui ne pondent pas sous terre, le centre creux des carabènes (arundo donax) pour abri leur sera proposé. 

(1) même si ma quête n'a pas abordé la Sainte-Baume, le Var, les Maures et l'Esterel... 

(2) Que deviendrait l'occitan si les pollinisateurs n'étaient plus ? Sauf que les frelons jacobins de la France une et indivisible bourdonnent tant ils espèrent, même s'ils n'osent le dire ainsi, l'étouffement final, bipolaires qu'ils sont à promouvoir chez les étrangers ce qu'ils garrottent intra muros. Alors les bourdons et abeilles solitaires se débattent, s'épaulent, se fédèrent, pour passer le flambeau... la bêtise d'orgueil  est intolérable, incompatible avec l'évolution des esprits une grande espérance, une délivrance à venir qui ne peut qu'aboutir, à terme, à long terme, un jour...